Souvenons-nous – Boxe québécoise pour tous les amateurs francophones – 12rounds.ca Pour tout savoir sur la boxe québécoise – combats de boxe, classements, analyses, entrevues, portraits, championnats du monde – Montréal, Québec Mon, 11 Nov 2019 11:00:59 +0000 fr-FR hourly 1 /wp-content/uploads/2013/11/cropped-logo_carré-32x32.jpg Souvenons-nous – Boxe québécoise pour tous les amateurs francophones – 12rounds.ca 32 32 Complémentaire au site 12rounds.ca, ce podcast a été mis sur pied afin d’offrir aux amateurs des informations sur le noble art allant au-delà de ce qui est couvert par les médias traditionnels. Nous y discutons des combats à venir et nous entretenons avec divers intervenants du milieu. Boxe québécoise pour tous les amateurs francophones – 12rounds.ca no Boxe québécoise pour tous les amateurs francophones – 12rounds.ca [email protected] [email protected] (Boxe québécoise pour tous les amateurs francophones – 12rounds.ca) Boxe québécoise et internationale pour tous les amateurs de boxe francophones Boxe québécoise pour tous les amateurs francophones – 12rounds.ca /wp-content/uploads/powerpress/12rounds.png /category/souvenons-nous/ Guy Jutras intronisé au Temple de la renommée international de la boxe ce week-end /guy-jutras-intronise-au-temple-de-la-renommee-international-de-la-boxe-ce-week-end/ /guy-jutras-intronise-au-temple-de-la-renommee-international-de-la-boxe-ce-week-end/#comments Tue, 04 Jun 2019 12:16:33 +0000 /?p=17647 Par Martin FOURNIER – L’ancien arbitre et juge international, Guy Jutras, sera admis parmi les immortels de la boxe au Temple de la renommée international de la boxe à Canastota, dans l’État de New York. La cérémonie est prévue ce dimanche 9 juin. Monsieur Jutras sera alors intronisé en compagnie des boxeurs Julian Jackson; Donald […]

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Par Martin FOURNIER – L’ancien arbitre et juge international, Guy Jutras, sera admis parmi les immortels de la boxe au Temple de la renommée international de la boxe à Canastota, dans l’État de New York. La cérémonie est prévue ce dimanche 9 juin. Monsieur Jutras sera alors intronisé en compagnie des boxeurs Julian Jackson; Donald Curry et James McGirt, champions du monde dans deux divisions de poids. Feront aussi leur entrée l’ancien champion du monde Tony DeMarco; l’entraîneur et commentateur Teddy Atlas; le promoteur Don Elbaum, le publiciste de Top Rank, Lee Samuels, et à titre posthume, le journaliste Mario Rivera Martino.

Quelques semaines avant son admission à Canastota, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec Monsieur Jutras afin de revenir sur la carrière exceptionnelle de ce gentleman de la boxe qui a exercé plusieurs rôles au cours des dernières décennies. Actif de 1952 à 2019 dans l’industrie de la boxe, il a évolué comme boxeur; arbitre; juge; superviseur et inspecteur. Plusieurs décennies de contributions inestimables au noble art. Tout un accomplissement en soi pour ce québécois né à Montréal en 1931 et qui a été introduit au Temple de la renommée de la boxe canadienne en 1979.

Guy Jutras sera le quatrième québécois à être admis au Temple de la renommée international de la boxe après les Jack Delaney en 1996; Lou Brouillard en 2006 et Arturo Gatti en 2013, à titre posthume dans les trois cas.

LE BOXEUR

 L’amour de la boxe s’est manifesté à l’adolescence lorsque Monsieur Jutras a commencé à s’entraîner à la boxe à l’âge de 16 ans dans l’ouest de Montréal. Il fut inspiré par le boxeur de Montréal, Dave Castilloux, qui a obtenu 126 victoires au cours de sa carrière. À noter que Monsieur Jutras a disputé quelques combats chez les amateurs. À son premier combat, il a d’ailleurs perdu par KO. Rien pour le décourager puisqu’il a remporté quatre victoires consécutives par la suite. En 1950, il a été notamment champion des provinces maritimes chez les mi-moyens alors qu’il servait dans la Marine Royale canadienne. Il a fait le saut chez les professionnels en 1952 dans la division des mi-moyens. Il a maintenu une fiche immaculée de cinq victoires en autant de combats. Fait à noter : ses cinq combats professionnels ont été disputés aux États-Unis, dans les États du Massachusetts et du Connecticut.

Son premier combat a été disputé face à Eddie Sylvia, duel de quatre rounds à Holyoke dans le Massachusetts. Victoire aux points. Son dernier combat a été disputé le 6 août 1953 à Thompsonville dans le Connecticut, victoire par KO au premier round aux dépens de Frankie Savino. Sur ses cinq victoires en carrière, il a obtenu 3 KO. Sur ses 12 rounds disputés, son pourcentage de KO s’établit à 60%.

L’ARBITRE

Guy Jutras a dû mettre fin à sa carrière professionnelle de boxeur en raison de l’ablation d’un rein. En 1955, à 24 ans, après ses études au Collège Springfield dans l’État du Massachusetts, il a commencé à arbitrer des combats chez les amateurs jusqu’à ses débuts chez les professionnels comme arbitre en 1969. Son premier combat a eu lieu le 27 février 1969 au Centre Paul Sauvé de Montréal. Il a arbitré le combat de Donato Paduano contre Luc Pivin, un duel de huit rounds. Ce fut le début d’une grande aventure comme arbitre de boxe qui l’a mené jusqu’au 11 novembre 1997 au Casino de Montréal où il a officié pour la dernière fois un dernier combat en carrière entre Alex Hilton et Joe Stevenson, duel de dix rounds.

En près de trente ans comme arbitre, il a officié dans 193 combats de boxe professionnelle dans différents pays mais la grande majorité des combats qu’il a arbitrés ont eu lieu au Québec. Monsieur Jutras a arbitré trois combats de championnats du monde en Italie et aux États-Unis. À noter qu’à cette période, il y avait beaucoup moins de combats de championnats du monde qu’actuellement avec les dix-sept divisions de poids chez les professionnels.

Son premier combat de championnat du monde comme arbitre fut le 24 janvier 1982 à Atlantic City entre Eusebio Pedroza et Juan Laporte pour le titre WBA des plumes. Par la suite, le 15 décembre 1984 à Fort Worth au Texas, il a officié le combat entre Gene Hatcher et Ubaldo Sacco pour le titre des super-légers de la WBA. Le 6 septembre 1986 à Napoli en Italie, il a arbitré le duel pour le titre des super-légers de la WBA entre Patrizio Oliva et Brian Brunette. En carrière, en plus des trois combats de championnats du monde,  il a œuvré dans plusieurs combats de championnats canadiens ainsi que des Continentaux des Amériques. Outre ses nombreux combats arbitrés en carrière, le combat qui l’a le plus marqué fut celui entre Gaétan Hart et Ralph Racine, le 7 mai 1980 au Centre Paul Sauvé pour le titre Canadien des légers. Il a dû mettre fin au combat quelques secondes avant la limite en constatant que Racine était en danger et cette décision a peut-être sauvé la vie de Racine puisque par la suite, il s’est retrouvé dans le coma.

LE JUGE

Monsieur Jutras a œuvré aussi comme juge dans 90 combats de boxe professionnels tout en évoluant aussi comme arbitre pour une partie de sa carrière. Son premier mandat fut le 8 novembre 1980 dans un combat des poids légers de la WBA entre Hilmer Kenty et Vilomar Fernandez au Cobo Arena de Détroit. À ses six premiers combats comme juge, il fut impliqué dans cinq duels de championnats du monde dont celui opposant le Québécois Gaétan Hart à Aaron Pryor pour le titre des super- légers de la WBA le 22 novembre 1980 à Cincinnati, défaite par TKO de Hart au 6e round. Guy Jutras est d’Avis qu’Aaron Pryor fut l’un des boxeurs le plus talentueux qui lui a été permis de voir au cours de sa carrière en raison de sa puissance et de sa vitesse. Sur les 90 combats où il a officié comme juge en carrière, il a été juge dans pas moins de 75 combats de championnats du monde principalement des combats sanctionnés par la WBA. Sur ces 75 combats de championnats du monde, il a jugé douze combats d’unification, notamment.

Il a été notamment juge pour des combats notoires comme celui entre Roberto Duran et Marvin Hagler le 10 novembre 1983, combat qui fut le plus difficile à juger dans sa carrière selon ses dires. Un duel de 15 rounds pour les titres IBF; WBA et WBC des poids moyens qui a été remporté par Hagler par décision unanime. Il a aussi été juge pour le combat entre Manny Pacquiao et Juan Manuel Marquez, combat d’unification des poids plumes pour les titres IBF et WBA qui a eu lieu le 8 mai 2004 à Las Vegas. Combat qui s’était soldé par un verdict nul.

Sa carrière de juge lui a permis de voyager dans les pays suivants; États-Unis; Italie; Japon; France; Grande-Bretagne; Corée du Sud; Mexique; Thaïlande; Danemark; Allemagne. Il a aussi jugé des combats en Argentine mais ce n’était pas pour des combats de championnats du monde. Assez impressionnant comme parcours, il va sans dire. Son dernier combat à titre de juge a été le 22 octobre 2011 entre Logan McGuinness et le québécois Benoit Gaudet pour le titre vacant de la NABA des super-plumes. Ses deux carrières comme arbitre et juge lui ont permis d’obtenir respectivement de la reconnaissance comme arbitre et beaucoup d’opportunités comme juge. Il va sans dire que ses nombreux combats de championnats du monde font foi de tout.

LE SUPERVISEUR ET  L’INSPECTEUR

Il a œuvré finalement comme inspecteur dans 22 combats, dont dix combats de championnats du monde et cinq combats intérimaires pour la WBA. Il a exercé dans les pays suivants : États-Unis; Allemagne; Kazakhstan ; Mexique; Japon ; Ukraine ; France et ici même au Canada, plus précisément au Québec à Montréal et à Québec. Sa carrière de superviseur a commencé le 7 février 2009 à Anaheim en Californie pour le combat de championnat du monde WBA des super- mouches entre Vic Darchinyan et Jorge Arce. Son dernier combat comme superviseur remonte au 26 janvier dernier au Casino de Montréal entre Sadriddin Akhmedov et Abraham Juarez pour le titre vacant mondial jeunesse du WBC des super mi-moyens.

Comme inspecteur, il a participé à deux événements en Allemagne et en France. Le premier s’est déroulé le 25 avril 2009 à Nordrhein-Westfalen, gala organisé par le groupe de promotion. Universum Box mettant notamment en présence deux combats de championnats du monde dont Felix Sturm et Koji Sato chez les moyens. Il a participé à un autre gala comme inspecteur à Le Cannet, en France, événement organisé par Univent Production le 2 avril 2011.

Outre ces nombreux accomplissements et mandats, il fut aussi durant sa carrière Co-Chairman des officiels Canadiens de boxe professionnelle de 1981 à 2008 et Chairman des officiels de la WBA de 1999 à 2008.

EN CHIFFRES

Au final, Monsieur Jutras aura disputé comme boxeur cinq combats chez les professionnels, une fiche parfaite de cinq victoires. Il aura arbitré 193 combats dont 3 combats de championnats du monde; jugé 90 combats dont 75 combats de championnats du monde; 22 combats comme superviseur dont dix de championnats du monde et comme inspecteur, deux événements dont deux combats de championnats du monde. Au total, il fut donc associé de près comme arbitre; juge; superviseur et inspecteur à 90 combats de championnats du monde et plusieurs combats intérimaires au cours de sa carrière professionnelle. Celle-ci s’est amorcée en 1952 alors qu’il disputait son premier combat professionnel chez les mi-moyens le 29 septembre.

Somme toute, en vertu de ces différentes statistiques éloquentes, voilà pourquoi il sera admis ce week-end parmi les immortels de la boxe au Temple de la renommée international de la boxe, à Canastota, dans l’État de New York. Félicitations encore une fois Monsieur Guy Jutras pour votre belle carrière et pour votre contribution inestimable au noble art.

Source : Boxrec

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Il y a 33 ans aujourd’hui, Matthew Hilton signait l’une des grandes victoires de la boxe québécoise /il-y-28-ans-aujourdhui-matthew-hilton-signait-lune-des-grandes-victoires-de-la-boxe-quebecoise/ /il-y-28-ans-aujourdhui-matthew-hilton-signait-lune-des-grandes-victoires-de-la-boxe-quebecoise/#respond Fri, 15 Feb 2019 11:00:45 +0000 /?p=1260 Par Martin Achard Il y a 33 ans aujourd’hui, le 15 février 1986, Matthew Hilton passait le K.O. au 9e round à l’ex-champion mondial des poids super légers, mi-moyens et super mi-moyens, Wilfred Benitez, au Centre Paul-Sauvé de Montréal. Lors de l’affrontement, retransmis en direct à la télévision canadienne et américaine, Hilton domina de bout […]

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Par Martin Achard

Il y a 33 ans aujourd’hui, le 15 février 1986, Matthew Hilton passait le K.O. au 9e round à l’ex-champion mondial des poids super légers, mi-moyens et super mi-moyens, Wilfred Benitez, au Centre Paul-Sauvé de Montréal.

Lors de l’affrontement, retransmis en direct à la télévision canadienne et américaine, Hilton domina de bout en bout, matraquant le Portoricain de coups au corps, et l’achevant avec une droite à la tête dans les toutes dernières secondes de l’avant-dernier round. Après le combat, Benitez rendit hommage à l’incroyable force de frappe de Hilton, alors tout juste âgé de vingt ans, et déclara que ce dernier pourrait devenir champion du monde, s’il améliorait entre autres la rapidité de ses déplacements.

Sauf erreur de notre part, le K.O. de Matthew aux dépens de Benitez constitue l’une des trois seules victoires acquises par un boxeur québécois contre l’un des quelques 120 membres de l’International Boxing Hall of Fame (IBHF), dans la catégorie «moderne» (les deux autres sont le fait de Johnny Greco, qui a battu aux points Beau Jack et Bob Montgomery). On notera que, à cette époque et jusqu’à sa conquête du titre de l’IBF des 154 livres l’année suivante, Hilton (à droite sur la photo) était reconnu comme un bourreau de travail à l’entraînement, ce qui explique certainement, en partie, l’incroyable succès qu’il fut capable d’obtenir à un si jeune âge.

Une chose est certaine selon nous: le nom de Matthew Hilton ne devrait jamais être oublié dans les discussions sur les plus grands boxeurs québécois de l’histoire. Matthew demeure en effet l’un de nos deux seuls boxeurs à avoir vaincu, à l’époque moderne, un membre du temple de la renommée (dans sa version IBHF, la plus prestigieuse); il a acquis cette victoire de façon spectaculaire et écrasante; et il fut le premier Québécois depuis des lustres à remporter un titre majeur, au cours d’une guerre brutale de 15 rounds contre Buster Drayton, qui fut nommée «Combat de l’année» en 1987 par le très populaire magazine américain K.O. Il ne saurait donc faire de doute que Matthew a donné un exemple unique de succès, et ouvert ainsi la voie à tous les autres boxeurs québécois qui, par la suite, ont obtenu des victoires d’importance sur la scène mondiale.

Crédit photo: Linda Boucher

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Yvon Michel se souvient de Tiozzo-Lucas! /yvon-michel-se-souvient-de-tiozzo-lucas/ /yvon-michel-se-souvient-de-tiozzo-lucas/#comments Sun, 13 Jan 2019 11:00:21 +0000 /?p=7911 Par Jean-Luc Autret Il y a 23 ans aujourd’hui, le 13 janvier 1996, Éric Lucas s’inclinait par décision unanime contre Fabrice Tiozzo à Saint-Étienne en France, dans un combat pour le titre WBC des mi-lourds alors détenu par le Français. En rappel, 12rounds.ca présente cet entretien tenu il y a trois ans entre Jean-Luc Autret […]

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Par Jean-Luc Autret

Il y a 23 ans aujourd’hui, le 13 janvier 1996, Éric Lucas s’inclinait par décision unanime contre Fabrice Tiozzo à Saint-Étienne en France, dans un combat pour le titre WBC des mi-lourds alors détenu par le Français.

En rappel, 12rounds.ca présente cet entretien tenu il y a trois ans entre Jean-Luc Autret et Éric Lucas ainsi qu’avec Yvon Michel, qui lui ont offerts leurs souvenirs sur cet événement.

«Ce fut une expérience excessivement trippante!», s’est rappelé Éric Lucas. «Je m’étais entraîné intensivement pendant le temps des fêtes et j’avais vraiment confiance en mes chances de gagner. Je suis sorti de cette expérience-là excessivement grandi et ma performance m’a permis d’affronter ensuite le meilleur livre pour livre de l’époque, le célèbre Roy Jones Jr.».

Les révélations les plus étonnantes sont toutefois venues d’Yvon Michel. Ce qu’il m’a raconté est tellement intéressant que le mieux à faire est de lui céder la parole jusqu’à la fin de mon article. Voici donc ce que le célèbre homme de boxe m’a révélé.

«Ce fut une aventure rocambolesque! Même si j’avais beaucoup d’expérience chez les amateurs, c’était la première fois que j’amenais un boxeur en championnat du monde chez les professionnels. Nous étions conscients que le clan Tiozzo cherchait un adversaire fortement sous-estimé. Au mois d’août précédent, Éric avait perdu un combat à Philadelphie pour le titre NABF face à Bryant Brannon. Il avait démontré beaucoup de ténacité et comme il était classé 9e à 168 livres, il était un adversaire intéressant pour le champion des 175 livres de l’époque.

Durant les semaines précédant le combat, j’avais beaucoup de difficulté à obtenir des informations concernant notre arrivée en France et la façon dont se dérouleraient les choses là-bas. L’agent de Tiozzo, Don Majewski, a fini par me dire qu’il croyait que le promoteur français souhaitait que nous arrivions en France seulement la veille de la pesée. Ayant des contacts avec l’équipe olympique française, j’ai été en mesure d’organiser deux semaines d’entraînement incognito à Paris et, comme le promoteur le souhaitait, nous sommes arrivés à Saint-Étienne le jeudi.

Le lieu du combat

Une fois sur place, Jean-Marc Perronneau, le promoteur de Tiozzo, est venu me parler pour m’informer qu’il y avait un problème d’importance et que le champion pèserait le lendemain 185 livres au lieu des 175 livres qui forment normalement la limite de la division des mi-lourds. Malgré mon manque d’expérience, j’avais pris le temps de bien lire les règlements de la WBC et je savais que dans une telle situation, le titre devait être déclaré vacant, avec l’occasion pour Éric de l’obtenir en cas de victoire.

Mais Perronneau avait un tout autre plan. Il me proposa d’ajouter 10 000 $ à la bourse d’Éric, qui était alors de 100 000$ US (je rappelle qu’à l’époque le dollar canadien oscillait à 65 sous américains), à condition qu’il embarque sur un pèse-personne truqué. J’étais pour le moins estomaqué par la suggestion et je constatais avec dégoût à quel point la boxe professionnelle était corrompue comparativement à la boxe amateur.

Après en avoir discuté avec Abe Pervin, Bob Miller et Éric, je suis retourné négocier avec Perronneau. Je lui ai demandé 20 000 $ au lieu de 10 000 $ et une limite de 182 livres pour Tiozzo, et j’ai exigé que l’ensemble de la bourse d’Éric soit versé en argent la journée même. Après certains compromis, nous nous sommes entendus pour 182 livres et 10 000$ de compensation.

Page du journal La Presse

Lorsque j’ai reçu un gros sac plein d’argent en coupures de 20$, je suis allé compter ça avec Don Majewski. À ma grande surprise, nous avons trouvé de nombreuses feuilles de papier journal insérées en dessous de deux ou trois 20$. Après que Majewski se soit fâché, j’ai obtenu l’argent manquant et le compte était bon.

Lors de la pesée, Éric devait aussi dépasser les 175 livres, lui qui aurait pu respecter la limite sans problème. Derrière les rideaux, Tiozzo a respecté notre entente à 182 livres, et Éric pesait 178 livres. Devant les médias et sur un pèse-personne truqué, les deux boxeurs ont respecté la limite de 175 livres.

Éric avait eu un excellent camp d’entraînement et il était dans une forme splendide. Il était excessivement confiant en ses moyens et les changements de poids de dernière minute nous laissaient croire que Tiozzo ne s’était pas entraîné tellement sérieusement.

Lorsque nous avons vu le champion approcher du ring, nous avons tous constaté à quel point il était plus massif qu’Éric: il devait peser de 20 à 25 livres de plus! J’ai demandé à mon boxeur de jabber le plus possible dans les premiers rounds et de se déplacer constamment. Après deux reprises, Éric était confiant qu’il pouvait l’atteindre et il s’est mis à échanger coup pour coup. Le désavantage de poids a évidemment joué contre nous et Éric s’est retrouvé au plancher. Je suis passé bien près d’arrêter le combat, mais Lucas a bien géré la situation et les trois minutes se sont écoulées.

Une chronique sur le combat

Jusqu’au septième round, Éric a repris sa stratégie de bouger au maximum. À partir du huitième échange, Tiozzo était de plus en plus fatigué et nous nous sommes mis à dominer de plus en plus. Après chacun des derniers rounds, la foule était debout pour applaudir les deux boxeurs. Au terme du combat, nous nous sommes mis à entendre les spectateurs crier Lucas, Lucas! Le clan Tiozzo n’était vraiment pas content. Après avoir entendu la décision des juges (117-110, 118-109 et 119-108, tous pour le champion), Éric a pleuré à chaudes larmes dans le vestiaire: il y croirait tout autant à la fin du combat qu’au début.

Le lendemain, nous avons sabré le champagne au Moulin rouge à Paris. Pour la petite histoire, j’ai raconté l’aventure de la pesée aux gens de la WBC, et nous n’avons plus jamais entendu parler de Perronneau. Par contre, j’avais développé de la confiance à l’endroit de Don Majewski et, deux semaines après le combat contre Tiozzo, on nous proposait un combat contre Roy Jones. L’implication de Majewski dans cette négociation nous a permis de faire plus que doubler la bourse initialement proposée

Crédit photo: PhotoZone

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En 2010 aujourd’hui, Jean Pascal faisait match nul avec Bernard Hopkins /il-y-a-3-ans-aujourdhui-jean-pascal-faisait-match-nul-avec-bernard-hopkins/ /il-y-a-3-ans-aujourdhui-jean-pascal-faisait-match-nul-avec-bernard-hopkins/#respond Tue, 18 Dec 2018 11:00:10 +0000 /?p=555 Il y a 8 ans aujourd’hui, le 18 décembre 2010, Jean Pascal défendait avec succès son titre du Ring Magazine et du WBC des poids mi-lourds en faisant match nul (114-112, 113-113, 114-114) avec le grand Bernard Hopkins, lors d’un gala tenu au Colisée Pepsi de Québec. Le Québécois réussit à envoyer «The Executioner» au […]

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Il y a 8 ans aujourd’hui, le 18 décembre 2010, Jean Pascal défendait avec succès son titre du Ring Magazine et du WBC des poids mi-lourds en faisant match nul (114-112, 113-113, 114-114) avec le grand Bernard Hopkins, lors d’un gala tenu au Colisée Pepsi de Québec.

Le Québécois réussit à envoyer «The Executioner» au tapis une première fois au 1er round, puis une seconde fois au 3e, mais, dans les deux derniers tiers de l’affrontement, il parut par moments dépassé par la boxe extrêmement fine et subtile de son adversaire, et notamment par la grande qualité de ses déplacements, un aspect par rapport auquel le Haïtien d’origine a plutôt l’habitude d’avoir l’avantage.

Quoi qu’on puisse penser du verdict rendu par les juges dans ce combat, il faut reconnaître que Pascal a su y faire subir deux knockdowns au génie défensif qu’est Hopkins, lui qui en 22 ans de carrière n’était précédemment allé que deux fois au plancher, les deux fois dans un combat tenu 16 ans plus tôt contre Segundo Mercado.

Texte de Martin Achard

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Il y a 20 ans, Otis Grant affrontait Roy Jones Jr /il-y-a-20-ans-otis-grant-affrontait-roy-jones-jr/ /il-y-a-20-ans-otis-grant-affrontait-roy-jones-jr/#respond Wed, 14 Nov 2018 07:45:02 +0000 /?p=16767 Si beaucoup d’amateurs se rappellent d’Éric Lucas face à la légende vivante Roy Jones Jr, le parcours d’Otis Grant a beaucoup moins marqué l’imaginaire québécois. Tout d’abord, il y a eu son triomphe du titre WBO des poids moyens en Angleterre face à Ryan Rhodes, puis voilà exactement 20 ans aujourd’hui, soit le 14 novembre […]

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Si beaucoup d’amateurs se rappellent d’Éric Lucas face à la légende vivante Roy Jones Jr, le parcours d’Otis Grant a beaucoup moins marqué l’imaginaire québécois. Tout d’abord, il y a eu son triomphe du titre WBO des poids moyens en Angleterre face à Ryan Rhodes, puis voilà exactement 20 ans aujourd’hui, soit le 14 novembre 1998, il affrontait rien de moins que le meilleur boxeur au monde, le célèbre Roy Jones Jr sur les ondes de HBO.

Tout comme David Lemieux l’a fait en 2015 face à Golovkin, Otis «The Magic » Grant a fait, à l’époque, un choix courageux et payant. Pour souligner cet anniversaire, nous vous offrons un retour sur cet événement qui a été oublié par beaucoup trop d’amateurs de boxe de la Belle Province.

Une offre inespérée de la part de Roy Jones Jr

Plusieurs s’en rappellent, Éric Lucas se retrouve face à Roy Jones Jr en 1996 alors que le meilleur boxeur livre pour livre a choisi son rival dans le but de réaliser un record bien spécial : pratiquer deux sports professionnels dans la même journée, soit une partie de basketball en après-midi et un combat de boxe en soirée.

Deux ans plus tard, c’est Otis Grant qui est choisi pour affronter le grand maître du noble art, alors qu’il vient de défendre avec succès son titre mondial des poids moyens à Kanata. Comment le choix s’est-il fait ? Par un concours de circonstance, alors que Jones a vu un reportage au cours duquel il est question de l’implication sociale d’Otis Grant auprès des jeunes délinquants à son école. Le champion unifié des 175 livres est touché et déclare qu’il aimerait donner une chance à un boxeur qui se dévoue aussi intensément pour les jeunes.

Le promoteur américain de Grant, Art Pellulo, est informé de l’intérêt de Jones et les négociations s’entament rapidement. « La décision n’a pas été difficile à prendre, on m’a offert une somme de 500 000 $ pour affronter Jones alors que ça m’aurait pris quatre défenses pour faire autant d’argent et j’avais la chance de me battre avec le meilleur au monde », explique Otis Grant.

Par contre, ce défi implique qu’il doit monter de 160 à 175 livres, toute une progression de poids.

« Heureusement, j’ai eu du temps pour me préparer. Au début, j’ai essayé de manger six fois par jour, mais je n’étais vraiment pas à l’aise avec cette méthode. J’ai modifié ça ensuite pour trois repas par jour et trois shakes protéinés par jour. Évidemment, je n’ai pas eu de misère à faire le poids. Ce fut très agréable comme fin de camp d’entraînement », se rappelle-t-il.

De négligé à partenaire d’entraînement

Arrivé au Foxwood Resort dans le Connecticut, il fait face à une horde de journalistes qui sont convaincus que le duel ne va durer que quelques instants, soit un round ou deux au maximum. Fouetté par le manque de respect des médias, le Montréalais champion des poids moyens adopte une stratégie très défensive visant à faire un maximum de rounds. Finalement, il s’incline par TKO au 10e round.

En conférence de presse d’après-combat, Otis Grant déclare : « Je n’ai pas honte de ma performance. Je me suis préparé de mon mieux, j’avais établi un plan… le gars en avant de moi était trop fort. Qu’est-ce que je peux ajouter? Je voulais le laisser boxer pendant trois ou quatre rounds, me protéger et voir. J’ai fait tout ça. Mais quand est venu le temps de passer à la deuxième étape, rentrer mon jab et essayer de suivre avec ma gauche, c’est là qu’il m’a ramassé ».

« J’ai été vraiment impressionné par tant de force et tant de vitesse. Je l’avais vu sur film, je m’étais dit que je pourrais compenser avec la défensive et du mouvement, mais c’était trop. Russ [Anber] m’a dit après ma chute au 4e qu’il n’hésiterait pas à arrêter le combat si je risquais de me faire blesser sérieusement. J’étais un peu secoué au 10e. Sur le coup, j’aurai aimé continuer et Russ m’aurait sans doute laissé continuer contre un autre. Mais avec ce gars-là en face de moi, il n’y avait plus d’espoir », affirmait-il à l’époque.

« Après le combat, j’ai été invité à servir de partenaire d’entraînement à Roy Jones pour ses deux combats suivants. Lors des sparrings avec lui, j’ai pu échanger des coups à de nombreuses reprises et j’étais loin d’être déclassé. Avec le recul, j’aurai dû tenter ma chance un peu plus lorsque je l’ai affronté », conclut-il vingt ans plus tard.

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De grands boxeurs sont venus combattre au Québec /les-plus-grands-boxeurs-a-avoir-combattu-au-quebec-1re-partie/ /les-plus-grands-boxeurs-a-avoir-combattu-au-quebec-1re-partie/#comments Thu, 25 Oct 2018 10:00:31 +0000 /?p=8984 Note de la rédaction : En rappel, nous publions aujourd’hui un article de notre collaborateur Martin Achard, qui nous rappelle que les amateurs du Québec ont eu la chance au fil des ans de voir en action quelques-uns des grands boxeurs de l’histoire du noble art. Par Martin Achard La liste des immortels du noble […]

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Note de la rédaction : En rappel, nous publions aujourd’hui un article de notre collaborateur Martin Achard, qui nous rappelle que les amateurs du Québec ont eu la chance au fil des ans de voir en action quelques-uns des grands boxeurs de l’histoire du noble art.

Par Martin Achard

La liste des immortels du noble art qui ont déjà livré un ou des combats au Québec est plus riche qu’on ne le soupçonne communément. Voici quelques-uns des plus grands boxeurs à s’être battu dans un ring québécois. Préparez-vous à être impressionnés, car ce top 5 est si relevé qu’il pourrait presque passer pour un classement des cinq plus grands pugilistes de l’histoire, point à la ligne! 

1. Sugar Ray Robinson (5 mai 1963)

Il s’agit d’un fait trop peu connu, mais oui, Sugar Ray Robinson a déjà boxé au Québec. Deux raisons expliquent pourquoi son passage chez nous n’eut qu’un faible retentissement et n’a laissé que peu de traces dans la mémoire collective. D’une part, le quintuple champion des poids moyens n’était plus, en 1963, qu’un boxeur sur le retour, âgé de 42 ans. D’autre part, il ne se battit ni à Montréal ni à Québec, mais plutôt à Sherbrooke, devant une maigre foule de 2800 personnes, soit un nombre très en deçà des 6000 ou 7000 qui avaient été espérées par les organisateurs de l’évènement.

Robinson assénant le coup de grâce à Roblet

Malgré ses habiletés déclinantes, «Sugar» n’eut aucune difficulté à se débarrasser de l’obscur adversaire qui lui avait été déniché pour l’occasion, un pugiliste algérien du nom de Maurice Roblet (ou Rolbnet, à en croire certaines sources). Au premier round, Robinson s’employa à parer les charges énergiques de son rival; puis, au deuxième, il l’ébranla d’une série de coups; et, au troisième, après l’avoir atteint à répétition, il le mit complètement K.-O. d’une puissante droite.

Fait digne de mention: le duel Robinson-Robnet fut arbitré par nul autre que Joe Louis, qui agissait également à titre de co-promoteur de l’évènement! Les spectateurs présents à l’Aréna de Sherbrooke purent donc se vanter, jusqu’à la fin de leurs jours, d’avoir vu se côtoyer dans un même ring deux légendes absolues du noble art.

2. Willie Pep (25 octobre 1944 et 21 juillet 1965)

Le Québec eut l’honneur d’accueillir deux fois en son sol Willie Pep. Sa première prestation chez nous, le 25 octobre 1944, n’est pas sans importance sur le plan historique, puisqu’elle marqua la première fois que «Will o’ the Wisp» se battait à l’extérieur des États-Unis. Par ailleurs, elle permit au public québécois de voir le grand champion au sommet de son art, lui qui n’était alors âgé que de 22 ans et détenteur de la couronne mondiale des poids plumes.

Willie Pep

Devant environ 4000 personnes réunies au Forum de Montréal, Pep donna une magistrale démonstration de boxe intelligente et technique, et remporta une décision unanime en dix rounds (9-1, 8-0-2 et 8-2) contre le journeyman Jackie Leamus, dans un duel où son titre n’était pas en jeu. Comme il arrive cependant quelquefois lorsqu’un maître de la défensive est en action, certains membres du public n’apprécièrent pas le spectacle offert et manifestèrent, à partir de la mi-combat, leur mécontentement par des huées. De façon plus étonnante, ce manque d’appréciation de la virtuosité de Pep se constata également chez l’un des commissaires de la Commission athlétique de Montréal, qui demanda à l’arbitre, entre deux rounds, de réclamer plus d’agressivité de la part des deux boxeurs!

Après ce duel, 21 années s’écoulèrent avant que les amateurs du Québec pussent revoir Pep à l’œuvre chez eux. Le 21 juillet 1965, celui qui avait définitivement perdu son titre mondial 14 ans plus tôt monta dans le ring du Vieux Colisée de Québec pour y affronter le modeste Benny Red Randall. Dans l’une des toutes dernières sorties de son illustre carrière, riche de plus de 240 combats, le natif du Connecticut n’eut aucune difficulté à envoyer son rival au plancher au premier round et à se mériter, à l’unanimité des juges, une victoire par décision en dix rounds.

3. Sam Langford (19 avril 1915 et 29 décembre 1916) 

Extrait du Montreal Gazette du 20 avril 1915

Malheureusement, le premier passage au Québec de Sam Langford, le «plus grand boxeur de l’histoire à n’avoir jamais détenu de titre mondial», fut un immense fiasco. En effet, le 19 avril 1915 au Théâtre Royal de Montréal, le Bostonnais d’origine canadienne et son adversaire, Porky Dan Flynn, décidèrent de faire équipe dans le ring afin de se fatiguer ou de souffrir le moins possible! Devant un public de quelques centaines de personnes d’abord stupéfait, puis scandalisé, les deux poids lourds ménagèrent à outrance leurs énergies et s’appliquèrent, avec une constance sans faille, à ne mettre aucune puissance dans leurs frappes. La situation devint si ridicule que, au huitième round, l’arbitre Pat Rooney préféra mettre un terme à l’«affrontement» et déclarer un no contest.

Il n’en fallait évidemment pas plus pour que, dans les jours suivants, plusieurs observateurs exigent la création d’une commission pour réguler et superviser la boxe à Montréal, établie sur le modèle de celle qui existait déjà à New York. Et quelle fut, au vu des informations dont nous disposons, la cause probable du simulacre de combat offert par Langford et Flynn? Bien simple: les deux boxeurs avaient été payés en entier avant le son de la cloche, de sorte qu’ils n’avaient pas à craindre, d’un point de vue financier, les conséquences d’un manque de combativité dans l’arène… 

Sam Langford

Langford tenta peut-être de se faire pardonner l’année suivante, le 29 décembre 1916, lorsqu’il affronta Bob Devere au Jardin de danse, une défunte salle de la métropole située rue de Bleury, à quelques pas de Ste-Catherine. Il entama l’affrontement avec hargne et passa près d’achever son rival à la deuxième reprise grâce à de solides directs de la gauche, mais il accusa quelque peu, dans la suite du combat, le poids de ses 33 ans, ce qui permit à Devere de revenir en force dans les huitième, neuvième et dixième assauts. Au final, Langford remporta le «newspaper decision», mais sa victoire manqua de panache et ne fut pas considérée comme décisive. 

En somme, le «Boston Tar Baby» ne donna jamais, en deux présences à Montréal, l’occasion au public québécois d’admirer l’étendue de son talent, lui qui, dans les anciens films de combats qui nous sont parvenus, apparaît comme le boxeur le plus doué et le plus redoutable des deux premières décennies du 20e siècle, et ce, autant sur le plan technique que sur celui de la force de frappe.

4. Harry Greb (6 avril 1921)

Extrait du Montreal Gazette du 5 avril 1921

Harry Greb était une pure merveille de la nature, l’incarnation même du «pressure fighter» toujours en mouvement et possédant une énergie infinie. Le 6 avril 1921, au Mount Royal Arena, le futur champion mondial des poids moyens fut fidèle à lui-même et éblouit par ses habiletés pugilistiques la foule de 2500 amateurs montréalais venue l’observer, en remportant pratiquement tous les dix rounds de son combat contre Jack Renault (alias Léo Dumoulin), en débit du fait qu’il concédait une bonne quinzaine de livres à son rival québécois.

«The Pittsburgh Windmill», alors âgé de 26 ans, lança une pluie ininterrompue de coups rapides et il utilisa sa science de boxe pour dominer à toutes les distances, y compris au corps-à-corps, où il impressionna par sa capacité à rudoyer Renault, qui était pourtant un pugiliste tout à fait compétent.

Harry Greb

Le résultat fut un «newpaper decision» clair et unanime, accompagné d’éloges dithyrambiques, en faveur de celui qui disputa un nombre ahurissant de 327 combats professionnels en carrière et qui arriva au passage à défaire (à une époque où il n’y avait que huit catégories de poids et un seul véritable champion par catégorie) pas moins de treize boxeurs ayant déjà détenu un titre mondial, des poids moyens aux poids lourds! 

5. Roberto Duran (20 juin 1980)

Le lien qui existe entre Roberto Duran et le Québec est particulier et ne se compare à rien d’autre dans le présent classement. En effet, si «Manos de Piedra» n’avait jamais affronté Sugar Ray Leonard au Stade Olympique, il occuperait une place nettement moins élevée dans les classements «livre pour livre» des meilleurs pugilistes de l’histoire, où il est fréquent, à l’heure actuelle, de le voir percer le top 10. Autrement dit, c’est à Montréal que Duran est véritablement devenu Duran, et qu’il s’est mérité le statut de super légende, soit de boxeur capable de réaliser de grands prodiges dans un ring. Et à juste titre. Car quoi de plus prodigieux que d’arriver à vaincre un adversaire suprêmement talentueux, qui est à la fois plus jeune, plus grand, plus imposant physiquement et plus rapide que soi? C’est exactement ce que, le 20 juin 1980, le Panaméen parvint à accomplir, en se méritant, au terme d’une guerre de quinze rounds d’une rare intensité, une décision certes serrée (146-144, 148-147 et 145-144), mais pleinement méritée, contre Leonard.        

 

 

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Top 10 d’au revoir /top-10-dau-revoir/ /top-10-dau-revoir/#comments Sat, 01 Sep 2018 04:10:35 +0000 /?p=16115 Par Jean-Luc Autret Il y a presque neuf ans, je me suis présenté au Centre Bell pour assister au gala Pascal-Branco en tant que journaliste accrédité pour le défunt site Fanatique.ca. Je dois vous avouer que je portais alors en moi le syndrome de l’imposteur gros comme le soleil. Avec le temps, ça fini par […]

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Par Jean-Luc Autret

Il y a presque neuf ans, je me suis présenté au Centre Bell pour assister au gala Pascal-Branco en tant que journaliste accrédité pour le défunt site Fanatique.ca. Je dois vous avouer que je portais alors en moi le syndrome de l’imposteur gros comme le soleil. Avec le temps, ça fini par passer et aujourd’hui, je tourne la page sur ce chapitre bien particulier de ma vie.

Parce que depuis deux ans, j’ai de la difficulté à concilier ma vie personnelle, professionnelle et mon plaisir à écrire sur le monde de la boxe, j’ai choisi de sacrifier une passion qui avait de plus en plus de mal à s’exprimer. Mais sait-on jamais, peut-être que je me réincarnerai plus vite que vous ne pouvez l’imaginer !!! Afin de vous dire un dernier au revoir comme il se doit, voici un condensé des plus beaux souvenirs de la courte vie de Jean-Luc Autret.

10. Pascal-Branco, une grande première personnelle

À ma première sortie publique, je me suis présenté au Centre Bell accompagné de mon ami et collègue photographe Jonathan Abenhaim. À l’époque, Pier-Olivier Côté et Kevin Bizier étaient en début de carrière et Carl Handy dominait David Whittom. Sur la lointaine galerie de presse, j’ai eu beaucoup de plaisir à assister à la première défense de Jean Pascal. C’est avec des yeux et des oreilles très grands ouvertes que j’ai enregistré chacune des minutes de cette soirée qui fut bien spéciale pour moi.

9. Martel-Carman, le combat de l’année en 2014

En octobre 2014, Martin Achard, Benoit Dussault et moi-même étions les seuls médias québécois à s’être rendus à Toronto pour assister au premier événement de Global Legacy Boxing dirigé par Les Woods. Le gala, ayant lieu dans le très beau Mattamy Events Center, mettait en vedette les Walid Smichet, Didier Bence VS Sylvera Louis pour le titre canadien des lourds-légers et bien sûr, ce qui deviendra le combat de l’année sur la scène canadienne; Éric Martel-Bahoéli VS Dillon Carman pour le titre canadien CPBC. Pendant les sept rounds de cette furieuse bagarre les spectateurs présents et ceux en direct devant leur petit écran à TSN ont assistés à trois chutes de l’Ontarien et à quatre visites au plancher pour le boxeur de Québec. Comme Dillon Carman affrontera Simon Kean le 6 octobre, le duel Carman-Martel mérite d’être revu.

8. Mes débuts avec Fanatique.ca

Je me suis retrouvé à écrire sur Fanatique.ca un peu par hasard, suite à un texte que j’avais initialement publié sur Joachim Alcine sur mon blog personnel, beaucoup plus porté sur la politique et les documentaires de tout genre. Je garde de très beaux souvenirs de cet aventure d’environ deux ans en compagnie notamment d’Émile Girard et de Roby St-Gelais, qui sont tous deux aujourd’hui à l’emploi de Québecor. C’est grâce à la grande liberté qu’offrait Fanatique que j’ai pu prendre de l’expérience, faire des voyages autant à Québec qu’aux États-Unis et je me suis beaucoup amusé avec mon ami et collègue Benoit Dussault.

7. Gaudet-McGuiness à Mississauga

En octobre 2011, je prend la route en compagnie de Pascal Lapointe et David-Frédéric Prince pour nous rendre à Mississauga. Le promoteur ontarien Adam Harris présente en finale Logan McGuinness face à Benoit Gaudet pour le titre NABA des 130 livres. Un combat dominé de bout en bout par Gaudet, mais qui se termine par un KO pour McGuinness au 11e round. Ce fut le chant du cygne pour le Drummondvillois. En demi-finale, nous avons aussi droit à une furieuse bagarre entre Samuel Vargas et Ahmad Cheiko, c’était aussi l’époque des premiers combats pros de Brandon Cook et Dillon Carman. Sur la route du retour après une nuit particulièrement courte pour Pascal et David, « Lap » me propose de prendre la relève comme « accrédité » de la Zone de Boxe. Encore aujourd’hui, je le remercie pour la confiance qu’il m’accordait à l’époque. Mon aventure avec la Zone de Boxe a duré approximativement deux ans.

6. Lucian Bute en Floride

En avril 2013, je reçois une invitation de la part d’InterBox pour assister aux entraînements médiatique de Lucian Bute à West Palm Beach, qui se préparait pour son duel avec Jean Pascal prévu pour le 25 mai, mais qui sera reporté à janvier 2014. Avec un enthousiasme et une euphorie évidente, deux semaines plus tard, j’ai pris l’avion à Burlington pour un petit voyage de trois jours en milieu de semaine. En compagnie de mon bon ami Benoît Dussault, j’ai eu beaucoup de plaisir à jaser avec les « vrais » journalistes et avec l’entourage de Bute. Je me rappellerai longtemps des anecdotes sans fin de Stéphan Larouche au bar et ma longue discussion avec Lucian lors de notre promenade en ponton.

5. Visiter le Québec à travers la boxe locale

C’est bien connu la belle province est grande. En près d’une décennie, la boxe m’a permis de visiter de nombreuses villes, tel que Vaudreuil-Dorion, Chicoutimi, Sorel, Repentigny, Mont St-Hilaire, Shawinigan, Lachine, Gatineau, Drummondville, St-Jean-sur-Richelieu, Pointe-Claire, Trois-Rivières et probablement quelques autres que j’oublie. J’ignore combien de galas d’ici que j’ai couvert, mais ça doit osciller entre 150 et 200. En me plongeant dans mes souvenirs, je décerne le prix du plus agréable gala en région à la première soirée organisée par Impact Sport Production, la compagnie saguenéen mise sur pied par Michel Desgagné pour soutenir Francy Ntetu, c’était en février 2013.

4. Le Magazine La Zone de Boxe

la zone de boxeEn janvier 2012, je suis secoué par l’annonce du retrait du rédacteur en chef du magazine La Zone de Boxe, Pascal Roussel. Collaborateur au magazine depuis janvier 2010, je décide de sauter dans le train et je reprends les rênes de ce magazine trimestriel de grande qualité qui a vécu plus d’une dizaine d’années. Je lève mon chapeau à Pascal Roussel qui a piloté le magazine pendant cinq ans, tout un exploit. Pour ma part, mon aventure s’est limité à quatre numéros (no 36, 37, 38 et 39), mais j’ai adoré ça. M’occuper d’un site web, couvrir les galas et diriger un magazine, tout ça bénévolement, était tout simplement trop ambitieux. J’en profite pour remercier Marie-Claude Gratton, qui était l’infographe du magazine et qui lui a donné un look très professionnel.

3. Des collaborateurs tous azimuts

En novembre 2013, à l’approche de Pascal-Bute, Martin Achard, Benoit Dussault et moi-même lançons en grande pompe le site 12rounds.ca. Il s’agit d’un projet que nous avons peaufiné pendant plusieurs mois et surtout c’est un site qui a beaucoup évolué avec le temps. La mission initiale de 12 rounds est toujours la même aujourd’hui : aller plus loin que les nouvelles de l’actualité, offrir des analyses de qualité d’avant et d’après-combat et des portraits en profondeur des boxeurs et des gens évoluant auprès d’eux.

À travers les années, j’ai toujours pris soin de faire du recrutement pour élargir l’équipe de 12 Rounds. En près de cinq ans, c’est plus de 25 collaborateurs qui ont publiés plus d’un texte sur ce site. Parmi nos anciens collaborateurs, je souligne la contribution des Russ Anber, Renan St-Juste, François Duguay, Ghislain Maduma, Mike Bilodeau, Laurent Poulin et François Bouchard.

Aujourd’hui, l’équipe compte sur les Rénald Boisvert, Sébastien Gauthier, Martin Germain, Vincent Auclair, Simon Traversy, Martin Fournier, William Castillo, Cedric Daniel Halley, Jean-Philippe Arcand et bien sûr Richard Cloutier qui prendra la relève comme rédacteur en chef. J’en profite aussi pour mentionner que d’ici peu, vous devriez lire des textes de deux nouveaux collaborateurs de renom.

2. Portraits de boxeurs

N’ayant jamais cherché à en faire un métier, mon intérêt pour les boxeurs a toujours eu pour but de mieux les connaître et de les faire découvrir au public sous leur « vrai » jour. Faire un portrait réaliste du parcours et des réalisations des athlètes que j’ai rencontré, ce fut ce que j’ai préféré faire pendant ces neuf longues années de rédaction. La première fois que j’ai rencontré un boxeur pour faire un portrait, c’était Olivier Lontchi. Ça représente bien mon intérêt de valoriser les boxeurs ayant beaucoup moins de visibilité.

En avril dernier, j’ai publié un portrait d’Adrian Diaconu pour souligner le 10e anniversaire de sa victoire pour le titre intérimaire de la WBC. Le commentaire du Québécois d’origine roumaine, lorsqu’il a partagé mon article, m’a gratifié d’une grande joie. Au lieu de faire la liste de tous les portraits que j’ai fait, je vous recommande de consulter la section Portrait de boxeurs qui compte les miens et bien d’autres.

1. Martinez-Williams à Atlantic City

Novembre 2010, en compagnie de Jonathan Abenheim et Benoit Dussault, je prends la route pour Atlantic City pour assister au gala Martinez-Williams 2. Certains s’en rappelleront, Paul Williams avait dominé par décision majoritaire (119-110, 115-113, 114-114) l’Argentin Sergio Martinez en décembre 2009. Puis en avril suivant, Martinez domine Kelly Pavlik et devient unifié WBC et WBO des poids moyens.

En plus d’être mon premier « road trip » de boxe, ce fut aussi celui qui s’est terminé de la manière la plus éclatante. J’ai souvent affirmé à la blague « avoir attrapé la tête de Williams » qui a été assommé dès le deuxième round. Ce soir-là, mes copains et moi étions assis « ringside », juste à côté de l’équipe de ESPN Deportes. Disons, qu’à travers les années, je n’ai pas toujours été aussi bien traité au Québec !!!

La veille, en arrivant à l’hôtel, nous avions appelé le promoteur de Spartan Fight Promotion pour obtenir des accréditations pour un petit gala le soir même, qui mettait en vedette l’aspirant mondial de Philadelphie Farah Ennis. Prenant soudainement conscience des contraintes d’utiliser un nom de plume, j’ai passé la soirée à chercher une solution pour entrer aisément le lendemain au Boardwalk Hall. Heureusement, Jonathan m’a concocté une carte d’affaire et en se rendant chez Bernard Hopkins le lendemain, nous avons fait un petit arrêt dans un Bureau en gros. Bien des souvenirs impérissables !!! Merci les gars.

En boni : New York, la mecque de la boxe

Parce que j’ai trop de souvenirs et que j’ai toujours eu beaucoup de difficulté à me limiter en écrivant sur le web, je vous offre un boni, tel une chanson en rappel !!!

À travers mes neuf années, j’ai eu le privilège et le bonheur d’être accrédité pour plusieurs galas à New York. La première fois, ce fut avec Benoit Dussault pour l’ouverture du Barclays Center en octobre 2012. La carte de très haut niveau de Golden Boy Promotions proposait quatre combats de championnat du monde; soit l’excitant Quillin VS N’Dam, le controversé Malignaggi VS Cano, le pénible Alexander VS Bailey, la finale étant Garcia VS Morales et en boni c’était le retour sur le ring de l’ex-cancéreux Daniel Jacob. Une très grande soirée évidemment !!!

Deux mois plus tard, j’accrochais un autre carton d’accréditation à mon cou en pénétrant le célèbre Madison Square Garden. Une semaine plus tôt, la légende portoricaine, Hector « Macho » Camacho, décède après avoir été blessé à la tête par des coups de fusils. Ce soir-là, je m’attends à une grande performance de Miguel Cotto face à Austin Trout, le Porto ricain est alors impliqué dans un 21e combat de championnat du monde consécutif. Contrairement à mes attentes, Cotto est incapable de solutionner le style du gaucher du Nouveau Mexique qui restera champion du monde pendant moins de cinq mois.

Enfin et évidemment, j’étais présent au MSG pour le duel d’unification de David Lemieux face à Gennady Golovkin. En compagnie de mon bon ami Mike Bilodeau, j’ai eu bien du plaisir à assister à la pesée, à dîner avec le clan Maduma, à aller voir les Shaks de San Jose à Newark face aux Devils, à prendre l’ascenseur avec les filles de « Tecate » et bien sûr à assister l’ensemble de cette soirée de boxe. Ma seule déception, fut le refus du souriant Golovkin de signer mon programme souvenir. Là dessus, je vous dis un dernier bye.

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Il y a 15 ans, c’était l’époque de Lucas VS Beyer /aujourdhui-il-y-11-ans-cetait-lucas-vs-beyer/ /aujourdhui-il-y-11-ans-cetait-lucas-vs-beyer/#comments Thu, 05 Apr 2018 09:45:27 +0000 /?p=1308 Par Jean-Luc Autret et Richard Cloutier Dans le cadre de notre chronique historique Souvenons-nous, nous vous offrons un excellent texte de Richard Cloutier publié, il y a déjà longtemps, dans le magazine de La Zone de Boxe (j’en étais le rédacteur en chef à l’époque). Le duel entre Éric Lucas et Markus Beyer est certainement […]

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Par Jean-Luc Autret et Richard Cloutier

Dans le cadre de notre chronique historique Souvenons-nous, nous vous offrons un excellent texte de Richard Cloutier publié, il y a déjà longtemps, dans le magazine de La Zone de Boxe (j’en étais le rédacteur en chef à l’époque). Le duel entre Éric Lucas et Markus Beyer est certainement le combat ayant eu lieu à l’extérieur du Québec qui a le plus intéressé les amateurs d’ici. Coïncidence, tout comme aujourd’hui, nous étions en plein période électorale.

Mise en contexte

Devenu, le 10 juillet 2001, champion du monde des super-moyens du World Boxing Council (WBC) en vertu d’une victoire sur le Britannique Glenn Catley (26-4-0), Éric Lucas se présente à l’aréna de Leipzig le 5 avril 2003, après avoir effectué pas moins de trois défenses victorieuses de sa couronne.

Le 30 novembre 2001, Lucas a effectivement défait le Sud-africain Dingaan Thobela (40-8-2) par TKO au 8e engagement. Cette victoire fut suivie de deux gains acquis par décision unanime des juges. Le premier au Foxwoods Resort dans le Connecticut le 1er mars 2002 face à Vinny Pazienza (49-9-0), et le second aux dépens d’Omar Sheika (23-3-0), à Montréal, le 6 septembre 2002.

Éric Lucas a également à son actif d’autres expériences notables en combat de championnat du monde. En janvier 1996, il a fait la limite devant le Français Fabrice Tiozzo dans le cadre d’un affrontement comptant pour la couronne mondiale WBC des mi-lourds, disputé en France.

Puis, en juin 1996, Lucas a tenu tête pendant 11 rounds au pugiliste alors considéré comme étant le meilleur boxeur « livre pour livre » de la planète, Roy Jones Jr. Disputé en Floride, ce combat de championnat du monde IBF des super-moyens, télédiffusé sur HBO, a pris fin en raison d’une blessure à l’arcade sourcilière du boxeur québécois. De l’aveu même d’Éric Lucas, c’est cette défaite qui l’a mené à réellement croire qu’un avenir pouvait se dessiner pour lui dans la boxe professionnelle et, qu’un jour, il pourrait être champion du monde.

Quant à l’Allemand Markus Beyer (26-1-0), il s’agit alors de l’ancien détenteur du titre mondial WBC. Celui-ci a perdu sa ceinture aux mains de Glenn Catley, qui l’avait emporté par TKO dans la première minute du douzième round de leur combat.

Au Québec, l’affrontement Lucas-Beyer est un grand événement et les cotes d’écoute enregistrées le démontrent bien. Diffusé sur les ondes de TVA un samedi après-midi, pas moins de 1 732 000 téléspectateurs, avec une pointe de 1 907 000 entre 17h et 17h30, ont visionné le combat.

Le duel: avant, pendant et après

S’il est vrai que le mot « controverse » est invariablement associé à la décision rendue par les juges à l’issue du combat, il faut également se rappeler que la conclusion de l’enchère décrétée par le WBC a soulevé son lot de questions. De fait, Sauerland Events a remporté le droit d’organiser l’affrontement par un écart de 14 000 $ US.

Selon les informations rendues publiques à l’époque par le promoteur Yvon Michel, alors directeur général du groupe InterBox, les négociations en prévision du combat avaient d’abord amené Sauerland Events à offrir une bourse de 400 000 $, puis de 500 000 $ au clan Lucas. À défaut d’une entente, les deux groupes ont été appelés par le WBC à participer à une enchère afin de déterminer qui organiserait l’affrontement.

Toujours selon Yvon Michel, les deux groupes estimant l’offre rivale à près de 1 million $, une offre bonifiée à 1,150 million fut déposée de part et d’autre. Toutefois, à la dernière minute, Wilfried Sauerland alors président de la firme allemande, évoquant le fait que son chiffre chanceux était le 14, ajouta 14 000 $ de plus à sa mise. Ce montant correspond au bout du compte à la différence lui ayant permis de remporter l’enchère. La date du combat est alors fixée au 7 décembre 2002, à Berlin, endroit qui fut éventuellement changé pour Leipzig.

La période de préparation aurait pu suivre son cours sans histoires, mais elle ne fut pas de tout repos. Alors engagé dans un camp d’entraînement à Altona, dans l’État de New York, Éric Lucas doit revenir d’urgence à Montréal pour se soumettre à des tests médicaux. Frappé par un virus, on lui diagnostique un dérèglement de la glande thyroïde.

La période de convalescence, puis de remise en forme, oblige un report du combat. Il est finalement disputé le 5 avril 2003. Markus Beyer l’emporte par décision partagée des juges avec un pointage de 116-113, 116-113 et 114-115. Nous vous laissons juger par vous-mêmes de la justesse de ces deux premiers scores, qui ont déclenché une colère et une indignation généralisées chez les amateurs québécois :


Eric Lucas vs Markus Beyer 1/3 par sostibo


Eric Lucas vs Markus Beyer 2/3 par sostibo


Eric Lucas vs Markus Beyer 3/3 par sostibo

La controverse qui suit l’annonce de la décision amène le WBC à décréter un combat revanche entre les deux combattants. Avant de ce faire, Beyer effectue toutefois une première défense de son titre, le 16 août 2003 et l’emporte par disqualification au cinquième round face à l’Australien Danny Green. Ce n’est que par la suite qu’Éric Lucas est invité en Allemagne. La date est fixée au 22 novembre 2003.

Cette seconde rencontre n’aura toutefois jamais lieu. Markus Beyer, souffrant d’une infection aux yeux, déclare forfait. La date du 10 janvier 2004 est proposée pour la remise de l’affrontement. Toutefois, en raison d’une situation financière précaire, le groupe InterBox décline l’invitation et choisit plutôt d’engager Éric Lucas dans un duel intérimaire face à Danny Green, alors second aspirant au titre mondial.

Cet affrontement a lieu le 20 décembre 2004 au Centre Bell. Lucas perdra finalement ce duel à dix secondes de la fin de la sixième reprise. On apprendra, par la suite, qu’il souffrait d’une sévère blessure aux côtes.

Une autre occasion manquée

On s’en doute, Éric Lucas a longtemps caressé le désir de remonter dans le ring face à Markus Beyer. Cette occasion est venue bien près de se concrétiser une fois que Lucas eût pris la tête d’InterBox.

Alors que, le 21 avril 2005, InterBox présente un premier gala en Roumanie impliquant Lucian Bute, Éric Lucas profite de sa présence en Europe pour négocier avec Sauerland Events. Une entente serait même survenue afin de tenir un affrontement en septembre. Le combat doit être une défense optionnelle du titre mondial WBC alors détenu par Beyer.

Cette rencontre n’aura toutefois jamais lieu et c’est Omar Sheika qui fera face à Markus Beyer. Selon Stéphan Larouche, une entente avec Sheika existait déjà alors que la négociation avec InterBox se déroulait. C’est donc ainsi que s’évanouit la dernière chance d’assister à un combat revanche qui aurait pu permettre de tourner la page sur un épisode que plusieurs considèrent comme bien sombre de l’histoire de la boxe au Canada.

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Quatre faits moins connus sur le «massacre de la Saint-Valentin» /quatre-faits-moins-connus-sur-le-massacre-de-la-saint-valentin/ /quatre-faits-moins-connus-sur-le-massacre-de-la-saint-valentin/#respond Wed, 14 Feb 2018 13:35:33 +0000 /?p=1232 Il y a 67 ans aujourd’hui, le 14 février 1951, avait lieu l’un des combats les plus célèbres de l’histoire de la boxe: le sixième et dernier affrontement entre Sugar Ray Robinson et Jake LaMotta, au cours duquel Robinson ravit la ceinture des poids moyens à son grand rival par T.K.-O. au 13e round. La victoire de Robinson […]

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Il y a 67 ans aujourd’hui, le 14 février 1951, avait lieu l’un des combats les plus célèbres de l’histoire de la boxe: le sixième et dernier affrontement entre Sugar Ray Robinson et Jake LaMotta, au cours duquel Robinson ravit la ceinture des poids moyens à son grand rival par T.K.-O. au 13e round. La victoire de Robinson (sa cinquième contre le «Raging Bull», pour une seule défaite) fut si convaincante qu’elle est restée gravée dans les annales sous le nom de «massacre de la Saint-Valentin». Afin de célébrer (à notre façon) la fête des amoureux, nous avons choisi de rappeler certains faits moins connus à propos de ce duel, qui mit aux prises deux figures marquantes, aujourd’hui membres du temple de la renommée de la boxe.

– À cette époque de grande popularité du noble art, où beaucoup de foyers ne possédaient pas la télévision, les magasins observaient toujours une hausse significative des ventes d’appareils à l’approche d’un combat d’importance; le duel Robinson-LaMotta fit donc vendre une quantité énorme de téléviseurs, surtout qu’il était diffusé gratuitement non pas seulement aux États-Unis, mais dans plusieurs pays. On estime que 30 millions de téléspectateurs américains virent le combat, ce qui représentait alors le cinquième de la population du pays.

– Lors d’une sorte de conférence de presse tenue dans un restaurant de Chicago quelques jours avant le 14 février, Robinson demanda un verre de jus de boeuf cru à un serveur, puis l’offrit à boire à LaMotta. Lorsque ce dernier refusa d’avaler du sang, Robinson prit le verre et le but en entier.

– Des sources sérieuses rapportent que, alors qu’il était en préparation dans son vestiaire au Chicago Stadium, LaMotta demanda à son frère de lui apporter un petit verre de brandy, qu’il consomma avant de monter dans le ring.

– De retour dans son vestiaire après l’affrontement, extrêmement éprouvant pour lui, LaMotta s’écroula sur une table et on dut lui administrer de l’oxygène. Lorsque Vikki LaMotta entra dans la pièce, voyant la situation et le visage extrêmement enflé et tuméfié de son mari, elle crut qu’il était en train de mourir et fut prise de panique. Le «Raging Bull» eut besoin de plusieurs heures de repos avant de simplement pouvoir quitter le stade. Comme une force de la nature possède toutefois des pouvoirs de récupération uniques, Jake LaMotta est décédé en septembre dernier, à l’âge de 95 ans.

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Il y a 20 ans, Otis Grant devenait champion du monde /il-y-a-20-ans-otis-grant-devenait-champion-du-monde/ /il-y-a-20-ans-otis-grant-devenait-champion-du-monde/#comments Wed, 13 Dec 2017 16:19:21 +0000 /?p=14037 Par Jean-Luc Autret Si beaucoup d’amateurs se rappellent de la victoire de Matthew Hilton face à Buster Drayton en 1987, le triomphe en Angleterre d’Otis Grant a beaucoup moins marqué l’imaginaire. Il y a exactement 20 ans aujourd’hui, il devenait champion du monde WBO des poids moyens, curieusement il s’agit de la même ceinture présentement […]

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Par Jean-Luc Autret

Si beaucoup d’amateurs se rappellent de la victoire de Matthew Hilton face à Buster Drayton en 1987, le triomphe en Angleterre d’Otis Grant a beaucoup moins marqué l’imaginaire. Il y a exactement 20 ans aujourd’hui, il devenait champion du monde WBO des poids moyens, curieusement il s’agit de la même ceinture présentement détenu par un certain Billy Joe Saunders. Pour souligner cet anniversaire, nous vous offrons un portrait de la carrière de celui qui était surnommé «Magic» et qui fêtera ses cinquante ans dans 10 jours.

Gagner en territoire hostile

Sa carrière amateur a débuté à l’âge de 11 ans, seulement 18 mois après son arrivée à Montréal en provenance de sa Jamaïque natale. Avant de passer chez les pros, Otis a été champion canadien à quatre reprises et il a remporté une médaille d’argent aux Panaméricain de 1987, s’inclinant face au cubain qui était champion du monde en 86 et qui finira 2e lors des mondiaux de 89. Au final, le protégé de Russ Anber, autant chez les amateurs que chez les pros jusqu’en 1998, a affiché un reluisant dossier de cent victoires en 118 combats amateurs.

Devenu professionnel le 29 novembre 1988, c’est le promoteur Roger Martel qui lui donne sa première paie comme boxeur. Après deux combats au Québec, il prend la route du nord-est des États-Unis et il accumule les victoires à Hartford, Albany, Philadelphie ou encore Atlantic City. Après 10 duels, six ont eu lieu aux pays de l’oncle Sam. De 1990 à 1993, il progresse au Québec et dans le Canada anglais comme à Halifax, Niagara Falls, Shediac et Hamilton.

Après être devenu champion canadien des poids moyens en septembre 1991, il décroche, à Verdun le titre NABF des 160 livres un an plus tard. Grant est alors classé 12e par la WBC, son rival de San Diego, Gilbert Baptist (26-13-0) est le onzième aspirant à la WBC et il est entraîné par le vénérable Archie Moore.

Otis Grant Champion« J’ai beaucoup appris en boxant sur la route, avec les années j’ai appris à bien me concentrer sur ma boxe et à focuser sur les éléments que nous pouvions contrôler mon équipe et moi. De plus, j’ai toujours pu compter sur l’appui de nombreux amis qui se déplacaient pour venir m’encourager peu importe ou je boxais. Je ne me suis jamais senti seul dans un ring », affirme le gaucher originaire de la Jamaïque.

Le gain face à Baptist à Verdun en septembre 1992 est annonciateur de belles choses. Deux mois et demi plus tard, Otis a le plaisir de défendre son titre NABF face à Ron Collins (21-3-0) au Forum de Montréal. La domination est nette (117-111, 119-109, 117-111), le nouvel employé à la commission scolaire Lester B. Pearson ajoute une 19e victoire à sa fiche.

Alors qu’Otis progresse dans les classements mondiaux, il doit aussi se résigner à faire ses bagages presqu’à chaque fois qu’il monte dans le ring. En juin 1993, il se rend à Jonquière pour participer à un gala avec Éric Lucas en vedette. Puis en novembre 1994, il fait le Forum de Montréal toujours en sous-carte d’Éric Lucas. Le reste de sa carrière (sept combats) jusqu’à son retour en 2003 se fait entièrement sur la route.

La longue route vers le sommet

En 1993, il réalise deux autres défenses de sa ceinture NABF ce qui lui permet de grimper dans les classements de la WBC au point de se retrouver aspirant no 1. À cette époque, Otis participe régulièrement aux soirées de boxe organisé par le promoteur américain Artur Pellulo, mais les deux parties n’ont pas de contrat signé, ils s’entendent au cas par cas.

Le 15 mars 1994 à Boston, Otis Grant affronte Quincy Taylor (21-3-0) sur les ondes de USA Network. Les deux boxeurs sont respectivement no 1 et 2 à la WBC et le gagnant aura droit à un combat de championnat du monde face au détenteur du titre à l’époque : Gerald McClellan.

Le duel se passe bien pour Otis, c’est la première fois de sa carrière qu’il affronte un gaucher, tout comme lui, aussi talentueux. À la fin onzième round, il domine légèrement la carte de deux juges alors que le troisième à un verdict nul.

« À la toute fin du combat, j’ai manqué de concentration et j’ai tourné du mauvais côté. Je suis rentré dans l’un de ses coups et je me suis retrouvé au plancher. Bien que je me suis relevé avant la fin du compte, l’arbitre a jugé que trop ébranlé pour compléter les vingt secondes restants au combat », nous raconte-t-il.

Après ce revers, Otis recule au sixième rang de la WBC, mais il n’est pas découragé. Pour faciliter sa remontée dans les classements, il signe un contrat de promotion avec Artur Pellullo et Banners Promotions. C’est la première fois qu’il signe un contrat de promotion.

Après trois combats pour reprendre confiance, Otis peut regagner son titre NABF en octobre 1995. Face à Derrick James (13-1-0), il obtient une victoire par disqualification à cause d’un trop grand nombre de coups bas. Deux autres défenses de sa ceintures l’amène à être classé aspirant no 1 à la WBC ainsi qu’à la WBO. Otis est le premier boxeur au monde à réussir à se classer si haut dans ces deux organisations.

« Mon contrat de promotion prévoyait que j’obtenais une bourse de 125 000 $ US lors de mon premier combat de championnat du monde peu importe quel ceinture était enjeu. La WBC aurait préféré que je boxe pour leur titre, mais la WBO m’a offert ma chance plus rapidement », relate celui qui prend la direction de Vegas en mars 1997.

Un verdict nul à la saveur de victoire

Le 4 mars 1997, Otis Grant affronte le champion en titre de la WBO, Lonnie Bradley (25-0-0, 19 KO), lui qui en ait à sa cinquième défense. Au terme des douze rounds, les trois juges ne peuvent faire de vainqueur en remettant des cartes de 113-115, 115-113 et 114-114.

« Encore aujourd’hui, je considère avoir remporté huit des douze rounds. Lorsque l’annonceur a annoncé le combat nul, Bradley s’est mis à sauter de joie, une réaction un peu surprenante si il pensait avoir gagné le combat. Selon moi, les juges ont eu de la difficulté à nous différencier. Sur ma ceinture, il était écrit mon surnom Magic, alors que sur celle de Bradley, c’était écrit Grant », raconte-t-il avec un grand sourire.

Malgré la décision controversée, Otis croit toujours en ses chances. Il garde la forme lors d’un combat cet été-là en défendant son titre NABF. De son côté, Bradley aussi défend sa ceinture, mais il subie un décollement de la rétine et il doit abandonner sa ceinture suite à sa victoire estivale.

Un long voyage à Sheffield en Angleterre

Ryan rhodes Otis grant

Maintenant que le titre est vacant, la WBO annonce un combat de championnat entre Otis Grant et un espoir anglais, Ryan Rhodes. Le promoteur de l’Anglais parvient à s’entendre avec Arthur Pellulo pour présenter le combat à Sheffield en Angleterre. Puisque Otis est très à l’aise sur la route, le contrat se signe aisément et le duel a lieu le 13 décembre 1997, il y a précisément vingt ans.

« Pour bien me préparer pour ce combat, j’ai décidé de demander une avance à mon promoteur et de tenir mon camp d’entraînement en Angleterre. Nous sommes partis, mon entraîneur Russ Anber, mon frère Howard et mon fidèle partenaire d’entraînement John Scully pour vivre intensément ensemble pendant huit semaines. Heureusement pour nous, comme j’ai un oncle et deux tantes qui vivent à Londres, nous avons pu avoir un support familial de grande qualité qui à amélioré notre qualité de vie », relate l’ancien champion du monde.

Otis Grant Champion Russ anberLe soir du combat, Otis Grant doit faire face à la traditionnelle foule hostile anglaise. Évidemment très partisane, la foule s’assagit plus le combat avance. « Rendu au quatrième round, Russ me demande de faire en sorte que la foule reste tranquille. Plus le combat avance plus il tourne en notre faveur. Les trois juges m’ont accordés la victoire (115-113, 115-113, 115-114), c’est sans aucun doute le plus beau moment de ma carrière. L’expérience de ce camp d’entraînement jumelé à la victoire, c’est inoubliable », raconte-t-il avec des étoiles dans les yeux.

Soulignons que dans sa longue histoire de boxe, le Québec ne compte que seize champions du monde. Parmi ces champions combien d’entre eux peuvent se vanter d’avoir obtenu leur ceinture dans la cour de leur rivaux? La réponse se limite à seulement deux soit Joachim Alcine et Otis Grant.

Une défense laborieuse à Ottawa

Devenir champion du monde est l’objectif de tout boxeur, l’étape suivante est évidemment de défendre son titre devant les siens. L’Américain Art Pellulo est dans le monde la boxe depuis 1988, mais il n’a jamais organisé un gala au Canada. Son mode d’affaire est basé sur des ententes avec des casinos amérindiens qui payent les promoteurs qui eux attirent la télévision américaine. Au Québec, ça ne fonctionne pas comme ça, on doit payer pour louer un amphithéâtre pour présenter un gala.

« Mon promoteur a eu beaucoup de difficulté à s’adapter au modèle d’ici. Finalement, il a fait une entente avec le Corel Center à Kanata, le domicile des Sénateurs, puisque le lieu était récent et qu’ils souhaitaient avoir de la visibilité » , explique celui qui empoche 150 000 $ en affrontant Ernesto Raphael Sena (35-9-3), son douzième aspirant.

Le Montréalais fini le combat avec une profonde coupure au-dessus de l’œil droit. Après le combat, le champion en titre déclare : « Sena est un boxeur salaud. Il n’a pas cessé d’amorcer ses attaques avec la tête. Son style est bizarre, encore plus que je ne l’avais imaginé. J’aurais aimé le vaincre par k.o., mais des accidents semblables surviennent parfois ». Grant l’a emporté par décision technique puisque sa coupure a forcé l’arrêt du duel, les trois juges avaient des cartes de 80-71 après huit rounds. 

Une offre inespérée de la part de Roy Jones Jr

Plusieurs s’en rappellent, Éric Lucas se retrouve face à Roy Jones Jr en 1996 alors que le meilleur boxeur livre pour livre a choisi son rival dans le but de réaliser un record bien spécial : pratiquer deux sports professionnels dans la même journée, soit une partie de basketball en après-midi et un combat de boxe en soirée.

Deux ans plus tard, c’est Otis Grant qui est choisi pour affronter le grand maître du noble art. Après la défense à Kanata, Jones regarde un reportage sur Otis Grant qui raconte l’implication sociale du champion des poids moyens avec les jeunes délinquants à son école. Le champion unifié des 175 livres est touché et déclare qu’il aimerait donné une chance à un boxeur qui se dévoue aussi intensément pour les jeunes.

roy Jones Otis grantPellulo est informé de l’intérêt de Jones et les négociations s’entament rapidement. « La décision n’a pas été difficile à prendre, on m’a offert une somme de 500 000 $ pour affronter Jones alors que ça m’aurait pris quatre défenses pour faire autant d’argent et j’avais la chance de me battre avec le meilleur au monde », explique Otis Grant.

Par contre, ce défi implique qu’il doit monter de 160 à 175 livres, toute une progression de poids. « Heureusement, j’ai eu du temps pour me préparer. Au début, j’ai essayé de manger six fois par jour, mais j’étais vraiment pas à l’aise avec cette méthode. J’ai modifié ça ensuite pour trois repas par jour et trois shakes proteinés par jour. Évidemment, je n’ai pas eu de misère à faire le poids. Ce fut très agréable comme fin de camp d’entraînement », se rappelle-t-il.

Arrivé au Foxwood Resort dans le Connecticut, il fait face à une horde de journalistes qui sont convaincus que le duel va durer que quelques instants, un round ou deux au maximum. Fouetté par le manque de respect des médias, le champion des poids moyens adopte une stratégie très défensive visant à faire un maximum de rounds. Finalement, il s’incline par TKO au 10e round.

« Après le combat, j’ai été invité à servir de partenaire d’entraînement à Roy Jones. Lors des sparrings avec lui, j’ai pu échanger des coups à de nombreuses reprises et j’étais loin d’étre déclassé. Avec le recul, j’aurai dû tenter ma chance un peu plus lorsque je l’ai affronté », reconnaît-il.

Un accident qui bouleverse une vie

En juin 1999, Otis prend la route avec son bon ami Hercules Kyvelos et sa fille de 4 ans. Alors qu’ils roulent tous trois en direction des Laurentides, une voiture les frappe lors d’un face à face qui ne pardonne pas. La conductrice, qui filait en sens inverse sur l’autoroute, meurt sur le coup.

De son côté, Otis donne un coup de volant à la dernière seconde et son côté gauche prend le plus gros du choc. Les deux autres passagers s’en sortent quasi sans blessure. Par contre, le boxeur est très solidement amoché. Après sept jours dans le coma et avoir reçu les derniers sacrements, les médecins lui annoncent qu’il ne pourra plus jamais boxer. Il a alors un poumon perforé, quatre côtes fracturées et une épaule et un bras gauche brisé.

Trois années plus tard, en août 2002, son frère Howard s’occupe de plusieurs boxeurs dont Joachim Alcine qui se prépare pour un combat avec un gaucher. Howard demande à Otis si il serait prêt à lui donner un coup de main en mettant les gants avec Alcine. « Lorsque mon frère m’a demandé ça j’étais en bonne forme physique, mais pas au point de mettre les gants. Je lui ai demandé un délai de deux semaines pour améliorer mon cardio et on est passé à l’action. Quelques semaines plus tard, Yvon Michel est venu voir Alcine au gymnase, alors qu’il regardait notre séance de sparring, il se demandait qui était l’adversaire de Ti-Joa. Quand j’ai enlevé mon casque, il a été très surpris de me reconnaître. C’est ainsi qu’est né le projet de faire un retour sur le ring», se rappelle celui qui a bien passé proche de quitter ce monde ci.

Un retour avec un objectif bien précis

Nous sommes alors en novembre 2003 quand Otis Grant fait son retour face à l’ancien champion du monde Dingaan Thobela. La boxe a beaucoup évolué au Québec depuis les débuts pros d’Otis Grant quinze ans auparavant. Nous sommes à l’époque d’InterBox, première mouture. Mais un mois plus tard, Danny Green passe le KO à Éric Lucas et les livres se ferment pour un petit bout. Dix mois plus tard, Otis Grant est la vedette du tout premier gala de boxe du Groupe Yvon Michel.

Howard et Otis Grant« En revenant sur le ring, j’avais un objectif bien précis, amasser les sommes nécessaires pour pouvoir ouvrir un gymnase de boxe avec mon frère Howard. Évidemment, je n’étais pas intéressé à affronter des boxeurs de deuxième ou de troisième niveau, c’est pourquoi mon premier combat a eu lieu face à l’ancien champion du monde Dingaan Thobela. Par la suite, j’ai accumulé six autres victoires sur une période de deux ans, ce qui m’a permis de me retrouver au premier rang mondial de la WBC. Pas trop pire pour un athlète qui ne devait pas reboxer huit ans plutôt ».

Après trois combats, Otis a accumulé l’argent nécessaire pour concrétiser son rêve et ouvrir le « Grant Brothers GYM ». Il poursuit l’aventure avec le Groupe Yvon Michel jusqu’à ce qu’il frappe son Waterloo. Le 8 avril 2006, c’est le Californien Librado Andrade qui le domine lors d’un combat pour devenir aspirant obligatoire. Sans aucun regret, Otis Grant accroche ses gants.

Conciliation travail-boxe

Diplômé en récréologie par l’université Concordia en 1992, Otis Grant a toujours concilié son travail dans les écoles secondaires de la Commission scolaire Lester B. Pearson et sa passion pour la boxe. Ayant une très bonne relation avec ses supérieurs, il a pu prendre quelques semaines de congé à ses frais lorsqu’il se préparait pour des combats d’importance. 

« Après avoir obtenu mon diplôme l’un de mes anciens professeurs m’a proposé de participer à un nouveau programme pour encadrer de jeunes délinquants. Je suis fier d’avoir pu aider des milliers de jeunes à progresser et à mieux se connaître. J’ai quitté mon emploi en 2010, lorsque nous avons déménagé nos installations au Monster GYM», explique celui qui a aussi mis en place une fondation afin d’apporter assistance et réconfort aux démunis, aux enfants malades, à leurs parents et en finançant des programmes s’adressant aux jeunes.

Faible visibilité médiatique francophone

La carrière d’Otis Grant avant son accident d’auto est bien méconnue de nombreux amateurs de boxe francophone pour plusieurs raisons. Comme mentionné plus haut, sa progression s’est fait autant au États-Unis qu’au Canada anglais qu’au Québec. En fait, si on exclut son retour, Otis a fait seize combats aux États-Unis, cinq ailleurs au Canada et une douzaine au Québec. Évidemment, à l’époque des années 90 la rivalité entre francophones et anglophones est beaucoup plus présente et son origine est loin de le favoriser.

Sa couverture médiatique en français était tellement faible dans les années 1990 que voici l’article sur sa victoire en Angleterre que les lecteurs de la Presse ont pu lire le matin du 14 décembre 1997 en page 7. Heureusement, le chef de pupitre lui a accordé le privilège de faire la une du cahier sports.

Le Montréalais Otis Grant s’est emparé du titre mondial vacant des poids moyens ( WBO ) en battant aux points le jeune Anglais Rhyan Rhodes, hier à Sheffield (nord de l’Angleterre). Otis Grant, 29 ans et d’origine jamaïcaine, éducateur pour enfants à problèmes, s’est imposé à l’unanimité des trois juges (115-113, 115-113, 115-114) à l’issue des 12 reprises serrées, au cours desquelles aucun des deux boxeurs ne semblait en mesure de l’emporter avant la limite. Même si dans le dernier round, Rhodes parvenait à mettre en danger son adversaire. Grant, qui est âgé de 29 ans, a porté sa fiche en carrière à 30-1-1. Rhodes, 21 ans, encaissait sa première défaite en 17 combats. « J’ai été en mesure de terminer plusieurs rounds en force et c’est peut-être ce qui a fait la différence » a commenté Grant.

Par la suite, La Presse s’est grandement amélioré en déléguant Philippe Cantin à Ottawa, lors de sa première défense, et Robert Duguay lors de son duel avec Roy Jones Jr au Connecticut. Puis lors de son retour de 2003 à 2006, d’abord chez InterBox puis chez GYM, l’ensemble des médias ont rattrapés le profond retard des années 90.

Autre anecdote, Otis Grant a progressé chez les pros à la même époque qu’Éric Lucas, l’un de 1988 à 2006, l’autre de 1991 à 2010. Ensemble, ils totalisent des fiches de  77-9-4, 32 KO pour un total de 92 combats. Malheureusement, les deux boxeurs, qui auraient bien pu s’affronter, se sont retrouvés sur la même carte qu’à trois reprises; respectivement en 92, 93 et 94. Et bien sûr leurs adversaires communs sont inoubliables : Roy Jones Jr et Librado Andrade… qui les a envoyés à la retraite.

« Tout au long de ma carrière, il y a eu de nombreux articles sur les possibilités de combat entre moi et Éric Lucas ou encore Stéphane Ouellet, mais en aucun moment je n’ai reçu une offre pour affronter l’un ou l’autre », se rappelle Otis Grant. 

Une panoplie d’hommages 

À travers les années, Otis Grant a reçu de nombreux hommages autant pour sa carrière de boxeur que pour son implication sociale. En 2008, il devient le quatrième boxeur à être honoré  par le Panthéon des sports du Québec, et ce, alors qu’il n’a que 40 ans.

Temple de la renommée« Être intronisé au Temple de la renommée du Panthéon des sports est pour moi un très grand honneur… et l’être si jeune est un élément de fierté pour ma famille et plus particulièrement pour mes enfants », affirme-t-il à l’époque.

En mai de la même année, c’est la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles qui lui remet un certificat honorifique à titre de finaliste au Prix québécois de la citoyenneté pour son exceptionnel apport à la société québécoise, ayant mis en valeur la diversité ethnoculturelle et l’adaptation des services favorisant la promotion du rapprochement interculturel.

Pendant qu’il était hors du ring, le bachelier en récréologie diplômé de l’université Concordia a créé la Fondation Otis-Grant et ses amis, afin d’apporter assistance et réconfort aux démunis, aux enfants malades, à leurs parents et en finançant des programmes s’adressant aux jeunes.

Otis Grant a son galaPour son implication sociale, communautaire et professionnelle, il a aussi reçu le Prix Martin Luther King de l’Excellence et le Prix Jackie Robinson du professionnel de l’année en 1998, suite à son titre mondial de la WBO, après avoir disposé du Britannique Ryan Rhodes.

Afin que son parcours serve d’exemple, la Commission scolaire Lester B. Pearson, associée à l’école Lindsay Place High School où il a servi pendant plusieurs années, a créé le Prix Otis-Grant remis annuellement à un finissant humble, intègre, persévérant, s’étant distingué par ses résultats scolaires, son engagement social, communautaire et ses performances sportives.

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