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Les promoteurs, gérants et «matchmakers» de l’année en boxe au Québec
- Mis à jour: 24 décembre 2014
Par Martin Achard
Il n’existe malheureusement pas de mot pour désigner en commun tous ceux qui, sans être boxeurs ou entraîneurs, jouent néanmoins un rôle essentiel pour faire vivre la boxe professionnelle au Québec, en étant directement responsables de l’organisation des galas ou en aidant, de diverses façons, les pugilistes à livrer des combats et à faire avancer leur carrière. On pourrait peut-être les appeler des «hommes de boxe», comme on parle des «hommes de hockey». Ils méritent quoi qu’il en soit de voir leur contribution pleinement soulignée dans les bilans de fin d’année. Voici donc selon nous quatre d’entre eux qui se sont distingués en 2014.
Une étoile qui ne cesse de monter: Camille Estephan. Ceux qui nous lisent régulièrement savent que nous prêchons explicitement depuis l’année dernière pour que Camille Estephan et l’organisation qu’il dirige, Eye of the Tiger Management (EOTTM), soient reconnus comme étant aussi importants que GYM ou InterBox dans le paysage de la boxe au Québec. Serions-nous donc en train de défoncer une porte ouverte et de nous répéter, en parlant d’Estephan comme une «étoile montante»?
La réponse est non, car il y a selon nous du nouveau. En effet, les développements des derniers mois donnent à penser qu’Estephan sera bientôt reconnu comme une figure d’importance de la boxe non pas seulement au Québec, mais à l’échelle internationale. Deux évènements l’ont fait briller cette année aux États-Unis, relativement à des boxeurs dont il n’est pas le promoteur, mais dont il gère les carrières: la conquête du titre WBC des poids lourds par Bermane Stiverne, retransmise sur les ondes d’ESPN; et la victoire de David Lemieux sur Gabriel Rosado, en finale d’un gala présenté au prestigieux Barclays Center de New York et diffusé par HBO.
Ne croyez pas que la part jouée par Estephan pour amener Stiverne et Lemieux à disputer de tels combats est passée inaperçue au pays de l’Oncle Sam. Le métier de boxeur est ingrat et difficile, et quantité de pugilistes américains, y compris des noms connus, sont activement à la recherche d’une organisation et de gens compétents pouvant les appuyer et représenter efficacement leurs intérêts. Il est certain que le nom d’Estephan a commencé à clignoter sur le radar de plusieurs d’entre eux. Nous ne serions pas surpris d’apprendre que le téléphone du patron d’EOTTM a déjà commencé à sonner, et qu’il a dû répondre à ses premières demandes de boxeurs désireux de rejoindre son écurie.
Signalons en terminant qu’il existe un parallèle facile à dresser entre Estephan et Eddie Hearn, le promoteur qui, en tant que directeur de Matchroom Sports, préside actuellement à une résurgence majeure de la boxe au Royaume-Uni. Hearn ne s’occupait guère de boxe lorsque, en 2009, il décida de donner un coup de pouce au poids lourd Audley Harrison, qui avait sollicité son aide. Il mit en place un plan pour lui, qui comprenait trois étapes: gagner le tournoi Prizefighter, remporter un titre européen, et obtenir un combat de championnat du monde WBA contre David Haye. Le plan se déroula exactement comme prévu, bien qu’il se soldât par une défaite par K.-O. au 3e round d’Harrison contre Haye à la fin de 2010. Après ce revers de son protégé, Hearn ne voyait pas forcément sa compagnie continuer à consacrer beaucoup de temps et d’énergie à la boxe, au détriment d’autres sports, mais il commença à recevoir des demandes insistantes d’autres pugilistes, impressionnés par ce qu’il avait fait pour relancer la carrière d’Harrison. En quelques semaines, il mit entre autres sous contrat Carl Froch et Kell Brook, et il peut aujourd’hui se vanter d’avoir délogé avec une rapidité déconcertante Frank Warren (qui était pourtant solidement établi depuis plus de trente ans!) comme principal promoteur du Royaume-Uni.
Estephan possède manifestement plusieurs qualités en commun avec Hearn. Comme ce dernier, il est jeune, énergique, photogénique, sérieux, professionnel, organisé, soucieux du bien de ses boxeurs et extrêmement doué pour les affaires. Quel combattant n’aimerait pas avoir à ses côtés un tel gérant, conseiller ou promoteur?
Un modèle de dynamisme: Douggy Bernèche. En 2014, le propriétaire du Club de boxe de l’est a continué à donner la chance à des boxeurs du Québec et de l’Ontario qui ne sont pas rattachés à des grands promoteurs de voir de l’action, en présentant (seul ou en collaboration) ses 9e, 10e et 11e galas pro-am depuis ses débuts comme promoteur il y a trois ans. À l’occasion du dernier de ces galas, il a également organisé, au profit de l’espoir amateur Caroline Veyre, un encan silencieux mettant aux enchères des pièces dignes de faire le bonheur des meilleurs collectionneurs, comme des culottes signées ayant appartenu à Manny Pacquiao, à Miguel Cotto, à James Toney et à Sugar Shane Mosley. Près de 5000$ ont alors été amassés, ce qui représente un premier cinquième du montant dont Veyre aura besoin pour se préparer pour les prochains jeux olympiques, en 2016 à Rio.
Enfin, comme gérant, Bernèche a signé un coup de maître en mettant sous contrat l’olympien Custio Clayton et en lui négociant une entente avec GYM, entente ayant mené il y a quelques jours au premier combat professionnel du talentueux prospect originaire de la Nouvelle-Écosse. Bernèche deviendra-t-il dans un avenir relativement proche un nom connu même par les amateurs de boxe plus occasionnels? La chose ne serait pas surprenante selon nous.
La plus belle surprise inattendue: David Damphousse. Le Québec peut se piquer depuis plusieurs années d’être l’un des lieux de prédilection du noble art sur la planète. Qui aurait cru qu’un jeune nouveau promoteur allait tenter d’ajouter à cette richesse d’une façon bien particulière et audacieuse, soit en mettant exclusivement l’accent sur la boxe professionnelle féminine? C’est pourtant ce qu’a fait en août David Damphousse, le patron et fondateur de Nordic Coliseum Women Boxing, lorsqu’il a présenté à Gatineau son tout premier gala, composé de sept duels féminins.
L’évènement, qui impliquait des combattantes provenant de différents coins de l’Amérique, s’est avéré un franc succès sur GFL.tv, attirant un nombre élevé d’acheteurs américains. Il fut également une réussite du point de vue du spectacle, entre autres grâce à l’extrême qualité de son matchmaking, qui avait été assuré par Damphousse lui-même. En effet, sur les sept combats présentés, six furent hautement enlevants et compétitifs. Est-il besoin de préciser qu’aucun autre des 23 galas tenus au Québec en 2014 ne peut revendiquer, en matière d’affrontements parfaitement équilibrés, une telle moyenne d’excellence?
Le plus beau retour: Jean Bédard. L’homme d’affaires a récemment prétendu lors d’une conférence de presse qu’il n’avait jamais songé à quitter le monde de la boxe, mais quelques faits avaient, depuis la défaite de Lucian Bute contre Carl Froch, soulevé des doutes sur la force de son engagement envers le noble art. Il y avait par exemple matière à froncer les sourcils lorsque InterBox s’est lancé dans la promotion d’un évènement d’arts martiaux mixtes à la fin de 2012, pour ensuite passer de longs mois à ne rien cultiver en boxe et, notamment, ne pas chercher à renouveler son écurie de boxeurs.
La bonne nouvelle pour les amateurs est que, à l’heure actuelle, tous ces doutes sont complètement dissipés. Jean Bédard a manifestement retrouvé tout son intérêt pour la boxe et il semble plus que jamais déterminé à prendre part à l’organisation d’évènements majeurs, à commencer par le méga-duel qui opposera en mars Sergey Kovalev et Jean Pascal à Montréal. On saluera ce beau retour d’un promoteur plein de capacités, retour qui constitue une excellente nouvelle pour tous ceux qui ont à cœur la vitalité de la boxe professionnelle au Québec.
Note de l’auteur: Je remercie Jean-Luc Autret d’avoir lu une version préliminaire de cet article et de m’avoir aidé à l’améliorer par ses suggestions.
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