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Eleider Alvarez, champion de la patience

Par Jean-Luc Autret

Le protégé de Marc Ramsay et du Groupe Yvon Michel, Eleider Alvarez (14-0-0, 8 KO) n’a pas encore eu l’occasion de démontrer son savoir-faire en championnat, mais nous lui décernons quand même un titre bien particulier. Il a tellement vécu de déceptions depuis ses débuts pros que nous le déclarons champion de la patience. Nous avons eu le privilège de longuement discuter avec lui à l’approche de son combat contre Alexander Johnson, qui a lieu ce soir. Voici un retour sur son parcours des dernières années.

Beaucoup d’embûches avant le sommet

Olympien en 2008 à Pékin et gagnant de la médaille d’or aux Jeux panaméricains de 2007, le Montréalais d’origine colombienne n’aurait pu imaginer qu’il aurait si peu de combats après cinq ans chez les professionnels. Bien qu’il n’ait pas été blessé gravement à travers ces années, Alavarez a appris à vivre avec une multitude de frustrations. La plus grande et celle qui a le plus retardé sa carrière est certainement son problème de visa en 2010.

Pour la période des fêtes 2009, GYM croit bien faire en laissant Alvarez et son confrère Oscar Rivas retourner dans leur famille en Colombie. Mais lorsqu’ils ont voulu reprendre l’avion pour revenir au Québec, ça s’est passablement compliqué. Marc Ramsay nous raconte l’aventure : « Alvarez et Rivas devaient prendre l’avion pour revenir ici en partance du Venezuela, pays voisin de la Colombie, mais lorsqu’ils ont passé les douanes ils ont été refusés et c’est là que nos problèmes ont commencé. Ce refus, évidemment noté à leur dossier, les a empêchés de sortir de leur pays par la suite ».

Leur promoteur a dû faire bien des démarches pour régler ce problème. Finalement, les deux boxeurs passeront une année complète à attendre en Colombie. Les conséquences sont lourdes puisqu’ils étaient en début de carrière et qu’ils se seraient battus à de nombreuses occasions en 2010. Pour vous donner une idée, le Groupe Yvon Michel a organisé pas moins de neuf galas cette année-là. Considérant qu’Alvarez ne s’est pas battu pendant dix-sept mois, il est évident qu’il aurait plus d’une vingtaine de combats à sa fiche aujourd’hui.

« Ce problème de visa est ce qui a le plus retardé ma carrière. Oscar et moi, nous nous comparons souvent à deux boxeurs colombiens avec qui nous sommes allés aux Jeux olympiques. Darleys Perez, qui se bat chez les 135 livres, a une fiche de 30 combats (29-1-0, 19 KO). Il a perdu par décision contre Yuriorkis Gamboa en juin dernier pour le titre intérimaire de la WBA. Le 21 juin, il se battra à nouveau pour ce titre contre le Dominicain Argenis Lopez. L’autre olympien de la Colombie en 2008, c’est Jhonatan Romero qui est classé 6e WBA et 11e IBF et qui a complété 24 duels (23-1-0, 12 KO) dont son dernier pour le titre IBF des super coqs. C’est très frustrant d’avoir fait seulement quatorze combats », nous a déclaré Eleider Alvarez.

Vivre avec les annulations

En plus de cette période d’inactivité hors de son contrôle, le boxeur présentement classé 2e WBO, 3e WBA et 11e WBC a vu bien trop de ses combats être annulés ou ses adversaires se retirer à la dernière minute.

Le cas le plus notable est certainement Allan Green. L’ex-participant du Super Six a passé proche d’affronter « Storm » à trois occasions. Initialement, le duel devait faire la demi-finale de Pascal VS Bute le 25 mai 2013, mais la blessure de Bute a annulé ce gala. Leur combat est déplacé de deux semaines en prélude à Stevenson VS Dawson, mais David Lemieux est préféré à Alvarez et Yvon Michel déplace à nouveau le duel au 5 juillet alors que les deux boxeurs doivent faire la finale d’un Friday Night Fights d’ESPN2 au Connecticut. Quelques minutes avant l’ouverture du gala du 5 juillet, Allan Green embarque dans une ambulance et il se dirige à l’hôpital pour cause d’intoxication alimentaire. Le peu discipliné Green était en surplus de poids de six livres la veille.

Autre annulation très frustrante pour Alvarez, en février 2012 il devait affronter l’expérimenté Otis Griffin (23-9-2, 9 KO). Lors de la pesée, le clan Griffin a réclamé une meilleure bourse pour affronter le Colombien qui avait à l’époque seulement sept combats derrière la cravate. Yvon Michel a alors préféré annuler le combat plutôt que d’allonger la bourse du vétéran.

Alvarez a aussi vécu plusieurs fois la réalité des changements d’adversaire plus ou moins à la dernière minute. Notamment à deux reprises, il n’a pu se battre pour le titre argenté de la WBC suite au retrait de ses opposants. Thomas Oosthuizen s’est blessé avant le gala du 18 janvier et le combat prévu pour ce soir était au départ contre le Foridien d’origine serbe Radivoje Kalajdzic mais celui-ci n’a jamais signé son contrat.

« J’ai vécu beaucoup de changements d’adversaire et d’annulations. Les plus frustrantes c’est Green et Griffin. J’étais rendu si proche de les affronter », explique celui qui a appris à lâcher prise à propos des choses qu’il ne contrôle pas.

Une vie de famille à distance

En couple depuis 2007, Eleider est papa d’une petite fille de quatre ans et demi nommée Aydaeliza. « Malgré la distance, on se parle sur skype tous les jours. Je fais des démarches présentement pour leur permettre de venir au Québec quelques semaines cet été et ensuite j’aimerais beaucoup qu’ils viennent vivre ici. Ma fille pense que je vis dans le ciel parce que lorsque je la quitte, pour revenir ici, elle me voit grimper dans le ciel en avion », affirme-t-il avec un large sourire.

L’étape Johnson

Eleider Alvarez va ouvrir le gala de ce soir. Normalement cette position est réservée aux boxeurs en début de carrière, mais il ne s’agit pas du tout d’un affront puisque son duel avec le gaucher du Maryland sera diffusé sur les ondes de Showtime Extreme et surtout parce que le diffuseur est intéressé à présenter Alvarez en demi-finale lors de sa prochaine visite à Montréal.

« Si j’ai le choix entre un titre mineur et la visibilité sur la télé américaine, mon choix est définitivement la télé. Johnson nous a été proposé par Showtime, en offrant une performance excitante et en lui passant le KO, je pourrais me battre deux autres fois cette année et être vu aux États-Unis », souligne le boxeur de trente ans.

Eleider Alvarez est très heureux à Montréal. Malgré les déceptions et les frustrations qu’il a vécues ces dernières années, il préfère regarder en avant et il sait que ça ne peut que bien aller. Supporté par son gérant Stéphane Lépine et son entraîneur Marc Ramsay, il a pleinement confiance en ses moyens. De plus, il tient à remercier le soutien continuel de son ami Costa du Resto-bar Coin du Métro.

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