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À quoi s’attendre du 2e combat entre Gennady Golovkin et «Canelo» Alvarez ?

Par Martin Fournier

Le combat revanche entre les deux meilleurs poids moyens de la division, soit le Kazakh Gennady Golovkin et le Mexicain Saul « Canelo » Alvarez, est prévu le samedi 15 septembre au T Mobile Arena de Las Vegas. À l’enjeu, trois ceintures : WBA; WBC et IBO. À quoi faut-il s’attendre pour ce deuxième combat? Différent du premier ou similaire? Une seule certitude : la juge Adelaide Byrd ne sera pas d’office pour ce deuxième duel. Rappelons qu’elle avait remis une carte de 118-10 en faveur d’Alvarez, à la grande stupéfaction des experts de boxe.

En guise de présentation, Gennady Golovkin est âgé de 36 ans. Il est invaincu en 39 combats professionnels avec une fiche de 38 victoires, dont 34 Kos, et un verdict nul discutable survenu lors du combat contre Alvarez. Il est l’actuel détenteur des couronnes WBA Super champion; WBC et IBO chez les poids moyens.

Son adversaire, la jeune coqueluche mexicaine Saul Alvarez, est âgé de 28 ans. Il possède une fiche exceptionnelle de 49 victoires, dont 34 KOs en 52 combats. Sa seule défaite, par décision majoritaire, est survenue aux dépens de Floyd Mayweather jr en septembre 2013. Il a aussi obtenu deux verdicts nuls, le premier en juin 2006 contre Jorge Juarez et l’autre à son dernier combat, contre Golovkin, le 16 septembre 2017. Depuis, il a été suspendu par la Commission Athlétique du Nevada pour six mois jusqu’au 17 août 2018 pour avoir échoué des tests antidopage. Malgré son jeune âge, Alvarez a détenu les titres WBC et WBO des super mi-moyens de 2011 à 2013 et de 2016 à 2017. Il fut aussi champion WBC des moyens de 2015 à 2016, sans oublier la ceinture Ring magazine des moyens. Palmarès exceptionnel, il va sans dire.

Analysons ce combat selon différents critères objectifs que sont l’offensive; la défensive; la vitesse; l’expérience et les facteurs intangibles. 

L’offensive, un duel de titans

Au niveau de l’offensive, Golovkin a disputé 184 rounds en 39 combats et il détient un des meilleurs pourcentages de KO en boxe professionnelle, soit 87%, en ayant récolté 34 KOs. À son dernier combat en mai dernier, il a déclassé Vanes Martirosyan par KO au 2e round. Dans le cas d’Alvarez, en 364 rounds disputés en 52 combats, son pourcentage de KO s’établit à 65%. Force est de constater que les deux boxeurs ont une puissance impressionnante, ayant chacun obtenu 34 KOs. Ce qui rend toutefois ce duel si intéressant, c’est le style des deux boxeurs. Un agresseur naturel comme Golovkin versus un contre-attaquant très dangereux et efficace en Canelo.

Le jab précis de Golovkin est sec et puissant comme un laser. Il met beaucoup de pression sur ses adversaires en coupant et contrôlant très bien le centre du ring. Son crochet est dévastateur et de plus, il varie bien ses coups de puissance. Il excelle en combinaison, jab suivi de son crochet, sans oublier son uppercut. Il lance beaucoup de coups dans un round. Si Alvarez peut limiter le volume de coups lancés par Golovkin, il sera en meilleure posture. Cependant, contre Canelo, le Kazakh devra se méfier des contre-attaques et de la puissance, spécialement lorsque le Mexicain sera adossé aux câbles puisque c’est à moment qu’il est dangereux en contre-attaque.

Concernant la stratégie employée par Golovkin, je m’attends à ce qu’il garde Alvarez à distance en utilisant son puissant jab comme il l’avait fait lors du premier duel, et comme également Mayweather jr l’avait brillamment fait pour contrer le Mexicain en septembre 2013.

Quant à Alvarez, son jab est très rapide. Il lance même souvent un double jab suivi de son uppercut dévastateur. Golovkin devra particulièrement se méfier de son crochet de gauche au corps et à la tête. Alvarez excelle aussi en combinaison. Il est très explosif et peut lancer une séquence de six coups. Comme Golovkin, Alvarez est très précis dans l’exécution de ses frappes de puissance. Léger avantage à Golovkin en puissance.

Comparable en défensive

Bien que les deux pugilistes soient davantage reconnus pour leur offensive, ils sont aussi efficaces en défense. La défensive de Golovkin est toutefois peu diversifiée. Il garde ses mains élevées mais bouge moins le haut de son corps et sa tête. Son menton est souvent exposé et contre Alvarez, il devra se méfier car la puissance du mexicain ne fait aucun doute. Toutefois, Golovkin possède un menton à toute épreuve. Il encaisse les coups de puissance de ses adversaires sans broncher, comme il l’a fait dans le premier combat face à Alvarez.

Pour sa part, Alvarez se protège bien en gardant ses mains hautes, notamment lorsqu’il se retrouve le long des câbles. Cependant, il ne bouge pas suffisamment le corps. Pour ce qui est de sa capacité à encaisser, elle ne semble avoir rien de problématique puisqu’il n’a jamais été en difficulté jusqu’ici au cours de sa carrière, comme ce fut le cas notamment lors de son premier duel contre Golovkin.

Côté vitesse, avantage Alvarez

Côté vitesse, je donne l’avantage à Alvarez. Le mexicain a des mains excessivement rapides et est plus explosif que Golovkin. Il lance souvent des combinaisons de plusieurs coups. Golovkin est d’ailleurs plus prévisible dans ses déplacements et dans l’exécution de ses coups, bien qu’il soit très efficace et dangereux lui aussi.

Le facteur expérience, deux parcours différents

Pour ce qui est de l’expérience, nous avons deux boxeurs très expérimentés, me le niveau d’expérience diffère pour chacun. Golovkin, chez les amateurs, a connu une carrière tout simplement impressionnante. En 350 combats, il a engrangé 345 victoires, en plus de récolté la médaille d’argent aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004. Il a fait ses débuts professionnels en 2006. Sur ses 39 combats en carrière et 184 rounds disputés, 20 ont été des combats de championnats du monde. De ce nombre, il a obtenu 18 KOs. Golovkin a combattu d’anciens champions du monde à six reprises : Kassim Ouma; Daniel Geale; David Lemieux; Kell Brook; Daniel Jacobs et Saul Alvarez. Il est champion WBA régulier des moyens depuis octobre 2010 et champion WBC depuis mai 2016.

Pour Alvarez, l’expérience acquise chez les amateurs ne peut pas se comparer avec celle du Kazakh. Au mieux, selon différentes sources, il aurait obtenu 44 victoires en 46 combats. Il a fait ses débuts chez les pros en octobre 2005 alors qu’il était âgé de seulement 15 ans. En 52 combats professionnels et 365 rounds disputés, il a pris part à 12 combats de championnats du monde, ne récoltant qu’une seule défaite, contre Floyd Mayweather jr en septembre 2013, et un verdict nul, contre Golovkin. Dans ses dix victoires en championnat du monde, il a obtenu 6 KOs. Il a par ailleurs combattu treize champions du monde, soit Miguel Vazquez; Carlos Manuel Baldomir; Lovemore N’Dou; Kermit Cintron; Shane Mosley; Austin Trout; Floyd Mayweather jr; Erislandy Lara; Miguel Cotto; Amir Khan; Liam Smith,  Julio Cesar Chavez jr et Gennady Golovkin.

Le Mexicain a été champion du monde WBC des super mi-moyens de 2011 à 2013; champion unifié WBA en 2013; champion du monde WBC des moyens de 2015 à 2016, et champion du monde des super mi-moyens WBO de 2016 à mai 2017. Son parcours est tout simplement impressionnant, surtout si l’on considère qu’il n’est âgé que de 28 ans. Somme toute, l’expérience de Golovkin chez les amateurs est incomparable. Toutefois, l’expérience d’Alvarez chez les pros est légèrement supérieure, notamment en raison de la qualité des adversaires qu’il a affrontés en comparaison de ceux de Golovkin. Léger avantage Alvarez en boxe professionnelle.

Facteurs intangibles à surveiller

Concernant les facteurs intangibles à considérer en vue de cet affrontement, il ne fait d’abord aucun doute qu’Alvarez voudra faire taire ses dénigreurs à la suite de la suspension de six mois que la Commission athlétique du Nevada lui a imposé après qu’il eut échoué des tests antidopage. Golovkin voudra pour sa part démontrer qu’il est encore le meilleur boxeur poids moyen de la planète. Néanmoins, à 36 ans, est-ce toujours le cas ? Alvarez, qui a 28 ans, est au zénith de sa carrière. Ce combat est une opportunité exceptionnelle faire taire ses dénigreurs à la suite de sa suspension.

Un autre élément à considérer est le fait qu’Alvarez se battra contre un poids moyen naturel, alors qu’il a principalement évolué chez les mi-moyens et super mi-moyens depuis le début de sa carrière. Est-ce un facteur qui aura une influence sur le déroulement du combat ? Je le crois. Avantage tout de même à Alvarez pour les facteurs intangibles puisqu’il a plus à prouver dans ce combat que Golovkin.

L’influence des entraîneurs

Pour ce qui est des entraîneurs, nous avons affaire à deux coachs de grand calibre. L’entraîneur de Golovkin, Abel Sanchez, n’a plus besoin de présentation. Il a joué un rôle certain dans les succès de plusieurs anciens champions du monde, notamment Terry Norris; Orlin Norris; Lupe Aquino; Carlos Baldomir et Sergey Kovalev.

Alvarez, pour sa part, a les mêmes entraîneurs depuis le début de sa carrière, soit Jose et Eddy Reynoso, le père et le fils. La relation qui existe entre Canelo et les Reynoso est exceptionnelle. Au cours des années, les Reynoso ont formé cinq champions du monde en incluant Saul Alvarez, soit : Javier Jauregui; Oscar Larios; Victor Terrazas et Rigoberto Alvarez. Sensiblement comparable au niveau des entraîneurs.

En vertu de ces différents critères, je m’attends à un combat chaudement disputé. Selon la stratégie qu’adoptera Golovkin, s’il opte pour garder Alvarez à distance en utilisant sa puissance et la précision de son jab, je crois qu’il aura l’avantage sur le Mexicain par décision comme ce fut le cas lors du premier combat en septembre 2017, bien que la décision officielle fût un verdict nul. Toutefois, le contraire ne serait pas surprenant dans les circonstances. Bon combat.

One Comment

  1. Frederic Brodeur

    7 septembre 2018 at 20 h 54 min

    Beau texte mon ami.

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