Qui sont les pires champions poids lourds de l’histoire de la boxe?

Par François Bouchard

Suite à la victoire prévisible d’Anthony Joshua sur Charles Martin, nous avons cru bon de fouiller dans l’histoire afin de trouver les champions poids lourds qui ont eu un règne peu digne de mention.  Nous nous sommes basés sur plusieurs critères : la qualité d’opposition en tant que champion, les habiletés générales du boxeur, sa résilience, les circonstances affectant le règne du champion et la façon dont le titre fut remporté.

#20 Francesco Damiani (30-2, 24 KO, 2 victoires, 1 défaite en championnat mondial)

Damiani fut un boxeur amateur décoré. Au mois de mai 1989, il devint aussi le premier champion WBO des poids lourds en passant le K.O. au Sud-Africain Johnny DuPloy, un adversaire indigne de mention. Après une défense contre un illustre inconnu et deux victoires contre des routiers sans couronne à l’enjeu, il remet la ceinture rouge et or contre le médaillé d’or des jeux de Séoul, Ray Mercer. Damiani démontre une belle boxe mais pas une aussi bonne résilience. En avant aux points, l’Italien succombe à un puissant uppercut du gauche de « Merciless » qui lui brisera le nez. Il remportera bien quelques victoires dont une contre Greg Page mais prendra une retraite définitive en s’inclinant contre Oliver McCall en 1993. Bien qu’il ait eu l’audace de battre le légendaire Teofilo Stevenson chez les amateurs, il ne fut qu’un champion de passage chez les pros.

#19 Henry Akinwande (50-4-1, 30 KO, 3 victoires 1 défaite en championnat mondial)

L’infâme ceinture WBO aura définitivement eu son lot de champions de courte durée. Le longiligne Africain abat en Jeremy Williams un petit poids lourd pour s’octroyer la couronne en juin 1996. Alors sous contrat avec Don King, il défend son titre contre Alexander Zolkin en sous-carte du premier combat entre Mike Tyson et Evander Holyfield. Après une autre défense contre un boxeur de série B (Scott Welch), il abandonne la ceinture pour mériter la chance de battre Lennox Lewis et s’emparer de sa couronne WBC. Cette journée de juillet 1997 aurait pu être confondue avec la St-Valentin, Akinwande avait beaucoup trop d’amour à donner à son compatriote anglais et multiplia les accolades. Après quelques victoires, il subit un K.-O. contre un ancien Oliver McCall et ne redevint jamais un espoir au titre.

#18 John Tate (34-3, 23 KO, 1 victoire, 1 défaite en championnat mondial)

Médaillé de Bronze des Jeux Olympiques de Montréal et amateur décoré, Tate était voué à une carrière professionnelle prolifique. Un boxeur classique, il bat aux points Gerrie Coetzee pour s’approprier le titre vacant WBA en cotobre 1979, puis le perd à sa première défense, un KO fulgurant contre Mike Weaver. Il ne sera plus jamais le même, sa motivation déclinant aussi vite que son poids augmente.

#17 Jess Willard (22-5-1, 20 KO, 2 victoires, 1 défaite en championnat mondial)

Le Grand Espoir Blanc de son époque était, avouons-le, un boxeur limité. Son principal avantage était sa taille. Lorsqu’il réussit à dépouiller le grand Jack Johnson de sa ceinture de champion (après avoir été dominé pendant la majorité du combat) à La Havane en 1915, Johnson sema le doute en prétendant avoir accepté de se coucher pour retourner aux États-Unis (Johnson fréquentait des femmes blanches, ce qui était contraire à la loi à l’époque). La vidéo démontre cependant que Willard a asséné une solide droite à Johnson. Le titre sera « gelé » pendant 4 ans et Willard sera brutalisé par un certain Jack Dempsey.

#16 Frank Bruno (40-5, 38 KO, 1 victoire, 5 défaites en championnat mondial)

Le gentil Frank était adulé des Anglais. Technique limitée, musculature impressionnante, pas trop de cardio, menton pas très fiable (comme en font foi ses 5 défaites avant la limite) il puisa dans son cœur pour vaincre un Oliver McCall démotivé. Malgré des tentatives contre Tim Witherspoon, Mike Tyson (2 fois) et Lennox Lewis, il n’en reste pas moins qu’il mérite sa place ici.

#15 James « Bonecrusher » Smith (44-17-1, 32 KO, 1 victoire 2 défaites en championnat mondial)

Ayant perdu sa première chance contre Larry Holmes en 1984, Smith était assez résilient pour surprendre Tim Whiterspoon et prendre sa revanche sur ce dernier en décembre 1986, mais Witherspoon était au cœur de ses démélés avec Don King, clairement démotivé et hors de forme. Il se déguisera en pieuvre et tracera la route pour Henry Akinwande en cédant son titre l’année suivante à Mike Tyson en 12 reprises. Il demeurera un aspirant correct, mais pas une menace.

#14 Greg Page (58-17-1, 48 KO, 1 victoire, 1 défaite en championnat du monde)

Une énigme en soi. Avec Page, on pouvait voir le meilleur comme le plus mauvais. Il échoue à sa première chance mondiale contre Tim Witherspoon mais surprend Gerrie Coetzee au cœur de l’Apartheid sud-africain pour lui passer le K.-O. au 8e round dans une performance mémorable, s’appropriant le titre WBA. Tony Tubbs profitera du mauvais Page pour lui soutirer la ceinture à sa première défense.

#13 Gerrie Coetzee (33-6-1, 21 KO, 1 victoire, 3 défaites en championnat mondial)

Le Sud-Africain était surnommé « The Bionic Hand », dû aux nombreux problèmes qu’il subit à la main droite toute sa carrière. Il neutralise Michael Dokes pour le ceinture WBA. Trop confiant, il se fait passer un surprenant K.-O. par Greg Page chez lui au mois de décembre 1984. Grosse main droite et des habiletés trop souvent sous-utilisées.

#12 Buster Douglas (38-6-1, 25 KO, 1 victoire, 1 défaite en championnat mondial)

L’auteur du plus grand renversement en boxe retournera rapidement à l’obscurité. Douglas causa une surprise en passant le K.-O. à Mike Tyson, puis Evander Holyfield rétablit la balance et lui passant un K.-O. facile en 3 petites reprises. Il sombrera dans un coma diabétique, prendra 400 livres et fera un retour indigne de mention.

#11 Michael Dokes (53-6-2, 34 KO, 1 victoire, 2 défaites, 1 match nul en championnat du monde)

Une victoire controversée sur Mike Weaver, un match nul à la revanche, ce sont les points culminants de sa carrière de champion. Gerrie Coetzee le détruit en 8 rounds et il reçoit, plusieurs années passé son meilleur temps, un cadeau de championnat du monde contre Riddick Bowe.  Sans compter qu’Evander Holyfield a passé près de le décapiter!

#10 Leon Spinks (26-17-3, 14 KO, 1 victoire, 3 défaites en championnat mondial, dont 1 chez les lourds-légers)

À 8 combats chez les pros, personne ne croyait en ses chances de battre un Muhammad Ali sur le déclin, mais Spinks utilisa sa fougue pour combler le manque d’expérience ajouté à des lacunes d’entraînement du grand Ali.  À la revanche, il permit à Ali de devenir le premier champion à reprendre son titre pour la seconde fois, puis sombra dans le statut de faire-valoir. Le fait d’avoir battu le grand Ali lui permet de ne pas être plus haut dans le classement.

#9 Trevor Berbick (49-11-1, 33 KO, 1 victoire, 2 défaites en championnat mondial)

Berbick n’était pas un mauvais aspirant, mais sa tenure en tant que champion n’en fut pas moins pathétique. Il perd sa première chance contre Larry Holmes, une défaite respectable en 15 rounds. En mars 1986, il surprend un Pinklon Thomas invaincu puis, à son combat suivant, il fait la danse des canards contre Mike Tyson.

#8 Pinklon Thomas (43-7-1, 34 KO, 2 victoires, 2 défaites en championnat mondial)

Conformément à l’ère post-Ali/Holmes, Thomas faisait partie de cette lignée de boxeurs talentueux qui ont connu les grands honneurs, mais pas trop longtemps.  Est-ce que Thomas a déjà lancé une main droite dans sa carrière? Blague à part, le point culminant de sa carrière fut une victoire par décision sur Tim Whiterspoon. Il possédait un excellent jab mais plus souvent qu’autrement, on aurait juré qu’il se battait constamment blessé à la main droite.  Il passe le KO à Mike Weaver à sa première défense en 1985, puis s’incline contre Trevor Berbick. Un gars qui parlait beaucoup pour ce qu’il a fait. Il se fera ensuite brutaliser par Mike Tyson et tombera au statut de faire-valoir.

#7 Tony Tubbs (47-10, 25 KO, 1 victoire, 2 défaites en championnat mondial)

Misère… Si vous voulez rire un coup, regardez le combat de Tubbs contre Tim Witherspoon, la plupart du temps une danse d’accrochage avec des coups au corps banals. Tout comme John Tate et Greg Page (qu’il battit pour le titre) de la fabuleuse époque des champions poids lourds de passage, surtout à la WBA, Tubbs avait de la misère à gérer sa motivation et son poids. Sa dernière chance fut une défaite par K.-O. au 2e round contre Mike Tyson, alors qu’il venait de faire bonne figure au premier assaut.

# 6 Bermane Stiverne (25-2-1, 21 KO, 1 victoire, 1 défaite en championnat mondial)

Oui, il nous représente fièrement. Non, ce n’est pas un mauvais boxeur. Les faits actuels sur Bermane font en sorte qu’en dehors de Chris Arreola et de Ray Austin, il n’avait battu personne qui lui méritait une chance au titre. Il a bénéficié des atouts d’être sous contrat avec Don King. Pour sortir de cet infâme classement, il faudrait qu’il regagne un titre mondial.

#5 Sergey Liakovich (26-7, 16 KO, 1 victoire, 1 défaite en championnat mondial)

OUF…  Celui qui est surnommé « White Wolf » avait plutôt l’air d’un gentil chiot, avec du cœur.  C’est ce qui lui a permis de revenir d’un défaite par K.-O. contre le très ordinaire Maurice Harris pour vaincre Lamon Brewster dans un combat excitant contre un champion ordinaire, titre WBO à la clé.  Après avoir dominé Shannon Briggs pendant 11 reprises, il se fait passer le K.-O. au dernier round.  Puis, il se fait aisément dominer en combat éliminatoire WBA contre Nikolay Valuev et détruire par Deontay Wilder. Rien d’autre à ajouter.

Âmes sensibles s’abstenir:

#4 Shannon Briggs (59-6-1, 52 KO, 2 victoires, 2 défaites en championnat mondial)

Une victoire de dernière minute sur le très ordinaire Sergey Liakovich et une défaite contre Sultan Ibragimov un combat plus tard, ce fut le règne du grand Shannon, qui continue de faire des siennes sur les réseaux sociaux en criant partout comme un énergumène et battant des boxeurs de troisième catégorie.  Autrement, les juges lui firent un cadeau en lui donnant la victoire contre George Foreman (alors champion linéaire), puis il fut détruit par Lennox Lewis (un Briggs plus rapide et léger, qui se fait déclarer K.-O. après un superbe crochet gauche dans le vide) et martyrisé par Vitali Klitschko en 2010. Si vous avez du téléchargement à perdre, vous pouvez vous procurer son jeu pour téléphone portable. LET’S GO CHAMP!

#3 Primo Carnera (88-14, 71 KO, 3 victoires, 1 victoire, 1 défaite en championnat mondial)

Le gentil géant italien était tellement sypathique qu’il donnait l’impression qu’il ne ferait de mal à personne. Sa stature impressionnante (pour l’époque) attira l’attention de certains malfrats de la boxe qui lui organisèrent des combats « arrangés ». C’est une victoire par KO contre Ernie Schaaf qui étiqueta Carnera comme un meurtrier, alors que l’Italien ne fit que terminer le travail de Max Baer, qui malmena sérieusement Schaaf un an auparavant. Même lors de sa victoire pour le titre, un KO au 6e round contre Jack Sharkey, beaucoup de fans croyaient que les dés étaient pipés d’avance… Après 2 défenses, Max Baer lui servit une correction mémorable (10 chutes au tapis en 11 reprises!) pour le dépouiller du titre mondial.  Il servit de chair à canon à un certain Joe Louis…

#2 Bruce Seldon (40-8, 37 KO, 2 victoires, 1 défaite en championnat mondial)

C’est très dommage que Seldon fut l’artisan de son propre malheur. Il possédait un arsenal intéressant de vitesse et de puissance pour un poids lourd, mais il lui manquait deux choses cruciales : du cœur et un menton un peu plus solide. Riddick Bowe le crucifia en une reprise. Oliver McCall le battit à l’usure. Seldon reprit le collier et battit quelques boxeurs de second plan avant de prendre la mesure du vieux routier Tony Tucker en 10 reprises, non sans difficulté. Maintenant champion WBA, il obtient la chance (et le chèque de paie) d’une vie en se mesurant à Mike Tyson. L’histoire se répète et le gentil Bruce figea d’intimidation face à Iron Mike et embrassa le canevas d’un coup fantôme, à deux reprises. Plusieurs croient encore que ce combat était « arrangé ». En effet, le fameux « Phantom Punch » de Muhammad Ali sur Sonny Liston avait plus d’impact! Une vraie farce.

#1 Charles Martin (23-1-1, 21 KO, 1 victoire, 1 défaite en championnat mondial)

En premier lieu, Martin n’aurait JAMAIS être du être classé. Une victoire contre Vycheslav Glazkov par blessure de l’Ukrainien lui conféra le titre IBF laissé vacant par Tyson Fury. Le boxeur originaire de Carson fut brillamment monté par son équipe de gérance à la position #2 de la IBF en affrontant des boxeurs n’ayant aucune valeur. Encore une fois, cela démontre l’impertinence des associations. Kertson Manswell fut son adversaire le plus connu, ce qui veut tout dire. Comment Martin réussit à monter une telle fiche relève du mystère : il semble complètement endormi avant même que la cloche sonne! Je ne parle pas de son manque d’habiletés fondamentales de boxe. Un combat plus tard, Anthony Joshua nous débarassa de cet affront en deux reprises. Martin ne fut même pas près de toucher clairement l’Anglais, semblant dénué d’imagination et de motivation.  Merci Anthony!

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