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La WBU, ça vaut quoi ?

Par Jean-Luc Autret

Depuis que le Groupe Yvon Michel a annoncé qu’Éric Martel participera à un combat de championnat WBU, bien des amateurs nous ont demandé : qu’est-ce que c’est cette fédération et quelle est la valeur de cette ceinture? Et bien, c’est aujourd’hui que l’on répond à ces questions en y allant à fond dans le sujet, comme on aime si bien le faire.

Une courte histoire

Fondée par Jon W Robinson en 1995, un ancien représentant de l’IBF en Europe, la World Boxing Union (WBU) a été active pendant une dizaine d’années avant que son fondateur décède et que l’organisation s’éteigne. À l’époque, cette fédération était de deuxième niveau comparativement au IBF, WBA, WBC et WBO, mais elle a pu compter sur quelques champions qui lui ont offert une certaine notoriété et visibilité particulièrement en Grande-Bretagne.  

La légende Thomas Earns a été le tout premier champion de la WBU. Il décrocha le titre des lourds-léger le 31 mars 1995 devant une foule de 8000 spectateurs à Detroit. Le combat, présenté sur les ondes de FOX , dura un gros 2:55 et se termina sur un magnifique uppercut. 

Soulignons que chez les poids lourds, la légende George Foreman a été le premier champion de sa catégorie en avril 1995. Puis en novembre 1996, il a défendu son titre au Japon pour une bourse de 5 millions alors que Tommy Morrison se battait en sous-carte, bien que son infection au VIH était connue de tous. Toujours chez les lourds, Corrie Sanders (4 défenses), qui a couché Wladimir Klitschko en deux rounds, et Hasim Rahman (aucune défense), qui a passé le KO à Lennox Lewis en 5 rounds, ont détenu le titre WBU au début du millénaire.

La liste des champions à retenir dans les autres divisions est assez mince. Le célèbre Micky Ward, de la trilogie Gatti-Ward, a remporté le titre WBU des super-légers à Londres en Angleterre en 2000. Entre 1995 et 1997, James Toney a défendu à quatre reprises le titre des mi-lourds puis il a mis la main sur le titre des lourds-légers. Enfin, « The Hitman » Ricky Hatton est probablement celui qui a défendu la ceinture WBU le plus souvent. Pendant plus de trois ans, entre 2001 et 2004, la fierté de Manchester a mis son titre enjeu à 15 reprises.

Après le décès du président en 2004, la WBU a perdu beaucoup de visibilité et s’est littéralement fait oublier. En 2010, une branche WBU-Allemagne a démarré, puis une entité différente a vu le jour à Atlanta en 2011 sous la présidence de Don « Mouse » Lewis. C’est sous cette juridiction que le duel Martel-Brainwood aura lieu. Depuis janvier dernier, le président de la CPBC (Canadian Professionnal Boxing Council), Don Collette, a été nommé Président du comité exécutif de la WBU. Et, toujours en janvier, un nouveau représentant pour l’Europe a aussi été nommé.

La filière canadienne

Comme on vient de le mentionner, le Président de la CPBC, l’organisation qui a décerné le titre de champion canadien à Éric Martel en 2013, est activement impliqué à la WBU. Il a fait intégrer de nombreux Canadiens dans le top 10 de chaque division. Soulignons les présences d’Éric Martel (7e), Raymond Olubowale (8e) et Adam Brainwood (9e) chez les lourds; Schiller Hyppolite (5e) et Shakeel Phinn (8e) chez les 168 livres; Francis Lafrenière (3e) à 160 livres; Steve Butler (1er) à 154 livres; Custio Clayton (6e) et Kevin Bizier (8e) à 147 livres; Steve Claggett (1er) et Dierry Jean (8e) à 140 livres.

Le titre canadien n’a plus la gloire de l’époque de Régis Lévesque, mais il conserve un certain prestige qui permet à des boxeurs d’ici d’obtenir des combats à l’étranger. Par exemple, Sylvera Louis devient champion canadien en octobre 2014 chez les lourds-léger et il obtient plusieurs opportunités dans les 24 mois suivants.  En octobre 2015, il se rend en Espagne pour surprendre par KO le champion de ce pays et deux mois plus tard, il est invité en Belgique. Malgré la défaite face à Ryad Merhy, il obtient deux combats à Toronto en 2016 et il est invité à un camp d’entraînement en Pologne. Tout ça n’est pas uniquement grâce au titre canadien, mais ça l’a certainement augmenté sa notoriété et sa crédibilité.  De la même façon que les Shakeel Phinn et Francis Lafrenière sont bien fiers de leur titre canadien respectivement à 168 et 160 livres. Soulignons que Martel et Louis se sont battus pour le titre du Commonwheath grâce au fait qu’ils étaient champions canadiens, il s’agissait d’une exigence pour la tenue de leurs combats respectifs.

Un plus pour Éric Martel

Pour le Groupe Yvon Michel, l’implication du titre WBU est un remerciement à Éric Martel pour souligner son implication sociale et sa capacité à attirer au Centre Vidéotron des amateurs qui ne seraient pas présents sans lui. Pour preuve, le combat de Martel le 29 juillet dernier à eu lieu après celui d’Adonis Stevenson et les amateurs sont restés en très grand nombre pour le voir performer.

Le poids lourd de 35 ans est bien plus qu’un boxeur. Agent d’intervention au Centre jeunesse de Québec depuis plusieurs années, c’est important pour lui de redonner aux jeunes ce qu’il a reçu à l’époque de son adolescence. Régulièrement invité dans les radios de Québec, Éric a été porte-parole de Centraide Québec à l’automne dernier.   

« Pour moi, avoir le privilège de me battre pour le titre WBU, c’est un accomplissement personnel. C’est un plus et une reconnaissance pour l’ensemble de mon œuvre. J’ai toujours été très persévérant, malgré les défaites, et aujourd’hui c’est une récompense pour moi. Je le répète souvent aux jeunes, c’est important d’être positif et de se réaliser pour soi-même que pour les autres« , nous explique celui qui souhaite signer une entente de quatre combats avec GYM après le 24 février.

La WBU se compare à quoi ?

Revenons à notre sujet principal, la WBU, ça vaut quoi ? Dans la grande famille des associations de deuxième ordre, l’Union est comparable aux ABA, IBA, IBC, IBF, IBO, WBF, WIBA, WPBF, UBO et USBF. Comparativement aux autres, la WBU peut se targuer d’avoir plusieurs noms d’importance parmi ses anciens champions, mais on est très loin des quatre grandes associations.

De nos jours, les promoteurs préfèrent utiliser comme tremplin les titres nord-américains (NABA, NABF, NABO et IBF Intercontinental) pour faire entrer leurs boxeurs dans un top 15 mondial. Pour bien des spécialistes, au lieu de quatre associations, il devrait y en avoir une seule. Imaginez l’opinion de ces gens face aux associations de deuxième ordre !!!

En fait, le titre WBU est certainement supérieur au titre canadien. Comparativement aux titres nord-américains, c’est moins crédible à cause de la possibilité de grimper dans le top 15, mais c’est plus noble de se dire champion du monde que champion nord-américain.

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