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Butler-Herrera : Affaire classée

Par Jean-Philippe Arcand

Steven Butler et Jaime Herrera avaient des comptes à régler samedi soir. Leur premier affrontement, en 2015, s’était soldé par un verdict nul majoritaire. Un nul amer pour Butler, qui avait survécu de peine et de misère à l’affrontement après s’être fracturé la main au deuxième round.

Le cogneur québécois s’est donc amené dans le ring du Casino de Montréal avec la ferme intention d’effacer – en partie, du moins – cette tache à son dossier. Et il a accompli sa mission de belle façon en l’emportant par arrêt de l’arbitre à 2 :00 du 10e et dernier round.

En plus de savourer sa revanche aux dépens de l’Américain Herrera (15-6-1, 8 K.-O.), Butler (23-1-1, 20 K.-O.) met la main sur le titre IBO International des super mi-moyens, jusqu’alors vacant.

Malgré la victoire, l’entraîneur de Butler, Rénald Boisvert, a admis qu’il n’était pas entièrement satisfait de la performance de son protégé de 22 ans. Bien que celui-ci ait démontré de belles choses dans ce combat, notamment un bien meilleur jab qu’auparavant et une plus grande patience pour dénicher les failles dans la défense adverse, il lui est arrivé de laisser ressortir son côté arrogant et casse-cou aux dépens de la stratégie établie au préalable.

« Il y a encore beaucoup de choses qu’on va devoir améliorer, a signalé Boisvert. […] Quand il suivait le plan de match […], il se donnait un combat facile et se donnait des ouvertures pour les coups puissants. Mais lorsqu’il laisse un peu la fatigue [prendre le dessus] ou qu’il manque de concentration, il ne lance plus son jab et se laisse un peu emporter ».

« Ce que je veux voir, c’est : lorsque tu te fais pincer, qu’est-ce que tu fais après ? Tu te ressaisis. On repart la machine. Il ne faut pas embarquer dans le jeu de l’adversaire. […] On s’était entendus sur un plan de match. Steven doit le suivre ».

-Rénald Boisvert

Le boxeur, pour sa part, n’a pas rencontré les médias après le combat. Il faut dire qu’il a subi une blessure à l’épaule et qu’il a dû recevoir des points de suture pour soigner une coupure. Rien de sérieux dans les deux cas, a cependant assuré Boisvert.

Herrera va au plancherLe combat est passé près d’atteindre la limite, mais il aurait très bien pu se terminer beaucoup plus tôt. Au deuxième engagement, Butler a envoyé Herrera au plancher à deux reprises, dont l’une à la suite d’un violent crochet au visage qu’Herrera n’a jamais vu venir. Puis une autre fois au septième assaut, encore là grâce à un crochet aussi sournois que destructeur.

À chacune de ces occasions, personne n’aurait été étonné de voir l’arbitre Yvon Goulet ou le coin d’Herrera décréter la fin de l’affrontement. C’est plutôt l’inverse qui fut surprenant. Contre toute attente, Herrera, le visage boursouflé et ensanglanté, a tenu le fort tant bien que mal, parvenant même à atteindre Butler à quelques reprises.

Mais au dixième round, c’en était tout simplement devenu trop pour lui, incapable de se défendre des furieuses attaques de Butler.

La bonne nouvelle, c’est que Butler a disputé son combat le plus long en carrière. L’expérience acquise au cours de ces dix rounds de boxe représente ni plus ni moins qu’une « bénédiction du ciel » aux yeux de Rénald Boisvert.

« Si ça s’était fini au deuxième round, ç’aurait été trop beau. […] Les huit autres rounds nous ont montré que Steven a encore des choses à travailler : sa discipline, et s’en tenir au plan et à la stratégie ».

-Rénald Boisvert

Maintenant que le dossier Herrera est réglé, Butler sera-t-il tenté d’effacer la «vraie» tache à sa fiche ? Celle laissée par Brandon Cook, qui lui a infligé son unique défaite en carrière ? Chose certaine, son promoteur Camille Estephan est ouvert à l’idée.

«Brandon Cook en septembre, j’aimerais bien ça, a-t-il indiqué. Il est prêt pour nous. Brandon Cook nous a battus. Bravo, on est contents pour lui. Mais sur dix combats, il nous battrait une fois ». 

Avant cet autre combat revanche, Butler remontera dans le ring le 23 juin au Casino, a fait savoir Estephan. Pour l’instant, on ignore évidemment qui sera son adversaire, mais ce qui certain, c’est que le rival en question sera «meilleur que Cook», jure le promoteur.

La table est donc mise pour un Butler-Cook II. Si le tout se concrétise, on verra si le résultat sera aussi heureux que celui de samedi soir pour le Montréalais.

Clayton expéditif, mais déçu

En demi-finale, Custio Clayton (14-0, 10 K.-O.) s’est assuré d’écourter au maximum le séjour du Hongrois Gabor Kovacs (28-10-1, 7 K.-O.) à Montréal en lui réglant son cas après seulement 26 petites secondes de boxe.

ClaytonVictoire

Le Néo-Écossais a à peine eu le temps de lancer une poignée de coups sur le pauvre Kovacs que, déjà, ce dernier se retrouvait étendu de tout son long sous les câbles, presque complètement sorti du ring. Il n’en fallait pas plus pour convaincre l’arbitre Steve St-Germain que l’affrontement avait déjà assez duré.

Heureux du résultat, Clayton ? Pas vraiment, non. En voilà un qui avait le visage long au moment de rencontrer les médias. Une victoire demeure une victoire, bien sûr. Mais il aurait nettement préféré prendre la mesure d’un rival de meilleur calibre.

« Dans un sens, c’est difficile [de se satisfaire d’un tel résultat]. On souhaite au moins disputer un round complet. Mais nous étions conscients de ce qui nous attendait »

-Custio Clayton

Clayton, rappelons-le, éprouve toutes les difficultés du monde à se trouver un adversaire digne de ce nom. Ceux-ci semblent le fuir comme la peste, estimant que le risque lié au fait de l’affronter n’en vaut pas la chandelle. Qui plus est, Clayton a dû renoncer aux séances de sparringpendant cinq semaines en raison d’une infection à un œil. Il n’a pu reprendre le collier qu’au début du mois de mars.

« Depuis le mois de novembre dernier, on essaie de trouver quelqu’un du top-10. Ils ont tous refusé. L’IBF et la WBO sont en train de leur dire : si vous ne prenez pas Custio, on vous exclut. On a besoin d’aide. Ce n’est pas parce qu’on donne de mauvaises bourses, c’est que les gens ont peur de Custio », explique le gérant de Clayton, Douggy Bernèche.

L’objectif, ajoute-t-il, est que Clayton remonte dans le ring d’ici la fin du mois de juin pour y affronter un membre du top-10 mondial. « On veut devenir aspirant obligatoire d’ici la fin de 2018 », précise Bernèche.

Braidwood et Kean: c’est réglé

De son côté, Adam Braidwood (12-1, 11 K.-O.) en a fait voir de toutes les couleurs au Mexicain Jesus Manuel Paez (9-5, 7 K.-O.) en lui passant aisément le knock-out à 2 :15 du premier round.

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En fait, c’est surtout l’escarmouche entre Braidwood et Simon Kean suivant la victoire du premier qu’on retiendra de cet affrontement. Les deux hommes, qui se livrent une guerre de mots depuis des mois, croiseront finalement le fer dans l’arène le 16 juin. L’événement se tiendra dans la région de Montréal, à Québec ou à Shawinigan, a mentionné Camille Estephan.

« Tu en veux ? (You want some ?)», a lancé Braidwood à Kean, assis aux abords du ring, une fois sa victoire annoncée. Le Trifluvien, tout sourire, est monté à sa rencontre avant de lui lancer quelques pointes de son cru. Braidwood, lui, continuait de le narguer comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Les deux belligérants se sont ensuite rapprochés pour s’échanger d’autres politesses, avant d’être séparés. Le tout, sous les acclamations de la foule.

« C’est un dur, je le respecte, a affirmé le pugiliste de Vancouver au sujet de Kean. Il est le numéro un [au Canada]. Il est le meilleur au pays et je veux me battre contre les meilleurs au monde. Je ne vois aucune peur [chez lui]. Je peux vous garantir qu’il s’entraînera fort. Je veux seulement qu’il prenne le combat au sérieux, car c’est ce que je vais faire ».

« J’espère qu’ils auront un tout petit ring comme [celui du Casino] et que ce ne sera pas un grand, afin que [Kean] puisse sauter sur son vélo et commencer à se sauver. Je veux me battre contre lui. Je ne veux pas lui faire de câlins », a ajouté le volubile Braidwood.

Les autres résultats

Si vous avez cligné des yeux, vous avez peut-être raté le combat entre Batyr Jukembayev (12-0, 10 K.-O.) et le Mexicain Noe Nunez (18-6-1, 13 K.-O.). C’est que le Kazakh n’a mis que 36 secondes pour envoyer son rival au tapis à deux reprises, incitant l’officiel Martin Forest à stopper l’affrontement. Et dire que ce ne fut même pas le combat le plus court de la soirée…

Erik BazinyanÀ son premier combat au sein de l’écurie d’Eye of the Tiger Management, Erik Bazinyan (18-0, 12 K.-O.) a aisément triomphé du Hongrois Ferenc Albert (26-13, 14 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :35 du troisième round. Bazinyan a envoyé son rival au tapis à pas moins de cinq reprises, dont trois lors du troisième engagement. Il a ainsi eu droit aux chaleureuses félicitations d’Estephan et de son nouvel entraîneur, Stéphan Larouche.

Artur Ziatdinov (4-0, 4 K.-O.) n’a fait qu’une bouchée de l’Albertain Markhaile Wedderburn (2-2, 2 K.-O.) pour signer une victoire par arrêt de l’arbitre à 3 :00 du premier round. Ziatdinov a envoyé son adversaire de Calgary au tapis à deux reprises au cours de ce bref duel. Bien que Wedderburn ait réussi à se relever après la seconde, l’arbitre Yvon Goulet a préféré mettre un terme aux hostilités.

Marc Seyer et Raphael CourchesneRaphaël Courchesne (2-0, 1 K.-O.) en est un autre qui a connu une courte soirée de travail en l’emportant face au Mexicain Luis Acuna Rojas (2-3). Au terme d’un violent premier engagement, Rojas est retourné dans son coin avec le nez fracturé, saignant abondamment. N’étant plus en mesure de se battre, son équipe a déclaré forfait.

En lever de rideau, Ablaikhan Khussainov (8-0, 5 K.-O.) et le Mexicain Gilberto Meza (8-4-1, 5 K.-O.) se sont livrés un furieux combat qui s’est soldé à l’avantage du Kazakh par décision unanime (76-75, 77-74, 77-74). Khussainov a visité le tapis en fin de septième round après avoir été surpris par un dur uppercut au foie, mais rien pour effacer l’ensemble de sa performance, alors qu’il a abusé à cœur joie de la défense poreuse de son adversaire.

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