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Michel Desgagné sur la performance de John Alejandro Gonzalez et les plans d’Impact Sport Production

Par Martin Achard et Jean-Luc Autret

Michel Desgagné est revenu hier de Moncton, où son protégé John Alejandro Gonzalez (3-1-0, 0 K.O.) s’est incliné par décision unanime en six rounds (53-60, 53-60, 56-57) contre le boxeur de l’ouest canadien Stuart McLellan (10-0-3, 2 K.O.), au cours d’un affrontement qui mettait en jeu une ceinture de champion régional des poids moyens de la National Boxing Authority. Nous avons eu la chance de nous entretenir avec le dynamique président du Club de boxe de Chicoutimi et copropriétaire de la firme de promotion Impact Sport Production (I.S.P.), qui était très satisfait de la performance de son poulain samedi soir.

« John s’est bien battu et le combat a été serré », nous a-t-il confié. « C’est lui qui a porté les meilleurs coups, mais McLellan est un bon encaisseur qui a bien utilisé sa portée. Le fait est que John a beaucoup appris dans ce duel, contre un adversaire invaincu et expérimenté, qui livrait son treizième combat chez les professionnels. John a reçu plusieurs coups de tête et n’avait jamais vécu autant d’accrochages auparavant. Nous avons même perdu un point suite à une bousculade dans la seconde moitié du combat. Même si c’était son premier six rounds, John avait encore beaucoup d’énergie à la fin, ce qui est certainement positif pour la suite de sa carrière ».

L’entraîneur de niveau 4 demeurera passablement occupé au cours des prochaines semaines. D’une part, les autres boxeurs professionnels de son groupe se battront à la fin du mois ou en avril. Le super moyen Guillaume Tremblay-Coude (2-0-0, 1 K.O.) et le super mi-moyen Jean-François Plourde (1-0-0, 1 K.O.) affronteront en effet respectivement Mitch Louis-Charles et Steven Butler lors du gala que présentera Eye of the Tiger Management à Gatineau le 28 mars. Puis, Francy Ntetu (11-0-0, 3 K.O.) – qui est récemment revenu sous son aile – se battra de nouveau à New York, le 10 avril, au cours d’un gala organisé par Lou DiBella. Ntetu ne connaît pas encore son adversaire pour cette soirée, mais il est prévu qu’il prenne part à un combat de huit rounds.

D’autre part, Impact Sport Production, qui a organisé trois galas en 2013, entend continuer à présenter de la boxe professionnelle au Saguenay. Comme nous l’a révélé Desgagné : « Mon partenaire David Grenon et moi allons évaluer la situation cette semaine et déterminer s’il vaut la peine de tenir un évènement en mai, considérant entre autres que ce mois sera chargé de galas au Québec. Ça va dépendre aussi des offres que nous allons recevoir. Notre objectif est que nos boxeurs demeurent actifs ».

On ne soulignera jamais assez selon nous l’importance extrême des plus petits galas pour permettre aux boxeurs de se développer et pour mousser l’intérêt pour le noble art, dans un contexte où plusieurs jeunes amateurs de sports de combat se trouvent attirés par les arts martiaux mixtes. Les défis auxquels doivent se frotter les promoteurs qui tentent d’organiser de tels galas sont nombreux, et résumés avec une précision parfaite par Desgagné.

« La première difficulté pour un groupe comme le nôtre, c’est la mise de fond initiale de 5000$ exigée par la Régie des alcools, des courses et des jeux. Il s’agit d’un montant énorme quand on peut espérer mettre tout au plus 700 à 800 personnes dans la salle. De plus, il faut ajouter à ce montant le prix pour la location de la salle, les bourses des combattants, les chambres d’hôtel pour ces derniers et leurs entraîneurs quand ils viennent de l’extérieur, et les éléments qui donneront une ambiance professionnelle à la soirée, comme la présence d’un annonceur de qualité ».

« Deuxièmement, la publicité pour annoncer notre produit coûte cher. Il est dispendieux d’acheter des publicités dans les journaux, à la radio ou à la télévision. Nous ne pouvons donc nous permettre de grandes campagnes publicitaires, mais nous en payons le prix à l’autre bout, c’est-à-dire pour ce qui est de l’assistance. De plus, il ne faut pas se le cacher, acheter de la publicité à une station de radio ou de télévision fera en sorte que leurs concurrents éviteront de parler de notre gala ».

« Troisièmement, les commanditaires majeurs sont difficiles à rejoindre. Dans une région comme le Saguenay, les commerçants sont déjà très sollicités, et considérant que nous ne sommes capables de nous payer qu’un minimum de publicité, l’essentiel de la visibilité que nous pouvons leur offrir se résume aux posters, aux billets et au gala lui-même. Nous nous trouvons donc pris dans une sorte de cercle vicieux », nous a expliqué le promoteur.

Dans de telles conditions, on aura compris que seule une passion profonde et intarissable pour la boxe peut expliquer le dévouement d’artisans comme Michel Desgagné. Le Québec doit se compter chanceux d’en avoir suffisamment sur son territoire pour maintenir dans une relative santé la boxe professionnelle chez nous. Mais on ne saurait nier pour autant que cette vitalité est fragile, et soumise à des exigences financières de plus en plus grandes. C’est pourquoi, selon nous, les amateurs de boxe auront toujours tout intérêt à célébrer et à appuyer les initiatives des promoteurs locaux.

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