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Erik Bazinyan : l’occasion de briller !

Le Lavallois Erik Bazinyan (20-0-0, 15 KO) affrontera samedi Francy Ntêtu (17-2-0, 4 KO) sur le ring du Cabaret du Casino de Montréal. Bazinyan, qui est classé cinquième aspirant à la ceinture des super-moyens de la WBO, effectuera la première défense de sa couronne NABO, acquise en juin dernier. En cas de victoire, il pourra aussi ajouter à sa taille la ceinture NABA.

En prévision de ce duel à saveur local, voici en rappel un portrait de la carrière amateur et professionnelle de ce jeune boxeur de 23 ans d’origine arménienne.

Un enseignement de grande qualité

À l’âge de 14 ans, Erik est inspiré par ses compatriotes Arthur Abraham et Vic Darchinyan qui sont alors champions du monde respectivement chez les 160 livres et les 115 livres. Il s’inscrit au gymnase de Vladimir Yengibaryan, une légende de la boxe arménienne qui a remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques de 1956.

Pendant deux ans, il a le privilège d’être entraîné par Armen Hovhannisyan, un ancien champion d’Europe qui a enseigné la boxe à Arthur Abraham pendant cinq ans. Erik connaît du succès très rapidement au point de remporter le championnat de l’Arménie à 165 livres en 2010.

« J’ai participé à 87 combats en Arménie en seulement deux ans. Là-bas, ça fonctionne beaucoup par tournois et tu peux te battre trois ou quatre fois en quelques jours. J’ai perdu à mon premier combat, mais ce fut ma seule défaite à vie. J’étais très proche de mon entraîneur, c’était comme un second père. Même une fois installé au Québec, je lui parlais deux fois par semaine, il est décédé depuis », nous explique le boxeur.

Arrivée au Québec à 16 ans

Après des démarches étalées sur quatre ans, Erik et sa famille déménagent au Québec. L’une de ses tantes leur avait ouvert le chemin quelques années auparavant.

« Il n’y a pas beaucoup d’avenir pour les jeunes en Arménie. Mes parents ont choisi de venir ici pour moi et mon frère. L’armée est obligatoire là-bas et il y a souvent des décès suite à des échanges de tirs à la frontière avec la Turquie », relate-t-il.

Un mois après son arrivée dans la Belle Province, il reprend l’entraînement au centre d’arts martiaux mixtes Sherbatov à Laval. Quelques mois plus tard, il prend la direction du gymnase des frères Grant à Dorval. « J’ai fait mon premier combat amateur au Québec lorsque j’ai affronté Kevin Ercolano, qui était alors champion canadien junior à 75 kilos. Il ne s’attendait vraiment pas à être battu par un gars qui n’avait officiellement aucun combat », raconte-t-il le sourire aux lèvres.

Par la suite, Erik accumule les succès en remportant la Coupe Adidas, les Gants dorés québécois et le Défi des champions, puis il se rend à Cornwall pour les Gants dorés nationaux à l’été 2013. Bien qu’il n’ait que 17 ans, il s’inscrit chez les séniors. En finale, il domine Robert MacMillan, le champion canadien de l’époque.

Les motivations pour devenir professionnel

« Mes deux plus beaux souvenirs chez les amateurs sont mon titre de champion d’Arménie et ma victoire aux gants dorés. J’aurais pu continuer et devenir champion canadien, mais j’ai préféré passer chez les pros pour plusieurs raisons », affirme celui qui a cumulé une fiche de 132 combats amateurs incluant une seule défaite.

« Tout d’abord le fait de retirer les casques chez les amateurs m’a amené à être encore plus attiré par les professionnels. De plus, j’avais besoin de nouveauté, d’avoir de nouveaux défis et surtout, puisque les Olympiques avaient eu lieu l’année précédente, j’aurais dû être sur l’équipe canadienne pendant trois ans avant de vivre l’expérience olympique. Je ne voulais pas attendre si longtemps et risquer de manquer ce rendez-vous à cause d’une blessure ou d’autre chose », explique celui qui aurait bien aimé ajouter à son palmarès le titre de champion canadien amateur.

« Howard a fait beaucoup évoluer ma boxe. Lorsque j’étais chez les amateurs, je me déplaçais beaucoup et je me concentrais à marquer des points sans nécessairement mettre de la puissance dans mes coups. Mon entraîneur m’a appris à travailler à l’intérieur et à mettre de la puissance dans mes coups en plantant bien mes pieds au sol, il m’a beaucoup aidé », relate-t-il.

Des débuts pros parfaits

En septembre 2013, Erik Bazinyan réalise son rêve en participant à un premier combat professionnel. Loin de ses proches, il accepte de se rendre à Moncton pour affronter Matt Heim. Le duel est terminé après seulement 33 secondes. Par la suite, il remporte des TKO face à Ahmad Selemani et à Alexandre Bouvier, deux boxeurs de Québec. « À mes trois premiers combats, je croyais que je pourrais passer le KO à tout le monde. La sensation des gants de 10 onces?, c’est incroyablement léger et mince », raconte-t-il.

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En sous-carte d’Adonis Stevenson, le 24 mai 2014, il monte pour la première fois sur le ring du Centre Bell. L’expérimenté Mexicain Jaudiel Zepeda (12-12-1, 9 KO), que nous avons jusqu’alors vu contre Hyppolite, Lemieux et St-Juste, fait la limite avec Bazinyan.

Le jeune Lavallois a ensuite remporté des décisions de six rounds face à Gary Kopas, puis contre le Français Baptiste Castegnaro lors de sa seconde présence au Centre Bell le 27 septembre 2014. « J’ai beaucoup appris lors de ces trois combats. J’ai gagné chacun des rounds, mais en même temps j’ai pris une grande expérience. Celui qui m’a fait le plus travailler c’est Gary Kopas. Même si je le touchais régulièrement, il avançait constamment sur moi. J’ai fait l’erreur de rester trop à l’intérieur », ajoute-t-il.

Pour son dernier combat de l’année 2014, Erik Bazinyan passe le KO au Mexicain Victor Manuel Palacios (10-9-1, 7 KO), qui a fait la limite avec Francy Ntetu quelques mois plus tôt.

Il dispute ensuite trois combats en 2015, dont un au Centre Bell et un autre au Casino de Montréal, puis quatre en 2016. C’est d’ailleurs à son deuxième duel de l’année 2016 qu’il amorce une série de combats à la Tohu sous les couleurs de Rixa Promotions.

À son 13e combat professionnel, disputé en septembre 2016, il défait l’Allemand Aro Schwartz par décision unanime des juges et remporte son premier titre, la ceinture de champion du monde junior WBO chez les super-moyens. « Mon adversaire était redoutable. Il encaissait bien. Ce fut plus difficile que je ne l’avais imaginé », témoigne-t-il après son combat dans un entretien avec le Courrier Laval. Bazinyan a d’ailleurs été coupé à l’arcade sourcilière à la suite d’un solide crochet de gauche encaissé au cinquième round.

Erik Bazinyan WBO Junor

L’obtention du Championnat du monde junior WBO par Bazinyan face à Aro Schwartz est l’une des réalisations marquantes du bilan 2016 de Rixa Promotions. « Aro Schwartz était un boxeur très résistant et il donné un bon combat. On estime même que le gala du 3 septembre a été notre événement le plus enlevant pour les amateurs », expliquait le DG Maxime D. Fortin dans une entrevue auprès de Richard Cloutier.

Selon Fortin, l’objectif dans le cas d’Erik Bazinyan pour 2017 consiste alors à disputer des rounds. « L’objectif ultime c’est de l’impliquer dans un combat de Championnat du monde. On veut être patient avec Erik car il est encore jeune [21 ans], mais nous voulons l’opposer à des rivaux vraiment durs pour lui donner ensuite quelque chose de plus gros vers la fin de l’année 2017 ». Maxime D. Fortin évoque des adversaires potentiels du type de l’Américain Darnell Boone (23-23-4).

Bazinyan, bien qu’il rejoigne le groupe des boxeurs classés en se hissant au 15e échelon à la WBO à la suite de sa victoire sur Schwartz, n’aura jamais l’occasion de défendre son titre. Il livre en 2017 trois affrontements à la Tohu face à des boxeurs – le Suisse Alis Sijaric, le Mexicain Rolando Paredes, et le Camerounais Bernard Donfack – qui ne sont pas tout à fait aussi pugnace que Darnell Boone. Puis survient la déchirure.

Rupture avec Rixa et association avec Larouche

Erik Bazinyan champion NABOToujours invaincu en 17 combats, Erik Bazinyan, 22 ans, se sépare des frères Grant et de Rixa Promotions et amorce l’année 2018 en rejoignant l’entraîneur Stéphan Larouche. Quelques semaines plus tard, il signe une entente promotionnelle avec Eye of the Tiger Management. « C’était la meilleure décision pour ma carrière et mon futur, dit-il dans un entretien à TVA Sports. Je suis classé neuvième à la WBO et j’ai besoin de nouvelles choses et de choses sérieuses».

Erik Bazinyan dispute un premier combat sous cette nouvelle bannière le 31 mars 2018 au Casino de Montréal. Il arrête le Roumain Ferenc Albert au troisième round. En mai, il défait l’Argentin Alejandro Gustavo Falliga avant la limite, puis le 23 juin, il est de retour au Casino de Montréal. Bazinyan l’emporte alors au 4e round sur le Péruvien  et s’empare de la ceinture vacante NABO.

Le grand défi : Francy Ntetu

Samedi, au Casino de Montréal, Bazinyan sera confronté à son plus important défi en carrière lorsqu’il fera face au boxeur de Chicoutimi, Francy Ntêtu. Bien que le vétéran de 36 ans ait subi une défaite au premier round à son plus récent combat face à Marcus Brown, le boxeur d’origine arménienne n’aura pas la partie facile.

Tandis que Ntêtu a mis les bouchées doubles en prenant part à un camp d’entraînement de six semaines à Las Vegas, Bazinyan a dû composer avec le départ de son entraîneur Stéphan Larouche, écarté des boxeurs liés à Eye of the Tiger Management à la suite d’un conflit avec le DG du promoteur, Antonin Décarie. Il s’est donc préparé sous la supervision d’un nouvel entraîneur : Marc Ramsay.

« Je ne vais pas cacher la vérité : ce n’est pas vraiment une situation idéale pour un boxeur de changer d’entraîneur avant son plus grand combat en carrière », a témoigné le promoteur Camille Estephan, jeudi en conférence de presse, comme l’a rapporté RDS.ca.

« Ce n’est pas quelque chose que nous voulions faire, mais la décision s’est imposée d’elle-même. Nous avons fait de notre mieux pour l’encadrer et Marc [Ramsay] a vite réalisé qu’il a un diamant entre les mains », a ajouté Estephan.

Samedi, Erik Bazynian a l’occasion de briller sur le ring et doit la saisir.

(Avec la collaboration de Richard Cloutier)

 

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