Il y a 91 ans, Jack Delaney détruisait de nouveau Tiger Flowers

Par Martin Achard

Il y a 91 ans aujourd’hui, le 26 février 1925, le Québécois Jack Delaney battait pour la seconde fois le légendaire Tiger Flowers, 41 jours après la tenue du premier combat entre les deux hommes, qui s’était soldé par un spectaculaire «one-punch knock-out» de Delaney au début du deuxième round.

Très confiant de pouvoir terrasser le gaucher de la Géorgie au moyen de sa main arrière comme dans le premier duel, Delaney s’était d’abord attardé à faire étalage de ses capacités défensives, attendant le moment opportun pour porter le coup d’assommoir. Son attitude quelque peu passive avait permis à Flowers, un pugiliste résolument porté sur l’attaque, d’obtenir un léger avantage dans les deuxième et troisième rounds. Puis, dans la dernière minute du quatrième, le natif de Saint-François-du-Lac trouva l’occasion qu’il recherchait: il décocha une droite à la mâchoire qui envoya Flowers au tapis, et qui déclencha l’une des séries d’évènements les plus invraisemblables jamais observées dans un ring de boxe.

L’arbitre s’interposant après le coup controversé

Flowers, en effet, préféra se relever immédiatement, sans même attendre que l’arbitre commence le compte, une décision qui poussa Delaney à se ruer vers lui pour tenter de l’achever. Voyant «Bright Eyes» arriver à toute vitesse pour le malmener, Flowers choisit alors de remettre un genou au sol, avant même d’avoir eu à encaisser un autre coup. Mais Delaney, qui était déjà sur sa lancée, ne vit pas la manœuvre de son rival et il lui asséna une puissante droite au visage, qui le terrassa derechef.

Face à cette situation inusitée, la réaction immédiate de l’arbitre Patsy Haley fut de séparer les deux combattants, de les renvoyer dans leurs coins respectifs et de signifier verbalement son intention de disqualifier Delaney, pour cause de coup porté à un adversaire déjà au sol. La foule du Madison Square Garden, comprenant les intentions de l’arbitre, se mit alors à exprimer bruyamment son insatisfaction, et plusieurs spectateurs particulièrement en colère quittèrent leurs sièges afin de se masser aux abords du ring, créant ainsi une situation potentiellement explosive et dangereuse.

Le K.-O. final lors du deuxième 4e round!

Après plusieurs minutes de discussion avec les hommes de coin de Delaney, Haley choisit finalement de ne pas disqualifier le Québécois. Il demanda plutôt au chronométreur officiel Eddie Munson de … remettre l’horloge à zéro, de façon à reprendre le quatrième round depuis le début! Après une minute et cinq secondes de ce nouveau quatrième round, où très peu de coups furent échangés, Delaney plaça pour la troisième fois du combat une droite en puissance à la tête de Flowers, qui s’affaissa de tout son long en plein milieu du ring, totalement inconscient. L’arbitre n’eut plus qu’à administrer le compte de dix, sous les clameurs de joie du public new-yorkais, qui avait depuis plusieurs mois adopté «Bright Eyes» comme l’un de ses grands favoris.

Photo de Delaney tirée d’un journal de 1927

Ce résultat décisif en faveur de Delaney désamorça complètement les allégations du gérant de Flowers, Walk Miller, qui avait avancé après le premier combat que Delaney avait inséré un objet dans son gant droit afin d’accroître sa force de frappe. D’ailleurs, Flowers tint à visiter son rival dans son vestiaire après l’affrontement, afin de lui rendre hommage: «Jack, je te félicite de ton triomphe et je suis prêt à admettre que tu m’es supérieur», avait humblement affirmé l’actuel membre de l’International Boxing Hall of Fame, qui remporta un an jour pour jour plus tard le titre mondial des poids moyens. «Si tu frappes Harry Greb avec le type de coups que tu m’as asséné ce soir, il ne restera rien de lui!».

 

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