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Paul Dubé : Toujours dans le ring
- Mis à jour: 31 janvier 2017
Par Karine Babeu
Le nom Paul Dubé, ça vous dit quelque chose ? Un talent trop souvent resté dans l’ombre. Peut-être parce que je connais personnellement cet homme, même s’il ne se bat plus dans un ring de boxe, je reste toujours une grande fan de ce batailleur inconditionnel. Toute sa vie, il l’a menée en combat. Avec ses poings, avec sa tête, mais surtout avec son cœur. Sa carrière professionnelle est peut-être de côté, mais aujourd’hui, il se bat contre un adversaire redoutable qui, malheureusement, ne se vainc pas avec les poings. Aujourd’hui, il livre le combat le plus important de sa vie, et laissez-moi, à travers ces quelques lignes, vous faire redécouvrir cette brute qui, quant à moi, mériterait bien plus qu’une simple ceinture.
Le temps a passé, les choses ont changé, mais reste que Dubé a été et restera toujours Dubé. Si ce nom ne vous dit rien, je vous ramène à un certain combat, en 1998, contre Alain Bonnamie. Une guerre froide dans les médias avait éclaté, puisque Paul, lors de la pesée, n’avait pas réussi à abaisser son poids sous la barre des 171 lbs, chose plutôt difficile pour lui, qui est un mi-lourd naturel. Néanmoins, son parcours ne commence pas là. Déjà, à l’adolescence, on pouvait voir sa rage de vivre et sa détermination. À 15 ans, il passe d’un 100 lbs tout mouillé à un 165 lbs rempli de testostérone. Cet acharnement à l’entraînement l’amène à remporter cinq fois le Golden glove et, un an plus tard, il devient champion canadien de sa catégorie deux fois plutôt qu’une. Déjà, à cette époque, son talent et sa force brute étaient palpables.
À 18 ans, il fait son entrée officielle dans les ligues majeures. Il aura la chance de livrer son premier combat à 19 ans, lors du dernier gala à la salle Paul-Sauvé, contre Robert Desjardins. Non seulement la victoire lui revient, mais il pourra se vanter de l’avoir eu par TKO. Trois autres KO suivront durant sa trop courte carrière. En 1990, Il affronte Ray Henderson au Palace de Laval, et, encore une fois , il obtient la victoire par TKO. L’année suivante, Paul se rend au New-Jersey afin de peaufiner son entraînement et affrontera Jerry Arentzen avant de rentrer au Québec. Il remet les gants pour combattre Luke Hewitt et termine vainqueur par TKO. Autre victoire au Spectrum contre Derrell Banks et ensuite contre Bruce Starling à l’Auditorium de Verdun, où il subit l’une de ses première défaites. En 1998, Maxime Bélanger est envoyé au tapis après seulement deux rounds et un autre TKO s’inscrit à la fiche de Paul. Enfin, il participera au dernier gala de la salle Pierre-Charbonneau contre Bonnamie, ou celui-ci avait largement l’avance sur Dubé, grâce à son poids plume comparativement à Paul. Son dernier combat, il le fera lors de l’ouverture du Centre Molson, en 1999, contre Mohammed Raheen. Ce sera son dernier combat inscrit sur sa fiche professionnelle et, disons-le, une victoire.
Au début de 2000, Paul retourne à Detroit afin d’optimiser ses performances aux côtés des plus grands noms tels que Tommy Hearns, Michael Moorer, Dennis Andries, Rick Roufus, Alfred Ice Cole, James et Pinklon Thomas, pour ne nommer que ceux-là. Le plus clair de son temps, il le passe au Kronk Gym, ayant appartenu au regretté Emanuel Steward, l’un des grands coachs américains ayant entraîné une quarantaine de champions au courant de sa vie. Il continue son chemin en se rendant à Jersey où, encore une fois , il aura la chance de monter dans le ring avec les plus grands tels que Ray Mercer, champion olympique poids lourd, ainsi que James Toney, six fois champion du monde des mi-moyens. Un phénomène, celui-là !!
Invité par nul autre qu’Arturo et Joe Gatti, qu’on connaît tous, il enfilera de nouveau ses gants avec le célèbre acteur Mickey Rourke. Je ne vous cache pas ma petite pointe de jalousie parfois quand j’y pense. De retour à Montréal au début de l’année 2001, il s’associe avec Stéphane Patry, du TKO, mais aucun combat n’aura lieu. En 2005, il décide de retourner à Detroit où Rick James, entraîneur du UFC, l’attend. Les poings aiguisés, les muscles gonflés de rage, il se bat, mains nues, dans des combats illégaux mais très populaires à Detroit. Après deux années à donner plus de coups de poings que de poignées de main, notre Dubé rentre à la maison. Il retourne avec Patry et devient recruteur de commandites pour le TKO, mais, suite aux nombreux écarts de conduite de Paul avec ses promoteurs, il décide de se retirer complètement du monde de la boxe et se concentrer sur diverses compagnies dont il est propriétaire.
Peut-être pour calmer sa faim, pour oublier sa rage ou simplement par générosité, ce grand gaillard de 250 lbs se joint à plusieurs organismes et participe à des activités caritatives afin d’amasser des fonds pour diverses causes telles que l’Hôpital général juif, l’Accueil Bonneau, l’Hôpital Sainte-Justine et bien d’autres… Ne vous laissez pas tromper par sa carrure imposante : c’est un petit cœur tendre qui se cache derrière ce visage marqué par les combats. Il reste un gros « nounours » pour moi. Paul a le sens de la repartie et rares sont ceux qui arrivent à le faire taire. Moi, parfois, j’y arrive… Et, malgré ses allures de « bum », il reste une personne avec une générosité assez remarquable et, je l’ai toujours dit, du plus loin que je me souvienne, « il gagne à être connu, cet homme ».
En 2014, Paul encaisse un solide revers sans jamais avoir pensé à monter la garde. Toutefois, ce revers ne se passait pas dans un ring mais bien entre quatre murs beiges d’un l’hôpital. Ce grand batailleur apprenait, et c’était pire qu’un KO, qu’une masse indolente avait pris possession de sa moelle. C’est à ce moment que le combat le plus important de sa vie allait commencer, un combat décisif à propos de son urgence de vivre. Pour essayer de ralentir les lymphomes qui tentent de gagner du terrain, il devra subir plusieurs traitements de toutes sortes. Mais Paul sourit, du mieux qu’il peut. Toutefois, son sourire ne parvient pas toujours à cacher la peur dans ses yeux. Mais ce colosse reste encore debout dans le ring, prêt à se battre. Il encaisse une solide chimio qui dure deux mois intensivement. Peu de gens l’aurait affrontée à la manière Dubé. Je l’admire, cet homme. Malgré un corps déformé, des muscles partiellement envolés et une chevelure clairsemée, il ne perd rien de son intensité. Il fait même mentir les pronostics.
Au tout début, personne du milieu de la santé ne lui donne deux ans à vivre, et aujourd’hui, avec toute sa vivacité, on peut espérer l’avoir encore parmi nous un bon sept ans. Et, connaissant Paul, avec tout son orgueil de guerrier, il viendra encore m’embêter pour les 10 prochaines années. Aussi petite puis-je paraître à côté de ce colosse, j’essaie d’être grande et forte pour l’encourager à poursuivre ce combat que, malheureusement, il ne pourra gagner. Mais en attendant, il s’efforce de remporter chaque round qui passe. Il devra continuer de suivre ses traitements aux deux mois, encore pour une grosse année et demie, et je serai toujours aux premières loges.
Comme j’assisterai à son retour dans le ring, dans le cadre d’une levée de fond, si Dieu le veut, prévu pour le mois d’avril. Sans vouloir m’avancer, sans vouloir espérer trop fort, Paul nous réserve une bien belle surprise. Un entraînement est commencé, un combat est en train de se préparer et plusieurs grands boxeurs ont déjà accepté de participer. Et moi, je suis encore là, pour le pousser et l’encourager à donner tout ce qu’il a pour se préparer. Je ne peux malheureusement pas trop donner de détails au moment où j’écris ceci, mais si tout se passe bien, Dubé se relèvera du solide coup infligé par sa chimio de février et remettra ses gants, peut-être pour la dernière fois. Seulement, cette fois-ci, tout le monde s’en rappellera et tout le monde se souviendra de ce nom : PAUL DUBÉ.