Connaissez-vous… Andrea Di Luisa?

Par François Bouchard

Beaucoup de gens, y compris votre humble serviteur, sont curieux quant au retour de notre Lucian Bute national. Avec raison: l’ex-champion IBF des super-moyens a maintenant 35 ans et n’a pas combattu depuis sa défaite contre un certain Jean Pascal. Pour son premier combat en plus d’un an et demi, il retrouvera sur son chemin une connaissance des rangs amateurs: l’actuel champion européen Andrea Di Luisa. Le nom ne semble pas séduisant au départ, c’est pourquoi je vous décortique ce mystérieux adversaire. Pourrait-il venir brouiller les cartes dans l’avenir de Lucian?

Parlons un peu du pugiliste même. Âgé de 33 ans, il détient une fiche acceptable de 17 gains, 2 revers et 13 victoires avant la limite. Ses deux revers ont été subis avant la limite et ce, contre des adversaires inconnus, donc nous savons déjà que Lucian aura de la pression pour produire un K.-O. L’Italien possède un style européen des plus classiques. Bien qu’il semble avoir une force de frappe respectable, celle-ci n’a jamais été testée contre l’élite. Comme bien des boxeurs situés plus à l’est, les mouvements de tête sont facultatifs, Di Luisa préconisant une défensive basée sur la garde haute. Sa vitesse est moyenne. Il fait tout bien sans rien faire d’exceptionnel. À cet égard, je le qualifierais d’Éric Lucas des pauvres.

Après une carrière amateur où il a connu du succès au niveau national, battant au passage Domenico Spada (39-6, 19 KO chez les pros) et subissant la défaite face à Bute, le volet professionnel de sa carrière a plutôt bien débuté, puisqu’à son 8e combat professionnel en 2010, il a liquidé son compatriote Roberto Cocco en 41 secondes pour obtenir le titre national italien.

C’est à la fin 2011 qu’il fait connaissance avec l’amertume de la défaite pour la première fois. Le Sénégalais établi en Italie Mouhamed Ali Ndiaye brille par son acharnement et force le coin de Di Luisa à jeter l’éponge au dernier round. En 2012, face au Français Christophe Rebrasse, à sa première tentative pour le titre européen des super-moyens, il se fait «rebrasser» et abdique au 7e assaut.

Depuis ce temps, il n’a pas goûté à la défaite. Contre des adversaires comme le modeste Ruslans Pojonisevs, il baisse ses mains et tourne parfois en gaucher. C’est à son dernier combat qu’il retrouve son bon ami Roberto Cocco et qu’il met la main sur le titre européen.

De par son style, l’Italien se retrouve désavantagé face à Bute. Il aime boxer de loin et notre Lulu national possède deux pouces de plus en grandeur. Lucian souhaite devenir un meilleur boxeur à courte distance, mais son adversaire n’est pas de nature à l’aider à parfaire cette nouvelle habileté. Par ailleurs, une question perdure évidemment: qu’en est-il du mental de Lucian? Même un Bute fragile devrait l’emporter par décision. Je ne crois pas que l’Italien frappe aussi fort que sa fiche ne l’indique et il n’a jamais fait face à un adversaire s’approchant du calibre de Bute, qui a tout de même réalisé dix défenses de son titre IBF. Je favorise Lucian, en six rounds ou moins. Il a quelque chose à prouver.

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *