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J’aime Jean Pascal

Par Benoit Dussault

Détrompez-vous, il ne s’agit pas d’un coming-out !

Je voulais écrire ce billet depuis longtemps en réponse aux nombreux détracteurs de Jean Pascal. Aujourd’hui, je me réjouis de son association avec le groupe InterBox. J’espère que le sérieux de cette organisation permettra à Jean Pascal de restaurer son image et de s’affirmer à titre de meilleur boxeur de sa génération au Canada.

Vous comprendrez que Jean Pascal n’a aucunement besoin de moi pour se défendre, mais je tenais à le faire parce que j’en ai vraiment marre d’entendre et de lire tant de bêtises à son sujet. Je tiens aussi à préciser qu’aimer Jean Pascal ne signifie pas détester Lucian Bute ou Adonis Stevenson. Heureusement, les lois du mariage ne s’appliquent pas en boxe, il est permis d’aimer plus d’un boxeur à la fois!

Jean Pascal en habitImpossible de mentionner le nom de Jean Pascal au Québec sans entendre les sempiternelles mêmes reproches: Pascal est trop arrogant, prétentieux, crâneur, vaniteux et vantard. Je vous accorde tout de suite raison sur certains reproches qui lui sont adressés.

Et alors ?  Qu’est-ce que ça change qu’un boxeur soit prétentieux et qu’il aime le bling-bling ? En fait, heureusement que Jean Pascal a confiance en lui, extrêmement confiance en lui. C’est ce qui explique en partie ses succès dans le ring. On ne devient pas champion du monde quand on doute de ses capacités. Sans cet aplomb et cette effronterie, Jean Pascal ne se serait probablement pas retrouvé si souvent devant les caméras de HBO et de Showtime. Être flamboyant n’est pas un défaut quand on œuvre dans un business dont la nature même est de vendre des tickets.

Est-ce que ses interventions médiatiques sont toujours réfléchies et avisées ? Bien sûr que non, mais elles ont, en revanche, le don de remplir les gradins. Il détient toujours les records d’assistance à Montréal et à Québec pour des soirées de boxe. Tout comme vous, je crois qu’il aurait intérêt à mieux s’entourer dans le domaine des communications. Ces ratés médiatiques n’enlèvent rien à son talent de boxeur. Jean Pascal est un être entier, direct, impulsif et spontané et cela lui joue parfois de mauvais tours.

Un boxeur amateur exceptionnel

Mettons de côté les déclarations et tous les à-côtés. Regardons quelques-uns de ses accomplissements. D’abord souvenons-nous que Pascal a appris sa boxe à Montréal, dans le quartier St-Michel. Ses succès au niveau amateur sont impressionnants. De ses débuts à sa première participation à l’équipe nationale en 2001, Pascal a cumulé les honneurs.

2001 –    Médaille d’or aux Jeux de la Francophonie de 2001 à Ottawa-Hull

2002 –    Médaille d’or aux Jeux du Commonwealth de 2002 à Manchester

2003 –    Médaille de Bronze aux Jeux Panaméricains de 2003 à Saint-Domingue

2004 –    Représente le Canada aux Jeux Olympiques d’Athènes

1998-2004 –    Champion amateur canadien à sept reprises

Adrian Diaconu et Jean Pascal a la peséeJean Pascal est aussi un battant, un être qui n’abandonne jamais. Rappelez-vous seulement les embûches qu’il a dû surmonter pour participer aux Olympiques d’Athènes en 2004. Au tournoi de qualification olympique au Mexique, il s’était fait littéralement voler à la faveur du favori local, Alfredo « le chien » Angulo (oui, le même Angulo qui a disposé d’Alcine en moins d’un round). Le commun des mortels se serait découragé, Pascal, le battant, s’est retroussé les manches et a finalement assuré sa participation olympique quelques semaines plus tard lors d’un tournoi à Rio. Voici ce qu’il avait alors confié au réseau RDS : « Trois ou quatre jours après avoir perdu au Mexique, je me suis remis au travail. J’ai décidé d’aller jusqu’au bout parce que je ne suis pas un lâcheur. Si je ne l’avais pas fait, je m’en serais voulu toute ma vie. Je ne voulais pas avoir de regrets et cela a été payant cette fois-ci. »

Un véritable guerrier

Souvenez-vous de son combat contre Adrian Diaconu, l’épaule complètement disloquée que lui replaçait, tant bien que mal, Russ Anber entre les rounds. Pascal, déterminé, revenait round après round et réussissait miraculeusement à les gagner. Il nous a refait le coup quelques années plus tard face à Kuziemski lors d’un combat de remise en forme.

Le sens du spectacle

Dieu sait que c’est une qualité importante dans le monde du sport professionnel et du show-business. Il faut savoir vendre. Jean l’a compris il y a longtemps. Malgré son anglais plutôt rudimentaire à l’époque, il avait fait un tabac en prenant le surnom de Mangouste en Angleterre en promettant de neutraliser le Cobra Carl Froch. Il avait offert une dent de requin au Shark Diaconu, le « tape » sur la bouche face à Bute et j’en passe.

Un redoutable boxeur

J’aime avant tout Jean Pascal parce que c’est un redoutable boxeur. Il n’est jamais allé au plancher ni chez les amateurs ni chez les professionnels. Il a envoyé Bernard Hopkins deux fois au tapis à leur premier affrontement et a gagné les six premiers rounds (expliquez-moi comment il n’a pas gagné ce combat!). Il a défait Chad Dawson alors invaincu. Il a vaincu deux fois Adrian Diaconu dont une fois, la main dans le dos. Il a servi une magistrale leçon de boxe à Lucian Bute à son dernier combat.

Encore une fois, beaucoup plus nombreux sont ceux qui attribuent cette victoire de Pascal à une mauvaise performance de Bute plutôt qu’à une performance remarquable de Pascal. Les médias ont plus parlé du soi-disant blocage psychologique de Bute que de la domination de Pascal. Il s’agissait pourtant bel et bien d’une domination complète. Jean Pascal s’est permis de placer son jab sans même regarder Bute, mais en regardant plutôt son complice Roy Jones Jr dans son coin. Au 12e round, il s’est volontairement laissé frapper par Bute pour mettre un peu de piquant dans ce qu’il savait être un combat à sens unique.

Comment ne pas aimer un tel guerrier ? Comment ne pas respecter autant d’accomplissements autant chez les amateurs que chez les professionnels ?

Pascal arrive toujours bien préparé pour ses combats dans le ring, ce n’est pas toujours vrai lorsqu’il amène ses combats sur la place publique. Mal préparé et impulsif,  Jean a alors très peu de chances de l’emporter.

Jean PascalDurant toute la saga entourant la rupture entre Pascal et ses promoteurs, je n’ai trouvé personne pour concéder une partie du blâme aux promoteurs. Jean Pascal était d’emblée le seul et unique fautif sur toute la ligne. Pourtant, l’expérience nous dicte qu’il y a toujours un revers à chaque médaille. D’autant plus que dans le cas présent, à peu près personne ne connaît le fin fond de l’histoire, mais curieusement chacun a identifié le coupable dès le début. On a même accusé Pascal de manquer de loyauté alors qu’il évolue avec le même promoteur et le même entraîneur depuis une décennie. Combien d’athlètes professionnels peuvent en dire autant ? Serait-il possible que les promoteurs aient sauté sur la première occasion venue pour se débarrasser d’une entente qui ne leur convenait plus ? Je n’en sais rien, vous non plus.

Les détracteurs de Pascal se sont montrés plus corrosifs que jamais dans les deux derniers mois soit après l’annulation du combat contre Tavoris Cloud et la fin de l’entente avec GYM. Je ne peux expliquer cette haine et ce dégoût vis-à-vis Jean Pascal. Il a évidemment des défauts, mais il ne mérite certainement pas le traitement que lui réservent bon nombre d’amateurs. J’espère de tout cœur que cette haine n’est pas liée à  la couleur de sa peau.

Au printemps dernier, les médias traditionnels ont fait part d’une grande prudence lors de la perquisition au domicile de Pascal. Cependant, certains journalistes, dont je tairai les noms, ont rapporté la nouvelle sourire en coin et ne se gênaient guère pour le condamner à micro fermé. Sur les réseaux sociaux, plusieurs se sont réjouis de la situation, souhaitant voir Jean Pascal écroué pour le restant de ses jours. Étonnamment, je soupçonne que ces mêmes amateurs supporteraient Adonis Stevenson au détriment de Jean Pascal, si ce combat devait un jour se matérialiser.

Je suis  fier de Jean Pascal. Je suis  fier de dire que je suis Québécois et Montréalais comme lui. Je suis fier de ses réalisations et je suis persuadé qu’il est le meilleur boxeur de sa génération au Canada.

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