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Démonstration de ténacité

par Jean-Philippe Arcand

Comme cadeau de fin d’année, on pouvait difficilement demander mieux. Samedi soir, au State Farm Arena d’Atlanta, Jean Pascal et Badou Jack nous ont offert un spectacle enlevant du début à la fin, couronné en prime par une victoire du Québécois. Un gain à l’arraché, aux allures presque hollywoodiennes.

Au terme des 12 rounds de l’affrontement, deux juges ont donné Pascal (35-6-1, 20 K.-O.) gagnant avec un pointage de 114-112, tout comme Ringside, d’ailleurs. Le troisième officiel avait le même score sur sa carte, mais en faveur de Jack (22-3-3, 13 K.-O.).

Pascal a donc réussi, non sans peine, à conserver sa ceinture WBA des mi-lourds, déjà acquis contre toute attente face à Marcus Browne plus tôt cette année. Mais le champion est venu bien près de se faire jouer un vilain tour pour cette première défense de son titre.

Si Pascal a complètement dominé la première moitié du duel, faisant au passage visiter le plancher à Jack lors du quatrième assaut, le vent a subitement tourné à partir de la sixième reprise. Le Suédois, plutôt discret jusque-là, s’est réveillé d’un coup sec et a profité de la fatigue qui gagnait son rival pour imposer le rythme à son tour.

Ainsi, le confortable coussin que Pascal avait pu se construire sur les cartes des juges s’est peu à peu aminci, faisant douter même les plus ardents partisans du Lavallois de ses possibilités de victoire. Et quand ce fut au tour d’un Pascal à bout de souffle de se retrouver au tapis au 12e round, un parfum de catastrophe a commencé à se faire sentir. D’aucuns se sont mis à croire que c’en était fait du champion défendant. Et pourtant, le voilà encore au sommet.

Jack aurait-il mérité de gagner? Sans doute, oui. Mais a-t-il été victime d’un vol pour autant? Pas une seconde.

Cette victoire, Pascal l’a obtenue de deux manières. D’abord, en neutralisant Jack avec un jab efficace et des attaques soutenues. Puis, lorsque les choses se sont mises à tourner au vinaigre pour lui, il s’est livré à une brillante démonstration de ténacité et de volonté qui a assurément plu aux juges – et encore plus au public.

Il s’est démené avec toute l’énergie du désespoir qui lui restait pour survivre jusqu’à la fin du combat, hypothéquant dangereusement sa mâchoire. Rares sont les boxeurs qui auraient pu encaisser le même volume de coups et atteindre la limite malgré tout. On aura beau reprocher ce qu’on voudra à Pascal, on ne pourra jamais l’accuser d’être un lâche.

Le gain est d’autant plus satisfaisant dans la mesure où il vient auréoler encore davantage une année qui aura été synonyme de résurrection pour lui. Comme on l’évoquait ici en guise d’avant-match, l’avenir de Pascal paraissait bien incertain après sa deuxième défaite contre Sergey Kovalev, en janvier 2016. Et outre quelques petites étincelles éparses, il y a souvent eu lieu de se demander à quoi tout cela allait bien rimer en bout de ligne au cours des dernières années. Maintenant, on le sait.

Parlant d’avenir, il faudra voir ce qu’il réserve désormais à Pascal. Le nom d’Artur Beterbiev, tenant des titres IBF et WBC de la catégorie, a été évoqué pour un duel d’unification qui attirerait à coup sûr l’attention. Mais soyons honnêtes, on voit mal comment Pascal – ou même tout autre mi-lourd à l’heure actuelle – pourrait s’emparer des ceintures de Beterbiev. Le Russe est un char d’assaut humain, rien de moins.

Et si on décidait, comme d’autres l’ont suggéré un peu partout sur les réseaux sociaux, d’organiser un combat mettant Beterbiev en vedette, alors que Pascal ferait les frais de la demi-finale? Un combat revanche contre Jack, disons? Après tout, avec un résultat aussi partagé que celui de samedi, il serait presque criminel de ne pas présenter un deuxième épisode.

Amusons-nous un peu, et supposons qu’il s’agisse du scénario retenu. Faisons-nous encore plus plaisir et imaginons que le gala soit présenté au Centre Bell, par exemple. Vous imaginez toute la frénésie qu’il y aurait ici autour de l’événement?

Pascal confiait d’ailleurs récemment à Ringside qu’il aimerait bien revenir se battre au Québec, lui qui a disputé ses trois derniers combats aux États-Unis. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’avec cette excitante victoire contre Badou Jack, l’occasion serait plus que belle de rentrer à la maison.

[Photo tirée du compte Twitter de Showtime]

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