David Gauthier ira-t-il à Rio?

Par Jean-Luc Autret

À partir de jeudi, le champion canadien des 60 kilos, David Gauthier, participera au tournoi de qualification mondiale, organisé par la AIBA à Baku en Azerbaijan. Pour Gauthier, il s’agira de la dernière occasion de se qualifier pour les Olympiques. Pour y arriver, Gauthier devra se frayer un chemin jusqu’en demi-finale. Thomas Blumenfield, un jeune boxeur de 18 ans de Magog et champion canadien à 52 kilos, et Mohammed El Abdouli, membre du Club de boxe de l’Est évoluant chez les 69 kilos, participeront également à cet important tournoi qui accueille  469 boxeurs de 105 pays. Ces boxeurs tenteront d’obtenir une place parmi 39 dernières disponibles pour les amateurs.

Nous avons eu le privilège de rencontrer le père de deux enfants à plusieurs reprises dans la dernière année et avant de vous présenter un portrait de ce boxeur qui a surmonté bien des embûches pour arriver si près d’une participation aux JO, nous rappelons qu’il a dû déclarer forfait en demi-finale en Argentine lors des qualifications continentales à cause d’une blessure à l’épaule survenue au deuxième round. S’il avait remporté ce combat ou même celui de la troisième place, il aurait déjà son billet pour Rio en poche.

Débute la boxe à 19 ans

Aujourd’hui âgé de 33 ans, David Gauthier a découvert la boxe à 19 ans. Après avoir pratiqué plusieurs sports dont le hockey, le soccer et le kickboxing, il s’est investi dans le noble art à partir de 2001.

En 2009, il obtient sa première occasion à l’international. À Beyrut au Liban, il participe en compagnie entre autres des Michael Gadbois, Didier Bence, Schiller Hyppolite et Yves Ulysse aux sixièmes Jeux de la francophonie. Malheureusement, il s’incline 3-2 en quart de finale face au boxeur représentant le pays hôte.

À travers les années, David a participé à de nombreux championnats canadiens (défaite en demi-finale 8-7 en 2009,  vaincu par Tyler Asselstine en demi-finale en 2010, perd son premier combat en 2011, s’incline 13-12 en finale en 2012). C’est finalement en 2013 qu’il décroche le titre de champion canadien après avoir changé de division en passant des 56 aux 60 kilos.

« À travers toutes ces compétitions, les joies comme les déceptions, j’ai appris à m’adapter à chacun de mes rivaux et à être prêt pour chaque combat dès le son de la cloche, de même qu’à ne pas avoir de doute en mes capacités », explique celui qui a travaillé fort pour représenter l’unifolié.

Participe à plusieurs tournois internationaux

Entraîné par Jean-François Bergeron du club BoxeMontréal.com depuis 2011, David a pu voyager en 2014 et 2015 avec l’équipe canadienne. Il s’est rendu en Serbie et à Porto Rico pour des tournois de boxe et, à l’été 2014, il a participé aux Jeux du Commonwhealth en Écosse. Bien qu’il n’ait pas remporté de succès, il a acquis de l’expérience et il a pu voir de proche plusieurs des meilleurs amateurs au monde.

Ayant un style rapide porté sur la contre-attaque en utilisant la vitesse de son jab et la puissance de sa main droite, David reconnaît qu’il est un  «slow starter ». « Avec Jean-François, on a beaucoup travaillé dans les dernières années pour que je développe plus d’assurance et que je diminue mon temps d’adaptation aux débuts des combats. Mes récents succès me confirment qu’on a fait du bon travail », affirme le boxeur de St-Jean-sur-Richelieu.

À une clef de bras des Olympiques

Après avoir dominé les qualifications canadiennes en décembre alors qu’il revenait d’une opération à la main droite, David Gauthier s’est rendu en Argentine en mars dernier pour les qualifications olympiques continentales. Lui qui profite d’un congé sans solde de son employeur Héroux-Devtek depuis janvier,  revit avec nous ces derniers événements marquants.

« En décembre à Montréal, j’étais stressé. Quand j’ai affronté Alyre St-Pierre puis Rodolfo Velasquez, ma main droite était à environ 60 % de ses pleines capacités. En l’emportant chaque fois 3-0, j’ai fait le plein de confiance pour la suite ».

« Après le tournoi canadien, j’ai reposé ma main droite pendant un mois, puis je me suis préparé intensivement pour les qualifications continentales en Argentine pour le mois de mars. Mon premier combat là-bas était face au représentant de l’Uruguay. Il était arrogant et confiant, mais je l’ai outboxé en l’emportant 3-0 ».

« En quart de finale, j’affronte le Panama, représenté par un jeune prospect qui a fait récemment une décision partagée avec le Cubain, l’un des meilleurs au monde. Alors que plusieurs combats sont annulés, je dois monter sur le ring alors que je ne suis pas du tout réchauffé. Malgré ça, je suis resté focus. Ma maturité et mon expérience m’ont appris à me concentrer uniquement sur les choses que je contrôle. Bilan, je l’ai emporté 2-1 ».

« Le lendemain, je suis en demi-finale face au champion du Venezuela. Je me sentais vraiment bien. Je dominais le combat en le touchant régulièrement alors qu’il était le favori du tournoi. Au deuxième round, nous avons lancé en même temps, mon bras est passé par-dessus et le sien a glissé sous mon épaule, puis on s’est accroché. Une douleur très vive est apparue à l’épaule et je me suis laissé tomber au sol instantanément. Sur le coup et pendant quelques jours, je croyais que ma carrière était terminée. Heureusement, la douleur a diminué rapidement et on a pu faire des examens pour constater que j’avais un ligament partiellement déchiré et que mon épaule était sortie de son socle pour y revenir aussitôt ».

De retour de l’Argentine, David était évidemment déçu de la tournure des événements. S’il avait remporté le duel de demi-finale, il obtenait automatiquement son billet pour Rio. Pire, si au lieu de faire un combat pour la 3e place, l’AIBA avait appliqué la règle qui qualifie celui qui a perdu contre le médaillé d’or, ce serait lui et non l’Argentin qui aurait obtenu cette convoitée troisième place.

Après quelques semaines de physiothérapie, l’épaule est bien guérie. Il se prépare activement depuis la mi-avril pour le tournoi de la dernière chance. Il a notamment mis les gants avec le très bon Argentin Roman Reynoso (18-1-1, 7 KO) qui a participé au dernier gala à Sorel. 

Pour accompagner les Ariane Fortin, Mandy Bujold et Arthur Byarslanov à Rio en août prochain, David Gauthier doit se rendre en demi-finale ou perdre en quart de finale face au médaillé d’or. Évidemment, nous suivrons attentivement le déroulement de cette compétition qui se terminera le 25 juin.

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