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Erik Bazinyan, sur l’autoroute du succès

Par Jean-Luc Autret

Le jeune Erik Bazinyan (6-0-0, 3 KO) est devenu boxeur professionnel il y a un peu plus d’un an et il a déjà eu l’opportunité de se battre à deux reprises au Centre Bell. Bien qu’âgé de seulement 19 ans, l’Arménien d’origine a eu le temps de s’imposer chez les amateurs autant au Québec qu’en Arménie. Nous l’avons rencontré pour mieux vous faire connaître celui qui affrontera le Mexicain Victor Palacios (10-9-4, 7 KO) samedi prochain au Château Vaudreuil.

Un enseignement de grande qualité

À l’âge de 14 ans, Erik est inspiré par ses compatriotes Arthur Abraham et Vic Darchinyan qui sont alors champions du monde respectivement chez les 160 livres et les 115 livres. Il s’inscrit au gymnase de Vladimir Yengibaryan, une légende de la boxe arménienne qui a remporté la médaille d’or aux Jeux Olympiques de 1956.

Pendant deux ans, il a le privilège d’être entraîné par Armen Hovhannisyan, un ancien champion d’Europe qui a enseigné la boxe à Arthur Abraham pendant cinq ans. Erik connaît du succès très rapidement au point de remporter le championnat de l’Arménie à 165 livres en 2010.

« J’ai participé à 87 combats en Arménie en seulement deux ans. Là-bas ça fonctionne beaucoup par tournois et tu peux te battre trois ou quatre fois en quelques jours. J’ai perdu à mon premier combat, mais ce fut ma seule défaite à vie. J’étais très proche de mon entraîneur, c’était comme un second père. Même une fois installé au Québec, je lui parlais deux fois par semaine, il est décédé l’an dernier », nous explique le boxeur.

Arrivée au Québec à 16 ans

Après des démarches étalées sur quatre ans, Erik et sa famille déménagent au Québec. L’une de ses tantes leur avait ouvert le chemin quelques années auparavant.

« Il n’y a pas beaucoup d’avenir pour les jeunes en Arménie. Mes parents ont choisi de venir ici pour moi et mon frère, qui a maintenant quatorze ans. L’armée est obligatoire là-bas et il y a souvent des décès suite à des échanges de tirs à la frontière avec la Turquie », relate-t-il.

Un mois après son arrivée dans la Belle Province, il reprend l’entraînement au centre d’arts martiaux mixtes Sherbatov à Laval. Quelques mois plus tard, il prend la direction du Grant Brothers Gym à Dorval. « J’ai fait mon premier combat amateur au Québec lorsque j’ai affronté Kevin Ercolano, qui était alors champion canadien junior à 75 kilos. Il ne s’attendait vraiment pas à être battu par un gars qui n’avait officiellement  aucun combat », raconte-t-il le sourire aux lèvres.

Par la suite, Erik accumule les succès en remportant la Coupe Adidas, les Gants Dorés québécois et le Défi des champions, puis il se rend à Cornwall pour les Gants Dorés nationaux à l’été 2013. Bien qu’il n’ait que 17 ans, il s’inscrit chez les séniors. En finale, il domine Robert MacMillan, le champion canadien de l’époque.

Les motivations pour devenir professionnel

« Mes deux plus beaux souvenirs chez les amateurs sont mon titre de champion d’Arménie et ma victoire aux gants dorés. J’aurais pu continuer et devenir champion canadien mais j’ai préféré passer chez les pros pour plusieurs raisons », affirme celui qui a cumulé une fiche de 132 combats amateurs incluant une seule défaite.

« Tout d’abord le fait de retirer les casques chez les amateurs m’a amené à être encore plus attiré par les professionnels. De plus, j’avais besoin de nouveauté, d’avoir de nouveaux défis et surtout, puisque les Olympiques avaient eu lieu l’année précédente, j’aurais dû être sur l’équipe canadienne pendant trois ans avant de vivre l’expérience olympique. Je ne voulais pas attendre si longtemps et risquer de manquer ce rendez-vous à cause d’une blessure ou d’autre chose », explique celui qui aurait bien aimé ajouter à son palmarès le titre de champion canadien amateur.

« Howard a fait beaucoup évoluer ma boxe. Lorsque j’étais chez les amateurs, je me déplaçais beaucoup et je me concentrais à marquer des points sans nécessairement mettre de la puissance dans mes coups. Mon entraîneur m’a appris à travailler à l’intérieur et à mettre de la puissance dans mes coups en plantant bien mes pieds au sol, il m’a beaucoup aidé », relate celui qui remercie grandement Howard Grant.

Des débuts pros parfaits

En septembre 2013, il réalise son rêve en participant à un premier combat professionnel. Loin de ses proches, il accepte de se rendre à Moncton pour affronter Matt Heim. Le duel est terminé après seulement 33 secondes. Par la suite, il remporte des TKO face à Ahmad Selemani et à Alexandre Bouvier, deux boxeurs de Québec. « À mes trois premiers combats, je croyais que je pourrais passer le KO à tout le monde. La sensation des gants de 10 onces?, c’est incroyablement léger et mince », raconte-t-il.

En sous-carte d’Adonis Stevenson, le 24 mai dernier, le protégé des frères Grant est monté sur le ring du Centre Bell. L’expérimenté Mexicain Jaudiel Zepeda (12-12-1, 9 KO), que nous avons vu contre Hyppolite, Lemieux et St-Juste, s’est frotté à Bazinyan et il a démontré qu’il était prêt à prendre ses coups jusqu’à la fin du dernier round.

Le jeune Lavallois a ensuite remporté des décisions de six rounds face à Gary Kopas, l’adversaire d’abord pressenti pour le retour de Stéphane Ouellet, et le Français Baptiste Castegnaro lors de sa seconde présence au Centre Bell le 27 septembre. « J’ai beaucoup appris lors de mes trois derniers combats. J’ai gagné chacun des rounds, mais en même temps j’ai pris une grande expérience. Celui qui m’a fait le plus travailler c’est Gary Kopas. Même si je le touchais régulièrement, il avançait constamment sur moi. J’ai fait l’erreur de rester trop à  l’intérieur », ajoute-t-il.

Pas un, mais deux promoteurs

Personne n’est surpris qu’Erik fasse partie de l’équipe des Grant Brothers Promotions, puisqu’il est entraîné par Howard et qu’il a participé à chacun des trois premiers galas de la jeune compagnie. De plus, le jeune boxeur a signé il y a quelques semaines une entente avec la firme Banner Promotions, propriété d’Arthur Pelullo. Il s’agit du même promoteur qui s’occupait d’Otis Grant lorsqu’il a conquis le titre WBO des poids moyens en 1997. En fait, Grant a été le premier champion du monde de Pelullo.

« Je suis bien content d’avoir signé cette entente, c’est grâce à Otis qui a gardé des bons liens avec son ancien promoteur que ça a été possible. Je prévois faire trois combats l’an prochain avec eux dont un qui pourrait avoir lieu en début d’année », affirme celui qui s’est engagé pour trois ans avec la firme de Philadelphie.

Banner Promotions s’occupe notamment des champions du monde Chris Algieri et Demetrius Andrade ainsi que des Ruslan Provodnikov, Brian Vera et Umberto Savigne, en plus d’avoir dirigé les carrières d’anciens champions du monde comme Dmitry Pirog et Sirgiy Dzinziruk. Pelullo présentera un gala lors de l’émission Friday Night Fights le 16 janvier prochain au Casino Turning Stone à Verona, mais Erik n’a pas encore la confirmation qu’il y sera.

En route vers les championnats

Samedi, Erik Bazinyan est déjà rendu à son quatrième combat de six rounds. Il affrontera alors le Mexicain Victor Manuel Palacios (10-9-1, 7 KO) qui a fait la limite avec Francy Ntetu en août dernier.

Il y a de nombreux objectifs pour sa carrière de boxeur. Pour l’année 2015, il souhaite pouvoir se battre à trois reprises au Québec en plus de ses trois duels en territoire américain. « À la fin de la prochaine année, j’aimerais me battre dans un douze rounds et mettre la main sur le titre canadien », affirme-t-il.

À moyen et long terme, ses objectifs sont conformes à la progression des boxeurs visant à devenir champion du monde. En 2016, ce sera l’étape des titres nord-américains et son entrée dans les classements mondiaux, puis il vise un combat de championnat du monde en 2017.

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