Boxe québécoise pour tous les amateurs francophones – 12rounds.ca

Mick Gadbois, un homme de coeur

Par David Tétreault

« On m’a déjà demandé d’envisager un combat contre un ami. Pas de chance que ça arrive, des amis ça n’a pas de prix… »

  • Mick Gadbois, boxeur professionnel (14-1-3)

Le 30 mars 2017, en direct du Casino De Montréal, un courageux boxeur d’ici fera son grand retour. Après plus de 15 mois d’absence, Mick « l’unique » Gadbois remontera dans l’arène pour reprendre sa carrière de boxeur en main. Il aura un gros test devant lui, alors qu’il affrontera Cecilio Santos, un vétéran de 38 ans qui compte 455 rounds de boxe sous la cravate. Mick Gadbois sera prêt pour relever le défi. Portrait de la fierté sportive de St-Hyacinthe.

Une enfance remplie de sports

Michael Gadbois est né en 1986 à l’hôpital Honoré-Mercier de St-Hyacinthe. Le maskoutain d’origine a toujours été un très grand sportif ; Midget AA au hockey, Senior AAA plus récemment au soccer bref, quand il pratique un sport, il a toujours le potentiel de se mesurer à l’élite. Et c’est exactement dans cet état d’esprit qu’il continue son parcours dans le merveilleux monde de la boxe.

Mick Gadbois aux FrancoLa boxe arrive dans sa vie en 2006, alors qu’il fait son apparition dans un Gym pour la première fois. Il commence l’entrainement en février, le 21 avril il fait son premier combat amateur. Ça en dit long sur le genre de compétiteur qu’est Michael. Il carbure au défi et veut se tester rapidement. Il finira sa carrière avec 80 combats, dont 56 victoires, il a notamment remporté une médaille de bronze aux Jeux de la Francophonie au Liban en 2009. Pendant ce temps en 2006, une autre fierté de St-Hyacinthe dominait la boxe au Québec. Sébastien Demers, qui allait éventuellement aller en championnat du monde en Allemagne, était toujours invaincu et était une inspiration pour le jeune Gadbois. Déjà à ce moment-là, il allait encourager Demers au Casino et il rêvait de devenir pro. Un rêve qui prendra vie 5 ans plus tard.

Débuts en 2011

En février 2011, au Centre Pierre-Charbonneau, Michael fait ses débuts professionnels. Un bon départ ; victoire par décision partagée. 2011 sera une bonne année pour lui ; il rajoutera trois autres victoires à sa fiche entre février et septembre. C’est invaincu à ses sept premiers combats qu’il fait son premier duel dans le mythique Centre Bell, en sous-carte de Bute-Grachev. Devant lui, Pedro Navarrete, un boxeur expérimenté qui avait 47 combats à cette époque, et qui avait entre autre mis les gants avec le champion actuel WBC Mikey Garcia, Ghislain Maduma, Apou et Usmanee. Sur place, une horde de partisans venus de St-Hyacinthe et de Beloeil pour lui démontrer tout son support. Michael fait plaisir aux siens et relève l’immense défi en l’emportant par décision majoritaire. Il gagnera son combat suivant avant de coller deux nulles de suite. Le combat nul au Casino du Lac Leamy face à Edgar Torres lui laissera un goût amer dans la bouche.

Mick gadbois à SorelSa première chance à une ceinture a lieu le 14 avril 2015, alors qu’il affronte le canadien Steven Wilcox. En jeu, la ceinture vacante WBC International Silver lightweight. Le combat est très serré et se terminera par une décision nulle. Une troisième à ses sept derniers combats pour L’unique. Le promoteur de Wilcox l’a contacté en décembre 2016 pour savoir s’il était intéressé à affronter son protégé à nouveau en 2017 ; il aurait aimé faire un gala intitulé Cross the Border, une rivalité Québec-Ontario. Le clan Wilcox ne donne plus de nouvelles depuis que Michael a accepté la proposition.

Sa plus belle performance en carrière survient au mois de novembre 2015, alors qu’il boxe à Trois-Rivières contre David Martin Campillo, un espagnol coriace qui n’est pas là que pour récolter sa paye. En finale, un certain Simon Kean faisait ses débuts professionnels devant les siens. Un combat de tous les instants ; Michael est tout feu tout flamme et il semble habité par un désir de démontrer toutes les habiletés qu’il possède. Le résultat est convainquant ; il fait le combat de la soirée et l’emporte par décision unanime des juges. Quelle performance ! Il sauvera une soirée qui était jusque-là plutôt terne.

Son dernier combat a lieu au Métropolis de Montréal, alors qu’il affronte Jesus Kibunde Kakonge, un boxeur qui avait déjà gagné contre Roody Pierre-Paul. Le combat ne se passera pas comme prévu. Après avoir envoyé Jesus au plancher au premier assaut, Mick se blesse au début du deuxième round, plus précisément au ligament collatéral du coude gauche, une blessure qui l’empêchera d’envoyer sa main arrière pour le restant du combat. Même avec un seul bras, Gadbois se défend bien, il tente tant bien que mal d’atteindre son adversaire avec des jabs incisifs. Le combat se rendra à la limite. Le clan Gadbois est confiant ; la chute au premier ainsi que les rounds du milieu devraient sans trop de problème lui concéder la victoire. Les juges en décident autrement ; première défaite pour le boxeur québécois. Il se fera opérer à l’épaule droite trois jours plus tard ; l’opération était déjà prévue depuis un moment. Aucune intervention ne sera nécessaire pour le coude, seulement beaucoup de temps et de repos.

Un entourage familial

L'équipe GadboisMichael est un gars pour qui l’entourage est primordial ; les gens qui l’entourent sont importants et les relations sont tissé serrées. Parmi ceux qui gravitent autour de lui, nous retrouvons Alain St-Amand et Marc Seyer du club de boxe de St-Hyacinthe, son entraîneur au Underdog Mike Moffa, son très bon ami et partenaire d’entrainement Dierry Jean, l’ancien champion IBF David Lemieux, son préparateur physique Jarek Kulesza, son confident dans les moments plus difficiles Yoni Sherbatov, le boxeur invaincu Mathieu Germain ainsi que Ariane Fortin, la grande sœur du groupe, celle qui s’occupe du groupe comme si c’était ses enfants.

« Michael est un gars de cœur. Il est toujours là pour les autres, c’est précieux des amis comme ça »

  • Ariane Fortin-Brochu

En parlant avec Mick, c’est la première chose qu’on remarque. La camaraderie et la bonne entente qu’il a avec son petit monde. J’avais senti la même chimie de groupe lorsque j’avais parlé avec Mathieu Germain. Il y a une fraternité hors du commun qui ressort de ce club de boxe. Son association avec EOTTM s’est fait par l’entremise de Mike Moffa ; Dierry Jean avait besoin d’un partenaire d’entrainement gaucher en vue de son prochain combat et c’est à Gadbois qu’ils ont fait appel. De fil en aiguille, Michael s’est greffé à la famille. Son association avec EOTTM s’est terminé en 2016.

Pour les jeunes

Michael Gadbois est un modèle de société pour les jeunes d’aujourd’hui. Il est très au courant de son influence envers la belle jeunesse et espère que celle-ci se fera influencé positivement par ses gestes et ses actions. Ancien intervenant en psychomotricité pour Jeunes en Santé, il est présentement en train de compléter son BAC en enseignement préscolaire et primaire, ce qui ne l’empêche aucunement de s’investir à fonds dans le sport qu’il préfère. Voici d’ailleurs sa routine depuis plusieurs semaines. Lever à 5AM, départ de St-Hyacinthe direction Centre Claude-Robillard pour un entraînement matinal. Il revient dîner à St-hyacinthe puis reprend l’autoroute 20 et se dirige au pavillon de l’UQTR à Drummondville pour ses cours ; un léger repos sur l’heure du souper puis il se dirige soit au Underdog, soit au club de boxe de St-Hyacinthe pour un entraînement en soirée, souvent accompagné de dures sessions de sparring. De nombreux changements d’huile par année ! Répétez plusieurs fois par semaine pendant plusieurs mois et vous aurez un peu l’impression d’être Michael Gadbois.

mick Gadbois a l'entrainementIl est catégorique lorsqu’on s’entretient avec lui ; l’avenir passe par les jeunes et ils doivent être au courant de tous les sacrifices que nous devons faire pour être parmi l’élite. Ce n’est pas tout de lâcher l’école et d’aller dans un gym de boxe 6 fois par semaine ; il faut surtout penser à son futur et ne pas lésiner sur les options qui s’offrent à nous. Michael a d’ailleurs des projets en tête ; il trouve qu’il n’y a pas assez d’encadrement scolaire avec la boxe, il pourrait être tenté de s’impliquer afin que des universités québécoises reconsidèrent l’importance d’avoir des programmes de boxe dans leurs établissements.

Regards sur 2017

Celui qui sera père d’une petite fille pour la première fois en juillet prochain a quelques objectifs à atteindre cette année ; le plus important est de réussir à combiner la boxe, la famille et les études. Il espère rester en santé et boxer plus régulièrement. L’objectif premier est de continuer à affronter de bons boxeurs, de prendre de l’expérience et d’espérer tôt ou tard percer le top 15 mondial. Rendu là, tout peut arriver. Il ne détesterait pas non plus mettre la main sur la ceinture canadienne des 135 livres. Michael écoute les offres ; il n’a pas peur d’en refuser quand ça ne fait pas de sens. C’est un athlète intelligent, une personne qui se connaît bien et qui est prévoyant. Il calcule les pour et les contre d’une offre ; rien ne l’oblige à signer un contrat qui ne l’intéresse pas. Trop de boxeurs sont gourmands et essayent d’y aller all-in ; bien peu réussissent. Prendre son temps est la clé du succès. Il y aura une vie après la boxe et Michael veut être en santé pour la savourer le plus longtemps possible.

mick Gadbois et David LemieuxC’est difficile de ne pas aimer Michael Gadbois. Il semble tout faire correctement. Il aurait pu prendre un chemin moins glorieux, la jeunesse étant ce qu’elle est, souvent nous sommes influencés par un entourage qui ne veut pas nécessairement toujours notre bien. Sa vision à long terme est un aspect que j’admire chez lui ; c’est un gars de famille, un gars de principe qui est axé autant sur son bien-être que sur celui des autres. C’est difficile de souhaiter autre chose que du succès à Mick.

Michael est nouvellement agent libre ; il boxera ce jeudi sous la bannière GYM, la Mecque de la boxe selon lui. Il a d’ailleurs déjà boxer pour eux en sous-carte de Bizier vs Campbell, au Centre Bell en 2013. Quand on lui demande quel boxeur québécois il aimerait affronter, il est catégorique ; Roody Pierre-Paul. Le boxeur de Rixa est dans sa mire depuis un petit bout déjà ; ce serait tout un combat !

« Moi et Roody on a perdu contre Jesus, mais lui il avait ses deux bras… »

Son grand retour tant attendu aura finalement lieu jeudi soir au Casino de Montréal. Il veut commencer l’année de la bonne façon ; c’est un peu comme un nouveau départ pour lui. Tout peut arriver quand tu combines talent et détermination. Le meilleur exemple est Francis Lafrenière. Parti de rien et maintenant dans le top 15 mondial. Gadbois veut s’inspirer de cette belle histoire. Comme il dit, pour monter dans un ring, ça prend des couilles. Francis en a. J’en ai aussi. Tout peut arriver à partir de maintenant. Mick Gadbois est un boxeur charismatique qui adore donner un show mais qui est aussi conscient de sa défensive. Impossible de s’endormir quand il est à l’intérieur d’un ring. Le 30 mars prochain, nous serons tous derrière lui, convaincus qu’il relèvera le premier d’une longue série de nouveaux défis.

 

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *