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François Pratte en cinq questions

Par Richard Cloutier

Le 13 octobre au Casino de Montréal, François Pratte (7-0-0) va officiellement disputer son premier combat à titre de porte-couleur de la firme Eye of the Tiger Management, qui lui a fait signer une entente promotionnelle au cours de l’été. Pratte, qui s’entraîne au Club de boxe Performance de Trois-Rivières sous les conseils de Jimmy Boisvert, va affronter le Mexicain Oscar Mata (7-3-1) en sous-carte du duel entre Erik Bazynian et Francy Ntêtu. En prévision de cet affrontement, 12Rounds.ca s’est entretenu avec lui.

1 – Pourquoi la boxe ?

François Pratte (FP) : Lorsque j’avais trois ans, un triste événement s’est produit dans ma vie ; mon père est décédé à la suite d’un problème cardiaque alors qu’il était sportif et travaillait en réadaptation physique.

Inconsciemment, cette perte m’a infligé une certaine colère. À la garderie, les parents des autres enfants se sont mis à se plaindre qu’un certain enfant jouait vraiment dur avec les autres. Évidemment, cet enfant, c’était moi. Ma mère m’a alors inscrit à différents sports. C’est pourquoi depuis l’âge de quatre ans, j’ai pratiqué tout pleins de sports, comme le hockey et le soccer (pendant 10 ans), ainsi que le tennis de compétition, le karaté, le golf et le ski. Cependant, même dans ces sports je jouais dur. Durant les matchs de hockey, je voulais toujours me battre avec les autres, ce qui a incité le père d’un autre joueur, lui-même ancien boxeur, a proposé à ma mère de m’emmener dans un club de boxe. Il avait la conviction que je serais bon.

Ma mère a immédiatement refusé ! J’ai alors commencé à le lui demander à chaque jour et finalement elle a accepté, mais en me faisant promettre de faire ces entraînements seulement dans le but d’améliorer ma condition physique pour le hockey. Quand je suis arrivé au gymnase, j’ai tout de suite adoré ça et les entraîneurs ont décelé un certain talent chez moi. Tout allait super bien : ça me permettait de me défouler et j’apprenais rapidement. C’est rapidement devenu une passion et moins d’un an plus tard je disputais mon premier combat, qui fût une victoire ! Ce fut le début de ma carrière en boxe olympique.

Pour ce qui est de ma fiche amateur, j’ai disputé à peu près 90 combats, et obtenu cinq titres nationaux, une médaille de bronze aux jeux de la Francophonie en 2009 et plusieurs autres médailles lors de tournois internationaux.

2- Pourquoi avoir choisi de devenir professionnel ?

(FP) : En fait, j’ai toujours adoré la boxe olympique et ses tournois. Ce que je préférais le plus, c’était les voyages avec les autres gars de l’équipe, les liens que nous avons tissés et les souvenirs que nous garderons à tout jamais. Grâce à la FQBO et Boxe Canada, je considère avoir vécu une adolescence hors du commun. Par contre, en 2014, lorsque j’ai remporté mon dernier et cinquième championnat canadien en étant nommé meilleur boxeur du tournoi, j’ai tout de suite su que je voulais faire le saut chez les professionnels.

Il faut dire que j’ai grandi en regardant boxer mes idoles comme Tito Trinidad, Vargas, Gatti, Mayweather, De la Hoya, de même que les boxeurs d’ici comme Joachim Alcine, Jean Pascal, Herman Ngoudjo, David Lemieux et les autres. Je savais qu’il était possible de progresser dans ce sport avec les promoteurs d’ici. J’en ai discuté avec mes entraîneurs (Jimmy Boisvert et Denis Hince) et le deux étaient du même avis que moi, tout en sachant que ce serait plus difficile de percer à mon poids. En plus, un nouveau joueur débutait dans le monde de la promotion : Eye of the Tiger Management.

Depuis le début, nous avions comme objectif de boxer pour cette écurie et nous sommes toujours restés fidèles à cette idée, même si nous nous battions moins souvent que les boxeurs signés. Cette attente a porté fruit puisque je fais maintenant partie de l’équipe.

Francois-Pratte-stagiaire

Pour ce qui est de la conciliation travail/étude/boxe, en fait ça a toujours été un élément à considérer pour moi, même chez les amateurs. J’ai toujours eu un ou deux emplois, en plus de mon entraînement quotidien. Même lorsque j’étais à l’université à temps plein (en communication ou en kinésiologie), je m’entrainais très fort et je voyageais avec l’équipe nationale. Ça a toujours été une forme de discipline que je trouvais essentielle et dont je suis fier. Je ne voyais donc pas pourquoi cet élément freinerait ma carrière si je tournais professionnel. J’ai donc fait le saut en me disais qu’en plus de boxer comme je le faisais déjà, je serais payé pour le faire et je pourrais me trouver des commanditaires qui me permettraient de moins travailler. Hélas, avec du recul, les commanditaires, ce n’est pas aussi si simple.

3 – Quelles sont les différences dans ta préparation entre ta carrière chez les amateurs et les professionnels ?

(FP) : C’est certain qu’il y a certaines différences dans la préparation puisque les combats sont plus longs. Il n’en demeure pas moins que de la boxe, c’est de la boxe et ça reste à la base deux gars qui se bataillent avec des techniques de boxe.

Francois Pratte a l'entrainementJe suis un boxeur qui ne prend pas énormément de suppléments alimentaires, et ce depuis toujours. Aussi, je m’entraîne avec les mêmes entraîneurs depuis mes débuts. Je sais qu’ils me connaissent et qu’ils apporteront les correctifs nécessaires pour que je m’adapte le plus possible au style professionnel. Par contre, je sais aussi que ce qu’ils m’ont enseigné jusqu’à maintenant m’a permis d’avoir du succès depuis JOUR 1. Alors, je ne veux pas trop changer mon style puisqu’au fond, ce que je veux c’est gagner et jusqu’à maintenant, j’ai été bien servi.

Le changement majeur depuis que je suis professionnel est l’apport d’un kinésiologue (Athletik, Alexandre Leduc) qui m’entraîne 2-3 fois semaines, en plus de mes entrainements de boxe et de ma course. Certains diront que j’ai peut-être une vieille mentalité, mais forcer, c’est forcer, et tant que tu forces correctement et que tu te défonces, les résultats sont là.

4 – Quel moment considères-tu le plus beau ou significatif depuis que tu as fait tes premiers pas sur un ring ?

Francois Pratte(FP) : Mon plus beau moment chez les professionnels est mon plus récent combat [16 juin 2018, NDLR], disputé au Centre Gervais Auto à Shawinigan, devant tous mes supporteurs et amis. Je savais que j’avais un test et ça m’a énormément motivé. Les cris de la foule m’ont vraiment inspiré. De plus, je savais que si je gagnais, je signerais mon premier contrat professionnel avec l’équipe de rêve qu’est Eye of The Tiger Management.

Mes plus beaux moments chez les amateurs sont :

1) mon voyage au Liban pour les Jeux de la Francophonie avec l’équipe canadienne, mais il y avait aussi une délégation du Québec alors on était plus de fous ensembles. En plus, j’ai pu récolter une médaille de bronze et voir les spectacles, me faire des amis évoluant dans d’autres disciplines et assister à leurs performances.

2) En 2014, lors de mon retour (car j’ai arrêté de boxer pendant une année), j’ai tout gagné ! Qualifications canadiennes, Gants dorés et championnat canadien. Aux championnats canadiens, j’avais vraiment une catégorie difficile avec Velasquez, Wilcox et d’autres puis. Mais je les ai tous battus et ça m’a valu le titre du meilleur boxeur du tournoi. J’étais très fier étant donné que cette année-là, des gros noms comme Arthur Biyarslanov, Lucas Bahdi, Marc-André Gauthier, Zsolt Daranyi et Steven Butler y prenaient part.

Quant à l’idée d’un combat ou d’un moment mémorable que j’aimerais vivre, c’est certain que j’aimerais me battre pour un titre mondial, que ce soit contre Garcia ou peu importe le boxeur. Et j’adorerais que ce soit à Las Vegas. Mais à plus court terme, mon rêve serait de faire une finale avec un titre en jeu dans ma cour : au Centre Gervais Auto à Shawinigan. On remplirait la place et on présenterait le combat sur les ondes de TVA Sport afin que tout le monde puisse me voir remporter mon premier titre !

5 – À quoi les fans doivent s’attendre de François Pratte pour la prochaine année ?

(FP) : Mes fans doivent s’attendre à des combats intelligents, ou je battrai mes adversaires de la façon la plus efficace possible. Que ce soit par KO, par arrêt de l’arbitre ou par décision, l’important est de ne pas trop se faire toucher et de toucher en retour. J’aime faire mal, mais ce que je préfère par-dessus, tout c’est de gagner ! Lors de la prochaine année, je me battrai cinq fois pour grimper dans les classements mondiaux et ainsi avoir ma chance de collectionner des titres.

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