#DeGaleBute, le combat de la dernière chance pour Bute?

Par Martin Fournier

Ce samedi 28 novembre au nouveau centre Vidéotron de Québec, Lucian Bute, ancien monarque IBF des super-moyens de 2007 à 2012, tentera de reconquérir son titre face au champion actuel, le Britannique James «Chunky» DeGale, qui fut aussi champion olympique lors des jeux de Pékin en 2008 chez les poids moyens. Il s’agit d’un combat très important pour la suite de la carrière de Bute.

Apprenons à mieux connaître ce nouveau champion IBF, James DeGale, qui est âgé de 29 ans. Il a fait ses débuts professionnels en février 2009, détient une fiche de 21 victoires et une seule défaite, défaite qui est survenue contre son compatriote George Groves en mai 2011 dans une décision partagée, et très discutable à mon avis. Depuis ce revers, DeGale a remporté ses 11 derniers combats dont le dernier, en mai de cette année à Boston, aux dépens d’Andre Dirrell par décision unanime, pour s’emparer du titre vacant IBF des super-moyens.

James DeGale en sera à son deuxième combat en sol québécois. En mai 2013, il a rapidement disposé de Sébastien Demers par KO au 2e round lors d’un gala présenté au Hilton du Lac Leamy. Au nombre de ses faits d’armes, en plus d’avoir été couronné champion du monde, mentionnons qu’il est le seul britannique à avoir remporté une médaille d’or olympique. Fait à noter en vue de ce duel, Bute et DeGale possèdent un adversaire commun, le Colombien Fulgencio Zuniga. Celui-ci a perdu par décision unanime face à DeGale en décembre 2012 et par TKO au 4e round aux dépens de Lucian Bute en mars 2009.

Analysons maintenant les deux pugilistes selon nos critères habituels.

Analyse de #DeGaleBute

Sur le plan de la puissance, DeGale a obtenu 14 KO en 21 victoires. Sur l’ensemble des 135 rounds qu’il a disputés en carrière jusqu’à présent, il détient un pourcentage de KO de 64%. Son excellent crochet de gauche a envoyé Andre Dirrell au tapis à deux reprises lors du deuxième round de leur combat le 23 mai dernier, constituant un facteur décisif dans la victoire de DeGale face à l’Américain. Lucian devra s’en méfier continuellement.

DeGale est très résilient et met beaucoup de pression sur ses adversaires afin de les faire reculer. Une attitude qui pourrait causer certaines difficultés à Lucian. Par conséquent, il doit éviter de se retrouver le long des câbles, utiliser son jab avec plus de fluidité et imposer son rythme. Bute doit boxer de manière plus agressive dès le début des hostilités et remiser son habitude de commencer ses combats lentement afin d’étudier son adversaire.

Pour Lucian Bute, sur ses 32 victoires, 25 ont été obtenues par KO, alors que sur l’ensemble des 226 rounds qu’il a disputés jusqu’à présent, il possède un pourcentage de KO de 74%, supérieur à celui de DeGale. Toutefois, avant le récent TKO obtenu face à Andrea Di Luisa, le 15 août dernier, il fallait remonter en juillet 2011 face à Jean-Paul Mendy en Roumanie pour constater une victoire de Bute avant la limite. À ce chapitre, DeGale, avant sa victoire par décision face à Dirrell, avait remporté ses trois précédents duels par TKO, dont l’un dès le troisième round contre le Mexicain Marco Antonio Periban en novembre 2014.

Offensivement, la force de Lucian repose sur son jab lorsqu’il est en mesure de l’utiliser. Son fameux uppercut au foie a fait bien des dommages lors de ses combats précédents sa défaite contre Carl Froch le 26 mai 2012. La situation est comparable au niveau de la puissance entre les deux pugilistes.

Pour ce qui est de la défensive, nos boxeurs sont deux bons techniciens dotés d’une bonne défensive. Si DeGale a tendance à boxer avec les mains basses et à changer sa garde de gaucher à droitier afin de déstabiliser ses adversaires, il est aussi excellent en contre-attaque, ce qui est également le cas de Bute. DeGale possède une bonne intelligence du ring et esquive bien. Sa capacité à encaisser est bonne. Il a reçu quelques bons coups de Dirrell sans broncher dans son dernier combat à la suite de quoi il a poursuivi ses attaques sur l’Américain.

Facteur vitesse, le Britannique est très rapide et explosif. Il est continuellement en déplacement et possède un excellent jeu de pieds. Lucian Bute est également rapide, mais moins qu’il l’a déjà été. Par conséquent, j’accorde un avantage à DeGale sur cet aspect.

Au niveau de l’expérience, avantage Bute. Il a détenu la couronne IBF des super-moyens d’octobre 2007 à mai 2012, période au cours de laquelle il a défendu son titre avec succès à neuf reprises. Le 28 novembre, il disputera à 35 ans un douzième combat de championnat du monde. Dans ses 11 combats de championnat du monde, Bute a enregistré 10 victoires, dont 8 KO, pour un total de 84 rounds. Cependant, certains diront qu’il n’a pas affronté les meilleurs de sa division durant cette période. Dans le cas du champion James DeGale, il sera impliqué, à 29 ans, dans une première défense depuis sa conquête en mai dernier. Toutefois, son expérience olympique est considérable. Il a notamment battu l’Égyptien Mohamed Hikal, le dernier boxeur à avoir vaincu Gennady Golovkin chez les amateurs. Il a aussi disposé du Kazakh Bakhtiyar Artayev, médaillé d’or olympique aux jeux d’Athènes de 2004. Nul doute que sa carrière amateur est impressionnante. Toutefois chez les pros, de facto, avantage Bute.

Sur le plan des facteurs intangibles, Lucian Bute ne peut que nous surprendre. DeGale est favori dans ce duel et Bute est négligé par l’ensemble des observateurs. Pour Lucian, ce combat représente non seulement une nouvelle chance d’être consacré champion du monde, mais aussi de reconquérir, en sol québécois, son titre IBF des super-moyens perdu en mai 2012 à Nottingham face à Carl Froch. Il s’agit également sans doute d’un dernier combat de championnat du monde qui lui est offert, advenant une défaite. Nul doute que ces facteurs ne peuvent que motiver l’ancien champion.

Cependant, l’interrogation demeure tout de même au niveau de l’aspect psychologique. La question entourant la confiance de Bute, depuis sa défaite contre Froch, est donc la clé de l’analyse à mon avis en vue de ce duel. Bien que sa dernière victoire contre Andrea Di Luisa ait pu dissiper certains doutes, il faut constater que les deux premiers rounds n’ont pas été convaincants. De même, Di Luisa ne peut se comparer à DeGale. De plus, ses combats contre Denis Grachev en novembre 2012 et Jean Pascal en janvier 2014, tous deux disputés à la suite de sa défaite contre Carl Froch, n’ont guère été impressionnants. Bute y a été davantage hésitant et sur la défensive.

Un autre facteur non négligeable est l’inactivité de Bute au cours des dernières années. Au cours de cette période de 22 mois, il a disputé quatre rounds de boxe, contrairement à quatre combats pour DeGale, pour un total de 30 rounds durant la même période. Dans une perspective plus large, depuis sa défaite le 26 mai 2012 en Angleterre, Bute a disputé trois combats pour un total de 28 rounds contrairement à neuf combats pour DeGale et un total de 72 rounds. Il s’agit de données qui témoignent d’un écart important entre les deux boxeurs au niveau de l’activité. De même, la séquence victorieuse du Britannique comprenant onze victoires consécutives sur une période de quatre ans et demi, est susceptible d’accentuer sa confiance, tandis que Lucian revient de loin depuis sa défaite contre Carl Froch en 2012. Avantage de DeGale au niveau des intangibles en raison des doutes qui persistent sur la confiance de Bute.

Ma prédiction

Bien que Lucian Bute possède l’ensemble des qualités pour rivaliser avec DeGale dans ce combat, en vertu des différents critères d’analyse, je prévois tout de même une victoire de James DeGale par décision.

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