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Eleider Alvarez : Une étoile est née

Par Jean-Philippe Arcand

Eleider Alvarez avait un rêve : devenir champion du monde. Pour vivre ce rêve, il a quitté sa Colombie natale en laissant sa famille derrière lui afin de venir s’établir à Montréal. Lentement mais sûrement, un combat à la fois, il s’est hissé au statut d’aspirant obligatoire. Adonis Stevenson et le WBC l’ont fait poireauter pendant près de trois ans. Puis, alors qu’il n’espérait presque plus rien, l’occasion d’affronter Sergey Kovalev pour sa ceinture WBO des mi-lourds s’est pointée.

Adonis Stevenson-eleider alvarezAlvarez aurait pu continuer d’attendre après Stevenson. Il aurait pu continuer de ronger son frein en espérant qu’un jour, son collègue du Groupe Yvon Michel daigne finir par l’affronter. Au lieu de cela, il a accepté de renoncer à son titre d’aspirant obligatoire pour s’approcher un peu plus de son rêve, sachant qu’une défaite contre Kovalev anéantirait – du moins, à court terme – ses chances futures de livrer un combat de championnat mondial.

Mais samedi soir, au Hard Rock Hotel & Casino d’Atlantic City, au New Jersey, le rêve est enfin devenu réalité.

En passant le knock-out à Kovalev (32-3-1, 28 K.-O.) à 2 :45 du septième round, Alvarez (24-0, 12 K.-O.) s’est non seulement emparé du titre WBO dans l’une des catégories de poids les plus en vue à l’heure actuelle. Devant les 5642 spectateurs réunis dans les gradins entièrement remplis, devant les caméras d’HBO, il s’est fait un nom à la face de la planète boxe. Oui, une étoile est née, samedi.

« Je ne peux pas décrire comment je me sens ! »

-Eleider Alvarez

On savait déjà que le Colombien de 34 ans était un technicien hors pair. Contre Kovalev, on a découvert qu’il pouvait résister aux assauts des plus rudes cogneurs. Et qu’il pouvait lui-même, incidemment, faire preuve d’une étonnante force de frappe au moment opportun.

Kovalev-Alvarez Certains diront que Kovalev n’est plus le même boxeur depuis ses deux défaites face à Andre Ward. Ce qui est vrai. N’empêche, ce n’est pas tout le monde qui peut encaisser ses coups comme Alvarez l’a fait. Et ce n’est pas non plus tout le monde qui peut l’envoyer trois fois de suite au tapis, comme Alvarez l’a fait à la suite de brillantes combinaisons de crochets au visage.

« Je voulais lui montrer que je suis fort, que j’ai un bon menton et que je suis prêt pour de grandes choses », a décrit Alvarez.

Kovalev-Alvarez

Bien qu’il ait été placé en difficulté à quelques occasions – Kovalev était d’ailleurs en avance sur les cartes des trois juges (59-55) du combat avant de s’effondrer au plancher -, Alvarez su se ressaisir et revenir au plan de match établi par son entraîneur Marc Ramsay. Un plan de match, à l’évidence, concocté avec justesse et clairvoyance.

Au fait, mine de rien, Alvarez est le quatrième boxeur dirigé par Ramsay – après Jean Pascal, David Lemieux et Artur Beterbiev – à décrocher un titre mondial. Voilà qui commande le respect, comme on dit en bon français.

Après le combat, il a été permis d’apprendre que le contrat du duel Kovalev-Alvarez était assorti d’une clause permettant la tenue d’un combat revanche. Le clan Kovalev a désormais 60 jours pour décider s’il veut s’en prévaloir ou non.

Kovalev-Alvarez Mais bien franchement, quel intérêt Kovalev aurait-il à en découdre de nouveau avec Alvarez ? La question, au fond, est plutôt de savoir si Alvarez n’aurait pas mis fin à la carrière du Russe de 35 ans avec cette éclatante victoire. Chose certaine, personne ne serait surpris si c’était le cas.

En attendant de connaître la décision du champion déchu, on ne peut que se réjouir pour Alvarez. Sur le plan pugilistique, bien sûr, puisque le Québec se voit ainsi doté d’un autre champion du monde. Mais aussi, et surtout, sur le plan purement humain, quand on pense à tous les sacrifices et toutes les déceptions qu’il a dû endurer pour en arriver là. Le sourire et les larmes d’Alvarez après sa victoire étaient on ne peut plus éloquents à cet égard.

Tout vient à point à qui sait attendre, dit le proverbe. Eleider Alvarez en est désormais la preuve vivante.

Victoire sans panache pour Bivol

En demi-finale du gala, le Russe Dmitry Bivol (14-0, 11 K.-O.) n’a eu aucune difficulté à défendre sa ceinture WBA des mi-lourds face au Malawite Isaac Chilemba (25-6-2, 10 K.-O.), l’emportant par décision unanime (120-108, 120-108, 116-112). Un combat qui, cependant, ne passera pas à l’histoire.

Il n’y avait pas 30 secondes d’écoulées dans cet affrontement que Bivol donnait déjà du fil à retordre à son rival, grâce entre autres à des combinaisons aussi précises que rapides. Le champion a ainsi conservé la cadence pendant la première moitié du combat, mais Chilemba a tenu le coup malgré tout.

BivolChilemba

Dmitry Bivol (à gauche) a vaincu Isaac Chilemba par décision unanime. / Photo fournie par HBO

Bivol a par la suite semblé lever le pied, se montrant bien moins agressif. Sa main droite, notamment, est soudainement disparue de son arsenal. On ne serait pas étonnés d’apprendre qu’il a subi une blessure au cours du duel.

Or, Chilemba n’en a jamais vraiment profité, incapable d’imposer un quelconque tempo. N’eût été de ce ralentissement du Russe, le combat se serait terminé beaucoup plus tôt.

Après sa victoire contre Steve Bossé, Jean Pascal a évoqué le nom de Bivol comme adversaire potentiel dans son plan de reconquête d’un titre mondial chez les mi-lourds. Mais n’en déplaise au Lavallois, on voit mal comment il pourrait avoir un semblant de chance de l’emporter.

Bivol n’a peut-être pas connu sa meilleure sortie samedi, mais ses aptitudes semblent largement supérieures à celles de Pascal. Ne serait-ce qu’avec la rapidité de ses coups, il en mettrait plein la vue au Québécois. Mais comme on le sait, Pascal n’a jamais eu peu de relever un défi, aussi imposant soit-il. Et Bivol, qui cherche à se faire connaître davantage, aimerait ajouter un nom connu comme celui de Pascal à son tableau de chasse. Qui vivra verra, on suppose !

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