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- Le boxeur de l’année et autres prix 2014
Le boxeur de l’année et autres prix 2014
- Mis à jour: 28 décembre 2014
Par Martin Achard, Jean-Luc Autret et Benoît Dussault
Personne n’ira prétendre que les douze derniers mois ont formé une grande année dans l’histoire de la boxe au Québec. Malgré tout, ils auront quand même donné lieu à un certain nombre de performances et de réalisations mémorables. Dans cinq, dix ou vingt ans, quels souvenirs garderons-nous de 2014, et de qui et de quoi aimerons-nous nous rappeler entre amateurs de boxe discutant autour d’une bière? Voici nos réponses à cette question, déclinées selon neuf prix de fin d’année.
Boxeur de l’année: Bermane Stiverne
Il serait facile d’apporter trois bémols à ce qu’a accompli cette année Bermane Stiverne: il ne s’est battu qu’une seule fois; il a vaincu le même adversaire qu’en 2013, Chris Arreola; et, même s’il a mis la main sur la ceinture WBC des poids lourds, il ne peut prétendre avoir supplanté Wladimir Klitschko comme le vrai champion, c’est-à-dire comme le champion linéaire unanimement reconnu, de sa division.
Il n’en demeure pas moins que le Haïtien d’origine mérite amplement le titre de boxeur de l’année au Québec, au vu de la magnitude de sa victoire par TKO contre Arreola en mai, diffusée sur les ondes d’ESPN. Car après tout, la catégorie des poids lourds ne demeure-t-elle pas la catégorie reine de la boxe? Et s’approprier une ceinture mondiale, dès lors qu’elle émane d’une association reconnue, n’est-il considéré comme un fait d’importance aux yeux de la plupart des amateurs, sans parler de l’impact financier positif qui en résulte pour celui qui la détient? Enfin, comment mieux frapper l’imaginaire des fans et devenir champion en boxe qu’en utilisant sa puissance pour envoyer deux fois au tapis et stopper au 6e round un dangereux colosse de 240 livres, qui s’était battu jusque là de façon courageuse et inspirée?
Si vous avez besoin d’un argument supplémentaire pour comprendre pourquoi Stiverne mérite le prix, le voici: en disposant d’Arreola, celui dont la carrière est gérée par Camille Estephan s’est mis en position pour prendre part dans trois semaines à un duel extrêmement médiatisé à Las Vegas, contre le maître du K.-O. Deontay Wilder. Or comme nous l’avions souligné en mai, une défense victorieuse de son titre à cette occasion le catapulterait au rang des étoiles internationales du noble art, et pourrait le mener en 2015 à un combat d’unification contre nul autre que Wladimir Klitschko. Qui d’autre au Québec pourrait donc se vanter d’avoir eu une année 2014 aussi fructueuse et significative pour l’avancement de sa carrière que Stiverne?
Mentions honorables: David Lemieux et Schiller Hyppolite.
Combat de l’année: Dillon Carman TKO7 Éric Martel-Bahoéli
Ceux qui ont vu cette guerre brutale et sauvage tenue le 25 octobre à l’ancien Maple Leaf Gardens de Toronto en sont ressortis avec une tonne d’images spectaculaires à jamais gravées dans leur esprit! Une vraie bagarre de ruelle entre poids lourds, qui se sont échangés à qui mieux mieux les bombes, et ont chacun visité le tapis à plus d’une reprise. Voyez par vous-mêmes:
Est-ce que ce combat, que le Québécois Martel-Bahoéli aurait dû gagner s’il avait boxé de façon stratégique, fait honneur aux aspects techniques et scientifiques de la boxe? La réponse à cette question est: non, aucunement! Est-ce que, en décernant le prix du combat de l’année à cet affrontement, nous ne contredisons pas un peu nos principes, nous qui tendons d’ordinaire à valoriser ces aspects techniques et scientifiques? La réponse à cette question est: oui, nous nous contredisons un peu! Mais, quelquefois, le plaisir éprouvé à regarder une bagarre d’une telle intensité l’emporte sur tout, d’autant que – on nous permettra de le rappeler – nous avions le privilège d’être assis ringside au Maple Leaf Gardens pour couvrir l’évènement.
Mention honorable: Jo Jo Dan V12 Kevin Bizier.
KO de l’année: Artur Beterbiev KO2 Tavoris Cloud
À seulement sa sixième sortie chez les professionnels, Artur Beterbiev n’a pas déçu les attentes placées en lui à la fin septembre au Centre Bell, servant une raclée en règle à Tavoris Cloud dans une victoire par K.-O. au deuxième round.
Le Tchétchène a envoyé l’Américain au plancher pas moins de trois fois au premier round, à chaque reprise sur de violentes séries de crochets en puissance qui rappelaient les images des combats du légendaire Jack Dempsey, le champion des poids lourds de 1919 à 1926. Signalons qu’il s’agissait des trois premiers knockdowns subis en carrière par l’ancien champion IBF des 175 livres, un boxeur réputé pour la grande solidité de sa mâchoire! En dépit des trois chutes, l’arbitre Michael Griffin a laissé Cloud entamer le deuxième round, mais Berterbiev l’a rapidement acculé dans un coin. Une nouvelle série de crochets à courte distance, incluant une gauche magistrale, a alors fait crouler l’ancien champion pour la dernière fois.
Non seulement le K.-O. de l’année, mais sans conteste l’une des plus belles et impressionnantes mises hors de combat de l’histoire de la boxe québécoise!
Mentions honorables: David Lemieux KO3 Fernando Guerrero et Schiller Hyppolite KO1 Rafael Sosa Pintos.
Surprise de l’année: Michel Tsalla N4 Jan-Michael Poulin
Michel Tsalla ne revendique à l’heure actuelle qu’une seule victoire en douze combats, mais son palmarès (1-9-2) s’explique en partie par le rôle ingrat qu’il doit jouer dans l’écosystème de la boxe professionnelle au Québec. Il est en effet appelé, souvent à la dernière minute, pour servir d’adversaire à des boxeurs dont on cherche à monter la fiche, et même lorsqu’il donne une excellente opposition à ces derniers (ce qui arrive régulièrement), les juges ne penchent généralement pas en sa faveur. À preuve, sa dernière sortie, une défaite, contre Mitch Louis-Charles, au terme de laquelle ont été remises trois cartes de pointage de 60-54, ne reflétant en rien le caractère très partagé de l’affrontement.
Tsalla aura cependant réussi une sorte d’exploit en septembre, à savoir arracher, contre toute attente, un verdict nul à l’ancien champion canadien chez les amateurs Jan-Michael Poulin, qui effectuait ses débuts professionnels. Les deux derniers rounds de l’affrontement furent particulièrement enlevants, voyant Tsalla revenir de l’arrière et se battre avec fougue pour forcer la main des juges et causer la surprise d’un combat nul. Une performance inspirante qui montre encore une fois que les boxeurs ne doivent pas être jugés uniquement à leur fiche.
Mention honorable: Olivia Gerula V8 Kaliesha West.
Recrue de l’année: Steven Butler
Comment ne pas être admiratif devant le départ fulgurant qu’a connu Steven Butler en 2014? Après avoir fait son entrée chez les professionnels en mars, «The Future» a maintenu une moyenne d’un combat par mois (!) pour compiler une fiche parfaite de 9-0-0 (8 K.-O.). Bravo au jeune pugiliste de 19 ans, à son entraîneur Rénald Boisvert et à son promoteur Camille Estephan pour ce remarquable niveau d’activité. Nous aimerions être plus souvent ainsi replongés dans les belles époques de la boxe, alors que les combattants avaient l’occasion et l’habitude de monter dans le ring avec beaucoup plus de régularité qu’aujourd’hui.
Mentions honorables: Yves Ulysse Junior et David Théroux.
Ascension de l’année: Schiller Hyppolite
Le poulain de l’entraîneur Jean-François Bergeron a énormément progressé en 2014, et ce, à plusieurs niveaux. D’une part, sa participation à six combats (dont trois de dix rounds et un de douze) démontre une assiduité au gymnase et une discipline qui ne sont pas données à tous. D’autre part, la qualité de ses adversaires, particulièrement dans ses quatre derniers combats, lui a permis d’acquérir beaucoup d’expérience et de se bâtir une belle assurance.
Le fait de s’être battu pour deux titres mineurs, l’un chez les 168 livres et l’autre chez les 175, lui a par ailleurs donné une visibilité auprès des associations mondiales. Présentement classé 15e à l’IBF chez les super-moyens et 19e à la WBC chez les mi-lourds, Hyppolite a fait sa première finale l’été dernier à Québec lors d’un gala présenté par son promoteur, EOTTM. Enfin, il a effectué un retour au Centre Bell par la grande porte, se produisant en demi-finale du dernier évènement organisé par InterBox.
Retour de l’année: Stéphane Ouellet
Le prix du plus beau retour ne pouvait revenir qu’à une seule personne. Le plus évident des choix que nous avons eus à faire cette année! À vrai dire, le «Poète», Stéphane Ouellet, n’a pas effectué un retour en 2014, mais bien plutôt deux. Dans un premier temps, le 23 mai à Victoriaville, il est monté dans le ring à l’occasion d’un combat d’exhibition face à Guylain Ramsay. Devant 1400 spectateurs, les deux hommes ont offert un beau spectacle ayant permis d’amasser 21 000 $ destinés à cinq organismes, soit le Club de boxe KO-96 de Victoriaville, le Club de boxe d’Alma, le Fonds Espoir de Leucan, le centre naissance-famille de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, et la résidence Les Amis de Pierrot du Saguenay.
Puis, la participation de Ouellet au gala du 27 septembre au Centre Bell, pour un dernier tour de piste en tant que boxeur professionnel, a été bien sûr remarquée par tous. Il s’agissait d’une trouvaille digne de mention de la part d’Yvon Michel, afin de palier le retrait de Jean Pascal et de donner une injection d’adrénaline à un gala qui ne pouvait qu’attirer une maigre foule. Malgré plusieurs changements d’adversaire et une défaite par décision, Ouellet a été fidèle à lui-même et il nous a offert, à l’âge de 43 ans et après dix années d’inactivité, une performance plus qu’honorable, lui permettant de retourner à la retraite dans la dignité qu’il mérite. Merci Stéphane!
Entraîneur de l’année: Marc Ramsay
De la victoire de Jean Pascal sur Lucian Bute en janvier à celle de David Lemieux sur Gabriel Rosado en décembre, en passant par les exploits d’Artur Beterbiev et la performance concluante d’Eleider Alvarez contre Ryno Liebenberg à Monaco, Marc Ramsay n’a cessé de briller en 2014.
Il nous reste maintenant à espérer que les réalisations de Ramsay amènent certains amateurs et journalistes des grands médias à remettre en question leurs idées reçues, selon lesquelles il existerait une énorme différence entre la qualité des meilleurs entraîneurs américains et les entraîneurs québécois. Ces idées reçues ne sont pratiquement jamais formulées de façon directe et explicite, mais elles sont bien réelles et vivaces, n’en doutez point.
Cette année, elles se sont entre autres manifestées dans certaines déclarations frôlant le ridicule au sujet de la «grandeur extrême» de Freddie Roach, qui est certes un excellent entraîneur, mais qui n’a pas pour autant connu que du succès en carrière, et qui n’a pas encore démontré selon nous le même degré de subtilité et le même éventail d’habiletés dans son coaching que les plus illustres entraîneurs du passé, par exemple Eddie Futch ou Angelo Dundee. Nous soulèverons aussi cette question: pourquoi tant de gens semblaient-ils absolument convaincus que Lucian Bute allait retirer davantage d’une petite fraction du temps et de l’attention de Roach, plutôt que de l’attention pleine et entière d’un autre nouvel entraîneur, qui aurait facilement pu être québécois?
Signalons qu’en 2013, les mêmes préjugés avaient transparu dans une affirmation répétée à satiété, selon laquelle ce n’est qu’en commençant à s’entraîner au Kronk Gym qu’Adonis Stevenson avait pu parfaire sa technique, et notamment développer sa capacité à ne pas se retrouver en déséquilibre. Il ne saurait bien entendu faire de doutes que, pour plusieurs raisons, la décision de «Superman» de s’associer à Emanuel Steward fut excellente et constitue un point tournant dans sa carrière. Mais était-il raisonnable de formuler les choses d’une façon qui suggérait qu’il n’y avait personne de suffisamment compétent au Québec pour apprendre à Stevenson comment frapper en conservant son équilibre? Ne croyez-vous pas que les frères Grant, qui entraînaient Stevenson avant son passage à Détroit, sont capables d’enseigner un point aussi élémentaire?
Quoi qu’il en soit, ne soyez pas surpris si Ramsay devient bientôt aussi sollicité à l’échelle internationale que les meilleurs noms œuvrant aux États-Unis. Il le mériterait pleinement selon nous.
Mentions honorables: Rénald Boisvert et Jean-François Bergeron.
Coup de cœur de l’année: la division sports de combat de la Régie des alcools, des courses et des jeux
Plusieurs raisons nous poussent à décerner notre prix coup de cœur à la division sports de combat de la Régie des alcools, des courses et des jeux, une organisation qui joue un rôle essentiel pour maintenir en santé la boxe au Québec, et dont la qualité du travail est trop rarement soulignée.
Tout d’abord, l’équipe de Michel Hamelin et de Jean Douville a supervisé avec brio un total de 23 galas cette année, soit six de plus que l’an dernier et généralement plus que dans les années précédentes.
Le 19 décembre, ils ont su s’organiser efficacement pour permettre à deux promoteurs de tenir leurs événements respectifs le même soir, une première au Québec, et un exploit logistique que très peu de régies ou de commissions athlétiques dans le monde seraient en mesure d’accomplir. La chose n’aurait pas été possible sans une attitude proactive, qui les a poussés à se préparer à l’imprévisible et à former du nouveau personnel.
Enfin, les agissements de Roberto Bolonti le 6 décembre auraient pu avoir des conséquences beaucoup plus graves. Mais, grâce à un parfait mélange de calme et de poigne, les responsables de la Régie se sont avérés capables de raisonner tous les intervenants et d’éviter les débordements dans le ring. De plus, la présence et les réponses précises de Michel Hamelin en point de presse ont permis de donner un portrait clair de la situation, au grand bénéfice de quelques représentants des médias moins rompus à la boxe, qui étaient susceptibles de mal rapporter l’information.
Le temps serait peut-être arrivé de reconnaître, haut et fort, que la Régie des alcools, des courses et des jeux est l’une des principales forces concourant à la présentation d’évènements de boxe professionnelle de calibre mondial au Québec.
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