Sont-ils sous-évalués?

Par François Bouchard

Dans la continuité de ma chronique sur les boxeurs surévalués, je vous présente ici cinq combattants qui, à mon avis, méritent plus de crédit que ce qui leur est décerné actuellement. À noter que je ne parle pas uniquement de talent, mais aussi des réalisations effectives en fonction de leurs parcours respectifs qui, avouons-le, ont pris des tournures plutôt intéressantes. À vous de juger!

Miguel Cotto

Je dois avouer que je ne donnais pas cher de la peau de Miguel Cotto (39-4, 32 K.-O) contre Sergio Martinez, alors détenteur de la couronne linéaire des poids moyens. Beaucoup de gens, moi le premier, croyaient que sa chance pour le titre était due à sa réputation passée, surtout qu’il a montré beaucoup de lacunes dans sa défaite face à Austin Trout, un boxeur qui, si l’on se fie à ses deux dernières sorties, est de beaucoup inférieur à l’Argentin, maintenant dépossédé de sa couronne.

Force est d’admettre que Miguel a démontré beaucoup de résilience pour surmonter cette défaite, mais aussi des K.-O. plutôt brutaux subis plus tôt dans sa carrière contre Antonio Margarito et Manny Pacquiao. Non seulement il a battu Martinez par K.-O., mais il l’a dominé outrageusement. Oublions que Martinez est vieillissant et peut avoir été affaibli par les blessures, il était le champion et Cotto n’en a fait qu’une bouchée.

Miguel Vazquez

Miguel Vazquez (34-3, 13 K.-O.) est champion IBF des légers depuis quatre ans et il ne cesse d’accumuler les victoires. Pourtant, il passe constamment sous le radar. Est-ce son style plutôt inhabituel pour un Mexicain? Sa force de frappe moyenne? Six défenses en poche, un style qui, avec le bon adversaire, peut être excitant, un boxeur qui a été mis à rude épreuve deux fois contre Canelo Alvarez et une fois contre Timothy Bradley pour ensuite devenir champion et battre quelques adversaires invaincus qu’il ne devait pas vaincre, ça mérite une certaine considération.

Peter Quillin

Peter Quillin (31-0, 22 K.-O.) est solide en tant que champion WBO des moyens.Pour mériter sa chance pour le titre vacant contre le Français Hassan N’Dam N’Jikam, il a battu aisément un boxeur très difficile à vaincre, soit Ronald «Winky» Wright, un gaucher pas commode qui verra probablement son nom à Canastota un jour. Non seulement il l’a battu facilement, mais il s’est permis le luxe de l’envoyer au tapis pour remporter une décision avec une large avance.

Il a moins bien paru contre des boxeurs ordinaires comme Gabriel Rosado, mais contre un pugiliste de haut calibre, il sait relever ses habiletés d’un cran et performer à un niveau unique. Il pourrait bien être le «sleeper» de la division, car il possède les habiletés pour battre les trois autres champions: Miguel Cotto, Gennady Golovkin et Sam Soliman. Techniquement parlant, il ne fait aucun doute qu’il est supérieur. Ajoutons qu’il a aussi à son tableau de chasse l’expérimenté Lukas Konecky et Fernando Guerrero.

Ghislain «Mani» Maduma

Ghislain Maduma (16-1, 10 K.-O.)a été bien malchanceux de perdre son plus récent combat contre l’Anglais Kevin Mitchell. L’athlète montréalais menait la bataille aux points avant de s’incliner au 11e assaut d’un combat avorté un peu rapidement. Cela a simplement démontré que «Mani» est prêt pour le niveau mondial. Il possède un pedigree amateur très intéressant.

Par ailleurs, l’auteur de ces lignes peut témoigner de première main de la vitesse et de la précision de Maduma. Je suis certain que Mitchell ne pouvait pas s’attendre à une opposition aussi farouche. Aussi, ce genre de performance pourrait inciter un champion comme Miguel Vazquez, toujours en recherche d’adversaires solides, à vouloir tester son niveau contre Maduma. Si on lui donne une chance pour le titre, «Mani» voudra démontrer qu’il a l’étoffe d’un champion.

Sébastien Bouchard 

Sébastien Bouchard (8-1, 2 K.-O.): Professionnel depuis 2011, ayant fait son bonhomme de chemin chez les amateurs et se garnissant un tableau intéressant de huit victoires pour une seule défaite chez les professionnels, soit à son dernier combat contre Frank Galarza, invaincu en 15 combats. Il a tellement impressionné par sa ténacité qu’il a été comparé à Arturo Gatti et le réseau Showtime aimerait bien le revoir en action.

Le pugiliste entraîné par François Duguay impressionne par son style tenace et étouffant. L’auteur de ces lignes peut dire en toute impartialité avoir noté, notamment en gymnase, une immense progression chez le pugiliste de 27 ans. Notons aussi une victoire sur Frank Cotroni, dans laquelle il a démontré une belle capacité d’ajustement, tel que mentionné dans un article paru il y a quelques mois sur le site de 12rounds.ca. Il a également battu Glisandy Mejia, alors invaincu. La fiche de Bouchard ne fait pas honneur à sa force de frappe et à sa capacité à travailler pour saper les énergies de ses adversaires. Par ailleurs, Galarza a dû boxer sur les talons pendant huit assauts. Je suis peut-être biaisé par le fait qu’on devrait lui accorder plus d’attention, mais je vous défie de prétendre le contraire!

Et vous, qui auriez-vous mis dans cette liste?

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