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Olivier Lontchi, qu’est-il devenu ?

Par Jean-Luc Autret

Régulièrement, la grande équipe de 12 rounds se fait demander si nous avons des nouvelles de différents boxeurs que l’on a vus sur les rings d’ici il y a peu ou très longtemps. Il nous fait plaisir de vous offrir cette première chronique : Que sont-ils devenus?

Rencontré au retour de ses vacances automnales en Islande, l’ancien aspirant mondial d’origine Camerounaise Olivier Lontchi a bien voulu faire un retour dans le passé et nous parler un peu de son quotidien d’aujourd’hui.  

Une nouvelle vie au Nanuvit

Olivier Lontchi n’a jamais été le genre de boxeur à être présent aux événements pugilistiques québécois s’il n’y est pas impliqué comme boxeur. C’est sans grande amertume que sa conjointe et lui ont choisi de refaire leur vie au Nunavut en 2013 quelques mois après son dernier combat à Toronto face à Tyler Asselstine.

Pour ceux qui l’ignorent, le Nunavut représente très bien le Grand Nord canadien. Avec sa superficie de deux millions de kilomètres carrés, le Nunavut représente le cinquième de la superficie du territoire canadien, c’est plus que les territoires de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard et du Québec réunis. Des quelque 31 000 personnes qui l’habitent, 83% sont des Inuits. Cette population est dispersée en 28 communautés et villages.   

Amateur de plein air et de pêche, Olivier travaille comme fonctionnaire municipale depuis quelques années. « J’ai complètement décroché de la boxe aujourd’hui,  je n’écoute que les grands combats. Par contre, le coaching me manque un peu. J’ai été entraîneur au club de boxe de l’espoir de 2006 à 2013, j’ai pensé ouvrir un gym ici, mais les coûts de transport sont beaucoup trop importants pour mettre sur pied un tel projet »,  affirme celui qui entamera en janvier des études universitaire en sciences politique et relation internationale.

« Je profite de cette tribune pour dire merci à tous les québécois qui m’ont encouragés de loin ou de près durant ma carrière. Un merci particulier aux frères Grant, Howard et Otis qui m’ont accompagnés pendant cinq ans, à Dino Marchitello, à l’arbitre d’expérience Gerry Bolen, à mon préparateur physique Andre Kulesza, ainsi qu’aux différents boxeurs avec qui je me suis entrainé ou boxé. Enfin, je dois dire un grand merci à monsieur Yvon Michel car même si les choses n’ont pas été comme j’aurai aimé, avec du recul, je suis certain qu’il aurait aimé me voir réussir. Merci Yvon pour m’avoir donné cette chance de faire partir de l’équipe du Groupe Yvon Michel », ajoute le boxeur retraité qui a tourné la page avec beaucoup de sérénité.

La vie précaire d’un boxeur talentueux

Arrivée au Québec en 2001 suite aux Jeux de la Francophonie à Ottawa. Olivier s’installe à Montréal tout comme trois autres boxeurs du Cameroun, Herman Ngoudjo, Paul Mbongo et Hilaire Simon.

Ce n’est que trois ans plus tard qu’il aura l’opportunité de passer chez les pros. La jeune compagnie Groupe Yvon Michel en est à ses balbutiements, trois semaines plus tôt, ils présentent leur premier gala de boxe.  C’est le 29 septembre 2004 au Club Soda qu’Olivier débute chez les pros. Loin de se passer comme il le souhaitait, il doit se contenter d’un verdict nul avec Dave Drouin. Quelques mois plus tard, il se reprendra en lui passant le KO en trois rounds.

Bien qu’il boxe régulièrement, le médaillé de bronze aux Jeux de la francophonie de 2001 ne sent pas qu’il reçoit le soutien entier qu’il mérite. « Tout au long de ma carrière de boxeur, j’ai toujours travaillé à temps plein comme gardien de sécurité et avant mon 15e combat je n’avais pas de contrat de promotion. Après cinq-six victoires, j’ai demandé à Dino puis à Yvon de m’offrir un contrat, mais ils étaient très peu intéressés par moi. Finalement, c’est Bernard Barré qui m’a présenté une offre complètement ridicule que j’ai préféré refuser de signer et continuer à me battre sur leurs cartes sans engagement », nous relate celui qui a gravi les échelons au point d’être classé 3e WBO, 5e WBA, 7e WBC et 12e IBF chez les super coqs. 

Sa plus grande fierté

En se rappelant les hauts et les bas de sa carrière, Olivier Lontchi identifie très facilement l’un de ses plus beaux souvenirs. « En novembre 2007, j’ai enfin l’occasion de faire un grand pas alors que l’on m’offre d’affronter l’ancien champion du monde WBO à 118 livres, le Mexicain Cruz Carbajal. Avec les titres NABA et NABO en jeu, j’ai l’opportunité de faire la finale pour la première fois. Le combat s’est super bien passé pour moi, avec ma vitesse, j’ai aisément obtenu la victoire  par décision unanime avec des cartes de 120-108, 120-108 et 119-109. Il s’agit de la performance qui me rend le plus fier », se rappelle le souriant retraité aujourd’hui âgé de 33 ans. 

Bien plus tard, Olivier Lontchi a appris des choses qui l’ont bien déçu. Quelques semaines avant le duel avec Carbajal, Lontchi est appelé par Yvon Michel qui souhaite soudainement lui faire signer un contrat de promotion alors que ça fait plus de trois ans  que le Camerounais attend son tour. Alors que le promoteur menace d’annuler le duel, Lontchi finit par accepter l’entente, mais il ne comprend l’empressement de Michel.

Selon les dires de l’ancien boxeur, c’est le clan Carbajal qui souhaitait mettre sur pied le combat et a choisi Lontchi comme rival. Un jeune prospect ayant une fiche de 13-0-1 était un bon moyen pour relancer la carrière d’un boxeur qui venait de perdre à Boston contre un autre prospect de 19-0 dans un combat éliminatoire et qui traînait une fiche de 4-2-1 depuis la perte de son titre mondial.

Une autre belle fierté d’Olivier fut son gain en championnat canadien avril 2006. À son huitième combat, il se rend à Red Deer en Alberta pour affronter le champion canadien des poids plume, Jason Adams (15-5-1, 9 K.O.).Une puissante main droite de Lontchi envoie dans les pommes Adams au neuvième round. Le champion défait reste de longues minutes au sol. Selon Fightsnews Canada, il s’agit du K.O. de l’année 2006 et Adams délaisse la boxe après son combat suivant. Olivier se rappelle bien le contexte de ce combat : « Je suis parti pour me battre là-bas, pas pour servir de jambon. J’étais incertain de vouloir continuer parce que je boxais peu souvent. Évidemment, cette victoire m’a beaucoup motivé », se rappelle-t-il.

Prêt à tout pour se battre

En avril 2007, à son treizième combat, Olivier est invité à remplacé Herman N’Goudjo qui a alors une gastro. Il doit affronter un Mexicain classé 7e à la WBO chez les 140 livres, Osvaldo Lara (12-5-1, 3 K.O.). Le Mexicain a détenu, quelques mois auparavant, le titre WBO Latino chez les légers (135 livres).

Lontchi accepte le combat dans la catégorie des super léger (140 livres) bien qu’il est habitué de se battre à 125 livres. La veille du combat, il monte sur la balance à 134 livres et demi. Le soir du combat, Lara pèse facilement plus de quinze livres que le Québécois. Ainsi, le Montréalais d’adoption monte de trois catégories ce soir-là. Le Mexicain est ébranlé rapidement au deuxième round et il visite le plancher à trois occasions en trois minutes. Lara met un terme à sa carrière après cette défaite.

En championnat du monde à Atlantic City 

Après cinq ans chez les pros et vingt combats sans avoir subi une défaite, Olivier Lontchi se voit offrir l’opportunité de se battre en championnat du monde face au dangereux Juan Manuel Lopez qui est alors à sa quatrième défense de son titre WBO à 122 livres.

Présenté en PPV sur les ondes HBO, le Montréalais, classé 3e à la WBO, voit l’opportunité de faire exploser son compte en banque, mais un incident arrivé cinq semaines plus tôt a fortement limité sa préparation. 

« Pendant le premier round, je ne voulais pas qu’il me touche alors je devais me déplacer et travailler à distance. Les membres du clan adverse avaient bien regardé mes cassettes et savaient que je bougeais bien, alors ils ont fait installer un ring avec un tapis très mou. Après le premier round, je me suis assis et je ne sentais plus mes pieds. Howard m’a demandé comment je me sentais. Je lui ai répondu que ça allait bien, mais en dedans de moi je me suis dit : « Mais dans quelle merde je suis! » Par la suite, j’ai simplement voulu prouver au monde que j’étais du même calibre. Les gens, là-bas, me donnaient au maximum trois rounds. Lopez m’a battu, ça, c’est sûr, mais j’aurais aimé qu’il me batte dans d’autres conditions. Je n’ai pas voulu parler de ma blessure au cartilage déchiré dans les côtes après le combat parce que je ne voulais pas donner d’excuse. Pendant cinq semaines, je n’ai pas fait de poids, je n’ai pas fait de sparring, j’ai presque perdu toute ma force physique. Tout ce que je faisais, c’était de contrôler mon poids. Je pouvais faire un peu de shadow en douceur, je pratiquais uniquement mon direct et mes esquives», raconte celui qui est fier de s’être rendu aussi loin, mais qui a appris à la dure de ne pas boxer blessé.

La Californie puis Toronto

Un an et demi plus tard, Olivier Lontchi a fait plusieurs changements d’importance. Tout d’abord, il n’est plus entraîné par Howard Grant, son unique professeur chez les pros jusqu’alors. Puis, le Groupe Yvon Michel a mis un terme à son entente avec lui suite à son revers.

Lontchi est alors entraîné par Hercules Kyvelos, un ancien boxeur pro, et son bon ami Herman Ngoudjo l’accompagne pour son combat de retour face à l’aspirant obligatoire IBF de l’époque Mickey Garcia. C’est un certain Camille Estephan, nouvellement impliqué dans la boxe, qui lui sert de gérant.  

Lontchi subit sa seule et unique défaite par KO de toute sa carrière lors du 5e round.  » Si Lopez est le boxeur le plus puissant que j’ai affronté, Garcia est, par contre, le plus talentueux. Encore aujourd’hui, il n’a pas subi une seule défaite et, en janvier, il pourrait devenir champion du monde dans une troisième catégorie», souligne Lontchi.

Deux ans et demi plus tard, le Montréalais d’adoption accepte d’affronter à Toronto Tyler Asselstine, un jeune prospect qui vient de se faire surprendre deux mois plus tôt par Baha Laham à Montréal. « Après ce combat, j’ai décidé d’accrocher pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le combat était plus serré que le verdict des juges, mais plein de signes me démontrait que j’étais mieux d’arrêter et je ne voulais pas servir d’adversaire pour les plus jeunes boxeurs. L’ensemble de mes expériences m’ont appris que la différence un boxeur et un animal de cirque, c’est que le boxeur parle. Je ne désirais pas alimenter ce système», dit-il sèchement.

Son plus beau souvenir

Malgré 23 combats professionnels répartis sur un peu plus de huit ans, Olivier Lontchi se tourne vers son parcours comme entraîneur pour cibler ses plus beaux souvenirs de boxe.  Fondé par la policier Evens Guercy, le club de boxe L’espoir dans St-Michel lui a permis d’être entraîneur de 2006 à 2013. Olivier y a enseigné avec passion le sport qu’il a commencé à pratiquer à l’âge de 11 ans.

En compagnie de Michel Gouin, il va consacrer des milliers d’heures aux jeunes d’un quartier défavorisé pour leur enseigner la discipline de la boxe. En plus de son travail à temps plein et de ses propres entraînements, Olivier trouvait le temps pour partager  le noble art. Il garde un excellent souvenir de ces jeunes attachants. Soulignons que l’un d’eux, Roodsy Vincent a été l’une des vedettes du documentaire Les poings serrés et qu’il a fait ses débuts pros l’été dernier au Centre Claude-Robillard. 

3 Comments

  1. michel

    13 novembre 2016 at 19 h 57 min

    félicitations pour cet article.
    qu’est devenu Marshall Butler après sa carrière amateur et pro ?
    je me souviens de lui en boxe amateur,il était une machine de boxe.
    merci

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