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Il y a dix ans, Adrian Diaconu devenait champion du monde par intérim
- Mis à jour: 19 avril 2018
Par Jean-Luc Autret
Pour souligner le dixième anniversaire de la victoire la plus importante de la carrière du Lavallois Adrian Diaconu (27-3-0, 15 KO), il nous fait plaisir de vous offrir un portrait complet de la carrière de celui qui a été surnommé le « Shark ».
D’hyperactif à olympien
En juin 1978, Adrian est né dans la ville de Ploiești, la capitale du pétrole roumain. Très jeune, il est plutôt turbulent. Plutôt que de le mettre au Ritalin, son père espère canaliser l’énergie de son fils en l’inscrivant à l’un des deux clubs de boxe de la ville. À l’âge de neuf ans, Adrien devient membre du Prahova Ploiești. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Léonard Doroftei, mieux connu ici sous le nom de Léonard Dorin, de neuf ans son aîné.
Le parcours amateur de Diaconu est époustouflant. En plus de faire partie de l’équipe nationale roumaine pendant une dizaine d’années, il remporte une médaille lors de 14 des 15 tournois olympiques. En 1996, Adrian participe aux championnats du monde juniors qui ont alors lieu à Cuba et il y remporte la médaille de bronze. L’année suivante, il se présente aux championnats du monde en Hongrie. En combat préliminaire, il défait un certain Sergio Martinez de l’Argentine et il met, encore une fois, la main sur la médaille de bronze.
Deux ans plus tard, Adrian est de retour aux championnats du monde, cette fois-ci à Houston au Texas. Il fait face à une très forte adversité. « Ce fut mon tournoi le plus difficile. À mon premier combat, j’affronte le Cubain Ariel Hernandez, champion aux Olympiques de 92 et de 96. Après cette victoire au score de 8-4, j’ai remporté trois autres combats pour me rendre en finale. Malgré ma défaite face à l’Ouzbèque Utkirbek Haidarov pour le titre de champion du monde amateur, je garde des souvenirs incroyables de cette compétition », déclare le jeune retraité de 35 ans.
À Liverpool en mars 2000, lors d’un tournoi de qualification olympique, Adrian bat aisément Carl Froch par un score de 13-1, ensuite il déclasse Zsolt Erdei en finale pour obtenir son billet pour Sydney. Puis, en septembre, il participe aux Jeux olympiques en Australie. En quart de finale, il affronte un Cubain, Jorge Gutierrez, le futur gagnant de la compétition. Le Roumain débute le combat de façon trop agressive et se fait coucher par une droite dès le premier round.
Après cette défaite cinglante, Diaconu choisit d’orienter sa carrière vers les professionnels. Au terme de son parcours amateur, celui qui a toujours pratiqué le même style de boxe a officiellement un dossier de 218 victoires contre 27 défaites, même si, dans les faits, il a participé à plus de 300 combats. Son entraîneur sur l’équipe nationale Francisc Vastag, qui a lui-même été triple champion du monde amateur et olympien à deux reprises, a joué un rôle déterminant dans sa vie. « C’est un ami, un mentor, en fait c’est la personne la plus importante dans ma vie », résume Adrian.
À travers ces quelques défaites, il y a un boxeur qui avait vraiment son numéro. « Mon adversaire chez les amateurs qui m’a donné le plus d’ennuis est certainement le Russe Andrey Gogolev. J’ai dû l’affronter en ouverture de trois tournois et à chaque fois, il a eu l’avantage. Les tirages au sort n’étaient peut-être pas si au hasard que ça », raconte en souriant le Roumain, maintenant installé à Laval. Pour la petite histoire, Gogolev a remporté le championnat du monde de 2001, il a notamment vaincu Carl Froch en demi-finale par un pointage de 28-16.
De nouvel arrivant à boxeur professionnel
Bernard Barré, alors responsable du recrutement chez Interbox, a repéré le Roumain en 1999. « À Houston, sa victoire sur Hernandez l’a propulsé comme favori. Nous aimions beaucoup sa force physique et ses mains lourdes. Sa défaite trop rapide aux Jeux olympiques n’a rien changé à nos plans visant à l’amener au sein de notre organisation », affirme aujourd’hui l’un des associés du Groupe Yvon Michel.
Évidemment, la simple présence de Léonard Dorin, depuis 1998, au sein de l’écurie montréalaise a facilité la prise de contact mais l’implication de Dorin a été déterminante dans l’arrivée de Adrian Diaconu dans la métropole. Après une visite à Montréal, lors du combat Hilton-Thobela, afin de prendre connaissance de l’organisation, des installations, Adrian est conseillé par un avocat roumain ainsi que par Christian Ganescu pour s’assurer de signer le meilleur contrat possible pour lui. La visite se passe bien, mais rien n’est encore finalisé.
« Léonard Dorin et moi, nous nous sommes rendus à Ploiești pour signer le contrat avec Adrian. Après deux jours de négociations, nous sommes dans une impasse. Alors que tout va tomber à l’eau, Léonard demande à lui parler seul à seul une demi-heure. Il faut savoir qu’à l’époque ils étaient les deux meilleurs amis du monde. Après la discussion, nous avions un nouveau membre dans notre organisation. Léonard Dorin lui a promis de s’occuper de lui et de s’assurer que lui et Adrina, sa conjointe, soient heureux au Québec. Sans son intervention, je ne crois pas qu’Adrian aurait boxé au Québec », affirme Yvon Michel.
Tout comme Dorin, Adrian est alors entraîné par Stéphan Larouche. « Je ne le connaissais pas avant de le voir dans le gymnase. La puissance et la vitesse de ses mains étaient vraiment incroyables. Je me souviens avoir dit à Yvon qu’Adrian laisse ses empreintes dans les sacs de sable », raconte son premier entraîneur chez les professionnels.
Installé à Montréal à partir du 1er février 2001, Diaconu livre son premier combat professionnel le 2 mars 2001. Le combat est terminé avant la fin du premier round. La finale de ce gala, au Centre Molson à l’époque, met en vedette Hercules Kyvelos. Le Roumain participe à chacun des galas d’Interbox avant qu’Hans-Karl Muehlegg ne lance la serviette.
Adrian porte le surnom de « Shark » depuis son premier combat professionnel, mais bien peu connaissent comment c’est arrivé. « Avant d’affronter Mark Newton, Jacques Thériault (relationniste d’Interbox à l’époque) m’a proposé comme surnom « The Barbarian » mais je n’aimais vraiment pas ça. Comme je portais à ce moment-là un T-shirt des Jeux olympiques de Sydney arborant un requin, j’ai proposé le surnom que vous connaissez », explique le puissant cogneur.
En mars 2004, Adrian Diaconu détient une fiche de 14-0-0 incluant 8 K.O. Il acquiert progressivement son expérience en se battant en sous-carte des vedettes d’Interbox Éric Lucas et Léonard Dorin. Ainsi, il se bat à quatre reprises à Montréal en sous-carte de Lucas et même en Allemagne avant le tristement célèbre Lucas-Beyer. Il se bat en Roumanie devant les siens en sous-carte de Léonard Dorin contre Raul Balbi, puis à Pittsburgh lorsque Dorin affronte Paul Spadafora, et de nouveau à Montréal après l’annulation du gala contre Miguel Callist. Adrian fait aussi la demi-finale de Dale Brown à Mississauga, de Joachim Alcine à Granby et d’Otis Grant à son retour après cinq ans d’absence. Il a aussi le privilège de faire la finale d’un gala au Massachusetts en décembre 2002.
La disparition de son promoteur force le boxeur à évaluer différents scénarios. Il se rend en Allemagne sur l’invitation d’Hans-Peter Kappa. Le séjour se termine au bout de deux semaines et Adrian est de retour à Montréal. Faute de promoteur, le boxeur roumain ne peut pratiquer son sport préféré pendant un an. Finalement, Éric Lucas s’associe à Jean Bédard et Interbox reprend vie. Adrian remonte sur un ring montréalais le 18 mars 2005 puis un mois plus tard, en Roumanie, il écrase James Crawford dès le premier round alors que Lucas avait dû se contenter d’une décision après douze rounds avec ce même Crawford quatre semaines plus tôt.
Nouvel entraîneur, mais plus de contrat de promotion
L’année 2005 permet à Adrian de reprendre ses activités régulières. De mars 2005 à septembre 2006, il se bat à sept reprises et met la main sur de nombreux titres mineurs, soit les titres canadien, Trans America Boxing, NABA et WBC Intercontinental. Ses entraînements sont maintenant sous la supervision de Pierre Bouchard, mais la nouvelle mouture d’Interbox ne peut lui offrir de contrat de promotion avant avril 2009. Bien que les relations avec Interbox soient très bonnes, Adrian n’a pas le luxe de bénéficier de la tranquillité d’esprit que lui aurait procuré un contrat ferme.
La popularité croissante de son compatriote Lucian Bute, qu’il connaît depuis 1997 alors qu’ils étaient tous deux membres de l’équipe nationale roumaine, ne change pas grand-chose à sa situation. Auparavant, il se battait en sous-carte d’Éric Lucas et de Léonard Dorin, maintenant il est le second de Bute.
Par contre, les choses sont différentes lors du gala du 9 mai 2007. Adrian Diaconu est la vedette d’un gala au Studio Mel’s et l’événement est présenté lors du très populaire Friday Night Fights d’ESPN. Le combat de douze rounds oppose Adrian Diaconu à Rico Hoye. Les deux boxeurs s’affrontent afin de mériter le poste d’aspirant obligatoire au champion de la WBC des mi-lourds, titre que Chad Dawson a ravi trois mois plus tôt au Polonais Tomasz Adamek.
Autant pour Adrian que pour l’ensemble des intervenants chez Interbox, ce combat fut la meilleure prestation en carrière du « Shark ». Le boxeur alors âgé de 28 ans explique la qualité de sa prestation par la qualité de sa préparation. « J’étais affamé, j’ai eu un très bon camp d’entraînement, une excellente journée, un « perfect set-up » ». Le volubile Stéphan Larouche affirme de son côté qu’« Adrian avait des mauvaises intentions ce jour-là. C’était brutal, du Adrian à l’état pur, avec un désir de faire mal ».
Rico Hoye est ébranlé dès les premières secondes du combat. Bien que dépassant le Roumain par plus de six pouces, il est incapable de garder une distance convenable. Diaconu maltraite Hoye au second round, celui-ci reçoit deux comptes de huit. L’instinct du tueur de Diaconu l’amène à finir le travail à la 32e seconde au troisième round.
À deux semaines d’affronter Dawson, sa main droite se fracture
Fort de cette excellente performance, Adrian a enfin l’opportunité de se battre en championnat du monde. Contrairement à la perception populaire, Chad Dawson n’évite pas, a priori, le Roumain. L’affrontement est prévu pour le 29 septembre au Arco Arena de Sacramento et présenté sur les ondes de Showtime, soit moins de cinq mois après la victoire de Diaconu au Studio Mel’s. Fait à noter, le même jour, Jean-François Bergeron est en Allemagne pour se frotter au Russe Nicolai Valuev.
Malheureusement, à deux semaines du combat le plus important de sa carrière, Adrian Diaconu se fracture la main droite. Il doit se retirer et oublier la bourse de plus de 415 000 $ qu’il aurait reçue. C’est le 12e aspirant, le Colombien Epifanio Mendoza, qui prend sa place. Cette blessure aura des conséquences à long terme sur la carrière du Roumain : il ne retrouvera jamais sa force de frappe. Encore aujourd’hui, il a une importante bosse entre son poignet et ses jointures, beaucoup d’arthrose s’est développée avec le temps dans sa main.
Dans les mois suivants, Interbox souhaite que son protégé maintienne sa position de premier aspirant à la WBC, ce qui est effectivement le cas jusqu’en mars 2008. Le mois suivant, Glen Johnson est classé premier aspirant devant Adrian et obtient sa chance contre Chad Dawson le 12 avril. Une semaine plus tard, après la défaite de Johnson face à Dawson, Adrian remporte une décision unanime face à Chris Henry dans un combat présenté à Bucarest en Roumanie pour le titre de champion intérimaire. Dawson a 120 jours pour accepter un combat avec lui. Au terme de sa carrière, c’est ce combat qui lui aura rapporté sa plus grosse bourse à vie.
Gankor Promotion, dirigé par Christian Ganescu, remporte l’encan pour présenter l’affrontement entre Diaconu et Dawson. Ce sera en Roumanie. Cependant, l’Américain refuse de se rendre dans le pays de Nadia Comaneci et préfère affronter Antonio Tarver pour le titre de l’IBF. Si Dawson avait accepté le combat, sa bourse aurait dépassé le million de dollars alors que Diaconu aurait empoché un peu plus de 800 000 $.
Champion du monde WBC
On peut dire que la suite de la carrière du « Shark » est celle d’un boxeur diminué par les blessures. Nommé détenteur du titre de la WBC à partir du 11 juillet 2008, il doit défendre sa ceinture contre l’Italien Sylvio Branco le 15 novembre en Roumanie. Encore une fois, une blessure à la main l’empêche d’être prêt. Le combat est reporté au 10 avril, cette fois en Italie plutôt qu’en Roumanie. Des difficultés de la part du promoteur italien forcent le report du gala au 16 mai, mais encore une fois l’événement tombe à l’eau. En fait, l’affrontement entre eux ne se concrétisera jamais.
Interbox profite de l’annulation du gala en Italie pour inscrire son second champion du monde à un combat préparatoire face à David Whittom lors du gala d’unification Bradley-Holt le 4 avril. Pour le champion qui vient de signer un nouveau contrat avec Interbox, la victoire ne devait être que pure formalité, mais il est facile de constater que Diaconu n’est pas du tout le même boxeur que lors de son combat contre Rico Hoye.
Toujours incapables d’organiser une défense obligatoire face à Sylvio Branco, Interbox et Adrian choisissent d’affronter, dans une défense optionnelle, le Lavallois Jean Pascal, alors 5e aspirant. Le pari est risqué, mais devrait augmenter considérablement la marque de commerce de Diaconu. De plus, on veut profiter de la défaite de Pascal en Angleterre. La promotion de l’événement suscite beaucoup d’enthousiasme au Québec. Le volubile Pascal dira lors de la conférence de presse « Je lui ai apporté un petit cadeau de la Floride. Vous voulez savoir c’est quoi le cadeau? C’est une dent de requin que j’ai rapportée directement de la Floride. Et, vendredi soir, je vais toutes les lui enlever ». Le champion en titre lui répondra du tac au tac : « Jean, c’est du sérieux ici. C’est de la boxe professionnelle. Ce n’est pas une émission télé comme Star Académie ».
Adrian Diaconu défend donc son titre pour la première fois le 19 juin au Centre Bell devant 13 659 personnes et le combat est présenté sur les ondes de Versus, aujourd’hui NBC Sports. Pour les deux boxeurs, il s’agit de leur première présence à titre de finalistes au Centre Bell. Le duel est considéré par plusieurs observateurs comme l’un des dix meilleurs à avoir eu lieu au Canada.
Pour Pierre Bouchard, le combat s’est joué au cinquième round. « Si Adrian ne chute pas dans la première minute, c’est clair qu’on remporte le round. L’écart de trois points a fait la différence dans un combat très serré », explique-t-il. Au final, les juges remettent des cartes de 116-112, 116-111, et 115-112 en faveur de Pascal. Après le combat, le nouveau champion est tellement épuisé et déshydraté qu’il passe proche de perdre conscience. L’événement se déroule devant les yeux de plusieurs journalistes qui lui offrent leur propre bouteille d’eau.
Le second Jean Pascal VS Adrian Diaconu se transforme en cauchemar
Six mois plus tard, les deux boxeurs se revoient sur le ring. Jean Pascal a eu le temps de vaincre Sylvio Branco dans une défense obligatoire, tandis que Diaconu, lui, n’est pas remonté sur le ring. Maintenant, Adrian est classé comme le 6e aspirant au champion. Curieusement, ce nouvel affrontement intéresse seulement 8 802 spectateurs et aucun diffuseur n’en achète les droits.
Le combat est assez unique en son genre, c’est un cauchemar dans les deux camps. Pascal se retrouve avec une épaule disloquée à la fin du troisième round, il parvient à terminer l’échange et Russ Anber lui replace l’épaule. La manœuvre est répétée à deux autres reprises pendant le combat. Cinq jours après l’affrontement, il sera opéré à l’épaule droite.
De l’autre côté, Diaconu est incapable d’achever la bête blessée qu’il a devant lui, même qu’après le combat son visage est bien plus tuméfié que celui de son adversaire. Loin de se cacher la tête dans le sable, Adrian est bien conscient qu’il avait ce soir-là tout en main pour redevenir champion du monde. « J’ai eu un mauvais camp d’entraînement, mais je prends entièrement la responsabilité de cette défaite, c’est ma faute. J’étais conscient de sa blessure à l’épaule, mais c’était difficile, Jean est un boxeur rapide et très intelligent », explique-t-il.
Tout comme Pascal, Adrian est opéré après le combat. Il se fait retirer une quinzaine de fragments d’os dans le coude droit. La blessure est présente depuis longtemps et elle l’a empêché de se préparer adéquatement. Elle le fait souffrir à chaque fois qu’il porte un coup.
Sheika, Dawson et la suite…
Après dix longs mois loin du ring, Adrian effectue un retour contre Omar Sheika. Ce combat permettra à ses supporteurs de constater toute la sagesse acquise par le boxeur. Au deuxième round, Omar Sheika touche solidement le Québécois d’origine roumaine. Celui-ci pose le genou au tapis et prend le temps de bien récupérer. Le reste du combat est clairement à l’avantage de l’ancien champion de la WBC. Pour préparer son retour, Diaconu avait passé un mois en camp d’entraînement en Floride avec Lucian Bute. « Stéphan m’avait averti : Sheika est un ‘’New Jersey old school boy’’, ne le laisse pas utiliser son jab, car ensuite sa main arrière devient dangereuse », raconte-t-il en riant. Ce combat, diffusé sur ESPN3, permet à Adrian Diaconu de rester bien classé mondialement. Il est alors le 4e aspirant à la WBC, 11e à la WBO et 12e à l’IBF.
Son triomphe lui redonne confiance, mais Adrian est amoché par ses nombreuses blessures. Il n’est plus le même boxeur qu’auparavant. Frapper lui fait mal aux mains, manquer la cible avec sa droite fait souffrir son coude et, comble de malheur, il est incapable de faire mal à ses adversaires comme auparavant. Tout ça entraîne beaucoup de douleur physique, mais la douleur mentale est encore plus pénible.
Alors que son contrat avec Interbox est terminé depuis quelques semaines, Adrian se voit offrir la chance d’affronter Chad Dawson dans un combat éliminatoire pour le titre que Jean Pascal lui a ravi. Il accepte le défi de GYM, sachant que ce sera bien difficile de l’emporter. « Dawson est un boxeur qui a un bon jab, une bonne vitesse, c’est un boxeur très complet, mais il ne m’a jamais fait mal », affirme Adrian. Le gaucher du Connecticut remporte le combat par décision unanime 117-111, 118-110 et 116-112.
Après ce combat, Adrian Diaconu a maintenant un lien avec GYM sans avoir de contrat. Il contacte à de nombreuses reprises Yvon Michel pour obtenir son prochain défi. Il obtient la confirmation qu’il remontera sur le ring le 18 février 2012. Mais, ça n’arrivera pas et il n’aura jamais l’opportunité de signer un contrat pour un combat avec Nicholson Poulard. Loin du gymnase et tanné de se faire demander quand aura lieu son prochain combat, il annonce sa retraite le 1er mai 2012.
« Les dernières années, c’était un combat pour moi d’obtenir un combat. La négociation et l’attente étaient difficiles à vivre. De plus, entre chaque combat, je prenais entre dix et douze kilos, ce n’était pas facile à reperdre. Je n’ai pas de regrets aujourd’hui, mais mon corps est fatigué. J’ai eu une belle carrière », conclut le généreux boxeur.
Père de deux enfants, Nicolas et Éric, Adrian a complété en 2013 une maîtrise à l’Université de l’Ouest de Timisoara en Roumanie après avoir obtenu un baccalauréat en éducation physique à la même université.
La carrière d’Adrian Diaconu vue par :
Stéphan Larouche, entraîneur d’Adrian de 2001 à 2004 : « Malheureusement, sur la fin de sa carrière, les gens n’ont pas pu voir le vrai Adrian parce qu’il était rongé par les blessures. C’est un individu extrêmement rare, c’est une bonne personne, que les gens aiment à connaître, plus tu le connais, plus il est drôle et c’est le meilleur pêcheur au monde ».
Pierre Bouchard, entraîneur d’Adrian de 2005 à 2011 : « Il a eu une carrière amateur incroyable, les blessures ont modifié beaucoup sa carrière professionnelle. Après sa fracture à la main en septembre 2007, ça a toujours été compliqué. Je planifiais 100 rounds pour préparer un combat, c’était beau si on en complétait 60. Il avait besoin régulièrement de traitements pour les douleurs dans sa main ».
Jean Bédard, président d’Interbox : « Adrian Diaconu a été un des grands chez Interbox. Il nous a fait vivre de belles choses. C’était un boxeur spectaculaire, un guerrier qui frappait dur. Quand on le mettait sur une carte, c’était toujours excitant. Je me souviendrai toujours quand il a battu Rico Hoye, c’était mémorable, spectaculaire, extraordinaire ».
Christian Ganescu, président de Gankor Promotion : « Je suis content d’avoir pu l’aider à devenir champion du monde. Adrian n’a jamais pu atteindre le maximum de son potentiel. Bien des choses étaient hors de son contrôle ».
Yvon Michel, président de GYM : « Il peut être fier de sa carrière. Bien qu’il ait été blessé très souvent, il a longtemps été une force dans sa division. Je vais me souvenir avant tout de lui en tant qu’homme. J’ai toujours apprécié son franc-parler, sa très grande authenticité. Ces qualités vont lui permettre d’aller loin, peu importe ses projets ».
Lucian Bute, partenaire d’entraînement : « C’est une très bonne personne, je crois qu’il méritait plus que ce qu’il a pu accomplir. Il avait les capacités et le talent pour aller plus loin, mais les blessures l’ont cassé. II a eu une très belle carrière tant amateur que professionnelle. S’il avait été en santé, je suis convaincu que plusieurs de ses combats se seraient terminés autrement ».
jonathan desmarais
29 avril 2014 at 13 h 41 min
Très bon reportage J-L
Guylain Ramsay
9 juin 2014 at 11 h 35 min
Merci pour cet excellent article. Et merci a Diaconu pour cette belle carrière.
Ed
19 avril 2018 at 10 h 12 min
Great Champion! Un spectacle dans le ring de boxe!
Johnny Poutine
19 avril 2018 at 12 h 46 min
Tout un boxeur!!