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Francis Lafrenière : la reconstruction
- Mis à jour: 19 octobre 2018
Il y a un an, Francis Lafrenière (16-6-2, 9KO) était classé dans le top 10 mondial des 160 livres de la WBO et rêvait d’un combat de championnat du monde. Depuis, « The People’s Champ » a perdu son titre NABO aux mains de l’Albertain Albert Onolunose, et tout est à reconstruire.
Âgé de 30 ans, Lafrenière tentera de renouer avec la victoire, samedi, alors qu’il reprend l’action au Casino de Montréal en affrontant le Brésilien Samir dos Santos Barbosa (37-14-3, 26 KO). Inactif depuis juin 2016, celui-ci a détenu plusieurs titres régionaux, dont WBA Fedecaribe et Fedecentro (2013), et WBO Mundo Hispano (2011). Il compte deux victoires à ces cinq dernières sorties.
« L’histoire de Francis en est une de courage, persévérance et détermination. Ces qualités sont la pierre angulaire de la personnalité du boxeur de Coteau-du-Lac et sont les raisons pour lesquelles Francis Lafrenière carbure à l’adversité », indique Rixa Promotions sur son site web au sujet de Francis. En ce jour de pesée officielle, qui est prévue dès midi au Casino de Montréal, voici en rappel les moments clés de la carrière de Francis Lafrenière.
Une enfance bien spéciale
Comme le racontait notre collaborateur David Tétreault en 2017, Francis Lafrenière est né à Vaudreuil en 1988, et a vécu son enfance à Coteau-du-Lac, une petite ville de la Montérégie située aux abords du fleuve Saint-Laurent. Joueur de hockey honnête dès l’âge de 6 ans, il a également pratiqué le karaté pendant trois années. Une de ses activités préférées était toutefois de regarder la lutte le dimanche matin en compagnie de son père et de son frère. C’est avec eux qu’il encourageait ses lutteurs préférés, soit The Ultimate Warrior, Macho Man et Hulk Hogan. Ses parents étant sourds-muets, Francis est devenu adulte bien avant de souffler ses 18 bougies. Il les accompagnait chaque fois qu’ils avaient besoin d’un interlocuteur. Un rôle que peu de jeunes de son âge doivent camper.
C’est à 16 ans qu’il enfile une paire de gants de boxe pour la première fois, et s’entraînera dès lors sous la supervision des frères Grant. Il enchaînera rapidement les combats amateurs ; il se battra presque chaque fin de semaine. Il aura 76 duels chez les amateurs ; plus de défaites que de victoires. Par son style fougueux et énergique, Francis attirait les foules, si bien que lors de ses derniers combats, on le rémunérait. Peu de boxeurs peuvent se vanter d’avoir été payés pour combattre chez les amateurs. Puis à 22 ans, il décide de faire le grand saut.
Faire face aux vents contraires
Francis Lafrenière amorce sa carrière professionnelle en 2010. Sans promoteur, il accepte les combats qu’on lui offre, souvent à courte échéance, et ne récolte que 3 victoires à ses dix premières sorties. Au cours de cette séquence, il se bat cinq fois à Montréal, mais aussi à Mississauga, Moncton, Gatineau et Halifax. Surtout, il affronte des adversaires coriaces, incluant Brandon Cook, face à qui il perd par décision partagée, puis Francesco Cotroni Jr, qui l’emporte par décision unanime des juges.
« On avait des combats de dernière minute. J’ai monté ma fiche à trois victoires, cinq défaites et deux nulles. J’étais appelé à une ou deux semaines d’avis. Je prenais tous les combats parce que je ne savais pas quand j’allais me rebattre », raconte Lafrenière en 2017 dans un entretien à Radio-Canada.
Début d’un temps nouveau
Puis, le 8 novembre 2013, les Frères Grant s’impliquent dans la promotion et présentent un premier gala au Holiday Inn, à Pointe-Claire. Francis Lafrenière l’emporte avant la limite sur Eric Roy, un boxeur du Nouveau-Brunswick, et c’est le début d’une séquence victorieuse de 13 combats.
En mars 2014, Lafrenière ajoute un autre gain à sa fiche en défaisant le Britanno-Colombien Roberto McLellan. Trois mois plus tard, en juin 2014, il s’empare du Championnat canadien lors d’un gala présenté au Soccer-Plex de Lachine, en obtenant une décision convaincante face à Paul Bzdel, de la Saskatchewan.
Francis Lafrenière dispute ensuite un combat devant ses partisans, au Château Vaudreuil, où il défait le Polonais Marcin Cybulski avant la limite. Puis, le 27 mars 2015, les frères Grant, en collaboration avec le promoteur ontarien Global Legacy Boxing, présentent un gala à l’Olympia de Montréal. C’est Francis Lafrenière, alors âgé de 26 ans, qui fais les frais de la finale. Il se frotte à Mohammed Akrong (20-8-0, 15 KO), un Ghanéen vaincu plus tôt par Schiller Hyppolite et par Renan St-Juste. Lafrenière stoppe Akrong au 8e round. Des rumeurs en vue d’un combat entre Lafrenière et Renan St-Juste font alors surface. « J’ai beaucoup de respect pour Renan, explique Francis Lafrenière à 12Rounds.ca, dans un entretien tenu en prévision de ce gala. J’en ai discuté avec les frères Grant et je me sens confiant d’être capable de le battre, mais ce ne sera pas pour cette fois-ci. ».
Le boxeur de Coteau-du-Lac, qui est propriétaire d’un club de boxe à Saint-Clet, remonte dans le ring deux autres fois au cours de l’année 2015. D’abord à Pointe-Claire où il remporte une décision unanime sur le Mexicain Salomon Rodriguez. Puis, le 24 octobre à Repentigny.
Ce gala, organisée par Rixa Promotions en collaboration avec les frères Grant et Boxe Mania Promotions, une nouvelle firme dirigée par Renan St-Juste, est présenté au Complexe Sportif Gilles Tremblay, à Repentigny, devant une foule d’environ 800 spectateurs. Francis Lafrenière offre tout un spectacle à ses nombreux supporteurs en décrochant un TKO par l’arrêt de l’arbitre à 23 secondes de la fin du huitième round. Son rival de la Colombie-Britannique, Aubrey Morrow (8-2-2, 7 KO), est tellement épuisé par l’énergie laissée sur le ring et par les coups encaissés qu’il est sorti du ring sur une civière et les médecins de la régie l’escortent à l’hôpital. Lafrenière effectue par la même occasion la défense de son titre canadien.
Également en action lors de la soirée, Renan St-Juste (26-4-1, 18 KO) montre qu’il possède toujours une force de frappe impressionnante malgré ses 43 ans. En effet, le gaucher se montre patient devant Jamaicain Devon Moncrieffe (12-6-0, 4 KO) et au septième échange, est en mesure de lui faire visiter le plancher à deux reprises. Sagement, l’arbitre met un terme au duel à la fin du round à la suite de la seconde chute de Moncrieffe.
Le moment de grâce
La table est ainsi mise pour un duel à saveur local entre les deux hommes. Cet affrontement sera disputé au Centre Bell le 30 janvier 2016, avant le choc Kovalev VS Pascal II. La qualité du combat fait en sorte que dans son bilan de fin d’année 2017, 12Rounds.ca le consacre : Combat de l’année. Dès la fin de soirée du 30 janvier, il semble presque impossible que le duel Lafrenière-St-Juste puisse se faire surpasser comme combat de l’année, écrit-on dans le bilan. « En finale de la sous-carte de Kovalev-Pascal 2, les deux boxeurs québécois nous ont offert un grand duel dont on se souviendra longtemps ». Sur la scène nord-américaine, cette victoire est aussi nommée 6e meilleur combat de l’année par ESPN. Notons par ailleurs que Francis Lafrenière, avec ce gain, remporte le Championnat IBF International.
Pour son combat suivant, le « People’s Champ » défend sa couronne sur le ring de la Tohu, où s’installe Rixa Promotions. Lafrenière est opposé au Hongrois Attila Koros, un adversaire de remplacement venu en relève à Francisco Cordero (33-6-0, 24 KO), un Colombien s’étant déjà battu en Championnat du monde WBA. Il le défait par TKO au troisième round.
Francis Lafrenière termine l’année 2016 au Casino de Montréal, le 10 décembre, en enregistrant la victoire sur le Polonais Damian Mielewczyk. Puis, dès le mois suivant, le 21 janvier 2017, il retourne à la Tohu où il l’emporte par KO sur le Mexicain Manuel Garcia.
La consolidation
Une opportunité se présente ensuite pour Francis Lafrenière lorsque David Lemieux, détenteur du titre WBO-NABO des poids moyens, doit abandonner sa ceinture pour avoir fait défaut de la défendre dans les délais requis. Rixa Promotions saisit alors l’opportunité d’organiser un combat pour le titre devenu vacant et ce duel est présenté le 24 février 2017, en sous-carte du combat Lucian Bute vs Eleider Alvarez au Centre Vidéotron à Québec.
Confronté au Mexicain Uriel Gonzalez (15-1-1, 11 KO), qui figure au nombre des 10 meilleurs poids moyens du Mexique, Lafrenière doit relever le plus grand défi de sa carrière. Le combat est rude, mais fidèle à son style, Francis applique une pression constante sur Gonzalez. Au terme des 10 rounds, Lafrenière l’emporte par décision partagée et peut, à partir de là, réellement commencer à rêver d’obtenir une opportunité de combattre pour un titre de championnat mondial.
Il défend d’abord sa ceinture quatre mois plus tard, le 10 juin 2017, à la Tohu, face au Mexicain Oscar Cortez. Francis Lafrenière l’emporte par TKO.
Puis, le 15 mars, Francis Lafrenière monte sur le ring du Casino de Montréal pour une nouvelle défense de son titre NABO, cette fois face à l’Albertain Albert Onolunose (23-1-1, 7 KO). Le plan de match de Lafrenière n’est pas différent de celui de ses combats précédents. Par contre, Onolunose a un parcours tant amateur que professionnel d’importance, et il peu compter sur un camp d’entraînement d’un mois, ce qui lui a permis d’avoir une stratégie très bien adaptée. Le duel est serré pendant les dix rounds et finalement, les juges accordent la victoire à l’aspirant d’origine nigérienne par décision majoritaire (97-93, 95-95, 96-94). Depuis, Onolunose a perdu son titre aux mains de Patrice Volny le 29 septembre dernier. Quant à Francis Lafrenière, il a été sorti du classement mondial.
Il faut toutefois savoir que l’équipe de Rixa Promotions, déçue du résultat, s’est mise immédiatement au travail pour organiser Lafrenière-Onolunose 2. Une entente en prévision d’un duel à la mi-juin, à la Tohu à Montréal, aurait d’abord été conclue.
Puis, ce combat a été déplacé en demi-finale du gala prévu le 29 juin à la Place Bell, à Laval, dont la finale devait opposer Jean Pascal à Steve Bossé. Autre coup de théâtre, une dizaine de jours avant la date prévue, le promoteur GYM reporte la présentation de l’événement au 20 juillet. Ce changement de date provoque, dans les heures suivantes, l’annulation du duel Lafrenière-Onolunose 2. La raison : Francis Lafrenière doit marier sa fiancée Anne-Marie Desormeaux le 21 juillet. Le couple est alors ensemble depuis une dizaine d’années et a deux enfants.
Samedi, au Casino de Montréal, Francis disputera donc l’équivalent d’un deuxième combat en 15 mois, mais son importance est immense pour la suite de sa carrière.
(Avec la collaboration de richard Cloutier)