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En route vers le 5e avec François Pratte
- Mis à jour: 1 novembre 2017
Par François Pratte
12 rounds m’a proposé il y a quelques semaines de rédiger un article portant sur ma préparation pour mon 5e combat qui a eu lieu le 28 octobre au CentreExpo Cogéco de Drummondville. Au départ, j’ai hésité étant donné que je trouvais étrange qu’un boxeur écrive un article portant sur lui-même. Outre cette crainte d’être perçu comme un athlète qui veut à tout prix faire parler de lui, j’avais aussi peur de répéter les clichés qui reviennent constamment dans les articles lorsqu’on parle des boxeurs en préparation d’un combat : » J’ai eu un bon camp d’entraînement, j’ai fait beaucoup de rounds d’entraînement avec des boxeurs coriaces et je suis plus prêt que jamais etc… » Or, j’ai plutôt opté d’aborder la réalité qu’est la boxe professionnelle pour un boxeur comme François Pratte, c’est-à-dire sans contrat officiel avec un promoteur quelconque.
L’attente
À mon quatrième combat, à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières je faisais les frais de la demi-finale du gala de boxe de Eye of The Tiger Management mettant en vedette Jean Pascal. Dix mois ont passé sans offre sérieuse pour un combat mis à part celle pour mon dernier combat à Drummondville. Bien évidemment, nous avons eu quelques offres par-ci par-là pour des combats aux États-Unis contre des adversaires coriaces ou ailleurs au Canada. Chaque fois nous acceptions, mais souvent les clans adverses déclinent à la dernière minute.
Nous avions accepté un combat à Edmonton le 22 septembre dernier sur le même événement qu’Adam Braidwood à moins d’un mois d’intervalle, parce que tout ce que nous désirons est de monter dans l’arène le plus souvent possible. Nous avions commencé le camp d’entraînement pour finalement se faire téléphoner et apprendre que le combat était annulé.
Heureusement, peu de temps après, mon équipe et moi apprenions que je pourrais faire partie d’une carte organisée par Rixa Promotions en collaboration avec Monsieur Serge Balmir. L’entraînement a donc continué avec le désir de vaincre et de démontrer mon talent devant un public que je ne connaissais pas réellement, celui de Drummondville.
Étant colocataire avec mon bon ami Simon Kean, la date de mon combat ne pouvait pas mieux adonner puisque le gala de EOTTM à la place MTelus était la veille de celui auquel j’allais prendre part. Or, contrairement aux autres fois où je le voyais s’entraîner d’arrache-pied alors que de mon côté je n’avais rien de concret à mon calendrier, cette fois je pouvais m’entraîner avec une certitude : j’allais me battre aussi!
Bien des gens considèrent que l’entraînement de boxe est super plaisant et très exigeant, mais rien n’est plus satisfaisant que de s’entraîner avec un but en tête, gagner un combat! Pour un boxeur, s’entraîner sans avoir de date officielle de combat c’est comme exiger à son chien de donner la patte, s’asseoir et faire le beau sans lui donner son biscuit. Effectivement, lorsque tu pratiques ce sport depuis que tu as 12 ans avec des compétitions à presque tous les mois, il est difficile de voir cette cadence diminuer.
Cette fois-ci, Simon et moi s’entraînions ensemble que ce soit pour des sessions de sprints, des entraînements au gymnase de boxe avec Jimmy Boisvert, Denis Hince et Patrick Bilodeau ou des simples courses à pieds avec mon chien »Floyd ». Souvent, nous hébergions Jordan Balmir à la maison pour aller s’entraîner les trois ensemble.
Ma petite maison située au Cap-de-la-Madeleine était ‘’boxe’’! Nous mangions boxe, nous discutions boxe et nous regardions de la boxe. Outre ces entraînements avec mes colocataires, je faisais aussi quelques sessions avec mon kinésiologue Alexandre Leduc de chez Athletik situé dans les locaux de mon ancienne école secondaire, le Séminaire St-Joseph. Durant ces sessions qui duraient entre une heure et une heure et demie, Alexandre visait à améliorer mon explosion ainsi que ma puissance dans chacun de mes coups de poing. C’est donc a un rythme de deux entraînements par jour que ma préparation s’est effectuée pendant les deux derniers mois en plus d’y concilier le travail et les études.
Conciliation travail, étude et boxe
Étant incapable de subvenir à tous mes besoins seulement qu’en boxant, il était primordial pour moi de terminer mon baccalauréat en communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières en plus de travailler à temps plein comme barman. Parfois je finissais de travailler à 4 heures du matin pour ensuite dormir quelques heures et retourner au gymnase pour effectuer des rounds de »sparring » le jour d’après.
Combien de fois les clients me demandaient de boire des shooters avec eux lors de mes quarts de travail et je refusais parce que rien n’est plus important à mes yeux que d’aller au bout de mon potentiel et de poursuivre mon rêve de me battre pour une ceinture. Un barman ‘’plate’’ me direz-vous? Je vous répondrai plutôt un barman acharné, avec de l’ambition et qui doit maigrir. Hey oui! Parce que maigrir fait partie d’une réalité de bien des boxeurs.
Dans mon cas, la limite de poids pour mon dernier combat était de 125 lbs. Il fallait donc que je réussisse à rapprocher mon poids le plus possible de cette limite avant la pesée qui avait lieu le 27 octobre. Une fois près de ces 125 livres, je devais perdre les quelques livres restantes en me déshydratant soit en utilisant le fameux sauna suit ou en prenant des bains remplis de sel d’Epsom.
Vous demanderez à tous les boxeurs, quelle est la partie la plus désagréable d’un camp d’entraînement? À tous coups, ils vous répondront : la fichue déshydratation. Une triste réalité, mais on s’y fait avec le temps, même qu’ironiquement ça vient qu’à me manquer lorsque ça fait trop longtemps que je l’ai fait. Comme dans beaucoup de sphères de la vie, plus il est difficile d’obtenir quelque chose, plus c’est satisfaisant lorsque nous y parvenons. Pour moi, la souffrance n’est pas un malheur, mais de ne pas profiter de cette souffrance en est un. Tous ces sacrifices, au contraire, paieront lorsque je me retrouverai entre les câbles, seul face à mon adversaire.
Enfin, le combat
Samedi dernier, j’affrontais pour la quatrième fois en 5 combats professionnels un mexicain. Cette fois-ci, il se nomme Gerardo Sanchez et possède une fiche d’une victoire et d’une défaite. Ces mexicains sont souvent réputés pour avoir une capacité hors du commun pour encaisser les coups de poings et pour leur style agressif.
N’ayant pas eu la chance d’obtenir de vidéos de ses combats précédents, mon équipe et moi avons donc dû se fier à nos connaissances face à cette technique souvent peu orthodoxe des boxeurs mexicains. Au premier son de cloche, nos suppositions se sont avérées exactes puisque Gerardo s’est précipité sur moi en tentant de m’envoyer le coup de grâce. Étant réputé pour ma vitesse et mes déplacements, j’ai dû bouger autour de lui pour parvenir à contrer ses attaques échevelées.
Par la suite, j’ai repris le centre de l’arène en contrôlant le ‘’tempo’’ du combat avec mon jab. Mon entraîneur Jimmy m’avait bel et bien prévenu de rester calme et si j’ai à lui faire mal, cela viendra tout seul. Effectivement, à la fin du premier engagement j’ai atteint Gerardo d’une main droite le faisant tituber et tomber par terre pour le compte de 8.
N’étant pas signé avec aucune firme de promotion, je sais que ce qu’ils désirent c’est des K.O. et des combats spectaculaires et j’espère plus que tout y arriver. Sanchez se relève et le premier round se termine. Je retourne dans mon coin où mon équipe me souligne de continuer de la même façon et de lancer 5 jabs pour une droite. Lors du deuxième assaut, je contrôle encore bien le combat, mais je suis conscient que ce mexicain est dangereux puisqu’il possède une bonne force de frappe. Le deuxième son de cloche se fait entendre et je retourne écouter les conseils de mon entraîneur et mentor Jimmy Boisvert. C’est à ce moment que je me dis que je vais mettre en pratique ce que j’ai pratiqué maintes et maintes fois lors de mes entraînements : éviter le jab et revenir avec la main droite par dessus.
Presqu’aussitôt que le combat recommence je l’essaie et je manque, puis je réessaie et ça fonctionne! Sanchez est de nouveau au tapis. Il se relève, mais a de la difficulté à se tenir debout. J’essaie donc de l’envoyer au pays des rêves une fois pour toute, mais il lance des coups de désespoir. Je dois donc tout de même être prudent. le troisième assaut se termine et Jimmy me dit de ne pas nécessairement essayer de le mettre K.O. au quatrième round, mais de le »outboxer » et de le faire manquer pour me sauver avec la victoire et éviter de me blesser pour remonter dans le ring le plus rapidement possible.
Nous allons donc à la décision que je remporte de façon unanime au grand plaisir des fans et de tous mes amis qui se sont déplacés pour m’encourager. Je retourne ainsi au vestiaire avec un sentiment d’accomplissement et une grande fierté. Cependant, à peine sortie de l’arène, je me questionne déjà par rapport à ma prochaine sortie. Quand vais-je boxer et vivre ses émotions de nouveau? Rien n’est certain, mais sachez que je suis déjà de retour au gymnase et que j’attendrai impatiemment un appel des promoteurs qui gardent la boxe en santé au Québec.
Au plaisir de vous offrir un autre bon spectacle prochainement,
François »Prattyboy » Pratte
Claire Pratte
1 novembre 2017 at 12 h 00 min
Félicitations pour tous tes efforts! Je t’aime! Ta mère Claire xxx
Louise
2 novembre 2017 at 7 h 04 min
Félicitations François!!! Continues de réaliser tes rêves!!!
Monique Pratte
2 novembre 2017 at 11 h 20 min
Bravo Francois!! Tu travailles tellement fort!!!
Kevin DiPatria
3 novembre 2017 at 9 h 37 min
Bravo . Belle article.