Trois rounds avec… Ariane Fortin

Par Jean-Luc Autret

Championne du monde en 2006 et en 2008, Ariane Fortin n’a pu se rendre à Londres pour les Jeux Olympiques de 2012 parce que Mary Spencer l’a battue précédemment aux qualifications canadiennes. Redevenue championne canadienne à l’automne 2013, elle a rapidement repris sa place dans l’élite mondiale des 75 kilos féminin. Après trois médailles d’argent en Pologne en avril 2014, aux Commonwealth en Écosse et aux Continentaux au Mexique ainsi qu’une médaille de bronze aux Mondiaux en Corée du Sud, elle vise évidemment l’or aux Panaméricains de Toronto. Nous l’avons rencontrée à son club L’Underdog peu de temps avant son départ pour la métropole canadienne.

12rounds.ca: Bonjour Ariane, tu as eu une année fort chargée en 2014, parles-nous un peu de tes quatrièmes mondiaux, est-ce que le niveau était vraiment différent qu’en 2005, 2006 et 2008?

Ariane: Ces mondiaux-là m’ont vraiment confirmé que je suis de retour au top mondial. Malgré mes bonnes performances tout au long de l’année 2014, j’avais quand même une petite insécurité sur mes capacités face aux meilleures. Bien que j’ai perdu en demi-finale face à l’Américaine Claressa Shields, j’ai battu précédemment en Pologne la Chinoise qui a décroché la médaille d’argent et j’ai battu dans le passé à cinq reprises l’autre médaillée de bronze, la Hollandaise.

Depuis trois ans, je n’avais pas participé à beaucoup de compétitions internationales. On m’avait dit que le niveau s’était amélioré et j’ai pu constater que c’est effectivement le cas. La marche entre les meilleures et le milieu du peloton s’est considérablement rétrécie. C’est clair pour moi que les pays investissement plus maintenant dans la boxe féminine depuis que nous sommes admises aux Olympiques.   

12rounds.ca: Tu as participé aux Commonwealth en Écosse l’été dernier, j’imagine que cette expérience va t’aider à te préparer aux Panaméricains?

Ariane: Oui, certainement. Ça a vraiment été une expérience trippante pour moi. Outre les mondiaux, c’était la première fois que je participais à de grands jeux de ce type. J’étais vraiment stressée, il y avait beaucoup de médias. L’attente a vraiment été longue, nous avons été en camp d’entraînement pendant trois semaines avant l’ouverture de la compétition. Comme pour les Panam, la boxe c’est à la fin des jeux. Il faut faire attention pour ne pas trop s’exciter rapidement, on doit bien gérer son stress.

Les finales ont eu lieu dans un grand stade de 12 000 places et les spectateurs sont très partisans là-bas. C’est plus gros que faire le Centre Bell !!! J’ai affronté la représentante du pays de Galles et comme nous étions en Écosse, la foule l’appuyait très fort. Le combat a été très compétitif, j’ai perdu une décision partagée.

12rounds.ca: Comment va ta préparation pour Toronto?

Ariane: Après les mondiaux, j’ai eu une opération à une épaule parce que j’étais blessée depuis avril. J’avais une déchirure du labrum et je risquais de faire sortir  mon humérus de mon omoplate un peu comme Jean Pascal l’a vécu face à Adrian Diaconu. L’opération a eu lieu le 27 novembre et à la fin du mois de mai j’ai pu tester mon épaule à fond à Regina lors d’un duel avec les États-Unis. J’ai battu à deux reprises la no 2 américaine et mes performances m’ont confirmé que mon épaule est bien solide à sa place.

Côté préparation à Montréal, je suis très bien entourée. Je travaille avec Jarek Kulesza depuis sept ans et, auparavant, j’étais avec son père André les trois années précédentes. Bref, je lui fais confiance à 200% pour mon conditionnement physique. Pour le sparring, j’ai mis les gants avec une grande gauchère, Tamara Thibault de Shawinigan, pour bien me préparer parce qu’il y aura plusieurs gauchères à Toronto. Je mets aussi les gants avec Myriam Da Sylva et plusieurs boxeurs masculins comme Dierry Jean, Schiller Hyppolite, Ghislain Maduma et mon partenaire principal est Louisbert Altidor, que je remercie de sa collaboration.

12rounds.ca: Connais-tu déjà tes adversaires, peux-tu nous parler d’elles?

Ariane: Oui et non, je ne les ai pas toutes déjà affrontées, mais j’en connais plusieurs. Nous serons huit boxeuses, donc au maximum, j’aurai trois combats à faire. Je suis classée comme la seconde favorite, derrière l’Américaine et devant la Brésilienne. Bref, je vais affronter un autre pays en quart de finale lundi, puis je devrais me mesurer à la Brésilienne mardi et me retrouver en finale contre Claressa vendredi. Bien sûr, je ne prends rien pour acquis et je vais y aller un combat à la fois, je ne me ferai pas prendre comme une débutante!!!

La Brésilienne est une petite gauchère très guerrière. La Dominicaine est aussi une gauchère que j’ai battue aux Continentaux. Je connais peu les représentantes du Mexique, de la Colombie, du Venezuela et de Trinidad. Claressa est très explosive et elle a beaucoup de volume. Elle remporte souvent les échanges parce qu’elle frappe l’œil par son style. On ne doit pas échanger coup pour coup avec elle.

12rounds.ca: On te voit souvent dans l’entourage du groupe d’Eye of the Tiger Management, c’est quoi ton rôle précisément?

Ariane: Mon rôle principal est toujours d’être une athlète, c’est ma priorité jusqu’aux Jeux de Rio et même après, j’aimerais aussi participer aux mondiaux de 2017. Je donne un coup de main à Camille selon mes disponibilités. Je suis responsable de faire les suivis avec les médicaux pour chacun de nos boxeurs. Ça fonctionne bien dans mon horaire parce qu’il y a des échéances et que je peux planifier ça d’avance. De plus, j’ai eu le plaisir de coordonner la préparation des habits pour le gala du 20 juin. Nous avons trouvé une couturière qui a fait un très beau travail et ça me permet de jouer à la designer, c’est bien le fun.

12rounds.ca: Merci de ta collaboration Ariane, on te souhaite beaucoup de succès à Toronto et pour les deux prochaines années.

Ariane: Merci à toi!  

 

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