Shakeel Phinn déjà en championnat canadien

Par Jean-Luc Autret

Dans un bien trop grand anonymat médiatique, le boxeur de Brossard Shakeel Phinn (5-1-0, 3 KO) sera en action samedi à Saskatoon pour se battre en championnat canadien CPBC face au boxeur de la place, Paul Bzdel (5-7-1, 0 KO). Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec celui qui a passé le KO à Guillaume Coudé en novembre dernier et qui s’est ainsi mérité le prix de surprise de l’année par notre équipe.

Seulement un an chez les professionnels

Entraîné par l’ancien boxeur Ian MacKillop, Shakeel Phinn est devenu boxeur professionnel le 31 janvier 2015 à Gatineau et, malgré l’absence du soutien d’un promoteur, il a trouvé le moyen de monter sur le ring à six reprises. Les amateurs de boxe ont ainsi pu le voir à l’œuvre à Québec, Baltimore, Toronto, Montréal et Sorel-Tracy. Ces expériences l’ont bien préparé à faire sa première finale au Centre des Congrès de Saskatoon, un premier gala de boxe pro là-bas depuis 2000.

« Je suis vraiment super content de ma première année. Mon entraîneur m’a beaucoup aidé pour me permettre de me battre souvent. Il connaît beaucoup de gens dans le monde de la boxe ici et aux États-Unis. Je ne pensais vraiment pas que je serais rendu à me battre pour un titre canadien après seulement un an de boxe », affirme le pugiliste de 25 ans. Sans trop se fixer des objectifs précis, Shakeel aimerait se battre 5 à 6 fois en 2016 et vise un titre nord-américain pour le début de 2017.

Retour sur sa victoire sur Guillaume Coudé

Le 20 novembre dernier à Sorel-Tracy, Shakeel a brisé le cœur de nombreux amateurs en passant le KO à la dernière seconde de leur duel au représentant des Éperviers de Sorel-Tracy, Guillaume Tremblay-Coudé. « J’ai commencé le combat pas mal sur le tard. J’ai trop respecté sa force de frappe et en regardant le combat sur vidéo, je lui accorde les quatre premiers rounds. Même je lui ai donné une bonne opposition, il était plus dominant que moi. À la fin du cinquième, mes jambes m’ont lâché suite à un uppercut. C’était la première fois que j’allais au plancher, incluant mes combats amateurs et mes sparrings, heureusement mon entraîneur était proche de moi et il m’a bien conseillé », explique celui qui se destinait clairement vers une défaite.

« Après ma minute de repos, j’ai tout donné en mettant beaucoup de pression. Je l’ai ébranlé avec une droite au début du sixième et il a été en mode panique pendant presque toutes les trois minutes. Je crois que l’arbitre a pris une bonne décision parce que Guillaume n’était vraiment plus en état de continuer », croit le vainqueur de ce duel.

« Nous avons eu des discussions pour faire un combat revanche sur la carte de Kovalev-Pascal 2, mais j’avais déjà eu mon offre pour Paul Bzdel. Je suis toujours intéressé à affronter de nouveau Coudé, mais je veux faire ça dans un combat de huit rounds ou même pourquoi pas lors d’une défense de mon titre canadien », soutient le souriant athlète. Parmi les autres adversaires locaux qu’il aimerait rencontrer, il y a Francy Ntetu et l’Ontarien Tim Cronin. Il exclut des rencontres avec Hyppolite et Bazinyan, puisqu’il met régulièrement les gants avec eux au gym.

L’opportunité du titre canadien

Au début du mois de décembre, son entraîneur a reçu une proposition pour le titre canadien des 168 livres. Enthousiasmé par le projet, Shakeel a modifié un peu ses habitudes d’entraînement en travaillant son conditionnement physique avec Damien Orsanou qui conseille aussi Erik Bazinyan, Golden Garcia et Kevin Lavallée. « J’ai beaucoup travaillé mon jeu de pieds et mon explosivité depuis deux mois. L’aide de Damien m’a amené à me dépasser encore plus et ses méthodes de travail m’ont fait du bien, il m’a forcé à changer ma routine pour le mieux », croit celui qui a bien hâte à samedi.

« J’ai vu Paul Bzdel lors de son combat contre Francis Lafrenière en juin 2014 et je l’ai vu sur quelques autres vidéos. C’est un tough, il lance beaucoup de coups et il est très résistant, il a déjà fait deux combats de dix rounds. Je devrai être encore plus actif que lui et l’atteindre au corps pour le fatiguer et l’achever en fin de combat. Je m’attends à un combat difficile, il est plus petit que moi et je serai vraiment plus fort que lui, mais il a pas plus d’expérience que moi » explique-t-il.

Le boxeur de 30 ans originaire de Saskatoon en sera à son premier combat chez lui, mais il en sera à son troisième combat impliquant un titre canadien. Il s’est incliné face à Brandon Brewer à 154 livres puis quatre mois plus tard Lafrenière l’a vaincu à 160 livres. Sa dernière victoire remonte en octobre 2013 à l’occasion d’une partagée sur Brad Elsliger (1-1-1).

Une préparation spéciale à Vegas

En plus de s’entraîner avec un préparateur physique, Shakeel Phinn a eu le plaisir de participer à une étude sur le cerveau des boxeurs à Las Vegas en janvier. Il en a profité pour étirer son voyage et s’entraîner au célèbre gymnase de Floyd Mayweather Jr.

« Encore une fois, Ian m’a permis de profiter de ses contacts. Il a été invité à participer à l’étude du docteur Charles Bernick sur les séquelles au cerveau pour les boxeurs et les combattants de MMA et il m’a fait ajouter à leur liste de participants. Je devrai donc retourner à Vegas à quelques reprises dans les quatre à cinq prochaines années », explique celui qui n’a pas eu besoin de payer son billet d’avion pour s’y rendre.

Après ses deux journées au « Professional Fighter Brain Health Study », Shakeel a pu recevoir les conseils d’Eddy Mustapha Muhammed, ancien champion du monde des mi-lourds et entraîneur de Badou Jack, Chad Dawson, Ishe Smith et bien d’autres.

« Ian connaît une connaissance d’Eddy Mustapha et celui-ci s’est occupé de moi pendant quelques jours, il m’a donné de nombreux conseils. J’ai également eu la chance de faire deux séances de sparring avec J’Leon Love (21-1-0), un gars classé 9e à l’IBF. Il a vraiment un très bon jab, le meilleur que j’ai reçu de ma vie!!! Je ne suis pas habitué à avoir beaucoup d’interaction lors d’un sparring, ce fut tout une expérience. Love parlait beaucoup sur le ring, là-bas un sparring c’est comme un combat, il n’y a pas de pitié, tu peux même te faire passer le KO. Après cette très belle expérience, je suis allé à Los Angeles au gymnase de Buddy McGirt », raconte celui qui a bien hâte d’y retourner.

Un promoteur en vue?

Shakeel Phinn est très confortable avec sa situation actuelle, mais comme tout boxeur indépendant il souhaite aussi avoir l’appui d’un promoteur dans les prochains mois. « J‘espère que mon combat avec Paul Bzdel va m’ouvrir des portes. J’ai déjà eu quelques discussions avec Rixa Promotions que je vois souvent puisque je m’entraîne souvent chez les Grant. J’aimerais aussi discuter avec Camille Estephan qui a mis en place une organisation très sérieuse. Enfin, mon voyage à Vegas m’a permis de me faire de nombreux contacts et il se pourrait bien que j’ai la chance d’aller me battre là-bas dans les prochains mois. Évidemment, étant un gars de Brossard, je rêve de me battre au Centre Bell, je pourrais mieux me faire connaître et mes amis pourraient enfin me voir en action », de conclure celui qui a plein de projets mais qui se concentre sur sa prochaine étape qui aura lieu samedi soir.

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