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Frank Miville: papa, électricien, boxeur et maintenant entraîneur !!!
- Mis à jour: 26 août 2015
Par Jean-Luc Autret
Dans le monde de la boxe, comme dans bien d’autres sports, il y a beaucoup d’appelés mais bien peu d’élus. Et pour être un véritable élu, il faut être plus qu’un boxeur qui est supporté par son promoteur, il faut détenir un talent supérieur à la moyenne qui fait en sorte que l’on a un grand potentiel de développement. Imaginez les nombreux défis pour un boxeur qui décroche des victoires, mais qui doit travailler à temps plein, s’occuper de ses enfants et accepter à l’occasion des combats. C’est un peu la vie de Frank Miville (7-3-0, 3 KO) qui nous a généreusement reçu dans son lieu d’entraînement à St-Amable, sur la rive sud de Montréal.
Un quotidien bien rempli
Installé à Boucherville depuis un an, Frank a fait un retour aux sources puisque c’est ici qu’il a grandi grâce à des parents adoptifs qui l’ont accueilli à l’âge de six mois. Celui qui a fréquenté les patinoires de la ligue semi-pro pendant six ans a refusé, il y a longtemps, de tout miser sur le sport. Dès l’âge de 20 ans, il complète une formation qui lui permet aujourd’hui de vivre confortablement avec son salaire d’électricien dans la construction, et ce, depuis presque quinze ans.
Debout à 5 h du matin, il est au poste pour commencer sa journée sur le chantier à 6 h. Profitant du fait qu’il termine aussitôt que 14h, il a toujours pu consacrer de nombreuses heures à son entraînement. «Je travaille le jour et je m’entraîne le soir depuis des années. À l’époque où je jouais au hockey j’avais un rythme de vie semblable. J’ai toujours voulu offrir un bon spectacle aux gens qui viennent me voir. Que ce soit au hockey ou à la boxe, mon objectif reste le même: je veux qu’ils aient le goût de revenir parce que je leur ai offert le plus beau combat de la soirée», affirme-t-il.
Papa de deux garçons âgés de 11 et de 9 ans, il met de côté en partie son entraînement une semaine sur deux lorsqu’il en a la garde. «Ma priorité c’est vraiment eux. Lorsqu’ils sont avec moi, je remplace mes séances de sparring par des heures d’aide pour les devoirs et les leçons. Mes gars sont bien conscients que leur père est boxeur et ils savent que c’est beaucoup de sacrifices pour moi. Quand ils étaient plus jeunes, je les amenais au gym, mais depuis plusieurs années, on travaille fort pour favoriser leur réussite scolaire. J’aime la boxe, comme j’ai beaucoup aimé jouer au hockey, mais ça fait longtemps que j’ai compris que le sport ne me rendra pas millionnaire. En fait, la boxe passe troisième dans ma vie, après mes enfants et mon travail, c’est un hobby qui m’occupe quand même beaucoup», souligne-t-il.
Des défis refusés à répétition
Le poids mi-lourd a un style très bien adapté à son surnom « Le Tank ». « À mes débuts comme boxeur, j’étais vraiment tout croche. Je me suis progressivement amélioré et j’ai développé mon propre style en m’entraînant avec Éric Huard. Je suis très explosif et j’utilise bien ma force physique face à mon rival. Je suis en mesure de sauter sur mon adversaire lorsqu’il est à une distance de six à huit pieds de moi. Il est souvent surpris et si je ne l’atteins pas avec mes coups, je vais le bousculer et le déranger. Je sais que c’est risqué, mais je n’ai pas peur de prendre des coups parce que je sais que je vais en lancer plus que lui et que je vais lui faire mal», décrit-il. Cette façon unique de boxer lui a notamment permis de passer un retenssisant KO à Pascal Villeneuve.
Par contre, il s’est incliné lors de ses deux combats suivants l’été dernier. Au Stade olympique, il est disqualifié dès le premier round face à Walid Smichet suite à une chute accidentelle qui a produit une luxation de l’épaule. Puis trois mois plus tard, il est surpris par Guillaume Coudé devant ses propres partisans alors qu’il est mis KO dès le second round. Ces deux revers ont probablement favorisé l’arrivée de propositions concrètes.
Malheureusement, l’emploi du temps du boxeur et le niveau de ses dépenses par rapport à ses gains le forcent souvent à décliner des duels. «Après mon combat, il y a un an, on m’a proposé d’affronter Francy Ntetu puis à la fin du printemps j’ai dit non à Tim Cronin et à Erik Bazinyan. On m’a aussi récemment offert d’affronter pour 8000 $ US un jeune Russe, Dmitry Bimol, qui fait déjà des huit rounds après seulement trois combats. Puisque je ne m’entraîne pas à temps plein, j’ai besoin d’un temps raisonnable pour me préparer et d’une bourse qui ne me fait pas perdre de l’argent. Lorsqu’on me propose 1500 $ pour un combat, ça signifie que je vais perdre de l’argent dû aux journées de congé au travail et à mes différents frais, j’aime mieux ne pas boxer dans de telles conditions», explique celui qui est bien fier de son parcours, malgré plusieurs opportunités ratées.
De boxeur à entraîneur
Depuis un an, Frank Miville a développé un nouvel aspect imprévu à sa boxe. «Ça fait environ deux ans que je m’entraîne au gym de mon ami Marc-André Lussier à St-Amable et à force de voir un boxeur pro s’entraîner plusieurs clients m’ont demandé de les aider. Par la force des choses, je suis devenu entraîneur de boxe. Je donne autant des cours de groupe que des cours privés, j’ai même certains clients qui me demandent de me rendre chez eux pour leur donner des cours à domicile. Puisque je finis de travailler tôt, je concentre mes cours le plus possible avant 17 h. Je me suis rendu compte que ça m’aide en tant que boxeur, je vois plus facilement les erreurs que je commets. Par exemple, à force de rappeler à mes élèves de garder leur garde haute, je suis plus porté à faire de même», nous raconte celui qui n’avait pas prévu devenir entraîneur dans le développement de sa carrière.
Un dernier combat ?
Ce samedi à Mississauga, Frank Miville accompagnera son bon ami Frank Cotroni qui fera les frais de la demi-finale d’un gala au Hershey Centre qui impliquera le titre canadien de la CPBP chez les 154 livres. Pour sa part le mi-lourd rivalisera avec l’Ontarien Tim Cronin (5-1-0, 2 KO). Il s’agit d’un boxeur de 31 ans qui a connu sa seule défaite face au boxeur du Saguenay, Guillaume Coudé, il y a bientôt deux ans.
«J’ai accepté ce combat pour plusieurs raisons. Tout d’abord, j’avais un délai d’un mois et demi pour me préparer, puis comme c’est juste avant le début de l’année scolaire, je ne mets pas de côté ma préparation pour aider mes gars dans leurs travaux scolaires. En fait, c’est le timing idéal pour moi», explique celui qui a bien hâte de mettre un terme à sa séquence de deux revers.
«Je le connais un peu, j’ai parlé avec Michel Desgagné qui l’a vu de très proche, il m’a dit que ce boxeur n’aime pas être frappé et qu’il préfère être à distance. Il lance beaucoup de coups et il a un bon jab. Par contre, sa force de frappe ne serait pas particulièrement impressionnante. Je vais utiliser mon style habituel et je souhaite garder les choses simples et utiliser mes forces au maximum. Je serai accompagné par Éric Huard et Gabriel Beausoleil du Complexe Le Pheonix à Laval. Je vais souvent là-bas pour mettre les gants au lieu de me rendre jusqu’à Mascouche», affirme celui qui ne prononce pas encore le mot retraite mais qui semble y penser sérieusement. «Pour l’instant, je me concentre sur ce combat, je vais revoir mes objectifs seulement après le duel», de conclure Frank Miville.
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