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Jean Pascal ne l’aura jamais facile
- Mis à jour: 27 juillet 2015
Par François Bouchard
Samedi soir à Las Vegas, Jean Pascal reprenait du service en se mesurant au Cubain Yunieski Gonzalez (16-1, 12 KO). Il s’agissait de son premier combat après sa défaite brutale subie en mars dernier contre le champion WBA-IBF-WBO des mi-lourds, Sergey Kovalev, qui pour sa part a aisément disposé de Nadjib Mohammedi en trois petits rounds, en finale du même gala. Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu pour le Lavallois, qui a dû puiser dans ses ressources afin d’aller chercher une décision controversée en dix assauts, les juges Richard Ocasio, Eric Cheek et John McKaie rendant des pointages identiques de 96-94 en sa faveur.
En premier lieu, donnons le crédit à Jean sur trois points. Tout d’abord, pour un premier combat de retour quatre mois seulement après une cuisante défaite, il a choisi d’affronter un adversaire invaincu, réputé dur cogneur, qui est venu pour se battre. Par ailleurs, il a pris la décision de rester actif malgré une certaine période d’accalmie estivale, même si la chose impliquait d’aller se battre aux États-Unis. Et finalement, Jean ne s’est pas donné un combat facile! Il a accepté d’échanger coup pour coup avec le dangereux Cubain, alors qu’il était le boxeur le plus expérimenté.
En ce qui concerne le résultat du combat, toutefois, je partage entièrement l’avis de mon collègue Benoît Dussault: Pascal a reçu un cadeau de la part des juges. J’avais un pointage de 96-94 en faveur de Gonzalez. Dans le confort de mon sous-sol, j’ai déclaré à mes invités qu’on pouvait, au mieux, donner un combat nul à Pascal, si vous voyez ce que je veux dire…
La première erreur fondamentale de Jean a été de rester dans la zone dangereuse pendant la majeure partie de l’affrontement, alors que, d’un point de vue technique, il était nettement supérieur. Les instructions que Marc Ramsay hurlait à son boxeur étaient simples à comprendre et tout le monde voyait ce qui se passait. De plus, Jean a cette fâcheuse habitude de tourner la tête de façon exagérée pour éviter les attaques. Notez que, contre un boxeur droitier, cela l’empêche de bloquer les mains droites, car sa main gauche se trouve constamment basse. Avez-vous remarqué que les gauchers ont plus de difficulté avec leur main arrière contre Jean? Bute et Dawson ont vu leur gauche en direct passer au-dessus de la tête de l’ex-champion WBC des mi-lourds; mais, pour la raison que je viens de décrire, les Gonzalez, Kovalev et Hopkins de ce monde touchaient à répétition avec leur main arrière contre lui.
Il faut également, il est vrai, tenir compte du facteur précision, et Jean s’est montré beaucoup plus économique et précis que son opposant cubain, ce qui porte certaines personnes à croire que la décision des juges était la bonne. Pendant la description en direct à HBO, Bernard Hopkins a d’ailleurs évoqué la possibilité d’un combat plus serré qu’il ne semblait à plusieurs sur les cartes des juges, une possibilité avec laquelle s’est dit d’accord Max Kellerman. Cependant, bien que Jean ait eu le dessus sur le plan de la précision des coups, il s’est fait dominer au niveau du contrôle du ring et de l’agressivité. De plus, les charges de Gonzalez ont ébranlé Pascal à quelques reprises, mais à l’inverse, les frappes de Jean ont au mieux fait réfléchir le protégé du légendaire Orlando Cuellar. On aurait dit un poids lourd contre un poids moyen tellement le Cubain était physiquement imposant sur le ring!
En somme, je crois que Pascal a été chanceux, et peut-être à plus d’un titre. En effet, ce combat, disputé contre un adversaire de fort calibre, pourrait faire croire à tort aux fans qu’il commence à être usé, ce qui pourrait inciter un certain champion WBC à lui accorder une chance. Cela dit, il faut reconnaître un fait: revenir rapidement en affrontant une dangereuse recrue et, malgré l’adversité, trouver un moyen de se sortir d’impasse, sont des qualités que seule l’élite possède. Beaucoup de boxeurs ont à leur fiche ce genre de combat qui n’ajoute pas à leur blason et qui soulève de grandes questions. Jean est certes capable de produire de spectaculaires performances, mais pourra-t-il revenir au sommet de son art, ou est-il condamné à jouer le rôle du «gatekeeper»?
Nous aurons la réponse au prochain combat. Une choses est certaine: ce sera amusant à regarder!