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Redécouvrez Artur Beterbiev

Par Jean-Philippe Ouimette, en collaboration avec Cameron Gillon

Artur Beterbiev est né le 21 janvier 1985, dans la ville de Khasavyurt, république du Daghestan, en Russie. La ville natale de Beterbiev est mieux connue pour son pedigree de lutte, ayant produit rien de moins que cinq champions olympiques depuis 1996. Beterbiev lui-même s’est aventuré dans la lutte pendant un certain temps, mais finalement il a tracé un chemin différent dans le sport de la boxe. Il a trouvé la boxe à travers l’influence de ses quatre frères. Lorsqu’il avait 11 ans, ils l’ont emmené dans la salle de gym pour le garder hors de la rue.

En 1991, six ans après la naissance de Beterbiev, l’Union soviétique s’est disloqué en quinze républiqes et la vie pour tous est devenue très difficile. Ses parents ont fait de leur mieux pour joindre les deux bouts, ils avaient une grande famille et son père les a soutenus pour s’assurer qu’ils aient toutes les choses nécessaires.

Sa relation avec son père

Artur a malheureusement a perdu tragiquement de son père en 2001 dans un accident de voiture. Celui-ci était le seul soutien financier de la famille. Outre le père, les frères d’Artur l’ont aidés financièrement quand il était chez les juniors et au début de sa carrière séniors. Quant à sa mère, elle s’occupait d’Artur et de ses quatre frères aînés. Beterbiev se souvient que lorsqu’il a été invité dans l’équipe nationale junior russe à l’âge de 16 ans, il devait acheter un uniforme. Son père, qui avait quelques économies, environ 200-300 $, il les a donné pour l’achat de l’uniforme pour son fils.

«  Cinq jours après avoir gagné une médaille d’argent au championnat du monde cadet en Azerbaijan, mon père est mort. J’avais seulement 16 ans quand l’accident tragique s’est produit. Sa mort a été un énorme coup pour moi et ma famille. Il sera toujours avec moi. Je voulais quitter la boxe, mais j’ai décidé de continuer, parce que mon père m’a donné son approbation juste avant sa mort. Il était fier de moi et, pour la première fois, il a approuvé la pratique de la boxe », affirme celui qui a été défait par Ismail Sylllakh à l’époque.

« Quand j’ai remporté la ceinture IBF de champion du monde en Californie j’ai pensé à lui, mais aussi à ma petite famille qui est demeurée à Montréal. Elle a aussi été d’un grand support pendant ma longue préparation pour ce combat », ajoute celui qui se péparait pour Enrico Koelling depuis le mois de mai.

Sa relation avec sa mère

Beterbiev décrit sa mère comme étant gentille, compréhensive et merveilleuse. Elle a toujours été comme ça pour leur grande famille et elle a mis tellement de choses sur ses épaules. Sa mère a insisté pour qu’il parte à Moscou pour étudier à l’école des sports de la réserve olympique qui prépare les jeunes athlètes aux sports de haut niveau. Il a obéi à ses souhaits et à l’âge de 16 ans, il a quitté sa maison.

« La personne qui a pris soin de moi était ma mère. Quand j’ai commencé à faire de la boxe, elle portait une attention particulière à chaque détail de mon développement. Ma mère est infirmière, elle a donc commencé à lire des ouvrages spécialisés sur la nutrition. Elle s’est assurée que je consommais toutes les vitamines nécessaires, Je cuisinais que des aliments sains et préparais toutes sortes de mélanges et de shakes. Je lui suis très reconnaissant », souligne celui qui n’a toujours pas besoin de nutritionniste pour prendre soin de lui.

Un grand parcours amateur

Artur Beterbiev a participé à plusieurs centaines de combats chez les amateurs et il n’a perdu seulement dans quelques-uns d’entre eux. Il n’a jamais été au tapis. Il a même été nommé no 1 livre pour livre en 2010 sur la scène mondiale amateur par l’AIBA. Au cours de sa carrière d’amateur, il a vaincu de nombreux combattants remarquables, y compris les: Oleksandr Usyk, Yunier Dorticos, Michael Hunter, Oleksandr Gvozdyk (TKO), Thabiso Mchunu (TKO), Sergei Kovalev, Imre Szello, Egor Mekhontsev, Evgeny Makarenko, Abbos Atoev, Mario Heredia (TKO ), Siju Shabazz (KO), Ismail Sillakh (KO) et autres.

Parmi ses triomphes les plus importants, il a été sacré champion d’Europe en 2006 et en 2010, vice-champion du monde en 2007 et champion du monde amateur 2009. De plus, Artur a participé aux Olympiques de 2008 et de 2012, mais à chaque fois il sera éliminé par le futur champion de sa catégorie.

Artur Beterbiev et la politique

En 2013, il a mis un terme à sa carrière chez les amateurs et il a choisi Montréal pour devenir boxeur professionnel. Beterbiev a laissé derrière lui sa famille et ses amis pour réaliser son rêve de devenir un champion du monde. Les amateurs de boxe au Québec sont conscients de son immense talent et ils sont nombreux à croire qu’il est le meilleur boxeur de sa catégorie.

Par contre, même si de récent effort ont été fait par l’équipe de promotion du Tchétchène pour lui donner un image plus près du public d’ici, on peut penser que ça ne sera pas aussi simple de lui bâtir un « fan base » d’importance.

C’est bien connu, Artur Beterbiev est un Tchétchène musulman. Il est aussi un fervent partisan et un ami personnel de Ramzan Kadyrov, le leader de la République tchétchène, un dictateur soutenu par Vladimir Poutine.

Le chef d’État Kadyrov affirme qu’il y n’y a pas d’homosexuels dans tout la Tchétchénie. Voici ce qu’il a déclaré à la télévision américaine : « Il n’y a pas de gais… ils sont le démon… s’il y en a, envoyez les au Canada! », a-t-il affirmé en juillet dernier à un journaliste de HBO Sports.

Soupçonné de plusieurs meurtres politiques, Kadyrov est interdit de séjour dans tous les États de l’Union Européenne depuis juillet 2014. Ses avoirs en Europe ont aussi été gelés. Voici un bilan vidéo des différentes actions de Kadyrov.

Ce type d’association ne peut être que désavantageux pour le protégé de Marc Ramsay. De nos jours, la planète globale est toute petite et tout fini par se savoir. Sur un site web russe de type réseau sociaux, Beterbiev remercie « son cher frère, héros de la Russie Ramzan Kadyrov » et rappele son allégeance envers sa patrie. Après un court passage au Québec, Beterbiev s’est rendu en Russie pour présenter sa nouvelle ceinture à ses compatriotes. Il a été accueilli en héros natal par nul autre que le Président de la Tchétchénie.  

 

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