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Ghislain Maduma : boxeur, promoteur et… itinérant !!!

Par Jean-Luc Autret

Vous connaissez sûrement Ghislain Maduma en tant que boxeur, mais si on vous disait l’avoir vu mendier sur la rue Ste-Catherine il y a quelques jours, comment réagirez-vous ? Eh bien, cette histoire est tout à fait vraie. C’est dans le but de faire de la prévention qu’il a vécu cette expérience bien particulière. De plus, Maduma en surprend plusieurs ce samedi en organisant son premier gala pro-am dans le but de ramasser des fonds pour la fondation qui porte son nom.

Une nuit dans la rue

Il y a quelques semaines, le Montréalais d’origine congolaise a accepté la proposition de l’un de ses amis, Mathieu Leonard-Martel, de vivre une nuit complète dans la rue. Bien loin de vouloir faire un trip de jeunesse, leur objectif était de maximiser la sensibilisation face aux préjugés vécus par les sans-abris. Ils ont ainsi été dans la rue de 20 h au lendemain midi avec comme seul équipement de départ une bouteille d’eau.

«Bien des gens nous ont félicités pour notre courage, mais pour nous, ce n’était pas du courage, mais plutôt la détermination de sortir de sa zone de confort», affirme Mathieu Leonard, un boxeur amateur qui a fait ses classes à l’école pour décrocheurs d’Ali Nestor et qui est aujourd’hui un étudiant à l’université. «Au début de l’année, j’ai mis en place une place fondation nommée Care for the City qui a pour but de faire une différence dans la vie des jeunes. J’utilise mon vécu de décrocheur pour motiver les jeunes et cette expérience de nuit blanche est en continuité avec mes projets. Je suis vraiment content d’avoir pu vivre ça avec Mani », nous explique Mathieu Leonard-Martel.

«On a pu constater qu’environ 90% des gens nous ignoraient totalement et que souvent les mieux nantis sont ceux qui sont les moins généreux. Certains détournaient le regard, d’autres s’éloignaient de nous comme si on avait la peste. On s’est vraiment senti inférieurs », de nous raconter celui qui sera de retour sur le ring le 17 octobre au Madison Square Garden en sous-carte de Golovkin-Lemieux.

Vivre dans la rue n’est pas sans danger et les deux jeunes hommes ont senti qu’ils dérangeaient certains habitués en s’installant à des endroits qui “appartiennent” à d’autres sans-abris.  « C’est la loi de la jungle la rue, vous savez. On a passé la rue dans le Carré St-Louis et moi je n’ai pas été capable de faire mes yeux une seule seconde. À un certain moment, j’ai senti que certains s’intéressaient un peu trop à nous et on s’est déplacés rapidement avant que ça aille mal », souligne Maduma.

Au terme de leur courte aventure les deux boxeurs ont amassé la somme de 200 $ qu’ils ont remise le lendemain midi à la Fondation La Rue des Femmes de Montréal. Et comme ils ont l’intention de revivre l’expérience, ils en profitent pour vous demander d’être généreux avec les plus démunis et d’avoir un peu moins de préjugés envers eux.

Londres, Kinshasa, Montréal

Le 31 mai 2014, Ghislain Maduma est monté sur le ring du Wembley Stadium devant 80 000 spectateurs avec comme but de devenir aspirant obligatoire de l’IBF. Bien que ça ne s’est pas terminé comme il le souhaitait, ce combat a changé sa vie à jamais. « Dans les semaines qui ont suivi, je suis retourné à Kinshasa dans mon pays d’origine et j’ai été frappé par la joie de vivre de gens qui n’ont absolument rien par rapport à nous en Occident. J’ai été particulièrement secoué de rencontrer un jeune qui devait abandonner ses études universitaires parce qu’il lui manquait 300$ », nous raconte le souriant boxeur,

« Après être revenu à Montréal, j’ai décidé de mettre sur pied une Fondation pour aider des jeunes au Congo à terminer leurs études universitaires. Il y a beaucoup d’entraide familiale là-bas et quand un jeune obtient un diplôme universitaire c’est toute sa famille qui est gagnante parce que le jeune va mieux gagner sa vie et par ricochet il va aider l’ensemble de sa famille», nous explique celui qui a quitté son pays d’origine à l’âge de 12 ans.

Après sa défaite à Londres, le boxeur a passé un an loin du ring. Tout d’abord une blessure à l’épaule l’a tenu inactif puis des fractures de stress à une jambe l’ont forcé à l’inactivité. Bien que son morale a vécu plus de bas que de hauts durant cette période, il a choisi de donner de son temps et il a récolté beaucoup plus que ce à quoi il s’attendait.

« Depuis l’été dernier, je me suis mis à donner des conférences et j’enseigne la boxe tous les jeudis après mon entraînement à la Mission Bon accueil. Je vois c’est quoi la vrai misère, ce sont des gens qui sont bien plus des guerriers que moi. Ils livrent un combat quotidien et ça m’a beaucoup aidé à relativiser mes petits problèmes », affirme celui qui a ramassé plus de 10 000 $ en 2014 et qui a remis sept bourses. « En plus de donner de mon temps, j’ai décidé de remettre 10 % de chacune de mes bourses. L’an dernier, nous avons organisé un spectacle bénéfice et ç’a permis d’aider au total une centaine de jeunes, parce que l’on a aidé un orphelinat au Congo et que l’on donne aussi ici à Rêves d’enfants », ajoute-t-il.

En tant que Président de sa fondation, Ghislain est celui qui pousse en avant ses idées, il est secondé par sa conjointe, Claudia Marisol, qui s’occupe de l’aspect administratif, elle qui est comptable de profession. Le boxeur veut toujours en redonner plus et ce samedi, il présentera le premier gala pro-am de la jeune histoire de sa fondation.

« C’est au Bain Mathieu, sur la rue Ontario que l’on va présenter notre premier show de boxe. Il ne reste déjà plus de billets. L’ambiance devrait etre très bonne et les 500 spectateurs verront très bien puisque le ring sera au fond de la piscine et que les gens seront plus haut. Les boxeurs sur la carte ont été des très bons vendeurs. Vous pourrez voir les David Théroux, Mathieu Germain, Lucia Larcinese, Shakeel Phinn en plus des débuts pros de Louisbert Altidor et du nouveau boxeur de Stéphan Larouche, Batyr Jukenbayev», relate Maduma.

« Récemment, j’ai aussi participé à un Boxe-o-thon au gym des frères Grant qui a été diffusé à l’émission du matin à City TV dans l’ouest de l’île de Montréal. Avec les récoltes de ces événements et mon prochain combat en octobre, je m’attends à ramasser environ 30 000 $ pour ma fondation en 2015 », conclut celui qui s’attend à verser une quinzaine de bourses d’ici la fin de l’année et à faire un don important à l’organisme Rêves d’enfants.

One Comment

  1. Gilles Baron

    12 octobre 2016 at 17 h 51 min

    Bonjour Jean-Luc,
    est-ce que tu sais s’il y aura une journée Grand-Public ou Média avant le gala de boxe du 22 octobre ? Si oui, as-tu l’horaire ? Merci d’avance.

    Gilles Baron

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