L’Heure Juste : Chacun son combat

Par Renan St-Juste

Quand j’avais 14 ou 15 ans, je suis passé à un fil de franchir la ligne que j’appelle la ligne du non retour. Je n’était pas le plus populaire à l’école et je voulais me tenir avec les « boyz », ceux qui avait les Levis griffés rouge, tandis que moi j’avais les Levis orange (donc les fausses). Je voulais me tenir avec ceux qui avaient les nouveaux souliers adidas, comme ceux de RUN DMC. Moi, j’avais des « running shoes » sans noms.

Un jour, après avoir reçu ma paye du Harvey’s, le vendredi soir c’était la soirée POKER chez le leader du groupe, moi je ne savais pas jouer et j’ai décidé un jour d’y aller pour apprendre. Pas pour jouer ou pour gagner de l’argent mais pour être « Chill », pour être « in », pour être avec les « boyz ». 10 minutes plus tard, je n’avais plus une cenne pour prendre l’autobus pour retourner chez moi. Et aucun des « boyz » ne m’a donné les 35 sous pour retourner chez moi. Les boyz que je mettaient plus haut que moi.

Pendant ma marche d’une heure pour me rendre chez moi, je me suis fait une promesse : JAMAIS plus cela allait m’arriver. J’avais honte de moi, honte de rentrer chez moi, honte de l’éducation que mes parents m’avaient donné. À mes yeux, je les avais abandonné, car ils me faisaient confiance.

Des années plus tard, certains de ces « boyz » sont soit morts, déportés, en prison ou sur le coin de la rue Ste-Catherine à fumer toutes sortes de substances. La ligne est mince, mais la décision TE revient de faire le choix d’être du bon côté ou du mauvais côté de la ligne du non retour.

Et maintenant

Aujourd’hui, ça me fait mal de voir un type si gentil, un athlète avec de si grandes capacités traverser cette ligne du mauvais côté. Aujourd’hui, tu as abandonné Mike Moffa, le coach mais surtout un ami, un père que tu n’as pas eu. Car, il a fait beaucoup pour toi et tu le sais. Tu abandonnes aussi cette petite ange que Dieu t’a donné.

Lorsque je t’ai vu après quelques mauvaises séquences et que je te voyais en compagnie de certaines personnes: Tes « boyz » à toi, je savais que tu étais encore du mauvais coté de la ligne. Quand on veut passer de l’autre coté, on y va sans le dire à ces soit disant « boyz » et une fois de l’autre côté, on ne regarde plus en arrière. On fonce vers le destin qui a été écrit pour toi. Non, il n’est pas trop tard, mais il va falloir que tu en prennes conscience SEUL, sans l’aide de personne. Te REGARDER dans le miroir et te dire : est-ce que c’est ça MON destin. Quand la réponse sera NON, ensuite tu te retrousses les manches et tu fonces, sans jamais t’arrêter.

Ce sera peut-être trop tard pour la boxe, mais pas trop tard pour ta petite fille, pas trop tard surtout pour TOI. J’aimerais dire Bravo à tes « boyz » d’avoir gâché ta carrière, parce que tu es un bon gars qui n’a pas su leur dire d’aller se faire foutre. Moi je leur dit pour toi Douggy: ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE.

Maintenant, tu vas leur montrer qu’ils n’ont pas tout gâché. On ne doit pas aller plus vite que le chemin que le destin te réserve. Il y a d’autres « boyz », ce message est pour que vous sachiez LA vraie définition d’un « boyz »: c’est celui qui va clubber ou qui va se rouler une ligne et qui te dit: NON, toi tu rentres chez toi, tu as un combat demain, et on veux aller t’encourager au Centre Bell, nous on n’a pas ce talent mais toi alors ne gâches pas tout. C’est ça un vrai «boyz », sinon tenez-vous loin de tous ces gens qui vont vous faire miroiter qu’ils sont vos amis.

Vous avez un talent, un but, tenez-vous avec les gens ayant les mêmes buts. Ça peut-être dure aujourd’hui de laisser des « boyz », mais ça sera plus dure si vous ne le faites pas. On t’aime tous Douggy !!!

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One Comment

1. Didier Boxe

   5 novembre 2016 at 0 h 16 min

   Excellent texte, touchant et tellement vrai.

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