Francis Lafrenière se battra-t-il pour «le» titre canadien ou pour «un» titre canadien? La situation des titres au niveau national.

Par Martin Achard

L’affiche du combat qui mettra aux prises Francis Lafrenière (5-5-2, 3 K.-O.) et Paul Bzdel (5-4-1, 0 K.-O.) samedi le 28 juin à Lachine comprend la mention «titre canadien des poids moyens». On parle souvent du «titre canadien» comme s’il s’agissait d’une seule et même chose. Mais est-ce vraiment le cas?

En fait, la situation est aussi complexe au niveau canadien qu’elle ne l’est au niveau mondial, où l’on compte comme organisations «majeures» le WBC, le WBA, l’IBF et le WBO. Il y a, en effet, pas moins de quatre organisations qui décernent des ceintures de champion au pays! En voici la liste, accompagnée d’une présentation pour chacune d’elles.

1) Le Canadian Boxing Federation/National Championships Committee

Le Canadian Boxing Federation est la première des organisations à avoir été fondée, en 1925. C’est elle qui a couronné l’immense majorité des boxeurs québécois que, à différentes époques, on associe spontanément au titre canadien. La liste est longue, et comprend entre autres: Joachin Alcine, Alain Boismenu, David Cadieux, Robert Cléroux, Pier-Olivier Côté, Mario Cusson, Antonin Décarie, Sébastien Demers, Adrian Diaconu, Michel Galarneau, Benoît Gaudet, Howard Grant, Otis Grant, Johnny Greco, Gaétan Hart, Alex Hilton, Dave Hilton Jr, Dave Hilton Sr, Hercules Kyvelos, David Lemieux, Patrice L’heureux, Éric Lucas, Fernand Marcotte, Stéphane Ouellet, Donato Paduano, Jean Pascal, Walid Smichet et Adonis Stevenson.

En 2010, le Canadian Boxing Federation a décidé de se concentrer sur sa fonction régulatrice, et de déléguer la pouvoir d’établir des classements et de décerner des ceintures au National Championships Committee (NCC). Le titre des poids moyens du NCC est actuellement détenu par l’Albertain Albert Onolunose, qui a mis la main sur la ceinture vacante en mai 2013 à Calgary en battant Michael Walchuk. Il n’est pas remonté dans le ring depuis.

2) Le Canadian Professional Boxing Council

Le Canadian Professional Boxing Council (CPBC) a été fondé en 1976 par Vince Bagnato pour faire concurrence au Canadian Boxing Federation. L’organisation semblait avoir disparu il y a quelques années, mais elle a été ressuscitée en 2008 par son président actuel, Don Collette. C’est le CPBC qui sanctionnera le combat Lafrenière-Bzdel. C’est également le CPBC qui reconnait actuellement Éric Martel-Bahoéli comme champion canadien chez les lourds, en vertu de sa victoire en avril 2013 à Calgary sur Raymond Olubowale.

On notera que, selon les plus récents classements du CPBC, qui datent de mai 2014, les deux premiers aspirants au titre vacant des moyens pour lequel s’affronteront Lafrenière et Bzdel sont Renan St-Juste et Walid Smichet. Lafrenière lui-même est classé 9e, tandis que Bzdel n’est pas classé dans la catégorie. Il pointe plutôt chez les super-mi-moyens, où il est 5e aspirant. Il n’y a cependant rien d’inhabituel pour une association régionale ou nationale comme le CPBC de reconnaître comme étant pour le titre vacant d’une catégorie un combat entre deux boxeurs qui ne figurent pas parmi les tout premiers aspirants de cette catégorie.

3) Le National Boxing Authority

Le National Boxing Authority (NBA) est une organisation relativement nouvelle, fondée en 2012 par Jerry Doiron-Gould, un vétéran du monde de la boxe au Canada, qui a déjà œuvré comme administrateur d’autres organisations et de commissions athlétiques.

C’est lors d’un gala tenu le 2 mars 2013 à Moncton que le NBA a décerné ses premières couronnes de champion canadien. On se rappellera peut-être que, à cette occasion, Frank Cotroni avait vaincu Rory Coveney par décision en dix rounds pour s’approprier le titre des 154 livres. Par ailleurs, Fitz Vanderpool avait mis la main sur le titre des poids moyens en défaisant Roberto McLellan.

4) Le NABA Canada

Le NABA Canada est une division régionale du North American Boxing Association (NABA), et donc un affilié du World Boxing Association (WBA). L’organisation a décerné son premier titre canadien en 2009. Jusqu’ici, au moins six boxeurs ont détenu son titre: Neven Pajkic chez les lourds, Chris Norrad et Ryan Henney chez les lourds-légers, Stephan Boyd et Brandon Cook chez les moyens, et Samuel Vargas chez les super-mi-moyens. Cook est l’actuel champion chez les 160 livres, ayant remporté le titre vacant le mois dernier, en vertu d’un triomphe par décision sur Phil Rose à Mississauga. Il possède également la ceinture du NCC des 154 livres.

Signalons deux curiosités: le NABA Canada n’établit aucun classement, et son titre, même s’il est un titre «canadien», peut être remporté par des … non-Canadiens. Oui, vous avez bien lu. Ainsi, en 2011, le Torontois Neven Pajkic a affronté à Barrie en Ontario Johnny White pour le titre vacant des lourds de l’organisation, même si White est un … Américain de la Louisiane! Pajkic l’a emporté, mais si White avait gagné, il aurait emporté le titre «canadien» chez lui, bien au sud de la frontière.

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Je conclus en formulant une remarque. D’une part, au vu du nombre d’associations qui existent aux niveaux national, nord-américain et mondial, on peut comprendre dans une certaine mesure la décision de la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec d’exiger un montant additionnel de 5000$ au promoteur d’un évènement dès lors qu’un titre est en jeu. Cette exigence signifie par exemple que les frères Grant, qui organisent le gala du 28 mettant en vedette Lafrenière, devront verser à la Régie non pas seulement le montant de 5000$ ou plus (en fonction de l’assistance) qui découle de la vente des billets, mais également un autre montant de 5000$, simplement pour avoir le droit de tenir un combat faisant intervenir un titre.

Ce droit à acquitter de 5000$ pour chaque combat de championnat permet sans doute d’éviter que des combats soient tenus pour des titres insignifiants et sans importance, mais il constitue également une sorte de taxe dont pourrait certainement se passer les promoteurs qui peinent à rendre leurs galas attrayants et à les rentabiliser. Quelle considération devrait avoir ici la priorité? Ne pas multiplier inutilement les ceintures de champion et faire obstacle à la création de nouveaux titres sans réelle valeur, ou accorder aux promoteurs le maximum de chances de donner du lustre à leurs évènements et de les rentabiliser, ce qui les pousserait probablement à en organiser davantage et créerait ainsi plus d’occasions de se battre pour les boxeurs? Le débat est lancé.

5 Comments

  1. Avatar
    DON COLLETTE juin 22, 2014

    HELLO MR. ACHARD, YOUR ARTICLE IS SOME WHAT INTRESSTING BUT NOT QUITE ACCURATE THE .

    THE C.P.B.C WAS LAUNCHED IN 76 BY MR.BAGNATO AND WAS IN OPERATION UNTILL AROUND 1991. THE C.P.B.C WAS REBORN IN 2008 AND NOT 2010 AS WE WERE IN MONTREAL IN 2009.THE NATIONAL CHAMPIONSHIP COMMITEE/NCC ONLY CAME OUT A FEW YEARS AFTER THE C.P.B.C. WAS IN OPERATION. WHICH MAKES THE C.P.B.C. THE LONGEST RAINING SANCTION BODY IN CANADA. HOPE THIS CLEARS THE AIR FOR YOU …THANKS

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      userKO juin 25, 2014

      Merci de vos remarques M. Collette. Le National Championships Committee est en un sens la continuation du Canadian Boxing Federation, comme l’indique notre article. De toute façon, l’ancienneté n’est qu’un critère bien faible pour juger de la qualité des associations, et notre article ne cherche pas à faire valoir une association au détriment d’une autre. Comme nous faisons confiance à vos informations, nous venons de changer le « 2010″ pour « 2008″ comme année de renaissance du C.P.B.C. Merci de ce renseignement.

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