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De grands boxeurs sont venus combattre au Québec

Note de la rédaction : En rappel, nous publions aujourd’hui un article de notre collaborateur Martin Achard, qui nous rappelle que les amateurs du Québec ont eu la chance au fil des ans de voir en action quelques-uns des grands boxeurs de l’histoire du noble art.

Par Martin Achard

La liste des immortels du noble art qui ont déjà livré un ou des combats au Québec est plus riche qu’on ne le soupçonne communément. Voici quelques-uns des plus grands boxeurs à s’être battu dans un ring québécois. Préparez-vous à être impressionnés, car ce top 5 est si relevé qu’il pourrait presque passer pour un classement des cinq plus grands pugilistes de l’histoire, point à la ligne! 

1. Sugar Ray Robinson (5 mai 1963)

Il s’agit d’un fait trop peu connu, mais oui, Sugar Ray Robinson a déjà boxé au Québec. Deux raisons expliquent pourquoi son passage chez nous n’eut qu’un faible retentissement et n’a laissé que peu de traces dans la mémoire collective. D’une part, le quintuple champion des poids moyens n’était plus, en 1963, qu’un boxeur sur le retour, âgé de 42 ans. D’autre part, il ne se battit ni à Montréal ni à Québec, mais plutôt à Sherbrooke, devant une maigre foule de 2800 personnes, soit un nombre très en deçà des 6000 ou 7000 qui avaient été espérées par les organisateurs de l’évènement.

Robinson assénant le coup de grâce à Roblet

Malgré ses habiletés déclinantes, «Sugar» n’eut aucune difficulté à se débarrasser de l’obscur adversaire qui lui avait été déniché pour l’occasion, un pugiliste algérien du nom de Maurice Roblet (ou Rolbnet, à en croire certaines sources). Au premier round, Robinson s’employa à parer les charges énergiques de son rival; puis, au deuxième, il l’ébranla d’une série de coups; et, au troisième, après l’avoir atteint à répétition, il le mit complètement K.-O. d’une puissante droite.

Fait digne de mention: le duel Robinson-Robnet fut arbitré par nul autre que Joe Louis, qui agissait également à titre de co-promoteur de l’évènement! Les spectateurs présents à l’Aréna de Sherbrooke purent donc se vanter, jusqu’à la fin de leurs jours, d’avoir vu se côtoyer dans un même ring deux légendes absolues du noble art.

2. Willie Pep (25 octobre 1944 et 21 juillet 1965)

Le Québec eut l’honneur d’accueillir deux fois en son sol Willie Pep. Sa première prestation chez nous, le 25 octobre 1944, n’est pas sans importance sur le plan historique, puisqu’elle marqua la première fois que «Will o’ the Wisp» se battait à l’extérieur des États-Unis. Par ailleurs, elle permit au public québécois de voir le grand champion au sommet de son art, lui qui n’était alors âgé que de 22 ans et détenteur de la couronne mondiale des poids plumes.

Willie Pep

Devant environ 4000 personnes réunies au Forum de Montréal, Pep donna une magistrale démonstration de boxe intelligente et technique, et remporta une décision unanime en dix rounds (9-1, 8-0-2 et 8-2) contre le journeyman Jackie Leamus, dans un duel où son titre n’était pas en jeu. Comme il arrive cependant quelquefois lorsqu’un maître de la défensive est en action, certains membres du public n’apprécièrent pas le spectacle offert et manifestèrent, à partir de la mi-combat, leur mécontentement par des huées. De façon plus étonnante, ce manque d’appréciation de la virtuosité de Pep se constata également chez l’un des commissaires de la Commission athlétique de Montréal, qui demanda à l’arbitre, entre deux rounds, de réclamer plus d’agressivité de la part des deux boxeurs!

Après ce duel, 21 années s’écoulèrent avant que les amateurs du Québec pussent revoir Pep à l’œuvre chez eux. Le 21 juillet 1965, celui qui avait définitivement perdu son titre mondial 14 ans plus tôt monta dans le ring du Vieux Colisée de Québec pour y affronter le modeste Benny Red Randall. Dans l’une des toutes dernières sorties de son illustre carrière, riche de plus de 240 combats, le natif du Connecticut n’eut aucune difficulté à envoyer son rival au plancher au premier round et à se mériter, à l’unanimité des juges, une victoire par décision en dix rounds.

3. Sam Langford (19 avril 1915 et 29 décembre 1916) 

Extrait du Montreal Gazette du 20 avril 1915

Malheureusement, le premier passage au Québec de Sam Langford, le «plus grand boxeur de l’histoire à n’avoir jamais détenu de titre mondial», fut un immense fiasco. En effet, le 19 avril 1915 au Théâtre Royal de Montréal, le Bostonnais d’origine canadienne et son adversaire, Porky Dan Flynn, décidèrent de faire équipe dans le ring afin de se fatiguer ou de souffrir le moins possible! Devant un public de quelques centaines de personnes d’abord stupéfait, puis scandalisé, les deux poids lourds ménagèrent à outrance leurs énergies et s’appliquèrent, avec une constance sans faille, à ne mettre aucune puissance dans leurs frappes. La situation devint si ridicule que, au huitième round, l’arbitre Pat Rooney préféra mettre un terme à l’«affrontement» et déclarer un no contest.

Il n’en fallait évidemment pas plus pour que, dans les jours suivants, plusieurs observateurs exigent la création d’une commission pour réguler et superviser la boxe à Montréal, établie sur le modèle de celle qui existait déjà à New York. Et quelle fut, au vu des informations dont nous disposons, la cause probable du simulacre de combat offert par Langford et Flynn? Bien simple: les deux boxeurs avaient été payés en entier avant le son de la cloche, de sorte qu’ils n’avaient pas à craindre, d’un point de vue financier, les conséquences d’un manque de combativité dans l’arène… 

Sam Langford

Langford tenta peut-être de se faire pardonner l’année suivante, le 29 décembre 1916, lorsqu’il affronta Bob Devere au Jardin de danse, une défunte salle de la métropole située rue de Bleury, à quelques pas de Ste-Catherine. Il entama l’affrontement avec hargne et passa près d’achever son rival à la deuxième reprise grâce à de solides directs de la gauche, mais il accusa quelque peu, dans la suite du combat, le poids de ses 33 ans, ce qui permit à Devere de revenir en force dans les huitième, neuvième et dixième assauts. Au final, Langford remporta le «newspaper decision», mais sa victoire manqua de panache et ne fut pas considérée comme décisive. 

En somme, le «Boston Tar Baby» ne donna jamais, en deux présences à Montréal, l’occasion au public québécois d’admirer l’étendue de son talent, lui qui, dans les anciens films de combats qui nous sont parvenus, apparaît comme le boxeur le plus doué et le plus redoutable des deux premières décennies du 20e siècle, et ce, autant sur le plan technique que sur celui de la force de frappe.

4. Harry Greb (6 avril 1921)

Extrait du Montreal Gazette du 5 avril 1921

Harry Greb était une pure merveille de la nature, l’incarnation même du «pressure fighter» toujours en mouvement et possédant une énergie infinie. Le 6 avril 1921, au Mount Royal Arena, le futur champion mondial des poids moyens fut fidèle à lui-même et éblouit par ses habiletés pugilistiques la foule de 2500 amateurs montréalais venue l’observer, en remportant pratiquement tous les dix rounds de son combat contre Jack Renault (alias Léo Dumoulin), en débit du fait qu’il concédait une bonne quinzaine de livres à son rival québécois.

«The Pittsburgh Windmill», alors âgé de 26 ans, lança une pluie ininterrompue de coups rapides et il utilisa sa science de boxe pour dominer à toutes les distances, y compris au corps-à-corps, où il impressionna par sa capacité à rudoyer Renault, qui était pourtant un pugiliste tout à fait compétent.

Harry Greb

Le résultat fut un «newpaper decision» clair et unanime, accompagné d’éloges dithyrambiques, en faveur de celui qui disputa un nombre ahurissant de 327 combats professionnels en carrière et qui arriva au passage à défaire (à une époque où il n’y avait que huit catégories de poids et un seul véritable champion par catégorie) pas moins de treize boxeurs ayant déjà détenu un titre mondial, des poids moyens aux poids lourds! 

5. Roberto Duran (20 juin 1980)

Le lien qui existe entre Roberto Duran et le Québec est particulier et ne se compare à rien d’autre dans le présent classement. En effet, si «Manos de Piedra» n’avait jamais affronté Sugar Ray Leonard au Stade Olympique, il occuperait une place nettement moins élevée dans les classements «livre pour livre» des meilleurs pugilistes de l’histoire, où il est fréquent, à l’heure actuelle, de le voir percer le top 10. Autrement dit, c’est à Montréal que Duran est véritablement devenu Duran, et qu’il s’est mérité le statut de super légende, soit de boxeur capable de réaliser de grands prodiges dans un ring. Et à juste titre. Car quoi de plus prodigieux que d’arriver à vaincre un adversaire suprêmement talentueux, qui est à la fois plus jeune, plus grand, plus imposant physiquement et plus rapide que soi? C’est exactement ce que, le 20 juin 1980, le Panaméen parvint à accomplir, en se méritant, au terme d’une guerre de quinze rounds d’une rare intensité, une décision certes serrée (146-144, 148-147 et 145-144), mais pleinement méritée, contre Leonard.        

 

 

One Comment

  1. Marc Bigras

    6 mai 2016 at 8 h 51 min

    Marcel Cerdan, moins connu certes mais un vrai de vrai.

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