Dommage pour les Pascal, Stevenson, St-Juste, etc

Par Rénald Boisvert

Tous ces boxeurs ayant fait leur apprentissage de la boxe au Québec ont en commun une triste réalité : celle de ne pas avoir suffisamment combattu alors qu’ils étaient amateurs. Quoique cela a été moins évident pour Jean Pascal, il demeure que tous ces boxeurs pourraient dénoncer le fait que la boxe amateur au Québec et au Canada a souffert et souffre toujours d’un mal qu’il serait temps de diagnostiquer.

En effet, il n’y a pas à chercher longtemps pour se rendre compte que l’expérience acquise par nos boxeurs amateurs, notamment sur la scène internationale, n’est pas à la hauteur de ce qu’elle devrait être. Somme toute, si on la compare à celle des boxeurs dont les pays participeront aux prochains Jeux Olympiques, force est d’admettre que la situation de nos boxeurs amateurs apparaît peu reluisante. C’est comme si notre boxe amateur avait été reléguée au rang de pays sous-développé.

Mais avant de poursuivre sur ce sujet, deux mises au point s’imposent. Premièrement, cet article ne vise pas la boxe féminine. Le contexte de celle-ci est trop différent de celui de la boxe masculine pour être traité de la même façon. Deuxièmement, je dois par ailleurs préciser que l’objectif de cet article n’est pas ici de mettre en cause la direction ou la gestion des divers programmes élaborés par Boxe-Canada et Boxe-Québec. Car il se peut que ces organismes n’aient pas les fonds nécessaires pour apporter leurs solutions. En ce moment, le seul objectif poursuivi par le présent article est d’exposer avec clarté et lucidité la situation de nos boxeurs amateurs.

Le développement des jeunes élites

D’entrée de jeu, il faut reconnaître que les pays dont les boxeurs cumulent une fiche individuelle de deux cents combats amateurs et plus ont un net avantage sur les autres pays. Au Québec, nos boxeurs les plus actifs ne totalisent en moyenne qu’une soixantaine de combats. Mais ce qu’il faut davantage retenir, c’est le nombre de combats de niveau international que ces boxeurs élites ont accompli à un jeune âge. Contrairement aux boxeurs canadiens et québécois, l’élite mondiale multiplie leur participation à des tournois d’envergure dès l’âge juvénile (15 ans).

La situation est donc déplorable pour ces jeunes pugilistes du Québec, par exemple, pour ceux-ci ayant été couronnés champions canadiens chez les «juniors», tels les Thomas Chabot, Hamza Khabaz, Armand Miclescu, Lexson Mathieu, Luis Santana, etc… Peu de temps après avoir atteint l’âge juvénile, déjà leur performance au niveau canadien aurait justifié qu’ils participent à divers tournois internationaux. Hélas, quel gaspillage de talents! On ne se doute pas toujours de l’importance que ces tournois peuvent avoir sur la progression de ces athlètes. Imaginez le bagage qu’ils posséderaient à leur 18 ans s’ils avaient acquis une solide expérience internationale depuis l’âge juvénile. Si c’était le cas, ces jeunes québécois pourraient, au moment de devenir seniors, partir sur un pied d’égalité avec l’élite mondiale. Et enfin, parmi eux, beaucoup moins songeraient alors à joindre prématurément les rangs professionnels.

Le cas Steven Butler

À première vue, plutôt que de passer chez les professionnels à 18 ans, il aurait été opportun que Steven Butler poursuive sa progression au niveau amateur. Bien évidemment, c’est ce que j’aurais voulu – dans le meilleur des mondes – et dans la mesure où des garanties avaient pu être fournies par Boxe-Canada à l’effet que Steven demeurerait «actif» et participerait ainsi à un grand nombre de tournois d’envergure internationale. Or, aucune garantie de ce type ne pouvait nous être donnée.

Mais ce qui est encore plus navrant, c’est de savoir que Steven Butler aurait pu à l’âge juvénile et junior représenter le Canada lors de divers tournois internationaux. N’y a-t-il pas lieu ici de s’interroger? À 17 ans, il était déjà le meilleur au Québec chez les seniors. Pourtant, c’est à un jeune âge qu’il aurait le plus tiré profit d’une participation à des compétitions internationales. En outre, cela aurait pu avoir pour conséquence de lui faire apprécier ces voyages que comportent les tournois de cette envergure. Et qui sait? Peut- être aussi le goût lui serait venu de poursuivre plus longtemps chez les amateurs.

Jean Pascal, Antonin Décarie et Ghislain Maduma 

À prime abord, on pourrait penser que Jean Pascal a eu une carrière plutôt remplie chez les amateurs. Il est vrai que si on la compare à celle des autres québécois, c’est ce qui ressort manifestement. Et je reconnais que 121 combats amateurs dont 103 victoires représentent un palmarès enviable. D’ailleurs, cette expérience amateur lui a certainement permis de gravir très rapidement les échelons chez les professionnels. Déjà, trois ans seulement après être passé chez les professionnels, Jean Pascal obtenait un combat de championnat du monde contre Carl Froch. C’est impressionnant!

Pour ma part, Jean Pascal a été le boxeur québécois le plus athlétique que j’ai vu évoluer chez les amateurs. Sa vitesse était celle d’un poids léger et son talent dénotait un potentiel hors du commun. Aussi, je crois que de telles qualités exceptionnelles auraient pu être encore davantage développées si le jeune Jean Pascal avait pu suivre la même trajectoire, dans les rangs juvénile et junior, que celle des boxeurs faisant partie de l’élite mondiale amateur.

Quoique possédant moins de panache que Jean Pascal, d’autres excellents boxeurs tels Ghislain Maduma et Antonin Décarie ont cogné à la porte d’un championnat du monde. Ici, il faut apporter le même diagnostic : leur feuille de route montre toujours la même faiblesse. Ceux-ci n’ont pas été confronté à l’élite mondiale dès l’âge juvénile/junior. Il me semble assez évident qu’une telle expérience aurait eu un impact positif sur leur carrière professionnelle.

Adonis Stevenson

Ayant fait ses débuts professionnels à 29 ans, Adonis Stevenson a mis sept longues années avant de se battre pour le titre de champion du monde. Comme la plupart des boxeurs québécois ayant été initiés à la boxe amateur tardivement, soit à l’âge adulte, il a dû rattraper le temps perdu. Aussi, cela ne tient certainement pas du hasard si plusieurs de nos boxeurs n’obtiennent un combat de championnat du monde que sur le tard. Il existe assurément une certaine corrélation entre ce délai et le fait de ne pas avoir combattu chez les amateurs à un jeune âge.

Renan  St-Juste

Certains boxeurs ont fait l’apprentissage de la boxe amateur encore plus tardivement, même après l’âge de 25 ans. Renan St-Juste fait partie de ces pugilistes. Doté d’une force de frappe exceptionnelle et d’habiletés athlétiques supérieures à la plupart des boxeurs, il a pu offrir dès ses débuts en boxe amateur des performances appréciables. Par ailleurs, la situation s’est avérée plutôt difficile pour lui lorsqu’il a dû se mesurer à des boxeurs amateurs qui avaient acquis une certaine expérience chez les juniors. Pour Renan StJuste, il lui a donc fallu se résigner à effectuer un rattrapage par rapport à l’élite de la boxe amateur.

En dépit de cela, une fois chez les professionnels, le boxeur de Repentigny est tout de même parvenu avec les années à se hisser parmi le Top 15 de sa division de poids. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que le retard qu’il a accusé n’a pu être complètement rattrapé. On peut présumer que Renan St-Juste aurait été un boxeur de premier plan s’il avait été initié plus tôt à la boxe amateur. Son cas montre à quel point il importe que nos boxeurs talentueux soient repérés à un jeune âge.

L’urgence d’un dépistage

Dans le but d’élever le niveau de nos boxeurs amateurs, non seulement ce serait nécessaire qu’une certain nombre d’entre eux puissent combattre sur la scène internationale à un jeune âge, mais également qu’une plus forte proportion de nos jeunes athlètes talentueux soient à tout le moins «dépistés» avant l’âge adulte. Il faut ici reconnaître que la force d’une discipline sportive dépend énormément de sa capacité à repérer l’élite aussitôt qu’il est possible d’en déceler le potentiel.

Dans cette optique, s’impose donc une organisation, une structure pouvant permettre le dépistage de ces jeunes athlètes. À défaut, comment pouvons-nous espérer un jour rivaliser avec les meilleurs boxeurs amateurs au monde? Pourtant, chez les professionnels, le Québec se retrouve parmi l’élite mondiale. Mais il faut dire que plusieurs de nos promoteurs recrutent à l’étranger. Dans l’état actuel de la boxe amateur au Québec, nos athlètes ont par conséquent besoin, une fois passés chez les professionnels, d’un délai plutôt long pour se développer, si on les compare aux boxeurs venus de l’étranger ayant acquis une solide expérience chez les amateurs.

Yves Jr Ulysse

C’est à 19 ans seulement que Junior Ulysse a effectué son premier combat amateur. À compter de ce moment, il n’a jamais cessé de surprendre puisque cela ne lui a pris que trois années pour devenir le meilleur boxeur amateur de sa division de poids au Canada. En effet, dès 2010, Ulysse remportait à Halifax le tournoi mettant en jeu les qualifications canadiennes. À compter de ce moment, il lui revenait de représenter le Canada sur la scène internationale.

Quoiqu’exceptionnellement doué, Junior Ulysse ne l’a pas eu facile puisqu’il lui a fallu rapidement combattre les meilleurs amateurs au monde. À peine une année après sa victoire aux qualifications canadiennes, déjà il se frottait au champion du monde pour l’année 2011, Éverton Lopez. Malgré son peu d’expérience, Ulysse ne lui a concédé que 4 points au cours d’un combat serré. Il faut dire que ce Lopez avait auparavant, soit en 2006, remporté chez les juniors le titre de champion panaméricain. À cet âge, Junior Ulysse ne connaissait encore rien à la boxe. Par conséquent, au niveau de leur expérience respective, c’est tout un monde qui séparait ces deux boxeurs au moment où ils se sont affrontés.

Conclusion

L’objectif poursuivi dans cet article était en premier lieu de montrer toute l’importance pour nos boxeurs amateurs de faire l’apprentissage de ce sport à un jeune âge. D’autre part, il me fallait aussi insister sur les avantages dont nos jeunes élites pourraient bénéficier en participant dès l’âge juvénile à des compétitions d’envergure internationale. C’est le niveau de compétitivité qui est en cause ici.

Par contre, ce ne sont pas tous les boxeurs qui gagneraient à prolonger leur apprentissage chez les amateurs. Certains athlètes auront de la peine à s’ajuster et à se développer dans ce cadre restreint que propose la boxe amateur. Par conséquent, il existe un type de boxeur qui se développera davantage sous l’égide de la boxe professionnelle lorsque bien encadré. Cela semble avoir été le cas de David Lemieux comme cela pourrait l’être également pour Steven Butler, même si je ne peux pas en être tout à fait certain. Par ailleurs, ce qui est sûr, c’est qu’en règle générale, l’apprentissage chez les amateurs s’avère significatif et déterminant dans la progression d’un boxeur. C’est d’ailleurs ce cheminement que nous privilégions par dessus tout en tant qu’entraîneurs lorsque la situation est favorable. Sur ce point, je n’ai aucun doute.

Enfin, en terminant, je tenais à m’adresser plus particulièrement aux fans de boxe dans le but de les sensibiliser au fait que tous ces boxeurs ayant débuté la boxe au Québec ne doivent pas être injustement comparés à ceux venus de l’étranger. Ils ne sont pas sur un même pied d’égalité. Les fans doivent faire preuve d’un peu plus d’indulgence à l’égard des premiers compte tenu qu’ils doivent rattraper les années où ils n’ont pu progresser au même rythme que ceux qui proviennent de ces pays dont la boxe amateur est mieux structurée. Si les fans montrent plus de patience à leur égard, alors je n’ai aucun doute que les promoteurs feront de même.

One Comment

  1. Maxime

    20 juillet 2016 at 20 h 25 min

    Tres bonne article et tres vrai en plus……..mon gars de 6 ans deja m impressionne enormement car je ne les pas pousser a aimer la boxe et cela meme si j en mange ….. Seulement 6 ans et il adore la boxe il veut souvent boxer a ses propre gant ( deja 3 paires ) et son propre punching bag mais ne s entraine pas encore dans 1 gymnase avec d autre. Se quil aime le plus malgrer ses 6 ans ses de mettre les gants contre sont pere…et oui pauvre moi car il frappe place ses coup releve sa garde et me rit au visage quand je l atteint et disons que des fois meme si j retien mes coup certain pourais ne pas encaisser …mais le pire ses que deja il m ebranle avec certain de ses coup j aimerais quil puisse avoir la chance de faire se quil aime et puisse demontrer son talent face au meilleur du monde. Car il a l etoffe d un champion et si il veu poursuivre la dedans et qui peu avoir du soutien cela serais pour le mieu mais jamais je le forcerai a l faire s il ne veu pas .Parfois j me reveille au sont de ses coups sur son sac et wow mais la plus belle phrase quil ma dit une fois au telephone ses  » Papa j t aime mais moi aussi j ai hate de m battre avec toi  » car il demeure chez sa mere et que pour lui la boxe malgrer quil est bon n est qu encore seulement qu un jeu …..mais sera a jamais mon champion du monde

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