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Bermane Stiverne-Deontay Wilder: Qui l’emportera?

Bermane Stiverne (24-1-1, 21 K.-O.) et Deontay Wilder (32-0-0, 32 K.-O.) s’affronteront ce soir à Las Vegas, dans un combat pour la ceinture WBC des poids lourds actuellement détenue par le Québécois d’origine haïtienne. Il y avait longtemps qu’un duel entre deux poids lourds nord-américains avait fait l’objet d’un tel engouement médiatique et suscité autant d’intérêt de la part des amateurs. Le protégé de Camille Estephan et de Don King a impressionné à sa dernière sortie en se débarrassant avant la limite de Chris Arreola sur les ondes d’ESPN. Quant à Wilder, un médaillé de bronze pour les États-Unis aux Jeux olympiques de Beijing en 2008, il s’est bâti une réputation de démolisseur lors de ses six années passées chez les professionnels, accumulant les K.-O. rapides et ne dépassant même jamais une seule fois en carrière le quatrième round.

Qui sortira vainqueur de cet affrontement, que les deux pugilistes se sont dits confiants de remporter de façon concluante et expéditive? Sept chroniqueurs qui couvrent le monde de la boxe au Québec et au Canada se sont prêtés au jeu des prédictions. Nous vous avons invité à faire de même plus tôt cette semaine lors d’un sondage.

Martin Achard, 12rounds.ca: Bermane Stiverne par K.-O.

Dans l’histoire de la boxe, il n’existe pas un seul exemple de poids lourd qui a débuté sa carrière en annihilant tout sur son passage comme l’a fait Deontay Wilder, puis qui a réussi à mettre la main sur le titre et à s’établir comme un champion crédible. Même des cogneurs aussi efficaces et redoutables que George Foreman, Mike Tyson et Lennox Lewis avaient disputé des combats de dix rounds entiers avant de s’approprier la ceinture. Qu’est-ce à dire? Qu’une longue série constituée uniquement de victoires trop faciles n’est pas une bonne façon de se préparer à affronter la crème de la division, qui comprend des combattants possédant à la fois de solides habiletés et un excellent niveau de confiance. Personne, pas même un géant de presque 6 pieds 7 pouces comme Wilder, n’échappe à cette loi.

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James Toney encaissant une droite de Samuel Peter

Bermane Stiverne, de son côté, possède une merveilleuse qualité, soit celle d’être extrêmement détendu dans le ring. Or il s’agit de l’une des meilleures caractéristiques qu’un boxeur puisse avoir face à des adversaires dotés d’une force de frappe particulière. Pensez par exemple à James Toney, un poids moyen naturel, qui détenait au plus haut point cette qualité et qui s’est avéré capable, dans des combats disputés chez les poids lourds, d’encaisser les bombes de colosses comme Hasim Rahman et Samuel Peter.

Je prédis donc que «B. Ware» mettra à profit son calme et ses habiletés de boxe – incluant bien entendu son jeu de jambes – pour traverser avec une relative facilité les six premiers rounds et mettre l’Américain dans une position où, pour la première fois de sa carrière, il ressentira de la fatigue. Il n’en faudra pas plus à mon avis pour que la confiance de Wilder s’évapore et que sa technique, qui est déjà à la base lacunaire à plusieurs égards, s’effrite complètement. Il ne restera alors à Stiverne qu’à cueillir le fruit mûr, c’est-à-dire passer le K.-O. à son adversaire vers le 8e round.

Richard Cloutier, Membre de la Boxing Writers Association of America et chroniqueur de boxe pour TC Media et différents sites: Bermane Stiverne par T.K.-O.

Bermane Stiverne et Don House

Bermane Stiverne et son entraîneur Don House

Pour la première défense de son titre mondial, Bermane Stiverne sera confronté, en Deontay Wilder, à un boxeur plus jeune, invaincu, et qui a remporté tous ses combats avant la limite. Wilder, un grand bonhomme, est assurément un cogneur dangereux et sa force de frappe sera une menace constante. Il possède de surcroît de belles aptitudes techniques et une défensive assez étanche, quoique limitée, à en juger par ce que nous avons vu jusqu’ici.

Je considère toutefois que Bermane Stiverne est un athlète plus complet, qui saura tirer parti de sa vitesse, et c’est pourquoi je prévois une victoire de sa part avant la limite. Je crois en effet que le Québécois possède les aptitudes pour encaisser les attaques de son rival, marquer des points en contre-attaque et sortir Wilder de sa zone de confort. La clé du combat reposera donc sur la capacité de Stiverne à gérer les charges de Wilder et à tirer profit des ouvertures en défensive qui les accompagnent.

Benoît Dussault, 12rounds.ca: Deontay Wilder par K.-O.

Il ne fait aucun doute que Bermane Stiverne possède un meilleur bagage d’expériences et des habiletés techniques de boxe grandement supérieures à celles de Wilder. Malheureusement pour lui, ces atouts ne seront pas suffisants pour triompher devant l’espoir américain.

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Deontay Wilder exhibant sa musculature

Les avantages de Wilder sont nombreux. D’abord, il possède des qualités physiques et athlétiques hors de l’ordinaire. Sa grande portée devrait lui permettre de tenir Stiverne à bonne distance et de placer son direct de la main arrière assez facilement et tôt dans le combat. En outre, la force de frappe du «Bronze Bomber» est indéniable avec un pourcentage de K.-O. de 100% en 32 sorties chez les professionnels. On a beau dire que ses adversaires n’étaient pas tous à la hauteur, il n’en s’agit pas moins d’un exploit et d’une statistique qu’on ne peut ignorer, d’autant plus que Stiverne a été ébranlé à son dernier combat face à Chris Arreola, alors pourtant que ce dernier est beaucoup plus un encaisseur qu’un cogneur. La longue période d’inactivité de Stiverne pourrait également jouer contre lui en début d’affrontement. Ne comptez pas sur Wilder pour lui laisser le temps de retrouver ses repères.

Pour toutes ces raisons, je pense que Wilder va passer le K.-O. à Stiverne dans les six premiers rounds.

Jean-Philippe Ouimette, alias «Boxingtown Québec» sur Facebook: Bermane Stiverne par K.-O.

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Bermane Stiverne attaquant Chris Arreola

Je choisis Bermane Stiverne pour l’emporter par K.-O. dans la seconde moitié du combat. L’actuel champion WBC est un gars très intelligent qui sait comment analyser les lacunes de ses adversaires. Contre Chris Arreola, il s’est présenté dans le ring avec un plan de match efficace et il l’a appliqué à la lettre. Son menton a déjà été testé et il possède l’avantage d’avoir déjà boxé pendant douze rounds sans jamais manquer de souffle. Ce fait pourrait être déterminant si l’affrontement se rend à la limite. Enfin, il affiche une confiance extrême et son expérience des gros combats le rend impossible à intimider. Je m’attends à ce qu’il remporte la guerre psychologique qui va avoir lieu cette semaine lors des conférences de presse et de la pesée.

Du côté de Deontay Wilder, tout est un point d’interrogation! S’il possède une technique et une force de frappe qui sont des valeurs sûres, son menton, lui, n’a jamais été mis à l’épreuve et son cardio non plus. Son inexpérience des longs duels pourrait ne pas être un facteur s’il arrive à faire mal très tôt dans le combat à Stiverne, de la même manière qu’il a réussi à ébranler rapidement ses 32 adversaires précédents, mais combien de ces derniers étaient vraiment dangereux? Le médaillé de bronze olympique est loin d’avoir déjà affronté chez les professionnels un adversaire aussi bon que Stiverne.

Je crois que Wilder va tout donner et lancer des bombes dans les deux premiers rounds du combat. Stiverne va éviter les frappes de l’Américain, ce qui va semer le doute dans son esprit. À partir de la troisième reprise, «B. Ware» va mettre de la pression puis, de round en round, il va progressivement augmenter son nombre de coups – incluant ses coups de puissance – pour finalement réaliser un K.-O qui devrait survenir entre les septième et neuvième rounds.

François Bouchard, 12rounds.ca: Bermane Stiverne par K.-O.

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Bermane Stiverne plaçant un jab à la tête de Ray Austin

Si on m’avait demandé ma prédiction il y a quelques mois, j’aurais dit Wilder sans hésiter, mais aujourd’hui, je penche pour Bermane Stiverne. La raison se situe dans la durabilité de ce dernier, telle qu’elle a été démontrée lorsqu’il a encaissé les bombes d’un puissant cogneur comme Chris Arreola à deux reprises. Certes, Wilder n’est pas le même type de cogneur que le Mexico-Américain: ce dernier fait mal sans nécessairement coucher d’un seul coup, alors que le «Bronze Bomber», lui, peut mettre K.-O. avec une seule frappe. Malgré tout, Stiverne a davantage prouvé ses capacités d’encaisseur, et son expérience de dix rounds contre le longiligne Ray Austin, un boxeur au style compliqué à résoudre, s’ajoute à son bagage de boxeur, même si je crois que Wilder est supérieur à Austin.

Stiverne est plus petit mais plus rapide que Wilder, et la mâchoire de ce dernier n’a pas été testée chez les professionnels. Nous pourrions donc avoir droit à une version poids lourd de Leonard-Hearns I, avec le même interchangement des rôles. Autrement dit, il est possible selon moi de voir un Bermane Stiverne en retard aux points mettre à profit son expérience pour stopper Wilder au 10e ou au 11e assaut.

Jean-Luc Autret, 12rounds.ca: Bermane Stiverne par K.-O.

Deontay Wilder portant sa médaille de bronze olympique

La question de base à propos de ce duel n’est pas de savoir qui cogne le plus fort, car les deux sont clairement puissants. Elle est plutôt celle-ci: qui peut le mieux parer et encaisser les coups de son adversaire pour contre-attaquer par la suite? La seconde question fondamentale est la suivante: est-ce que les Jason Gavern, Malik Scott, Nicolai Firtha, Siarhei Liakhovich, Audley Harrison, Matthew Greer, Kelvin Price et compagnie ont constitué des rivaux de qualité suffisante pour bien préparer Deontay Wilder à faire face à un adversaire qui lui donnera la réplique?

Le passé étant souvent garant de l’avenir, il me semble clair que Bermane Stiverne a beaucoup plus les outils pour solutionner le grand gaillard de six pieds sept pouces qu’est l’Américain que l’inverse. En effet, Stiverne est professionnel depuis 2005 et il possède également un long bagage amateur, ayant notamment été dirigé par Yvon Michel sur l’équipe olympique canadienne. Wilder, pour sa part, n’a frappé pour la première fois dans un sac de sable qu’en 2005.

Autre élément à considérer: Stiverne est un boxeur qui, normalement, effectue son boulot sans trop de sentiments. Mais cette fois, il va monter dans le ring avec une aversion pour son rival et un réel désir de lui faire mal, parce que Wilder l’a provoqué à des dizaines de reprises au cours des derniers mois. Si l’ancien résident de Laval n’est pas tellement volubile, il est en revanche bien équipé pour faire parler ses poings.

Bref, je crois que ce duel va nous offrir plusieurs beaux échanges et que le «Bronze Bomber» ne trouvera pas de second souffle pour maintenir le rythme après la première moitié de l’affrontement. Plus le combat va avancer, plus Stiverne va être dominant et, avant la fin du neuvième round, Don King et Camille Estephan seront dans le ring avec leurs plus beaux sourires pour féliciter leur protégé de sa victoire.

GM Ross, Canadian Boxiana: Bermane Stiverne par K.-O.

Bermane Stiverne vs Deontay Wilder

Affiche du combat Bermane Stiverne-Deontay Wilder

Je crois sincèrement que Stiverne-Wilder est l’un des duels les plus intéressants qui puisse se tenir à l’heure actuelle chez les lourds. La catégorie-reine du noble art semble ré-émerger de l’obscurité dans laquelle elle était tombée, ce qui constitue une excellente nouvelle pour l’ensemble du monde de la boxe. Avec des combats comme Stiverne-Wilder et, peut-être, Klitschko-Fury, de même qu’avec des espoirs comme le Néo-Zélandais Joseph Parker et l’Anglais Anthony Joshua, nous pourrions assister à une véritable renaissance de la boxe poids lourds. S’il continue à aligner les victoires, Bermane Stiverne pourrait jouer un rôle important dans ce nouveau chapitre de l’histoire de la division.

Je pense que le mot «athlétique» résume le mieux les boxeurs qui appartiennent à l’échelon supérieur de la catégorie. Stiverne et Wilder en sont deux parfaits exemples. L’Américain est capable de frapper comme une masse, et ce, du premier au dernier round. Il est toujours dangereux et peut stopper ses adversaires à n’importe quel moment. Il est un homme imposant physiquement, mais contrairement à beaucoup d’autres boxeurs de sa grosseur, il est en excellente condition physique. Nous ignorons cependant comment il performera si le combat s’étire, puisqu’il n’est jamais allé plus loin que le quatrième round en carrière. Je suis convaincu qu’il s’est entraîné pour se rendre à la limite, mais se rendre à la limite et se rendre à la limite lorsqu’on essuie les coups de Bermane Stiverne sont deux choses bien différentes.

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Camille Estephan (à droite), le gérant de Bermane Stiverne

Il sera intéressant de voir ce que «B. Ware» fera pour contrer les avantages de taille et de portée de Wilder. Comme Camille Estephan l’a confié à Jean-Luc Autret la semaine dernière, il est difficile de trouver des sparring partners talentueux et aussi grands que le «Bronze Bomber». Malgré tout, j’estime que les habiletés de boxe de Stiverne sont suffisamment raffinées pour lui permettre de faire face à toutes les manœuvres offensives que tentera son rival. Le Canadien s’est frotté à plus forte opposition que Wilder et il performe au meilleur de ses habiletés dans des combats impliquant un titre ou menant à une chance pour un titre. Selon moi, au stade de développement où en est rendu Wilder, le combat représentera un trop gros défi pour lui. Je prédis donc que Bermane Stiverne l’emportera par K.-O. ou T.K.-O. au septième round.

2 Comments

  1. Didier

    13 janvier 2015 at 21 h 47 min

    Jean-Luc Autret: je doute que Bermane ai été dirigé par Yvon Michel sur l’équipe olympique. Yvon a quitté la boxe amateur au milieu ou à la fin des années 90 et Bermane a été champion canadien plus tard.

    C’est plutot Sylvain Gagnon qui l’a guidé pendant son séjour sur l’équipe nationale.

    • Jean-Luc Autret

      14 janvier 2015 at 11 h 41 min

      C’est bien possible que tu aies raison. Je sais qu’ils se sont connus chez les amateurs mais je n’ai pas trouvé les dates et le rôle exact d’Yvon Michel à cette époque.

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