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L’Olympien Christian M’Billi choisit le Groupe Yvon Michel
- Mis à jour: 5 février 2017
Par Jean-Luc Autret
Arrivé au Canada il a moins d’un mois, Christian M’Billi a été bien discret. C’est donc bien normal si vous ignorez qui il est. Il fera ses débuts professionnels jeudi prochain au Cabaret du Casino de Montréal en affrontant le Mexicain Adrian Arenas (2-4-0). Nous nous permettons de prédire que le combat ne dépassera pas le deuxième round et que le Français sera de retour dans le ring à Québec le 24 février. Son entraîneur Marc Ramsay nous a confié être très content d’avoir comme défi de peaufiner un jeune boxeur aussi talentueux. Après avoir eu le plaisir de discuter avec celui qui porte déjà le surnom de « solide », et en attendant de le voir en action le 9 février prochain, nous vous le présentons aujourd’hui.
Le hasard fait bien les choses
Né au Cameroun, arrivé en France à l’âge de sept ans, Christian M’Billi-Assomo a découvert la boxe à l’âge de 15 ans. Un surveillant à son école à Montargis, dans le centre de la France, lui suggère d’essayer la boxe. Passionné très rapidement pour le noble art, il gravit rapidement les échelons. Deux ans plus tard, il rejoint un club plus prestigieux qui lui permet de mettre les gants avec de nombreux boxeurs et d’être entraîné par des hommes d’expériences qui ont amené de nombreux boxeurs à de hauts niveaux.
M’billi est devenu champion d’Europe junior à 75 kilos en 2013, moins de quatre ans après avoir débuté la boxe. Mais on peut mieux comprendre sa détermination en connaissant son parcours dans les mois précédents cette importante compétition de haut niveau.
De disqualifié à champion d’Europe
En avril 2013, le Français d’origine camerounaise est considéré comme le favori de sa catégorie pour les championnats français, mais les médecins l’empêchent de monter sur le ring à cause de sa tension artérielle trop élevée. Imaginez la déception. Son entraîneur lui obtient quand même le privilège de s’entraîner avec l’équipe nationale. Lors d’un tournoi en Serbie, il remporte l’argent puis une défaite du champion français lui permit d’aller aux championnats d’Europe junior.
Il résumait à l’époque ce tournoi ainsi: « Je disais que je visais une médaille, mais dans ma tête, je n’y croyais pas vraiment. En 1/8 de finale, le Biélorusse avait le même style de boxe que moi; agressif, avançant toujours. Je l’ai eu, car j’en voulais plus que lui. En ¼ de finale, j’affrontais un Géorgien qui venait de mettre KO en 30 secondes le Croate qui m’avait battu en finale en Serbie. Quand je suis rentré sur le ring, je me suis complètement détendu et ça a été mon combat le plus facile. Après, c’était plus que du bonus ». Au terme du tournoi, le jeune boxeur a vaincu les représentants de l’Albanie, la Biélorussie, la Georgie, l’Italie et enfin la Russie en finale. Il devient le deuxième Français de l’histoire à obtenir le titre de champion d’Europe junior.
En février suivant, M’Billi se présente aux championnats nationaux de la France, ses premiers chez les séniors, encore une fois comme un favori du tournoi. Le boxeur de 18 ans n’a alors participé qu’à 36 combats. Il affronte un vétéran de 28 ans, ayant participé à près de 200 combats et qui est aussi le fils d’une grande légende Algérienne. La défaite par décision est difficile à accepter pour le jeune homme, mais les mois suivants seront bien plus joyeux puisqu’il enchaîne que des victoires pendant seize mois.
Nouvellement chez les séniors, il ne se laisse intimidé par personne. En 2014, il remporte des tournois en Finlande, en Allemagne, en Biélorussie et en Espagne, en plus de décrocher la médaille d’or aux championnats de l’Union européenne et de devenir enfin champion de la France au début de 2015.
En route vers les olympiques
La tête d’affiche française récolte de nombreux honneurs aussi en 2015. Il décroche la première position lors de tournois en Espagne, en Finlande, et la seconde place lors d’un tournoi en Russie.
Assoiffé de boxe, Christian M’Billi représente, à la même époque, les Hurricanes de Porto Rico dans la World Series of Boxing, une ligne professionnelle tenue par l’AIBA. Il y remporte ses quatre combats. « Ça m’a permis de prendre de l’expérience et de voir autre chose. C’est un autre style de boxe qui est bien différent que chez les l’amateur. C’est un autre monde de préparation qui se rapproche des professionnels et c’est une intensité différente », nous explique-t-il.
En avril 2016, il participe aux qualifications olympiques européennes qui ont lieu en Turquie. Il vit un tournoi parfait en obtenant des décisions unanimes face aux représentants de l’Azerbaïdjan, l’Espagne, la Finlande et la Grande-Bretagne. En finale, le représentant de la Hongrie, aussi qualifié pour les JO, déclare forfait avant le combat. « Ce tournoi de qualification olympique est sans aucun doute mon plus beau souvenir. J’obtenais mon billet pour Rio. J’ai tellement travaillé fort dans les mois précédents pour atteindre ce but », nous raconte-t-il.
4e à Rio
Déterminé à se rendre le plus loin possible, M’Billi se présente à Rio en août dernier. Son premier duel l’oppose au représentant de l’Ukraine. Après une victoire unanime, il domine l’Équatorien en huitième de finale. Le Cubain, futur médaillé d’or du tournoi et champion du monde amateur en 2015, lui barre la route en quart de finale.
Considérant que les deux boxeurs qui ont perdus en demi-finale récoltent la médaille de bronze, Christian est considéré comme ayant fini 4e par l’AIBA puisque c’est le médaillé d’or qui l’a vaincu. Bien qu’il n’a pu décrocher une médaille olympique, il n’a pas l’intention d’y retour en 2020.
Surnommé « solide », le boxeur de 21 ans nous explique pourquoi : « Ça vient de mon style de boxe et de ma détermination à l’entraînement et au combat ». Se décrivant lui-même comme un boxeur « sérieux, démolisseur et physique », il croit que son meilleur coup est son crochet de gauche.
Dire non à plus de 200 000 $
Le Groupe Yvon Michel surveille la progression de Christian M’Billi depuis plus d’un an. Après l’avoir vu en vidéo, Yvon Michel l’a invité à assister à NY au duel Thurman-Porter. Son futur entraîneur Marc Ramsay a alors pu le rencontrer et après les Olympiques, M’Billi a passé une semaine à Montréal.
Mais trois autres promoteurs français l’avaient aussi à l’oeil; Malamine Koné, Sébastien Acariès et Jean-Marc Mormeck. Même que Koné, un ancien boxeur qui a fait fortune avec la marque de vêtement Airness, lui offre un boni de signature de plus de 200 000$ canadien.
Conseillé par un gérant et une avocate, Christian M’Billi prend le temps d’analyser chaque offre. « J’ai choisi GYM parce que c’est le cadre qui me faut pour continuer ma progression. C’est une organisation qui me convient. Avant de faire mon choix, j’ai pris le temps de regarder tous les paramètres. L’expérience de GYM avec des boxeurs comme Arthur Beterbiev a évidemment influencé ma décision », affirme-t-il.
Une étape à la fois
Celui qui sera dorénavant entraîné par Marc Ramsay montera sur le ring pour son premier combat le 9 février au Cabaret du Casino de Montréal. On devrait le voir évoluer chez les 168 livres, bien qu’il se garde une porte ouverte pour les poids moyens. « Je vais essayer après consultation d’une diététicienne de voir si je peux boxer à 160 livres. Mais la descente va se faire petit à petit », souligne-t-il, étant conscient de son importance masse musculaire.
Selon son nouveau promoteur, M’billi devrait se battre à cinq ou six occasions cette année. « Je veux entrer dans le classement le plus rapidement possible, mais sans sauter les étapes », affirme celui qui aime particulièrement Mike Tyson, mais qui apprécie aussi les prestations des Jones Jr, Pacquiao, Golovkin et Cotto.
Un reporter français qui le connaît depuis quelques années le décrit ainsi: « Christian M’Billi est doté d’une forte personnalité. Il est perspicace et sait où il va, il est très intelligent. Il a un objectif : devenir champion du monde. Il a refusé un gros chèque d’un promoteur français, car il lorgne sur l’avenir. C’est quelqu’un qui voit loin. À Montargis, il est estimé par le monde sportif. C’est un peu le symbole de l’intégration. Les plus jeunes aiment discuter avec lui. M’Billi adore écouter les plus grands. Il sait parler. Il est capable de tenir un discours au milieu d’une foule nombreuse. Il connaît surtout la boxe. Comme il le répète : » je ne me vois pas vivre sans mes gants » », affirme Lyes Baloul de la République du Centre.
Considérant sa rapide progression et sa capacité à se relever après un échec, Christian M’Billi devrait rapidement devenir une tête d’affiche du Groupe Yvon Michel. Une belle histoire à suivre…
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