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Lomachenko VS Rigondeaux, vu par Rénald Boisvert

En vue du très attendu combat de samedi soir, nous avons posés 10 questions à notre collaborateur Rénald Boisvert concernant le duel Lomachenko VS Rigondeaux. Bonne lecture !!!

12 Rounds : L’année 2017 nous a offert plusieurs grands duels sur la scène internationale. En attendant Loma VS Rigo, quel a été ton combat préféré ? GGG-Canelo, Ward-Kovalev 2, Jack-DeGale, Thurman-Garcia, les 2 performances de Terence Crawford ou de Anthony Joshua ? ou autres…

Golovkin-CaneloRénald Boisvert : Le choix n’est pas facile. Il y aurait des choses à dire pour chacun de ces combats. Comme je dois choisir, j’opte pour le combat GGG-Canelo, mais tout en avouant que le combat Thurman-Garcia était plus spectaculaire. Ce sont les aspects techniques et stratégiques qui me font pencher du coté de l’affrontement GGG-Canelo. Mais quoique ces deux combats m’ont paru excellents, je m’attends à ce que l’affrontement Loma-Rigo nous donnent des performances encore plus exceptionnelles. J’aime croire que nous assisterons à un combat historique.

12 Rounds : Le duel Loma VS Rigo implique deux gauchers qui ont tous deux gagnés deux médailles d’or aux JO. On doit remonter à quand pour retrouver un combat entre deux gauchers de ce niveau ?

Rénald Boisvert : Je n’arrive pas à me rappeler qu’il y aurait eu un tel combat entre deux champions, deux gauchers du même niveau que Lomachenko et Rigondeaux. Même s’il y a eu plusieurs gauchers exceptionnels tels Pernell Whitaker, Marvin Hagler, etc.., ce sont contre des droitiers que ceux-ci ont livré leurs combats historiques. À un moindre niveau de performance, je pourrais quand même référer au combat opposant Adonis Stevenson à Chad Dawson ainsi qu’à celui entre Sergio Martinez et Paul Williams en championnat du monde. D’ailleurs, ces combats entre gauchers suggèrent une prudence redoublée de la part des protagonistes. Car un boxeur gaucher n’a pas l’habitude de combattre contre un gaucher. Il y a alors danger que par automatisme, il tourne du mauvais coté en s’approchant dangereusement de la main arrière de son opposant (Voir Stevenson-Dawson).

12 Rounds : Le cubain Rigondeaux a beaucoup de difficulté à boxer régulièrement (5 combats en 4 ans pour un total de 36 rounds) et il est maintenant âgé de 37 ans. Son âge et son inactivité auront-ils un impact important dans le combat ?

Guillermo_RigondeauxRénald Boisvert : L’âge et l’inactivité de Rigondeaux sont des facteurs qui auront certainement une incidence sur sa performance, mais pas au point de compromettre ses chances de remporter le combat. C’est qu’il existe d’autres facteurs beaucoup plus importants sur lesquels le sort du combat devrait se jouer. La question de l’âge est toute relative : certains boxeurs apparaissent déjà vieux alors qu’ils ont à peine 30 ans, pendant que d’autres boxeurs vont encore briller au delà des 35 ans. Rigondeaux ne donne vraiment pas l’impression d’avoir ralenti. Quant à l’inactivité, son effet (relativement néfaste) peut être atténué dans la mesure où Rigondeaux est demeuré actif à l’entraînement.

12 Rounds : Dans le sens inverse, le fait que le duel a été annoncé à la mi-septembre et que Rigondeaux passe des 122 à 130 livres. Est-ce qu’il sera pas trop désavantagé par une longue préparation?

Guillermo_RigondeauxRénald Boisvert : Non, au contraire, une longue préparation est nécessaire pour parvenir à un gain important de la masse musculaire. Il faut plusieurs mois pour adapter l’organisme à une nouvelle catégorie de poids. Préférablement plusieurs années. C’est à mon avis le facteur le plus inquiétant pour Rigondeaux en prévision de ce combat. Généralement, un boxeur fera un ou deux combats préparatoires dans sa nouvelle catégorie de poids avant de s’attaquer au meilleur boxeur de la division.

12 Rounds : Lomachenko est le largement le favori selon les sites de paris. Est-ce à cause de son style offensif ou du fait qu’il est un 130 livres depuis plus d’un an et demi ?

Rénald Boisvert : Oui, mais c’est aussi parce que Lomachenko est plus jeune et plus dominant dans ses combats. C’est d’ailleurs ce dernier point qui est le plus marquant. Au cours de ses derniers combats, Lomachenko a paru au sommet de son art.

12 Rounds : Considérant leurs parcours, autant amateur que professionnel, qui des deux est le mieux préparé pour ce grand choc et lequel est le mieux équipé pour ajuster sa stratégie si il est dominé ?

LomachenkoRénald Boisvert : Je ne crois pas que l’un d’eux soit mieux équipé que l’autre pour faire des ajustements au cours du combat. Sur ce point, ces deux boxeurs me paraissent équivalents. En fait, ce qui rend difficile de répondre à cette question, c’est que ce sont tous deux de fabuleux techniciens et qu’aucun des deux n’a encore affronté chez les professionnels un technicien de sa trempe. On sait que dans son combat contre Salido, Lomachenko est parvenu tardivement et non sans difficulté à faire des ajustements, ce qu’il a réussi notamment à la toute fin du combat. Mais Salido ne s’était pas comporté en technicien, mais en bagarreur. De plus, Lomachenko n’était qu’à son deuxième combat professionnel. Je crois qu’il s’est encore amélioré depuis lors. Ainsi, comme pour l’un que pour l’autre, la capacité d’adaptation et de faire des ajustements dans le combat sera majeure.

12 Rounds : « Styles makes fight »!!! Aura-t-on droit à un duel épique ?

Vasyl LomachenkoRénald Boisvert : Nous sommes en droit de s’attendre à un grand combat. L’expression « Style makes fights » peut signifier par exemple qu’un boxeur a été battu par la plupart de ses rivaux du top 10, mais être parvenu à vaincre le numéro 1. D’ailleurs, la majorité des boxeurs éprouvent de la difficulté à l’encontre d’un style de boxe en particulier. La question se pose aussi pour Lomachenko. A-t-il de la difficulté contre le type de boxeur qu’incarne Orlando Salido? Ou était-ce seulement l’inexpérience de Lomachenko pour ce genre de combat? Dans tous les cas, ce combat va sûrement donner l’idée à Rigondeaux de travailler au corps et de s’imposer physiquement. Mais en est-il capable? Ce n’est pas le style auquel Rigondeaux nous a habitué. Mais pour obtenir une chance de sortir victorieux de ce combat historique, il devra tout probablement envisager cette option.

12 Rounds : À quoi s’attendre comme combat ?

Rénald Boisvert : En principe, il faut s’attendre à un combat hautement stratégique, notamment dans les premiers rounds. Chacun voudra imposer son rythme. On sait que le rythme est très différent pour chacun d’eux. Alors que Lomachenko est extrêmement actif au point de ne pas laisser ses adversaires réfléchir, pour sa part, Rigondeaux est peu actif, mais explose de temps à autre pour surprendre l’opposant. Puis, alors que les actions de Lomachenko se font à un rythme rapide, soutenu, mais régulier, il en est tout autrement pour Rigondeaux qui utilise plutôt la ruse et la surprise pour exploser. Si l’un d’eux parvient à tirer avantage de son style par rapport à celui de l’adversaire, alors il ne restera aucun choix pour ce dernier de réagir en apportant des modifications majeures à sa façon habituelle de boxer. Ainsi, s’il advenait que Rigondeaux soit dépassé, débordé par une avalanche de combinaisons de coups et d’enchaînements que seul Lomachenko peut exécuter, alors il n’y aurait pas d’autre choix pour le cubain que de forcer le combat, d’embouteiller les déplacements de son vis à vis et l’obliger à combattre à reculons. Par contre, si c’était plutôt Lomachenko qui était en déficit, neutralisé par la défensive exceptionnelle de Rigondeaux, alors il n’y aurait aucune autre alternative pour le boxeur ukrainien que de combattre physiquement en cherchant à profiter de l’avantage que pourrait lui procurer sa capacité d’endurance, notamment au fur et à mesure des rounds.

Lomachenko VS Rigondeaux

12 Rounds : Est-ce présomptueux de prédire un combat revanche avant même le premier combat ?

Rénald Boisvert : Il est à croire que de nos jours les boxeurs ne veulent plus se lier à un contrat qui les obligeraient à un combat revanche. Ils préfèrent être complètement libres et choisir les combats plus lucratifs que d’être soumis à une clause au contrat qui les contraint à une revanche moins lucrative.

12 Rounds : Présentement, The Ring les classent 3e et 4e au monde. Le gagnant de ce duel pourrait-il être déclaré meilleur boxeur livre pour livre au monde ?

Rénald Boisvert : Pour être considéré comme étant le meilleur livre pour livre, le vainqueur de ce combat doit offrir une performance inspirée et hors de l’ordinaire. Jusqu’à maintenant, Lomachenko et Rigondeaux n’avaient pu montrer leur domination qu’à l’encontre de boxeurs qui n’avaient pas un tel prestige. Mais lorsque deux champions faisant partie du «Top 5 livre pour livre » se font face, alors le vainqueur de ce combat pourrait très bien devenir le numéro 1, mais à la condition qu’il offre une performance sublime; il ne peut pas se limiter à gagner sans plus ce combat pour mériter le titre du meilleur boxeur livre pour livre.

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