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Jean-François Bergeron, dix ans plus tard
- Mis à jour: 19 octobre 2017
Par Jean-Luc Autret
Il y a un peu plus de dix ans, Jean-François Bergeron (27-2-0, 19 K.O.) vivait son « combat de championnat du monde » en affrontant le super géant Nikolay Valuev en Allemagne. Ça fait déjà bien longtemps. Nous en profitons pour vous présenter une rétrospective de la carrière amateur et professionnelle de celui qui nous a représenté aux Jeux Olympiques en 1996 et que l’on peut revoir maintenant dans le ring comme entraîneur.
Une carrière amateur fructueuse
Jean-François a toujours grandi en ayant un contact avec la boxe. Avant qu’il ne vienne au monde, son père Maurice et ses oncles Marcel et Réjean ont fait de la boxe pendant de nombreuses années. Son père a bien performé au niveau amateur et son oncle a même tenté sa chance chez les pros en 1962.
À l’âge de 13 ans, il accompagne son père au gymnase pendant environ deux mois et il aime l’expérience. Par contre, son père décide de ne pas reprendre l’entraînement à la session suivante. Pendant plusieurs années, Jean-François est intéressé par la boxe, mais aucun gymnase à proximité n’est accessible pour lui.
En 1990, son père décide de s’entraîner à Sainte-Adèle dans un gymnase dirigé par Michel Brière, Jean-François, alors âgé de 17 ans, le suivit de nouveau. Il démontre d’excellentes aptitudes et après six mois et quatre combats amateurs, le jeune boxeur de St-Jérôme choisit de venir s’entraîner à Montréal sous la supervision d’un homme nommé Yvon Michel.
Rapidement, son talent et sa détermination lui font gravir les échelons tant au niveau canadien qu’international. Jean-François remporte les championnats canadiens juniors en 1991 et il obtient le titre canadien chez les séniors à quatre reprises, en 93, 95, 96 et 97.
Au cours de ses années, il a le privilège de représenter le Canada à de nombreuses compétitions. Avec du recul, Jean-François est à même de constater à quel point la vie de champion canadien amateur est agréable. Les voyages à travers la planète, un salaire garanti et l’absence de la pression de la victoire à tout prix lui ont laissé de très beaux souvenirs.
Tout jeune, Jean-François rêve de participer aux Jeux olympiques. Un jour Yvon Michel, son entraîneur et aussi celui de l’équipe nationale en vue des prochains olympiques, lui affirme qu’il a le talent pour participer aux prochains jeux. Ces paroles déclenchent en lui de grands espoirs et Jean-François augmente grandement son intensité à l’entraînement.
Jean-François considère aujourd’hui que les qualifications olympiques pour les jeux d’Atlanta en 1996 ont été un fait d’arme important dans sa carrière amateur. Le défi était d’importance puisqu’il devait obligatoirement remporter la médaille d’or. Il relève le défi avec brio et devient un espoir de médaille pour le Canada.
À son premier combat, il affronte Attila Levin, un suédois à qui il passé le K.O.quelques mois plus tôt. Contrairement à son combat précédent, Levin se présente sur le ring avec 25-30 livres de plus. Donc, Jean-François affronte un gars solide physiquement qui est capable de le pousser au lieu d’un boxeur agile qui se déplace beaucoup.
Bergeron est sonné par une puissante droite après seulement trente secondes au premier round. Il chute au plancher une vingtaine de secondes plus tard et l’arbitre met un terme au combat après seulement 59 secondes.
Plus de vingt ans plus tard, Jean-François explique cette rapide défaite sans détour : « Plus on approchait des JO, plus je me suis mis une pression importante. Avant le début des compétitions, je considérais que sans une médaille ce serait un échec. Ce fut très dur à accepter, je me suis beaucoup remis en question et j’ai changé mon style par la suite ».
Amer de sa contre-performance, il désire prouver sa valeur aux championnats du monde de l’année suivante à Budapest en Hongrie. Avec ce nouveau but en vue, il fait un retour remarqué en remportant les championnats du Commonwealth de 1996, puis les jeux de la Francophonie de 1997 à Madagascar. Quelques mois plus tard, Bergeron s’incline en quart de finale par un verdict de 7-3 lors des championnats du monde face au futur médaillé d’or du tournoi.
Au final de sa carrière amateur, Jean-François détient une fiche de 60 victoires et de 25 défaites. Il a remporté plusieurs tournois d’importance, entre autres en Afrique du Sud, en Finlande et au Danemark. Il a aussi livré un combat contre Wladimir Klitschko.
Des débuts professionnels laborieux
Recruté par Interbox, Jean-François travaille maintenant sous la supervision de Stéphane Larouche. Yvon Michel, qui été son entraîneur pendant les huit dernières années, doit se consacrer à ses tâches de directeur général.
Son premier combat professionnel a lieu à Montréal le 3 avril 1998. Jean-François affronte un Américain de l’Ohio, Donald Harris. Il l’emporte par arrêt de l’arbitre au deuxième round. Il remonte sur le ring à deux autres reprises dans les 32 jours suivants. Chaque fois le scénario est semblable, ça se termine soit par K.O. soit par T.K.O.
Ce début de carrière est subitement interrompu par une péritonite qui le forcera au repos quelque temps. Il s’agira de sa première blessure sérieuse et elle sera suivie de plusieurs autres. Par exemple, l’année suivante, Jean-François est opéré à deux reprises pour des fragments d’os dans son coude.
Ces blessures, jumelées aux difficultés d’organiser des combats poids lourds au Québec, créent de nombreuses frustrations. Ses épreuves forgent son caractère et sa détermination. Malgré ces difficultés en début de carrière, Jean-François garde confiance et il est bien récompensé dès 2001.
L’aventure d’Heavyweight Explosion
En septembre 2001, alors qu’il détient une fiche de neuf victoires et aucune défaite, Jean-François est invité à participer à un combat dans le cadre de la série Heavyweight Explosion aux États-Unis. Cette opportunité sera un tremplin pour sa carrière. Organisée par un promoteur d’expérience, Cedric Kuschner, cette série vise à faire connaître des boxeurs poids lourds. Chaque programme est composé uniquement de boxeurs évoluant dans la catégorie reine.
Son premier combat au sud de la frontière à lieu au Caesars Palace à Las Vegas, il affronte un boxeur ayant la même fiche que lui. Selon Jean-François, Kuschner souhaite l’utiliser pour pousser la carrière de son adversaire, l’Américain Willie Palms.
Stéphane Larouche ne peut accompagner le poids lourd puisqu’il s’occupe aussi de Léonard Dorin qui se bat le même soir en Californie. C’est Pierre Bouchard qui prend la relève et qui devient ainsi son entraîneur-chef, et ce, jusqu’à son dernier combat en octobre 2008.
Dans les trois premières minutes, Jean-François est solidement ébranlé et il perd clairement le premier des six rounds de ce combat. À la surprise de plusieurs, il est en mesure de revenir fort et de remporter quatre des cinq autres rounds.
Cette expérience est importante pour Jean-François. Tout d’abord, ce gain lui permet de participer à trois autres galas de cette série dans l’année et demie suivante. Ainsi, il obtient une belle visibilité aux États-Unis et ça lui permet d’affronter des boxeurs de qualité qui coûte souvent beaucoup plus cher à faire venir au Québec.
Un peu avant son combat de mars 2003, une hernie discale dans le cou vient affecter sa carrière pour un an. À son retour à la compétition, la série Heavyweight Explosion a pris fin, Éric Lucas a perdu en décembre face à Danny Green et Interbox est en pleine déroute.
Un tournant dans sa carrière
Comme tous les autres boxeurs faisant partie d’Interbox, Jean-François se remet en question en 2004. En plus de choisir de rester avec Lucas, il réfléchit à son avenir. Alors âgé de 31 ans, Bergeron souhaite assurer son avenir à long terme. Après qu’un pompier, s’entraînant au même gymnase, lui parle de son travail, Jean-François décide de s’inscrire à l’école nationale des pompiers. Ce changement de carrière vise à lui permettre de s’assurer une belle qualité de vie à sa retraite et à lui offrir la possibilité de continuer à boxer.
Cette formation d’un an, débuté à l’automne 2004, est assez exigeante pour lui. Son horaire quotidien se partage entre son jogging matinal, ses cours de jour, d’un passage en gymnase en fin d’après-midi et une période d’étude en soirée.
Pour lui ouvrir plus de portes, il choisit de compléter un DEC après son cours à l’école des pompiers. Ainsi à terme, il pourra offrir ses services aux villes de Montréal et de Laval. Jean-François obtient un poste à temps partiel en juin 2006 à la ville de Saint-Jérôme. En février 2008, il devient pompier à temps plein à la ville de Laval, seulement huit mois après avoir complété son DEC.
À travers les années, plusieurs amateurs reprochent à Jean-François de saboter son talent. De son côté, il considère que cette réorientation professionnelle a été l’une des meilleures décisions de sa vie. « Je sais que bien des gens ne comprenaient pas ma décision à l’époque. Faut pas se faire de cachette, la vie de boxeur c’est énormément de sacrifices pour souvent quelques combats par année, des blessures graves et pas nécessairement beaucoup de revenus. Je ne voulais pas devenir à 35-40 ans un faire-valoir qui mange des tonnes de coups et qui ramasse de petites bourses ».
Pannell et Valuev, des adversaires marquants
Le 29 septembre 2007, Jean-François affronte le géant Russe Nikolay Valuev. Cet affrontement est évidemment le plus important combat livré par Bergeron. À ce moment-là, Valuev vient de subir sa première défaite en carrière face à Ruslan Chagaev et il a du même coup perdu son titre mondial de la WBA.
Dans les trois années précédentes, Stéphane Larouche à refuser plusieurs offres de Wilfried Sauerland pour un affrontement entre eux. Le promoteur allemand a dû continuellement augmenter le montant de la bourse pour le québécois après chaque refus. Ce soir-là, Jean-François, maintenant âgé de 34 ans, touche une bourse de 175 000 $, c’est plus que toutes ses autres bourses ensemble.
Ce combat de douze rounds pour Jean-François est un peu son championnat du monde. À cette époque le boxeur de St-Jérôme doit ajuster son horaire d’entraînement à celui de pompier à temps partiel. Il prend cinq semaines pour se préparer à temps plein pour cet affrontement.
Stratégiquement parlant, Jean-François et Pierre choisissent de donner des angles et de se déplacer constamment devant le mastodonte russe. Lui concédant 90 livres, Bergeron explique à quel point c’était difficile de s’approcher de Valuev :
« Lorsque j’étais proche de lui, il pouvait me serrer fort, un peu comme un adulte peut le faire avec un enfant!!! Malgré ça, j’ai été capable de l’ébranler, mais il me repoussait fortement et j’étais incapable de le retoucher après. Je suis vraiment fier de ce que j’ai accompli ».
Certains lui ont reproché sa stratégie, mais il est clair pour Jean-François que s’il avait essayé de mélanger avec une telle pièce d’homme il n’aurait probablement pas fini le combat, comme ce fut le cas pour huit des dix adversaires précédents qui ont perdu contre Valuev.
Finalement, Bergeron perd le combat par décision unanime (118-111, 118-111, 117-111), mais il savoure agréablement les huées à l’endroit de Valuev et les applaudissements en sa faveur. Pour lui, le combat a été plus serré que ne le révèlent les cartes des juges. Il en garde des souvenirs impérissables et a été particulièrement surpris par la pression d’être impliqué dans un combat d’une telle envergure.
« Suite à ce combat, j’ai encore plus de respect pour Éric Lucas qui a su vivre avec la pression d’être la vedette d’un programme à de nombreuses reprises. Ça prend une grande force mentale pour être en mesure de bien gérer cette pression ».
Un autre combat d’importance dans la carrière de Jean-François est celui du 24 mars 2006 face à l’Américain Steve Pannell. Rappelons-nous qu’un an plutôt ce boxeur domicilié à Nashville a cassé Patrice L’Heureux en deux minutes 31 secondes.
Le Granit avait remporté le titre de champion canadien à son combat précédant celui avec Pannell. Pour bien des observateurs, Bergeron acceptait un défi d’importance. Pour Jean-François, qui a vaincu Patrice L’Heureux à six reprises chez les amateurs, la victoire se devait d’être éclatante pour faire taire les gens qui considéraient que lui et le granit de Grand-Mère étaient du même niveau.
Lors des deux premiers rounds, Pannell visite le plancher après avoir reçu de puissants coups de la part du boxeur de St-Jérôme. Au troisième round, Pannell abandonne trente secondes avant la fin, il est complètement exténué et incapable de poursuivre l’affrontement. La démonstration est sans équivoque.
Les combats que l’on ne verra jamais
L‘une des grandes frustrations, tant pour les boxeurs que pour les amateurs, provient souvent des combats qui ne se réalisent pas. Jean-François s’est aujourd’hui détaché de ces combats irréalisés.
Bien sûr au niveau local, on ne peut faire abstraction des possibles combats entre Bergeron et les poids lourds du Groupe Yvon Michel, Patrice L’Heureux et David Cadieux. Jean-François ne se cache pas pour dire qu’il aurait aimé les affronter.
« Ça passé très proche que Patrice et moi nous nous affrontions en 2009. Après de longues négociations, nos promoteurs respectifs n’ont pu s’entendre. Quant à un affrontement avec David, nous avons négocié avant sa défaite face à Jose Blocus en mai 2007 et nous aurions pu nous affronter en décembre dernier lors du gala Pascal-Diaconu II. Malheureusement, tous ces combats sont tombés à l’eau ».
Au niveau canadien, Jean-François affirme qu’Yvon Michel, avant la scission entre lui et Interbox, a tenté avec acharnement de mettre sur pied un combat de championnat canadien pour Bergeron.
« J’aurais aimé affronter Trevor Berbick et Donovan Ruddock, mais tous deux n’ont pas défendu leur titre canadien acquis en 2000 et 2001. Par la suite, Yvon n’a pu trouver un adversaire pour un combat pour le titre vacant. Lorsque Patrice est devenu champion canadien, ça m’a fait quelque chose. J’aurai beaucoup aimé être le champion de mon pays ».
Au niveau international, Jean-François a passé bien proche d’affronter Joe Mesi en 2003 et en 2006. Celui-ci a notamment vaincu en 2004, l’ancien champion du monde des lourds légers, Vassily Jirov, et deux ans plus tard, il a défait Stéphane Brutus Tessier au parc Jarry. Plusieurs autres combats n’ont pu avoir lieu. Trop souvent, ils n’ont pu se finaliser à cause des demandes financières du camp adverse.
La retraite, une décision murement réfléchie
Après sa défaite face à Valuev, Jean-François n’est pas prêt à prendre sa retraite. Il croit qu’il aura d’autres opportunités internationales, mais sa belle prestation lui ouvre bien peu de portes. Avec le recul, Jean-François reconnaît qu’il aurait dû accrocher ses gants à ce moment-là. Par contre, une nouvelle opportunité se présente à lui en octobre 2008 et comme Jean-François souhaite toujours boxer, il accepte.
Lorsqu’il se prépare pour son combat face à Dominick Guinn, il n’est pas complètement concentré à son entraînement. Il travaille maintenant à temps plein comme pompier à la ville de Laval et se trouve incapable de se motiver adéquatement pour faire tous les sacrifices pour être à son maximum.
Ce soir-là, Guinn, un ancien grand espoir américain qui a remporté les gants dorés américains en 1997 et en 1999, surclasse Jean-François sur tous les plans. Il lui passe le K.O. en moins en deux rounds. Pour Bergeron, il s’agit de sa première et unique chute au plancher chez les pros.
« J’ai été ébranlé dès le premier coup de Guinn, ce gars-là frappe vraiment fort, ce n’est pas pour rien qu’il a été comparé à Mike Tyson au début de sa carrière professionnelle. Je n’étais vraiment pas prêt pour ce combat. Bien après le combat, je me suis rendu compte que je n’avais plus la motivation nécessaire pour faire tous les sacrifices nécessaires pour être le boxeur que j’étais auparavant ».
Suite à cette défaite, Jean-François veut faire des combats plus locaux, mais aucune opportunité ne se concrétise. Après des mois de réflexion, Jean-François met une croix sur sa carrière de boxeur le soir de la St-Jean-Baptiste. Il a attendu trois mois pour l’annoncer publiquement parce qu’il voulait être certain que cette décision était la bonne.
« À la fin juillet 2009, Stéphane Larouche m’informe qu’il vient de recevoir une offre pour que j’affronte en septembre Neven Pajkic, alors champion canadien. Bien que le titre soit très significatif pour moi, je n’ai pas hésité pas une seule seconde et j’ai décliné l’invitation. Ç’a été la confirmation pour moi que j’étais passé à d’autres choses et que j’avais pris la bonne décision ».
« Dans ma liste de mes plus beaux souvenirs comme boxeur, il y a bien sûr ma qualification olympique, mais il y a aussi le moment quand je suis rentré dans le stade à Atlanta lors de la cérémonie d’ouverture des JO. Côté professionnel, mon combat avec Steve Pannell est très significatif dû à la façon que j’ai obtenu la victoire et le fait qu’il avait vaincu L’Heureux dès le premier round. Il y a aussi mon premier combat à Vegas qui est spécial alors que j’étais le négligé. Évidemment, l’ampleur de mon combat avec Valuev qui inoubliable ».
De retraité à entraîneur-chef
Alors que Jean-François vit bien avec sa décision prise deux mois plus tôt, un événement imprévu survient. À la fin août, Pierre Bouchard, Benoît Gaudet et lui-même jouent une partie de golf et entre deux trous ils discutent des difficultés d’entraînement de Benoît.
Jean-François se propose pour aider à temps partiel Benoît qui se retrouve un peu orphelin puisque Stéphane Larouche consacre énormément de temps à la locomotive d’Interbox, Lucian Bute. Après quelques semaines, Pierre propose à Jean-François de prendre en charge Benoît. C’est ainsi que Bergeron devient entraîneur-chef.
Le nouvel homme de coin souhaite que Benoît revienne rapidement dans les classements mondiaux. Pour son premier combat comme entraîneur-chef, Jean-François est un excellent conseiller pour Benoît puisque son adversaire est un gaucher. Il veut maximiser les forces de son poulain, soit sa vitesse, sa mobilité et son agilité.
Serein et rempli de la sagesse d’un jeune retraité, c’est dans un tout nouveau rôle que Jean-François monte sur le ring le 15 octobre 2010. Son poulain, Benoît a obtenu un beau K.O. au sixième round face à l’Argentin Ceferino Labarda. Cette victoire a permis au Drumondvillois d’être classé à nouveau dans le top 15 de l’IBF chez les super plumes (130 livres).
Un an plus tard, les deux comparses se rendent à Mississauga pour affronter l’Ontarien Logan McGuinness. « Au printemps précédant lors d’un gala au Centre Bell, Benoit avait le même genre de discours que moi quand j’ai pris ma retraite, nous en avons discutés et il souhaitait participer à un probable dernier combat incluant un titre nord-américain. Par bonheur, quelques semaines plus tard, nous avons reçu exactement ce type d’offre-là. Nous nous sommes préparés très sérieusement pour McGuinness et le soir du combat Benoît dominait sur la carte de l’ensemble des juges après dix rounds (96-94, 97-93, 99-91). Malheureusement, il s’est fait pincer au 11e et ce fut la fin du combat. Rendu dans le vestiaire, il parlait avec sérénité de sa retraite ».
De Gaudet à Butler
En mars 2011, Lucian Bute affronte Brian Magee devant plus de 12 000 spectateurs ainsi que devant les caméras de Showtime. Jean-François est dans le coin de Benoit Gaudet, mais il est aussi l’entraîneur de Schiller Hyppolite qui fait alors ses débuts chez les professionnels.
« Depuis quelques années, je cotoyais Schiller dans le gymnase mais n’avions pas d’atome crochus. J’ai accepté de l’entraîner pour son passage chez les pros et notre aventure s’est étalé sur cinq ans. Nous avons beaucoup cheminés tous les deux à travers ces années. Schiller a une personnalité très forte et ça m’a amené à me dépasser pour améliorer mon enseignement. J’ai beaucoup apprécié le voir progresser et s’améliorer autant dans le gym que dans le ring. Je garde de très bons souvenirs de sa performance face à Darnell Boone. Après avoir été très solidement ébranlé, il a démontré beaucoup de résilience et du coeur en poursuivant le combat en obtenant la victoire par décision ».
À l’été 2016, Jean-François en surprend plus d’un en annonçant à son entourage qu’il se retire du « coaching ». À l’époque, il s’occupe de Schiller, mais aussi de David Gauthier, qui était à un combat de se qualifier pour les olympiques quelques mois plus tôt, et de Didier Bence, qui a fait un retour infructueux face à Avery Gibson quelques semaines auparavant.
« Impliqué à fond dans la boxe depuis plus de 25 ans, je n’ai pas vraiment pris de pause entre le moment que j’ai accroché les gants et que je suis devenu entraîneur. J’ai choisi de prendre une pause l’an dernier pour différentes raisons personnelles. J’avais besoin de décrocher, ça n’a pas été facile au début, mais j’ai été capable de mettre de côté ce sport que j’aime toujours. Au mois de mai dernier, j’ai accepté de reprendre du service en collaboration avec Rénald Boisvert pour la préparation de Steven Butler. Si Rénald ne m’avait pas fait une proposition parfaite, je ne serai probablement pas revenu. Même qu’au début de l’automne, je considérais encore la possibilité d’arrêter l’expérience. J’ai le plaisir d’avoir carte blanche avec Steven, Rénald et moi avons une vision semblable, mais on travaille différemment. La plupart du temps, lors des sparrings de Steven nous sommes là tout les deux. Par contre, nous l’entraînons souvent séparément. Butler a une personnalité forte en plus d’avoir des mains très puissantes. Il aime comprendre le pourquoi des choses et j’aime vulgariser la boxe en trouvant des images adaptés. Présentement, je travaille à le rendre le plus autonome possible dans le ring, peu importe les situations qu’il aura à vivre dans le futur », de conclure le généreux géant.