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Nouveau départ pour Shakeel Phinn
- Mis à jour: 17 octobre 2018
Shakeel Phinn va affronter samedi l’Argentin Crispulo Javier Andino (20-11-1) au Cabaret du Casino de Montréal lors d’un événement présenté par le Groupe Yvon Michel. En attendant ce duel, voici en rappel un portrait mis à jour du « Jamaican Juggernaut »
Beaucoup de route en début de carrière
Originaire de Brossard, Shakeel a longtemps joué au football avant de découvrir la boxe en 2011. « J’ai fait une cinquantaine de combats amateurs et j’ai notamment terminé troisième aux gants dorés. Mon plus beau moment chez les amateurs est certainement le gala Ringside à Ottawa en 2013. L’invité d’honneur était Michael Spinks. Il y avait beaucoup d’ambiance, j’étais alors en sous-carte d’Ariane Fortin VS Claressa Shields », se rappelle le boxeur de 27 ans.
Entraîné par l’ancien boxeur Ian MacKillop, Shakeel Phinn est devenu boxeur professionnel le 31 janvier 2015 à Gatineau et, malgré l’absence du soutien d’un promoteur, il a trouvé le moyen de monter sur le ring au rythme de six combats par année au cours des trois premières années de sa carrière professionnelle. Déjà en 2015 et 2016, outre Gatineau, il a eu l’occasion de se battre à Québec, Baltimore, Toronto, Montréal, Sorel, Saskatoon et Fredericton.
« À mon deuxième combat, j’étais en sous-carte de Stevenson-Bika, j’ai vraiment été impressionné par le set-up du Colisée. J’affrontais Roody Rene et je me suis vraiment senti très « flat » sur le ring. Il m’a battu par décision et je n’étais vraiment pas fier de moi après le combat. Trois mois plus tard, je me suis rendu à Baltimore pour me prouver à moi-même que j’étais meilleur que le 4 avril. Ç’a très bien été », affirme celui qui est d’origine jamaïcaine.
Évidemment, après autant de voyages, bien peu d’amateurs peuvent se targuer d’avoir vu chacun de ses combats. Phinn se décrit comme un boxeur, mais aussi comme un cogneur. Il considère que sa meilleure arme offensive est son crochet de gauche. « Depuis que je boxe chez les pros, j’ai beaucoup travaillé ma confiance en moi et ma capacité de rester calme », affirme-t-il.
À son sixième combat, le 20 novembre 2015 à Sorel-Tracy, Shakeel a brisé le cœur de nombreux amateurs en passant le KO à la dernière seconde de leur duel au représentant des Éperviers de Sorel-Tracy, Guillaume Tremblay-Coudé. « J’ai commencé le combat pas mal sur le tard. J’ai trop respecté sa force de frappe et en regardant le combat sur vidéo, je lui accorde les quatre premiers rounds. Même si je lui ai donné une bonne opposition, il était plus dominant que moi. À la fin du cinquième, mes jambes m’ont lâché suite à un uppercut. C’était la première fois que j’allais au plancher, incluant mes combats amateurs et mes sparrings. Heureusement, mon entraîneur était proche de moi et il m’a bien conseillé », explique celui qui se dirigeait alors clairement vers une défaite.
« Après ma minute de repos, j’ai tout donné en mettant beaucoup de pression. Je l’ai ébranlé avec une droite au début du sixième et il a été en mode panique pendant presque toutes les trois minutes. Je crois que l’arbitre a pris une bonne décision parce que Guillaume n’était vraiment plus en état de continuer », croit le vainqueur de ce duel.
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Un combat de championnat canadien
À son combat suivant, le 27 février 2016, le boxeur de Brossard a ensuite pris part à sa première finale, au Centre des Congrès de Saskatoon, où l’on présentait un premier gala de boxe professionnel depuis l’an 2000.
C’est au début du mois de décembre 2016 que son entraîneur a reçu une proposition pour le titre canadien des 168 livres. Enthousiasmé par le projet, Shakeel a modifié un peu ses habitudes d’entraînement en travaillant son conditionnement physique avec Damien Orsanou, qui conseillait alors aussi Erik Bazinyan, Golden Garcia et Kevin Lavallée. « J’ai beaucoup travaillé mon jeu de pieds et mon explosivité depuis deux mois. L’aide de Damien m’a amené à me dépasser encore plus et ses méthodes de travail m’ont fait du bien. Il m’a forcé à changer ma routine pour le mieux », expliquait-il à quelques jours de son duel le plus significatif de sa carrière jusque-là.
Son adversaire, Paul Bzdel (5-7-1, 0 KO), un boxeur originaire de Saskatoon alors âgé de 30 ans, en était à son premier combat chez lui, mais à son troisième combat impliquant un titre canadien. Il s’est d’abord incliné face à Brandon Brewer à 154 livres, puis quatre mois plus tard Francis Lafrenière l’a vaincu à 160 livres. Puis, en octobre 2013, il a obtenu une décision partagée sur Brad Elsliger (1-1-1).
Phinn a finalement remporté le Championnat canadien CPBC face Paul Bzdel.
Une préparation spéciale à Vegas
En prévision de ce combat, en plus de s’entraîner avec un préparateur physique, Shakeel Phinn a eu le privilège de participer à une étude sur le cerveau des boxeurs à Las Vegas en janvier. Il en a profité pour étirer son voyage et s’entraîner au célèbre gymnase de Floyd Mayweather Jr.
« Encore une fois, Ian m’a permis de profiter de ses contacts. Il a été invité à participer à l’étude du docteur Charles Bernick sur les séquelles au cerveau pour les boxeurs et les combattants de MMA et il m’a fait ajouter à leur liste de participants. Je devrai donc retourner à Vegas à quelques reprises dans les quatre à cinq prochaines années », explique celui qui n’a pas eu besoin de payer son billet d’avion pour s’y rendre.
Après ses deux journées au « Professional Fighter Brain Health Study », Shakeel a pu recevoir les conseils d’Eddy Mustapha Muhammad, ancien champion du monde des mi-lourds et entraîneur de Badou Jack, Chad Dawson, Ishe Smith et bien d’autres.
« Ian connaît une connaissance d’Eddy Mustapha et celui-ci s’est occupé de moi pendant quelques jours, il m’a donné de nombreux conseils. J’ai également eu la chance de faire deux séances de sparring avec J’Leon Love (21-1-0), [Alors classé 9e à l’IBF, NDLR]. Il a vraiment un très bon jab, le meilleur que j’ai reçu de ma vie!!! Je ne suis pas habitué à avoir beaucoup d’interaction lors d’un sparring, ce fut toute une expérience. Love parlait beaucoup sur le ring. Là-bas un sparring c’est comme un combat, il n’y a pas de pitié, tu peux même te faire passer le KO. Après cette très belle expérience, je suis allé à Los Angeles au gymnase de Buddy McGirt », raconte celui qui a bien hâte d’y retourner.
« Je suis vraiment super content de ma première année. Mon entraîneur m’a beaucoup aidé pour me permettre de me battre souvent. Il connaît beaucoup de gens dans le monde de la boxe ici et aux États-Unis. Je ne pensais vraiment pas que je serais rendu à me battre pour un titre canadien après seulement un an de boxe », expliquait le pugiliste alors âgé de 25 ans, un peu après son combat.
La quête d’un promoteur
Si Shakeel Phinn est très confortable avec sa situation de boxeur indépendant, il souhaite néanmoins obtenir l’appui d’un promoteur. « J‘espère que mon combat avec Paul Bzdel va m’ouvrir des portes. J’ai déjà eu quelques discussions avec Rixa Promotions que je vois souvent puisque je m’entraîne souvent chez les Grant. J’aimerais aussi discuter avec Camille Estephan qui a mis en place une organisation très sérieuse. Enfin, mon voyage à Vegas m’a permis de me faire de nombreux contacts et il se pourrait bien que j’ai la chance d’aller me battre là-bas dans les prochains mois. Évidemment, étant un gars de Brossard, je rêve de me battre au Centre Bell, je pourrais mieux me faire connaître et mes amis pourraient enfin me voir en action », explique le boxeur à quelques jours d’un premier combat à Toronto.
Le 12 avril 2016, Shakeel Phinn l’emporte par TKO au 8e round sur Guillermo Herrera Campos sur le ring du prestigieux Royal York Hôtel. Il dispute ensuite un premier combat au Cabaret du Casino de Montréal lors d’une carte du Groupe Yvon Michel, se rend à Fredericton, puis conclut l’année 2016 avec un nouveau combat au Casino de Montréal, disputé en décembre. GYM semble apprécier de plus en plus l’athlète de Brossard, puisqu’à l’exception d’un duel disputé à Shédiac, au Nouveau-Brunswick, celui-ci disputera tous ses combats de l’année 2017 sur le ring du Casino de Montréal.
D’ailleurs, au début du mois d’octobre 2017, alors que Shakeel Phinn a pris la mesure de Mario Aguilar [le 28 septembre par décision technique au 4e round], GYM annonce la conclusion d’une entente promotionnelle. « C’est une super bonne nouvelle d’avoir un camion-remorque jamaïcain dans notre équipe. Il frappe tellement dur qu’il ne laisse pas de traces!, a souligné Bernard Barré. Shakeel devrait mettre la main sur un titre nord-américain ou international le plus rapidement possible pour lui permettre d’atteindre le top 10 mondial ».
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À son combat suivant, prévu le 7 décembre 2017, le boxeur de 27 ans se présente au Casino de Montréal avec le statut de tête d’affiche. Cela pour plusieurs raisons; d’abord son style offensif et sa facilité à enregistrer des KO spectaculaires, sa progression des deux dernières années, lui qui a maintenant une fiche de 16-1-0, et enfin sa capacité à vendre de nombreux billets. Les gens de GYM affirment qu’il vend aisément la moitié du Cabaret du Casino.
Déception
Si Shakeel Phinn a rendez-vous avec un huitième mexicain, Ramon Aguinara (11-0-0, 8 KO), mais celui-ci est spécial. En plus d’être invaincu, il détient alors le titre FECOMBOX de la WBC chez les 168 livres, une ceinture considérée comme étant celle du champion du Mexique pour la WBC. On le décrit comme un boxeur agressif qui aime avancer, comme bien des Mexicains. Phinn compte le déstabiliser en le forçant à boxer de reculons.
Toutefois, depuis le début de l’année, le Brossardois a livré cinq combats, mais lors de chacun d’eux, Phinn a été incapable de se présenter à un poids de 168 livres. Problème encore plus criant lors de ses deux derniers duels au Casino, en juin et en septembre, alors qu’il a dû accorder un boni de 20 % à ses rivaux, puisqu’il ne respectait pas la limite de poids.
« Mon poids me créait beaucoup de soucis dans les derniers mois. Je ne voulais pas monter chez les 175 livres et j’avais beaucoup de misère à faire ma déshydratation. Il y a presque trois mois, je m’apprêtais à travailler avec une nutritionniste quand ma blonde a choisi de devenir végétarienne. J’ai aussi fait le choix d’éliminer la viande et depuis je me sens plus énergique et ma perte de poids est beaucoup plus facile », explique Shakeel Phinn à quelques jours de son combat.
Pour sa préparation pour Aguinara, il a pu mettre les gants avec les Christian Mbilli, Louisbert Altidor et Steven Butler. Il a aussi ajouté à son équipe les services de Christophe Pommier du Centre Adrénaline Performance. « Nous travaillons ensemble mon conditionnement physique deux fois par semaine et je constate de belles améliorations à ce niveau.»
Le protégé de Ian MacKillop se rapproche alors des grandes ligues et frise maintenant le cap des vingt combats. L’objectif de son équipe est le positionner sur la scène mondiale en décrochant un titre nord-américain en 2018. Il est alors classé 9e à la NABO et 11e NABA et bien que la ceinture FECOMBOX ne soit pas à l’enjeu, un gain face à un champion national de la WBC devrait lui permettre de faire son entrée dans le top 40 de la fédération mexicaine.
Puis, bien que Shakeel Phinn se soit amené dans le ring du Casino de Montréal en surfant sur une série de 15 victoires consécutives, malheureusement pour lui, cette séquence est désormais chose du passé. En effet, celui qu’on surnomme le « Jamaican Juggernaut » a été surpris par le Mexicain Ramon Aguinaga, qui a tenu le coup pendant huit rounds afin de soutirer une victoire par décision majoritaire (79-73, 78-74, 76-76). Et ainsi demeurer invaincu.
« Je n’étais pas capable de bien porter mes coups. […] C’était un combat quand même serré, mais il était le meilleur homme », a convenu Phinn, qui explique sa défaite en bonne partie par un problème de «timing» de sa part. Si le pugiliste de Brossard a malgré tout été celui qui a placé les meilleurs coups au cours de ce duel, Aguinaga a cependant été plus actif dans l’ensemble. Un lent départ – suivi, il est vrai, d’un regain de vie en fin d’affrontement – se sera par ailleurs avéré coûteux pour Phinn.
La déception était évidente chez Phinn, ça se comprend. Il n’a toutefois pas l’intention de s’apitoyer sur son sort bien longtemps. « Si je laisse ça traîner, je ne sais pas ce qui va arriver dans ma tête. Je veux être dans le ring dès le prochain gala pour effacer cette erreur », a-t-il insisté après son duel.
À la suite de sa sortie du 7 décembre 2017, Shakeel Phinn voit son retour dans le ring du Casino prévu en mars être annulé à la dernière minute après que son adversaire eut échoué des examens médicaux. Mais il se reprend en demi-finale le 19 avril 2018 et fait amende honorable en disposant du Polonais Bartlomiej Grafka (20-30-3, 9 K.-O.) par décision unanime (80-72, 80-72, 79-73), bien que Grafka se soit avéré un boxeur particulièrement coriace.
Puis, en juin, encore en demi-finale, Shakeel Phinn (18-2, 12 K.-O.) a vaincu le Croate Mirzet Bajrektarevic (18-6, 10 K.-O.) lorsque celui-ci a été contraint à l’abandon à 39 secondes du sixième round. Bajrektarevic s’est blessé à la main gauche après avoir lancé un coup.
Le tremplin de la Nouvelle-Zélande
Shakeel Phinn va maintenant disputer son prochain combat au Casino de Montréal ce samedi 20 octobre face à Crispulo Javier Andino (20-11-1) de l’Argentine. S’il s’agit d’une longue période d’inactivité, ce n’est certainement pas parce que les occasions de monter sur le ring ont manqué. En effet, il devait affronter le Néo-Zélandais de 23 ans Mose Auimatagi Jnr (10-1-2, 6 KO) pour les titres IBF Intercontinental et IBO International des super-moyens le 21 juillet au ABA Stadium d’Auckland en Nouvelle-Zélande, dans le principal combat de la soirée. Puis le combat a été reporté au 20 octobre, avec à l’enjeu cette fois les ceintures IBF intercontinental et IBO Asie Pacific.
Mais au final, c’est sur le ring du Casino que va se battre Phinn le 20 octobre. Le Brossardois a toutefois dû faire preuve d’ajustement là aussi, puisqu’il devait initialement se mesurer au Portoricain Manny Siaca (25-8, 20 K.-O.) en demi-finale. Il doit toutefois maintenant regarder vers l’avant et se concentrer sur ce qu’il fait de mieux : boxer ! Son rival samedi sera un gaucher argentin de 30 ans, Crispulo Javier Andino (20-11-1, 11 KO), qui traîne un parcours un peu louche, puisqu’il a vaincu des boxeurs ayant une fiche combinée de 68-165-18.
(Avec la collaboration de Richard Cloutier)