Martin Germain: coacher différemment

Par François Bouchard

Derrière chaque boxeur, un entraîneur est là pour veiller au cheminement des athlètes. Nous avons la chance au Québec d’avoir des entraîneurs chevronnés qui ont bâti leur réputation au fil des années. Les Russ Anber, Stéphan Larouche, Marc Ramsay, Howard Grant et cie sont tous des noms qui sont désormais synonyme d’excellence au niveau de la boxe québécoise. Mais qu’en est-il de la relève? Elle se forme aussi dans le coaching! C’est pourquoi j’ai décidé de vous présenter un visage que vous avez peut-etre vu dans les dernières années et qui sera encore plus présent dans les mois à venir. Il s’agit de Martin Germain, l’assistant de Mike Moffa, du Underdog Gym de Montréal.

FB: Martin, on veut tous savoir comment tu es tombé dans la boxe?

MG: Comme beaucoup de jeunes, je jouais au hockey. Sauf que je passais un peu trop de temps au banc des punitions. C’est mon père qui m’a défié d’aller dans un gym de boxe, voir si je ferais autant mon dur! Je suis donc entré au Club de boxe Champion et Paul Evans m’a pris en charge. Un autre boxeur est entré en même temps que moi: Ghislain Maduma. Nos carrières ont pris des tournants différents!

FB: Parle-moi de tes réussites en tant que boxeur amateur et professionnel?

MG: Sans jamais avoir été sérieux, j’ai eu 30 combats amateurs, dont une participation en finale aux championnats canadiens. Puis j’ai passé pro et fait 2 combats, 2 victoires. 30 combats ce n’est pas beaucoup mais ma fougue et mon talent m’ont porté à croire que je pourrais avoir une belle carrière chez les professionnels. Une blessure au bras a malheureusement mis fin à mes espoirs. C’est comme ça que j’ai commencé à coacher. Je voulais rester au gym et j’avais toujours espoir de me rétablir… Puis un jour Zachary Adu Fleurant est arrivé, et je me suis dit « ce gars-là, je vais lui apprendre la boxe ». J’ai vu le potentiel en lui et ça fait maintenant 5 ans que je l’entraîne.

FB: Tu as commencé au club de boxe Champion, puis Mike Moffa t’a demandé de lui donner un coup de main, au club Underdog. Pourquoi t’a-t-il choisi?

MG: Je n’en ai aucune idée honnêtement. Peut-être le retour de mon frère Mathieu (maintenant 2-0, 1 KO chez les pros) et je crois qu’il a sûrement vu en moi que j’étais un passionné. Je suis maintenant son assistant dans le coin de Dierry Jean et de mon frère Mathieu.

FB: Tu étais avec Rénald Boisvert avant au club Champion, un style, plus posé, complètement différent de Mike Moffa. Quelle est ta relation avec Mike?

MG: Je n’ai jamais vraiment coaché avec Rénald, c’était plus un travail d’équipe. J’ai appris de lui en le voyant travailler comme j’ai appris de Paul Evans, puisque les deux m’ont coaché. Rénald calmait mes ardeurs à mes débuts d’entraîneur. Il voyait mon potentiel mais il disait que si j’étais calme tout serait plus facile avec mes boxeurs. Il est à l’écoute et il connait ses protégés. C’est un fin psychologue. Pour ça, Rénald m’a beaucoup aidé. Avec Mike, je discute boxe, stratégie.  Parfois, on a des opinions contraires. C’est le premier qui m’a donné ma chance à 100% et je lui en serai toujours reconnaissant.

FB: Tu sembles l’apprécier énormément, est-ce que je me trompe?

MG: Oui mais il arrive qu’on ait des opinions divergentes. Je crois que c’est très normal: j’ai rarement vu une aussi grande passion chez un coach. Mike est là tous les jours de la semaine. Il entraîne le meilleur comme le moins bon. C’est ça la passion.

FB: Côté boxe justement, quelles sont tes techniques? Es-tu plus de la vieille école ou tu t’es modernisé?

MG: Je suis pas mal axé sur le travail côté boxe: pads, course, sparring, corde à danser. C’est certain que j’ai adapté mes techniques mais là n’est pas ma force.

FB: C’est quoi alors?

MG: Quand j’ai une vision avec un boxeur, je travaille à long terme, très long terme. Si le boxeur n’est pas sur la même longueur d’ondes que moi, je ne l’entraîne pas. Sinon, je suis prêt à donner des mois, des années s’il le faut.

FB: Justement, Zachary Adu Fleurant connaît une belle progression. Il a participé à trois tournois internationaux cette année et il est champion canadien junior chez les 60 kg, ayant vaincu Xavier Gagnon, qui était favori pour l’emporter. Il combattra le 19 septembre prochain au gala pro am au Bain Mathieu. Qu’est-ce que tu entrevois pour lui à court et moyen terme?

MG: À court terme pour mon « Diamant », j’entrevois du travail et encore du travail. On a du plaisir mais on travaille fort. On peut me traiter de fou, mais je n’espère rien de moins qu’il devienne champion du monde un jour! Si, demain, il devait accrocher ses gants, je pourrais au moins me dire que nous avons eu du plaisir tout en visant le sommet.

FB: Que dirais-tu si tu te rends compte qu’un boxeur ne l’a pas ou qu’il devrait prendre sa retraite?

MG: Je n’ai jamais été confronté à ce genre de situation encore mais j’essaie d’être le plus franc possible avec mon boxeur. Je crois que si je vois que le temps est venu d’arrêter et qu’il désire continuer, je ne pourrai plus l’aider. Pour le moment, tout cela est hypothétique car je ne l’ai pas vécu.

FB: Quel effet ça te fait d’être avec ton frère? Il a quand même surmonté beaucoup d’épreuves!

MG: Je suis tellement fier de lui! Au fil des années j’ai fini par ne plus croire à son retour. Mais lui a toujours cru en ses capacités et aujourd’hui on voit ce que cela donne. Il vit enfin son rêve de jeunesse!

FB: Mais quelle approche adoptes-tu avec Mathieu? Tu assistes Mike pour ton frère alors que tu es le coach de Zachary, qui n’a pas de lien de parenté avec toi. À son premier combat professionnel à Sorel, par exemple, tu lui demandais constamment de relaxer!

MG: C’est vrai, mon rôle est davantage de le calmer ou de le motiver au besoin. Je donne quand même mon avis à Mike lorsque je le sens nécessaire. Avec Zac, c’est moi qui donne les directives mais je considère que nous sommes toujours une équipe.  Je suis le courant du coach. J’agis de la sorte aussi dans les coins de Dierry Jean ou de Ghislain Maduma. Je suis plus discret mais j’essaie d’intervenir au bon moment.

FB: On a vu Bernard Hopkins discuter avec ton frère après son dernier combat. Que lui a-t-il dit?

MG: Il a beaucoup apprécié son calme et la façon qu’il se comportait comme un boxeur d’expérience dans le ring. Il lui a mentionné de travailler sur ses points faibles au gymnase. C’est ça  le plus important!

FB: Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour le futur?

MG: Que mes boxeurs progressent et qu’ils restent en santé. Personnellement,  je veux continuer d’apprendre et m’améliorer afin d’améliorer mes protégés.

 

 

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