3 rounds avec… Vincent Thibault

Par François Bouchard

12 rounds vous a présenté l’an dernier Zachary Adu Fleurant, devenu quelque mois plus tard champion canadien junior chez les 60 kg.  Nous aimons partager avec vous les vedettes de demain et c’est maintenant au tour de Vincent Thibault de se présenter aux lecteurs de 12rounds. Nous avons rencontré pour vous le jeune prodige exerçant son art au club de boxe Le Cogneur.

Bonjour Vincent, pour débuter, j’aimerais que tu nous parles de toi, de ton cheminement vers la boxe?

Je viens de Charlesbourg. J’ai commencé à l’âge de 7 ans, j’en ai 22 aujourd’hui. J’étais du genre à me chamailler quand j’étais petit. Un jour, mon oncle m’a emmené au club de boxe St-Émile, chez Rémi Bizier, au sous-sol de son bar. Peu de temps après, je savais que c’était ce que je voulais faire. Les gens me demandaient ce que je voulais faire, je disais à tout le monde : « je veux être boxeur ». J’ai fait mon premier combat à 10 ans et demi, j’ai maintenant 103-104 combats et plusieurs titres québécois. Je suis champion canadien des 81 kg en 2014 et aussi des Gants Dorés Nationaux.

Si tu avais à qualifier ton style, tu te vois comment? Agresseur? Contre-attaquant?

Je ne suis pas un agresseur, surtout dans la catégorie dans laquelle je me bats, je ne peux pas jouer aux bras! Je suis un petit 178 lbs. J’ai appris avec le temps que la boxe c’est de toucher pour ne pas être touché. Je sais tout de même que je possède la force de frappe nécessaire pour me faire respecter, même à ce poids. J’ai une bonne vitesse et je cogne et j’aime utiliser mes jambes sur le ring.

Chez les amateurs, qui t’inspirait le plus? As-tu un modèle?

Andre Ward, il a gagné les Jeux Olympiques à 178 lbs et c’est un 165 lbs, comme moi. Michael Jordan est un modèle qui démontre que malgré les obstacles, tu peux réussir et devenir le meilleur.

En boxe professionnelle, qui sont tes idoles?

« Sweet Pea » (Pernell Whitaker) fait partie de mes tops, (Guillermo) Rigondeaux, (Vasyl) Lomachenko, Roy Jones c’est mon idole. J’aime beaucoup Rigondeaux, il ne se fait pas toucher.

Mais Rigondeaux, n’est-il pas un peu plus ennuyeux?

Le monde trouve ça « plate » mais je pense à une citation de George Foreman qui comparait ça au jazz : le mieux c’est, le moins que c’est apprécié. Tu regardes des batailles comme Gatti-Ward, oui, ok, gros combat, c’était dur mais moi, en tant que boxeur, j’apprécie un boxeur qui touche et qui ne se fait pas toucher. Outre que juste frapper, revenir en arrière, il y a le contrôle du « pace », empêcher un boxeur d’embarquer dans son rythme.

Très bonne observation, je trouve que tu as tout à fait raison. Tu as donc apprécié Mayweather-Pacquiao?

Si tu regardes le combat attentivement, Mayweather a contrôlé Pacquiao. Il a empêché Pacquiao de faire ce qu’il devait faire. Il n’a pas lancé plein de coups, il a choisi ses moments. Contrôler c’est juste parfois de changer d’angle, un mouvement de tête, des détails comme cela.

Dans ton cas Vincent, tu n’es pas encore qualifié pour les Jeux Panaméricains. Il te manque quoi?

J’ai une compétition à Tijuana du 2 au 10 juin, je dois faire 3 combats et surtout bonne figure.

Tu as vécu la période avec et sans casque. Quelle est la différence pour toi?

Tu dois être plus conscient de ta défensive. Quand je suis allé aux championnats canadiens 2013 mon premier combat a bien été mais ensuite j’ai boxé Jan-Michael Poulin et j’ai fait l’erreur d’aller à la guerre. Je respecte beaucoup Poulin mais si tu me demandes si je me referais pincer de la sorte : non.

Dans ton arsenal, quel est ton meilleur atout?

Mes jambes et ma vitesse, surtout à 178 lbs. Oui, je sais que je peux cogner, que je peux surprendre mais les coups qui t’envoient au tapis, ce sont ceux que tu ne vois pas.

Ton objectif, advenant une victoire aux Jeux Panaméricains?

Je ne me vois rien de moins que champion du monde. Moi, je ne monte pas sur le ring pour me faire une belle expérience, la boxe, c’est ce que je veux faire et je m’applique à le faire.

Mais tu as sûrement un plan B si ça ne marche pas?

Je vais continuer à m’entraîner, il y a aussi les championnats continentaux qui s’en viennent. C’est certain que si j’ai une offre de contrat, je vais y penser. Je ne veux pas me retrouver comme Sébastien Bouchard, qui paie quasiment pour boxer (Bouchard n’a pas de promoteur). Je le respecte, car pour faire ce qu’il fait, tu dois être très fort mentalement. Je le redis : si j’ai un contrat qui me donne une chance, je vais y penser sérieusement.

Justement, au moment actuel, tu n’as pas de commanditaires. Trouves-tu cela difficile? Tu t’arranges comment?

Oui c’est très difficile. Une chance que j’ai ma maman, Nancy Laliberté. Elle m’a toujours supporté . Elle m’a dit tu veux être champion du monde, alors vois-toi comme champion du monde, pour moi elle est magique.

Quelle est ta routine habituelle de boxeur, ton entraînement?

Je suis au PEPS tous les matins. Je travaille beaucoup plus au niveau musculaire, parfois on axe sur le cardio, après je m’en viens au gym. Je fais ça du lundi au samedi.

Pratiques-tu d’autres sports?

J’aime pas mal toucher à tout mais un sport que je ne peux pas pratiquer que j’adore c’est du kayak de rivière. Je suis bon dans les sports en général sans être une « machine » mais je trouve cela plus difficile éviter un courant que d’éviter un coup de poing!

Tu as déjà une très longue carrière. Quel combat considères-tu comme le plus important de ton cheminement jusqu’à maintenant?

Très bonne question. Les championnats canadiens ont été importants, les Gants Dorés, les Gants Dorés Nationaux… Je te dirais que c’est plus une série de victoires… de remporter les championnats canadiens à 178lbs en ayant monté de poids. Je me suis battu contre Paul Rasmussen, qui était dans l’équipe B, il était beaucoup plus gros que moi car lui, il descendait de 91 kg et je l’ai envoyé deux fois au tapis. Alors, cette séquence-là, ç’a été de bons moments.

Les Jeux Olympiques ne sont pas très loin. Est-ce quelque chose que tu caresses?

Oui mais pas à tout prix. Le rêve olympique c’est bien, mais regarde Michael Zewski. Je crois qu’au moment où il est passé pro, il a bien fait. Comme j’ai dit, si j’ai un contrat qui vaut la peine, je vais y penser sérieusement.

Il y a sûrement des expériences qui t’ont fait croire que tu avais les outils nécessaires?

J’ai été un des partenaires d’entraînement de Pascal pour son combat contre Bute, la première fois à Las Vegas quand Bute s’est blessé et la seconde fois à Big Bear. J’ai vu ce que ça prenait et ça m’a fait grandir.

Vincent, un gros merci. Ce fut un plaisir et bonne chance pour le futur.

Crédit photo: Page Facebook de Vincent Thibault

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