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Parlons de boxe féminine… pour une fois!
- Mis à jour: 30 novembre 2016
Par Carl Savard
En faisant des recherches, il est possible de retrouver des récits de boxe féminine datant de trois siècles, et pourtant, à travers les années, peu de femmes auront fait leur place dans le milieu majoritairement masculin de la boxe. Pour les gens de mon âge, nés dans les années soixante-dix, l’un des seuls noms ayant émergé du monde de la boxe féminine pour se retrouver aux infos sportives de grande écoute, est celui de Laila Ali. Bien que celle-ci fût une boxeuse talentueuse, nous sommes tout de même en droit de nous demander si elle aurait eu la même couverture médiatique si elle n’avait pas été la fille d’un boxeur mythique. Au début des années 2000, plusieurs fans de sports auraient pu vous dire que la fille de Mohamed Ali suivait les traces de son père, mais bien peu d’entre eux auraient pu vous dire contre qui elle montait dans le ring, moi le premier.
Ici au Québec, pendant la même période, Danielle Bouchard représentait pratiquement à elle seule la boxe féminine : enseignante au primaire le jour, boxeuse professionnelle le soir, elle s’est même battue à six reprises dans des galas au centre Bell. Bouchard passe maintenant le flambeau en tant qu’entraîneur, elle était d’ailleurs présente au derniers Jeux Olympiques dans les coins de Mandy Bujold et Ariane Fortin. Au niveau international, les femmes n’ont l’occasion de se battre dans des championnats du monde amateurs que depuis une quinzaine d’années. Au niveau olympique, la compétition chez les femmes n’a fait son entrée que lors des Jeux de Londres en 2012.
Regarder à gauche alors qu’il se passe quelque chose à droite
La couverture médiatique de la boxe féminine est tellement mince qu’à certains moments on préfère parler de ce qui ne se passe pas en boxe masculine plutôt que de focaliser sur ce qui se passe en boxe féminine. Le meilleur exemple date du printemps dernier, le 12 mars 2016 plus précisément. L’annulation du combat de David Lemieux pour ne pas avoir fait le poids pour son combat contre James De la Rosa fait couler beaucoup d’encre. On cherche à comprendre les raisons, à trouver à qui revient la faute. Est-ce un manque de sérieux de la part de Lemieux ou une erreur de Jean-François Gaudreau, qui travaille pour la première fois avec David pour une coupe de poids? Au final, pas de combat, des amateurs déçus et beaucoup de bruit, dans les journaux, à la radio et sur le Web.
Au même moment, des histoires de visa et de voyages imprévus dignes d’un film d’espionnage viennent annuler le combat de la sensation cubaine Guillermo Rigondeaux, double médaillé d’or olympique, invaincu chez les professionnels, au haut de la pyramide de la WBA, quatrième aspirant de la WBC et classé numéro un chez les poids super-coq par Fightnews. Rigondeaux doit se battre au Echo Arena de Liverpool contre Jazza Dickens. Après une fin de camp d’entraînement en Russie, où il attend supposément son visa pour entrer en Angleterre, il prend un vol pour retourner aux États-Unis à cinq jours du combat. Le combat n’aura pas lieu.
Le même week-end, le retour de l’excitant Zab Judah est annulé pour une quatrième fois en six mois alors que la personne de son équipe responsable de remplir des formulaires pour la commission athlétique du Nevada omet des informations dans les papiers officiels en prévision du combat. Judah, qui ne s’est pas battu depuis sa défaite contre Paul Malignaggi en 2013 et qui semble toujours rater son rendez-vous avec l’histoire lors des grands combats, est apprécié des amateurs de boxe pour son énergie dans le ring et en dehors du ring. Encore une fois, pas de combat et des questions laissées sans réponse. La plupart des sites Web couvrant la boxe parlent de ces trois événements, des combats annulés.
Pendant ce temps, à Edmonton, Jelena Mrdjenovich livre un combat revanche endiablé à Edith Soledad Matthysse pour reconquérir son titre de la WBC des poids plumes en plus d’ajouter à sa collection la ceinture de la WBA. La plupart des bulletins de nouvelles sportives, autant sur les chaînes généralistes que spécialisées, n’en parlent pas, et pourtant, en ce moment, le Canada ne compte que deux champions de titres majeurs en boxe : Adonis Stevenson et Jelena Mrdjenovich, huit fois championne du monde.
Une lueur à l’horizon
Il y a, sans aucun doute, moins de femmes que d’hommes attirées par l’idée de pratiquer la boxe compétitive, mais l’intérêt des femmes pour la boxe récréative est grandissant. Même dans ma pratique comme entraîneur personnel, j’utilise la boxe à chaque entraînement avec mes clientes et leur amour pour ce sport est indéniable. Cet engouement se développe, pour plusieurs d’entre elles, jusqu’à créer un intérêt à suivre les combats de boxe dans les galas ou à la télévision. Les voir représentées sur le ring serait un plus pour notre sport.
Si on peut se permettre, en tant que promoteur, d’utiliser une sous-carte pour présenter aux amateurs des combats sans envergure servant à monter des fiches à leur boxeur avant d’affronter de grands noms en championnat du monde, donnons ici comme exemple le combat de Simon Kean contre David Torres Garcia, je crois qu’il ne serait pas trop demander de présenter des combats relevés de boxe féminine en sous-carte ou même des championnats du monde de boxe féminine sur la carte principale de grands galas.
Alors que les femmes ont rapidement gravi les échelons de notoriété au niveau des arts martiaux mixtes en étant même propulsées en combats principaux de cartes majeures de la UFC entre autres grâce à Ronda Rousey, Miesha Tate et Joanna Jędrzejczyk, la boxe semble, elle, avoir un retard important à ce niveau. Même Holly Holm, qui a eu une impressionnante carrière en boxe professionnelle pendant onze ans avec une fiche de trente-trois victoires, deux défaites et trois matchs nuls, n’est entrée dans les discussions des amateurs de sports qu’en 2015 en défaisant Ronda Rousey en finale du gala UFC 193 à son dixième combat seulement chez les pros en arts martiaux mixtes.
La lumière semble toutefois poindre au bout du tunnel. Au Québec, le groupe GYM a l’air bien décidé à faire de Marie-Eve Dicaire une de ses têtes d’affiche. Avec un talent certain et une personnalité positive et pétillante, Dicaire est assurément un plus pour la promotion de la boxe au Québec. Marie-Eve remontera d’ailleurs dans le ring le dix décembre prochain au Casino de Montréal pour affronter Paty Ramirez (11-2), une boxeuse d’expérience ayant perdu en combat de championnat il y a deux ans sur un arrêt rapide de l’arbitre en place. Un beau défi pour Dicaire.
Pour rester du côté du groupe Yvon Michel, je tiens à saluer Yvon Michel lui-même pour avoir parlé durant un entretien avec Charles-André Marchand sur les ondes du 91,9 Sport de la plus récente victoire de Jelena Mrdjenovich obtenue en France il y a quelques semaines. La boxe féminine est tellement rarement sujet de discussion, même sur les stations spécialisées, que M. Marchand n’a pas réalisé sur le coup qu’Yvon Michel parlait d’une femme lorsqu’il a noté qu’elle était huit fois championne du monde.
Du côté de Eye of the Tiger Management, Ariane Fortin obtient le soutien de l’organisation malgré qu’elle soit encore sur le circuit amateur. Au niveau international, deux nouvelles retiennent plus particulièrement l’attention. La double médaillée olympique Claressa Shields a fait ses débuts chez les pros en sous-carte du combat le plus attendu de l’année entre Sergey Kovalev et Andre Ward. Puis l’Irlandaise Katie Taylor, championne olympique et cinq fois championne du monde amateur, participera à son second duel chez les professionnelles lors du gala présentant comme attraction principale le choc des poids lourds entre Anthony Joshua et Eric Molina le 10 décembre prochain.
Qui doit emboîter le pas?
Quand on s’y attarde un instant, tout ce qui manque à la boxe féminine pour acquérir encore plus d’adeptes, c’est un appui venant des promoteurs. Si le UFC est arrivé avec brio à élever des combattantes au rang de stars, il n’y a pas de raison pour que les organisations de boxe ne puissent pas y arriver elles aussi. L’appui des promoteurs apportera le rayonnement nécessaire au développement des boxeuses actuelles et incitera sans aucundoute plus d’athlètes féminines à faire le saut chez les professionnelles.
Entre un combat sans enjeu et inégal et un combat enlevant chèrement disputé, je choisirai toujours le combat rempli d’action et de passion, qu’il oppose deux hommes ou deux femmes.
Didier Boxe
1 décembre 2016 at 3 h 45 min
Vous oubliez Christy Martin!!!
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