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Adonis Stevenson et l’efficacité des méthodes d’entraînement traditionnelles en boxe

Par Martin Achard

Les journalistes invités il y a quelques semaines au camp d’entraînement d’Adonis Stevenson en Floride ont pu constater que «Superman» et son entraîneur Javan «Sugar» Hill privilégiaient les méthodes d’entraînement traditionnelles et se réclamaient de la «vieille école». Aucune séance de musculation compliquée pour le Québécois, pas de natation ou de yoga, aucun exercice de pliométrie et aucune mesure de la fréquence cardiaque. Plutôt du bon vieux jogging, des exercices de déplacements et de frappes sur des mitaines ou un sac, beaucoup de «sparring», de simples «push-ups», et des redressements assis.

«Aujourd’hui, les entraîneurs essaient d’être originaux, glamour», a expliqué Hill aux journalistes présents. «Ils se mettent au crossfit. Ils s’éloignent des fondements du sport. Moi, je ne vois pas pourquoi je changerais une recette gagnante».

Cette «recette gagnante» du passé – celle qu’ont suivie les boxeurs au cours de l’âge d’or du noble art au 20e siècle, lorsque les gymnases abondaient et que la boxe faisait l’objet d’une couverture médiatique comparable au baseball –, Hill n’est pas le seul entraîneur récent ou actuel à la privilégier. Son oncle et fondateur du «Kronk Gym», le regretté Emanuel Steward, était lui-même un ardent défenseur de l’approche classique, tout comme Floyd Mayweather Sr., qui a formé dès l’enfance celui qui est actuellement considéré comme le meilleur boxeur «livre pour livre» de la planète, son fils Floyd Mayweather Jr.

À en croire Mayweather Père: «La chose n’a rien de compliqué. On doit faire son jogging, frapper sur les sacs, sauter à la corde. Ça fonctionne! Je me suis battu pendant 16 ans à 147 livres et j’ai toujours respecté la limite de poids. La plupart du temps je m’entraînais moi-même, vous voyez ce que je veux dire? Je souffrais de la faim pendant la nuit. Aujourd’hui, les gars ont un entraîneur pour leur entraîneur, quelqu’un pour acheter leur nourriture, et quelqu’un d’autre pour faire la cuisine. Nul besoin de tout ça! Allez au gymnase, mettez-vous au travail et c’est tout. Tout le reste? Laissez tomber!».

Le père de «Money» approuverait donc certainement la simplicité qui règne dans l’organisation du camp d’entraînement de Stevenson, qui n’a même pas de préparateur physique et dont la garde rapprochée est formée d’une seule personne: Javan Hill. L’entraîneur partage un condo avec son boxeur à Delray Beach. C’est lui qui réveille «Superman» le matin, lui prépare ses repas (qui incluent régulièrement du bacon), et qui prend soin de ses mains, que la force de frappe d’Adonis met constamment en danger de blessure.

L’exemple donné par Adonis Stevenson ne clôt évidemment pas le débat sur l’apport positif possible des méthodes modernes et nouvelles à la préparation des boxeurs, car «Superman» est un athlète qui possède naturellement une puissance exceptionnelle. Des combattants moins avantagés que lui physiquement pourraient donc livrer des témoignages convaincants de bénéfices tirés de l’utilisation de techniques moins conventionnelles. Même des boxeurs possédant à la base un potentiel athlétique hors du commun se porteraient certainement aussi, si on leur demandait leur opinion, à la défense des méthodes «high tech». Rappelons notamment que nul autre que Jean Pascal utilise abondamment de telles méthodes, particulièrement de musculation.

Mais n’en déplaise à plusieurs gourous de l’entraînement, il apparaît indéniable que, pour certains, les méthodes classiques demeurent les mieux adaptées et les meilleures. Nous laisserons sur ce point le mot de la fin à l’ancien champion des poids lourds Joe Frazier, l’auteur d’un excellent livre sur la boxe et l’entraînement, Box Like the Pros, dans lequel il formule l’observation suivante, pleine de bon sens: «Il n’y a jamais eu dans l’histoire de meilleurs boxeurs que Joe Louis, Henry Armstrong et Sugar Ray Robinson. Or ces gars n’ont jamais soulevé de poids ou utilisé des méthodes autres que les méthodes d’entraînement traditionnelles».

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