Boxe québécoise pour tous les amateurs francophones – 12rounds.ca

Oscar Rivas, enfin, dans un duel d’envergure

Enfin, enfin, enfin !!! Le Montréalais d’origine colombienne aura la chance dans quelques heures de démontrer qu’il fait partie de l’élite des poids lourds en affrontant son premier rival d’envergure chez les professionnels. Ce vendredi, le 18 janvier à Verona, dans l’État de New York, Oscar Rivas va affronter l’Américain Bryant Jennings sur les ondes de ESPN.

Professionnel depuis août 2009, le bon ami d’Eleider Alvarez est aussi patient que son confrère devenu champion du monde après presque trois ans à attendre dans le poste d’aspirant obligatoire. Pour mieux comprendre, le cheminement de « Kaboom » Rivas et se rappeler à quel point il a parfois été malchanceux et bien souvent blessé, nous vous offrons une rétrospective de son parcours des cinq dernières années.

De retour d’une blessure

Cinq ans exactement avant Jennings VS Rivas, soit le 18 janvier 2014, plus de vingt mille spectateurs se rassemblent au Centre Bell pour assister à ce qui deviendra le très décevant Pascal VS Bute. Mais en sous-carte, c’est aussi le retour d’Oscar Rivas qui n’est pas monté dans le ring depuis 13 mois. Contrairement à l’époque de 2010, il n’a pas été bloqué par les douanes colombiennes, mais il a dû subir une opération à la suite d’un décollement de la rétine de son œil droit.

Initialement, Rivas devait affronter Érik Barrak lors de ce soir de grand gala. Toutefois, son adversaire de remplacement, Shaw Cox (17-4-0), a quand même le mérite d’avoir représenté la Barbade aux Olympiques quatorze ans plutôt. Par contre, sa fiche de 1-3 à ses quatre derniers duels et le fait qu’il ait été passé KO en moins de six minutes lors de ces trois défaites le destinaient à une fin rapide. Sans surprise, Rivas l’envoi au plancher au second round et l’arbitre met un terme au duel avant la fin du 3e round.

Rivas reprend du service en août suivant au Mont Saint-Hilaire en affrontant l’expérimenté Daniel Cota (17-4-1). Le boxeur mexicain fait un retour à la boxe après une pause de plus de deux ans et demi. Son dernier combat était face à nul autre que le dangereux et toujours invaincu Deontay Wilder, qui deviendra champion du monde en janvier 2015. Soulignons que Cota a résisté à Wilder pendant trois rounds. Face à Rivas ça duré cinq échanges.

Une première finale sur TVA Sports en direct

Son prochain combat est le 23 septembre 2014. Il fait alors la finale d’un gala au Casino de Montréal présenté conjointement par GYM, Interbox et Eye of the Tiger Management. Oui, oui, les trois promoteurs qui travaillaient ensemble, ça fait longtemps !!! Après avoir passé un KO technique en deux rounds à Erik Barrak en direct à TVA Sports, les espoirs étaient grands pour Oscar Rivas.

À la suite de ce gain, son entraîneur déclarait : «On regarde maintenant du côté international pour son prochain adversaire. La première étape sera de lui trouver une place dans un des classements mondiaux. Par la suite, on aimerait bien lui donner un combat de championnat pour une ceinture nord-américaine en 2015. Ça serait le scénario idéal. Pour développer un poids lourd, c’est très dispendieux. Cependant, avec Rivas, on est capable d’avoir les ressources nécessaires pour lui permettre d’aller à un niveau supérieur». Mais, le Colombien ne remontera pas sur le ring avant le 4 avril 2015. Il fait alors un combat de retour contre un Turc ayant une fiche (21-9-2), ça durera 1 minute 39 secondes.

Deux mois plus tard, Rivas se rend dans l’État de Washington pour affronter Jason Pettaway (17-2-0, 10 KO), un Américain qui vient de perdre par KO en quatre rounds face à l’Australien Joseph Parker (qui devient champion du monde WBO en octobre 2016). Rivas et Pettaway ouvrent l’émission de Shobox sur Showtime ce soir-là. Le duel dure un gros deux minutes 25 secondes et après trois chutes, le choc est terminé et l’Américain prend sa retraite avec un gros mal de tête. Peu de gens s’en souviennent, mais un arbitre plus sévère aurait bien pu disqualifier Rivas pour son coup après la première chute de son rival.

En novembre de la même année, Oscar Rivas figure en sous-carte de De Gale-Bute pour affronter le gaucher Joey Abell (31-9-0 29 KO), un vétéran américain qui a combattua les Tyson Fury (TKO4), Kubrat Pulev (Abandon 4), Fres Oquendo (TKO9) et Chris Arreola (KO1). Abell est un adversaire choisi à la dernière minute, le duel est terminé après 3 minutes 46 secondes.

À quelques heures d’un combat d’envergure

En pleine période florissante de Premier Boxing Champions, Oscar Rivas a l’opportunité de briller de tous ses feux lors d’un programme triple à Anaheim sur Showtime le 27 février 2016, mettant en vedette Leo Santa Cruz en finale. Son rival désigné est un ex-footballeur américain, Gerald Washington, qui a fait un verdict nul avec Amir Mansour quatre mois plutôt.

Deux jours avant le duel, la commission athlétique californienne refuse d’accorder à Rivas son permis de boxer à cause de l’état de son œil droit, qui a subi un décollement de la rétine trois ans plutôt.

À l’époque, son promoteur Yvon Michel affirmait : «Ce n’est pas une blessure qui met sa carrière en jeu, mais sa vision périphérique est limitée à 70 %, ce qui est inférieur aux normes locales acceptables». Un mois plus tard, le Groupe Yvon Michel doit se résoudre à suivre les recommandations de la commission athlétique californienne et nous annonce que le poids lourd colombien doit être opéré à son œil.

Après un combat de remise en forme disputé en juin qui ne dure pas deux minutes, les espoirs renaissent pour Rivas alors qu’il doit affronter Amir Mansour en demi-finale de Deontay Wilder le 16 juillet 2016. Le gaucher américain est alors un ancien aspirant mondial qui a perdu son dernier combat contre Dominic Breazeale en janvier, même s’il avait dominé chacun des cinq rounds. Mansour avait été forcé à l’abandon après s’être mordu accidentellement la langue au deuxième round, étant ainsi incapable de respirer par la bouche, pas plus que par le nez puisqu’il était ennuyé par un rhume. Comme mentionné plus haut, Mansour a livré un verdict nul face à Gérald Washington en octobre 2015.

Oscar Rivas VS Amir MansourTrois semaines avant le duel, Marc Ramsay déclare au Journal de Montréal : « On parle d’un test majeur. On croit que c’est le bon moment pour Oscar de se mesurer aux grosses pointures de sa catégorie. On veut avancer et non reculer ».

Malheureusement pour Rivas son épaule gauche se disloque à l’entraînement, il est forcé de se retirer de ce combat, mais il monte quand même dans le ring du Centre Vidéotron le 29 juillet face à un faire-valoir simplement pour lui permettre d’obtenir un chèque de paie, puisqu’il devra être inactif quelques mois à la suite de l’opération à l’épaule qu’il doit subir dans les semaines suivantes.

Cinq annulations avant le titre NABF

Remis de son opération à l’épaule gauche, qui a eu lieu en août 2016, Oscar a repris l’entraînement à la fin de l’hiver 2017. Confiant de pouvoir faire un combat de retour sur la carte du 3 juin en sous-carte des Pascal-Alvarez et Stevenson, il a dû passer son tour malgré qu’il n’y avait que cinq duels au programme.

Son promoteur a immédiatement annoncé que ce n’était que partie remise et qu’il serait de leur prochaine carte du 15 juin au Casino. Encore là, GYM ne présente que cinq affrontements, mais Rivas est là uniquement comme spectateur. Toujours prêt pour trouver des solutions, Yvon Michel annonce que le poids lourd sera en action à Niagara Falls le 30 juin lors d’un gala de Les Woods.

Pour la troisième fois en 27 jours, ce projet n’aboutit pas. La solution suivante est celle du 19 août avec un gala à Brampton, en Ontario, organisé par Lee Baxter. Bien que le promoteur ontarien ait trouvé un rival et un titre pour Rivas, le OK d’Yvon Michel ne viendra jamais.

Puis, en collaboration avec son partenaire Gestev, GYM prépare un petit gala à Québec dans le hall d’entrée du Centre Vidéotron pour le 16 septembre. Le projet qui devait mettre en vedette Oscar Rivas et Marie-Ève Dicaire tombe aussi à l’eau.

Finalement, en septembre, on lui offre le titre NABF en l’opposant à un boxeur qui est suspendu en Amérique du Nord depuis sept ans. Le passage dans le ring du Costaricain Carl Davis Drummond (31-4-0, 25 KO) est tellement court (68 secondes), que ça ne vaut pas la peine d’en parler.

En décembre, Rivas se rend en France pour faire la sous-carte du Français Johann Duhaupas. Grippé, le Montréalais d’adoption se bat autant contre un virus que contre l’Espagnol Gabriel Enguema (8-3-0, 5 KO). Après le duel, le loquace Yvon Michel confie à qui veut bien l’entendre que Rivas devrait affronter Duhaupas au printemps. Le Français ne reçoit jamais d’offre de la part d’Yvon Michel et affronte plutôt « Big Daddy » Jarrell Miller (23-0-1, 20 KO).

Toujours en attente du gros combat

En avril 2018, GYM en a fait rire plusieurs en lui offrant comme adversaire le plus petit boxeur de sa division sur la planète. Mesurant 5 pieds et 7 pouces, Sergio Ramirez a résisté deux petits rounds, démontrant évidemment que ce type de préparation pour un combat d’envergure était totalement inutile puisque les meilleurs de la division mesurent seulement un pied de plus !!!

Mais soyons indulgent, à l’époque GYM a très peu de moyens et Ramirez est clairement un choix de dernier recours. Certains se rappelleront que GYM annonçait, une semaine avant le gala, que Rivas devait affronter soit Eugene Hill (34-1-0, 22 KO), soit Fabio Maldonado (24-0-0, 23 KO). Hill a été trop gourmand financièrement, demandant 30 000$, et Maldonado a préféré se battre dans un combat d’arts martiaux mixtes en Russie.

Étant très limité financièrement, le premier boxeur a accepté l’offre financière de GYM fut donc Sergio Ramirez (16-5-0, 8 KO), un Mexicain ayant une fiche de 3-3 dans la dernière année, mais qui a été vaincu par KO au 1er round par l’aspirant no 36 de la WBC Tyrone Spong (11-0-0, 11 KO). Ils se battaient alors pour le titre WBC Latino.

En septembre dernier, en sous-carte de Stevenson-Jack, Yvon Michel utilise le budget de Al Haimon pour lui trouver un rival intéressant. Hervé Hubeaux (29-2-0, 14 KO) est un Belge de 26 ans qui a une belle fiche, mais qui a comme plus grande réussite d’avoir été le partenaire d’entraînement d’Anthony Joshua pendant une toute petite journée. Comme on le sait, Rivas s’est déchiré le biceps droit durant ce duel et il a dû se contenter d’une décision unanime (100-90, 100-90, 99-91).

Encore en sous-carte d’Adonis Stevenson, Oscar Rivas fait un Xe combat retour après une blessure le 1er décembre dernier. Initialement, il doit affronter Ebenezer Tetteh (19-0-0, 16 KO), un Ghanéen de 30 ans invaincu, mais qui ne s’est jamais battu à l’extérieur de son pays. Évidemment, GYM trouve un adversaire de remplacement à trois semaines d’avis à cause des problèmes de visa.

Le prochain élu est le combattant d’arts martiaux mixtes Fabio Maldonado (26-0-0, 25 KO), un Brésilien de 38 ans qui a laissé de côté la boxe entre 2010 et 2016 et que GYM a sollicité huit mois plutôt. Bien que sa performance ait été plutôt décevante, Rivas a obtenu une victoire par décision unanime (99-90, 100-89, 99-90) face à ce Brésilien.

Une préparation douteuse pour affronter Jennings

Le parcours d’Oscar Rivas se compare à des montagnes russes. À plusieurs reprises, on a cru que ça y était, il avait droit à un combat d’envergure. L’année 2016 est certainement celle qui a été la plus difficile à surmonter moralement. Deux gros combats annulés et en plus, à chaque fois, il doit subir une opération pour se remettre en forme.

Oscar Rivas champion NABFDepuis près de 18 mois, le boxeur de 31 ans détient le titre de la NABF et il a été actif comme jamais en montant dans le ring à cinq reprises et en accumulant pas moins de 33 rounds d’expérience. Par contre, le niveau de l’adversité a rarement été au rendez-vous.

Si le Montréalais d’adoption est rentré au 9e rang du classement de la WBC en gagnant le titre NABF en 68 secondes, il a progressivement régressé malgré le fait qu’il s’est battu à quatre reprises depuis septembre 2017. Présentement classé 16e à la WBC et 10e à l’IBF, malheureusement, Rivas ne compte aucun boxeur de qualité sur sa fiche. Mais il n’a aussi perdu quasi aucun round chez les pros. Le problème c’est qu’en 25 combats, il n’a jamais affronté de rivaux qui étaient de niveau international.

Des boxeurs comme Joey Dawejko (19-6-4, 11 KO) ou Avery Gibson (9-7-4, 3 KO) n’ont pas des fiches reluisantes ou des parcours épatants, mais ils sont en mesure de donner de l’opposition et forcent un boxeur à travailler bien plus qu’un round ou deux. Ce type de rivaux, qui sont tous deux venus se battre au Québec, n’auraient certainement pas défavorisé la progression de Rivas.

Évidemment, si nous avions pu voir Rivas en action face aux Gerald Washington, Amir Mansour ou Johann Duhaupas, nous aurions eu une bonne idée de sa valeur. Ces trois boxeurs ont un cumul de dix défaites, mais ils ont tous pris des risques et obtenus des combats de championnat du monde. Malheureusement, pour notre boxeur d’adoption le manque de moyen financier de son promoteur a trop souvent nui à sa progression, ce n’est pas un hasard si c’est son gérant qui a dû le faire vivre depuis une dizaine d’années.

Tout est possible chez les lourds

En terminant, on ne peut que souhaiter le meilleur pour Oscar Rivas. Si le parcours de son copain Eleider Alvarez a été pénible et long depuis novembre 2015, on ne peut pas dire que ç’a été plus facile pour le poids lourds. Son rival de vendredi est un aspirant mondial reconnu, contrairement à Rivas qui a présentement un statut semblable à celui qu’avait Bodgan Dinu avant sa défaite contre « Big Daddy » Miller.

Bryant « by by » Jennings (24-2-0, 14 KO) est présentement classé 2e WBO, 7e WBA, 9e IBF et 13e WBC. Le boxeur de Philadelphie a seulement perdu face à Wladimir Klitschko (DU12) et Luis Ortiz (TKO7) et ces deux combats ont eu lieu en 2015.

Au jeu des comparaisons, l’Américain déclasse complètement le Colombien. Jennings s’est battu en championnat du monde à une occasion, mais il a aussi participé à cinq duels prévus pour 12 rounds, alors que ce sera la première fois pour Rivas. Les victoires de Jennings face à Arthur Szpilka (16-0-0) et Mike Perez (20-0-0) ont pleinement justifié sa présence face à Wladimir Klitschko il y a quatre ans.

De plus, Jennings mesure sept centimètres de plus, mais surtout sa portée est supérieure par 19 centimètres. Pour être en mesure de toucher l’Américain avec ses gros crochets, Rivas devra accepter de payer le prix pour entrer à l’intérieur. Entraîné par John David Jackson depuis 2015, Jennings ne sera pas une cible facile.

Mais peu importe, c’est bien connu, chez les poids lourds tout est possible, on est toujours à un coup de poing près d’un KO. Fort probablement que le gagnant se méritera un combat de championnat du monde d’ici un an ou deux. Une victoire de Rivas lui permettra certainement aussi de suivre la trace d’Eleider et de signer un contrat de promotion avec Top Rank et enfin d’empocher des centaines de milliers de dollars. Soulignons, enfin, que curieusement les titres nord-américains de Jennings, NABO et IBF International, seront à l’enjeu, mais pas celui de Rivas.

jennings-rivas

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *