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Dicaire, sans problème

Marie-Eve Dicaire Stéphane Harnois et Samuel Décarie

Par Jean-Philippe ARCAND –

Mine de rien, il y a sept mois à peine, Marie-Ève Dicaire devenait championne du monde. Quatre mois plus tard, elle défendait sa ceinture avec succès face à son aspirante numéro un. Et voilà que vendredi soir, au Casino de Montréal, elle avait rendez-vous avec sa deuxième aspirante. Plutôt exigeant comme emploi du temps, n’est-ce pas?

Mais de toute évidence, même un agenda aussi relevé ne suffit pas pour ralentir les ardeurs de la boxeuse de Saint-Eustache. En livrant une performance presque sans failles contre la Suédoise Maria Lindberg (17-5-2, 9 K.-O.), Dicaire (16-0) s’est encore une fois assurée de conserver son titre IBF des super-mi-moyens en remportant une victoire par décision unanime (98-92, 99-91, 99-91). Ringside avait Dicaire gagnante à 97-93.

«Ça s’est passé exactement comme prévu, a réagi la gagnante au sortir du ring. Ce n’était pas plus facile qu’on pensait. J’ai dû travailler fort du début à la fin. Même si [Lindberg] ne gagnait pas un round, elle était là pour se battre et elle m’a fait travailler.»

Dicaire dominait largement l’affrontement lorsque Lindberg s’est décidée à ouvrir un tant soit peu la machine vers la mi-parcours. Fonçant constamment en direction de sa rivale, la Scandinave a maintes fois démontré qu’elle n’était pas venue à Montréal en touriste.

Mais Dicaire, avec sa maîtrise technique, a fait le nécessaire pour repousser sans aucune difficulté les assauts de Lindberg, et ainsi en profiter pour décocher quelques bonnes attaques à son tour.

«Contre [Chris] Namus et [Mikaela] Lauren, je ne pense pas que j’étais aussi en contrôle que [vendredi] soir, a décrit Dicaire. Même si elle fonçait, je savais que j’avais un plan de match, une stratégie.»

«[Marie-Ève] se devait de rester vigilante en tout temps, parce qu’on savait exactement que [Lindberg] était quelqu’un qui lançait [ses coups] à tout moment, a pour sa part souligné l’entraîneur de Dicaire, Stéphane Harnois. Elle n’a pas pu lancer ses rafales de coups parce que Marie-Ève était toujours en mouvement.»

Maintenant qu’elle a réglé le cas de ses deux premières aspirantes, qu’est-ce que l’avenir peut bien réserver à Dicaire? À (très) court terme, des vacances. Mais à un peu plus long terme, un duel d’unification est évoqué. On peut notamment penser à la Polonaise Ewa Piatkowska, tenante du titre WBC. L’objectif ultime demeure toutefois un retour chez les 147 lb pour affronter la quadruple championne Cecilia Braekhus.

«Si on me dit que c’est une unification, tant mieux. Si on me dit que c’est une autre boxeuse, je sais qu’elle sera là pour une raison. Ça voudra dire que j’ai des apprentissages à faire. Je sais qu’on me mettra dans le ring au moment opportun pour un combat d’unification, et je serai prête pour ce combat-là», a expliqué Dicaire.

«À 154 lb, je prends n’importe qui, et à 147 lb, je prends n’importe qui, a résumé Harnois. On approche de plus en plus de notre but ultime, et on va l’avoir.»

Zewski s’en tire bien

Tenant de la ceinture WBC International des mi-moyens depuis sa victoire face à Diego Gonzalo Luque, le 19 mai 2018, Mikaël Zewski (33-1, 22 K.-O.) avait l’occasion d’ajouter deux autres titres à sa collection, à savoir l’IBF nord-américain et celui de la NABO. Le Trifluvien a réussi sa mission en signant une victoire par décision unanime (96-93, 97-92, 97-92) contre l’Américain Abner Lopez (27-10-1, 23 K.-O.)

Mais, disons-le, ce résultat a de quoi surprendre. Souvent dans ce combat, Lopez a placé son adversaire en bien fâcheuse posture grâce à sa pugnacité et son menton étonnamment résistant.

«Je suis entré un peu dans son jeu, a admis Zewski. Je suis un gars qui aime se battre. […] C’est dommage pour moi et ma famille, mais j’aime boxer comme ça. J’aime aller dans des guerres. Je suis capable d’être un technicien, mais quand il faut puiser dans les ressources, je le fais.»

Sauf qu’en dépit de ce qu’indiquent les pointages des juges, Zewski est passé bien près de la perdre, cette guerre.

Il a d’abord mis plusieurs minutes à se mettre en marche, alors qu’il semblait désarçonné par le style complexe et énigmatique de son adversaire. Lopez, en effet, se plaisait à s’accrocher à son vis-à-vis et faire venir ses attaques de tous côtés.

Zewski a connu un bref regain de vie au quatrième round, mais a dû poser un genou au sol lors du sixième, alors que Lopez le pilonnait dans le coin de l’arène.

«Il m’a atteint solidement et j’étais ébranlé, a reconnu Zewski. Ça allait venir tôt ou tard, alors il valait mieux mettre un genou par terre et bien récupérer.»

Le Québécois s’est ensuite battu avec l’énergie du désespoir jusqu’au bout. Ce fut visiblement suffisant pour convaincre les juges de lui accorder leur faveur.

Mais, soyons honnêtes, Lopez méritait tout autant de gagner cet affrontement.

Lafrenière tient le coup

En début de semaine, Francis Lafrenière apprenait que le boxeur qu’il devait affronter était aveugle d’un oeil – ça vous rappelle quelque chose? Deux jours avant le gala, il a su qu’il se mesurerait plutôt au Mexicain Jose Luis Zuniga. Pas tout à fait les conditions optimales pour qui que ce soit avant de monter dans l’arène, disons.

Il ne fallait donc pas s’attendre à un combat des plus élégants, et c’est précisément ce que les deux hommes nous ont offert: une bagarre de rue au cours de laquelle personne ne s’est fait de cadeaux. Au terme des huit rounds, le pugiliste de Coteau-du-Lac a été sacré vainqueur par décision unanime (79-73, 78-74, 78-74).

«Mon ami m’a demandé de faire ça vite parce qu’on a de la tourbe à poser demain!», a lancé Lafrenière avec son humour habituel dans l’arène après l’annonce des pointages.

Fidèle à ses habitudes, Lafrenière (19-7-2, 10 K.-O.) a passé de longues minutes collé à Zuniga (16-5-1, 9 K.-O.), tout en laissant partir des rafales de coups. Sa main droite, notamment, s’est avérée des plus efficaces. Mais Zuniga, tout aussi teigneux, a assuré une réplique très respectable.

Plus le combat avançait, plus on sentait que les deux hommes, exténués, voulaient en finir. Mais leur ténacité respective aura finalement fait en sorte qu’ils sont demeurés debout jusqu’à la dernière cloche.

Les autres résultats

Yan Pellerin (8-1, 2 K.-O.) a vaincu le Mexicain Michel Mejia Borja (1-2) par décision unanime (40-36). Et parce qu’on ne veut pas être inutilement méchants envers les pugilistes qui se sont exécutés dans le ring, nous ne nous étendrons pas davantage sur ce combat.

Wilfred Seyi (6-0, 3 K.-O.) est demeuré parfait en prenant la mesure du Mexicain Brian Galvez (4-1-1, 1 K.-O.) par décision unanime (60-54 partout). Le boxeur d’origine camerounaise a aisément dominé son adversaire, aucun doute là-dessus. Mais il a néanmoins été atteint beaucoup plus souvent que nécessaire durant cet affrontement. Largesses défensives? Trop-plein de confiance qui l’a mené à sous-estimer son rival? Allez savoir…

En lever de rideau, Marie-Pier Houle (2-0, 1 K.-O.) a inscrit un premier knock-out à sa fiche aux dépens de la Mexicaine Veronica Diaz Marin (0-3) en l’emportant par arrêt de l’arbitre à 1:46 du quatrième et dernier round. La Trifluvienne a malmené son opposante du début à la fin, jusqu’à ce que celle-ci se retrouve au plancher à la suite d’une gauche au visage. Marin s’est relevée, mais l’officiel Martin Forest a sagement décrété la fin du duel.

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