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Top 10 Yvon Michel

Par Jean-Luc Autret

C’est rien de nouveau, les derniers mois sont bien pénibles pour Yvon Michel. Dans la dernière année, il a perdu Custio Clayton, il se fait poursuivre par Artur Beterbiev, il est incapable d’obtenir un combat d’envergure pour Oscar Rivas, le gala du 19 mai annoncé depuis janvier n’est toujours pas confirmé et bien sûr, il ne peut nous offrir aucune garantie qu’en 2018 nous assisterons à un duel entre ses deux protégés; respectivement le champion Adonis Stevenson et son aspirant obligatoire Eleider Alvarez. Mais la carrière d’Yvon Michel ne se limite pas aux douze derniers mois !!!

Alors que de nombreux amateurs lui feront des reproches lorsqu’il nous confirmera, ou non, le duel Adonis Stevenson VS Badou Jack, nous lui offrons aujourd’hui les fleurs avant le pot. Nous avons décidés d’être à contre-courant en lui rendant un hommage pour l’ensemble de sa carrière, qui nous le souhaitons, ne se terminera prochainement.

Pour nous, Yvon Michel est certainement ce qui est arrivée de mieux dans le monde de la boxe québécoise dans les quarante dernières années. Mais, pour bien souligner les bienfaits qu’il a apporté au noble art québécois, nous avons demandé à une dizaine de personnes; soit des journalistes, des gérants, des entraîneurs, des anciens boxeurs, des officiels et bien sûr des proches collaborateurs qui le côtoient depuis quelques décennies de nous dresser leurs listes personnelles des meilleurs décisions qu’Yvon Michel a pris depuis ses débuts dans le monde du noble au milieu des années 70. Voici la liste de ces gens :

Russ Anber : Entraîneur de boxe depuis 1979 et cutman de réputation internationale, il a amené quatre boxeurs aux Jeux Olympiques. C’était lui l’entrapineur d’Otis Grant lorsqu’il a gagné le titre mondial WBO en Angleterre en 1997. Il dirige la compagnie Rival boxing Gear depuis 2003.

Douggy Berneche : Gérant de boxeurs depuis 2004, il a travaillé en collaboration avec Yvon Michel alors qu’il s’occupait des carrières respectives d’Adonis Stevenson (2006-2010), Arash Usmanee (2009-2013) et Custio Clayton (2014-2017).

Bernard Barré : Actuellement vice-président aux opérations et recrutement du Groupe Yvon Michel, ancien directeur technique chez InterBox de 1998 à 2004, il a aussi été à l’emploi de la fédération québécoise de boxe olympique et de Boxe Canada de 1985 à 1998 à titre de coordonnateur technique, directeur de programmes de développement, directeur technique et finalement, directeur général adjoint.

Jean-François Bergeron : Cinq fois champion canadien chez les amateurs, il a remporté une médaille d’argent aux Pan-Américains de 1995, l’année suivante, il représentait le Canada aux JO d’Atlanta. Il a été entraîné par Yvon Michel à partir de 1992.

Daniel Cloutier : Journaliste attitré à la boxe depuis 43 ans, d’abord au Journal de Montréal, puis au site web Rue Frontenac et maintenant chez Pound4pound.com.

Guy Jutras : Vétéran de la scène de boxe, il a participé à cinq combats professionnels en 1952-1953, il a arbitré 192 duels de 1969 à 1997, il a été juge lors de 90 affrontements de 1980 à 2011, il a été superviseur de 21 combats de championnat dans huit pays différents et enfin il a été inspecteur à trois reprises, soit en France, au Kazakhstan et en Allemagne.

Stéphan Larouche : Entraîneur de boxe depuis 1984, d’abord à Jonquière, puis à Montréal avec l’équipe nationale junior à partir de 1987, Directeur des opérations chez InterBox de 1998 à 2014. Président du Club de BoxeMontréal.com depuis 2001.

Mario Latraverse : Responsable de la division des sports de combats à la Régie des alcools, des courses et des jeux lors de sa fondation le 1er avril 1987. Il supervise l’organisme de sanction pendant plus de 21 ans, soit lors de 311 galas de boxe.

Mike Moffa : Ancien champion canadien amateur de 1981 à 1985, ancien entraîneur de Dierry Jean, ex-protégé de GYM, entraîneur-chef au Underdog GYM depuis 2007.

Réjean Tremblay : Chronique sportif à La Presse de 1975 à 2011, puis du Journal de Montréal de 2011 à nos jours.

No 1 : Amener la boxe québécoise sur la scène internationale

Les années 90 n’étaient pas facile pour la promotion de la boxe professionnelle au Québec. Avec beaucoup de persévérance, Yvon Michel est passé du projet de Boxart (de 1991 à 1997) à celui d’InterBox à partir de 1998. Financé par Hans-Karl Mühlegg à la hauteur de cinq millions, Yvon en est le directeur générale jusqu’au début de 2004.

La progression d’Éric Lucas est certainement la première étape de l’ouverture sur la scène internationale de la boxe québécoise. La première étape a eu lieu en 1996 en France lors du duel avec Fabrice Tiozzo, puis cinq mois plus tard en Floride ce sera contre Roy Jones Jr, le no 1 livre pour livre de l’époque.

Lucas refait son apparition sur la scène mondiale en devenant champion du monde en juillet 2001 en mettant la main sur le titre vacant de la WBC des poids super moyens à Montréal et sur les ondes de ESPN. Ses défenses victorieuses face au Tobela, Pazienza et Sheika sont tous diffusés sur le réseau câblé américain ESPN. Puis, la défaite amère en Allemagne contre Marcus Beyer met un terme au conte de fée.

À la même époque, on doit souligner le parcours de Leonard Dorin, un double médaillé de bronze aux Olympiques et champion du monde amateur en 1995. L’organisation dirigée par Yvon Michel fait ainsi son entrée dans la course à la signature des meilleurs espoirs mondiaux. Dorin a débuté sa carrière seulement quelques mois après les débuts du nouveau promoteur, il progresse très rapidement et en janvier 2002 il se rend au Texas pour affronter le champion WBA des poids légers l’Argentin Raul Balbi.

Devenu champion du monde devant les caméras de HBO, le Roumain installé à Montréal offrira un combat revanche à Balbi en Roumanie et il sera à nouveau sur les ondes de HBO lors de son verdict nul avec Paul Spadafora à Pittsburgh en mai 2003. On se rappelle aussi de son refus de monter dans le ring en Roumanie en octobre 2003. Lui qui devait affronter son aspirant no 1 Miguel Callist, Dorin crée un très gros trou dans le budget d’InterBox en forçant l’annulation de ce gala.

Les parcours de Lucas et Dorin ont permis à Yvon Michel de prendre beaucoup d’expérience, de développer un réseau de contacts chez les diffuseurs américains, avec les promoteurs étrangers et bien sûr en étant en relation avec les dirigeants des différentes associations. Pour la majorité des gens de boxe consultés, le fait d’avoir participé très activement au développement de la boxe québécois sur la scène internationale est le plus grand accomplissement d’Yvon Michel.

No 2 : Son leadership dans le développement de la boxe amateur québécoise

Yvon Michel a obtenu un diplôme en éducation physique de l’Université du Québec à Trois-Rivières en 1978, puis il a complété une maîtrise en entraînement de la boxe. Deux ans plus tard, il devient le directeur technique de la Fédération québécoise de boxe olympique. Son leadership et son travail de terrain a favorisé l’émergence et le développement de nombreux clubs de boxe partout à travers la belle province.

En 1983, il ajoute à ses fonctions le programme de haute performance. Les boxeurs et entraîneurs de l’époque se rappellent encore très bien la capacité d’Yvon Michel de les motiver et les stimuler pour obtenir les meilleurs résultats possibles. Ses succès au Québec lui permettront de graduer avec l’équipe nationale canadienne lors de la décennie suivante.

No 3 : Ses succès avec l’équipe nationale canadienne

En 1992, Yvon Michel devient l’entraîneur chef des équipes nationales de boxe du Canada, poste qu’il occupe jusqu’en 1998. Yvon Michel a mis en place un système de fonctionnement qui motivait autant les athlètes que leurs entraîneurs personnels à se dépasser. Son esprit visionnaire et son ouverture sur le monde l’amène à développer de nouvelles méthodes d’entraînement en collaborations avec le préparateur physique André Kulesza. Pour mieux comprendre l’influence d’Yvon Michel dans le développement des boxeurs canadiens, nous vous recommandons cette entrevue avec Stéphan Larouche, qui peut difficilement passer pour l’un de ses plus proches alliés.

Team Canada JO 1996 AtlantaExemples concrets des résultats que ses boxeurs ont obtenus : en 1994 lors des Jeux du Commonwealth à Victoria, l’équipe de boxe récolte 4 médailles d’or, une d’argent et deux de bronze. Lors des Panaméricains de 1995 en Argentine, les boxeurs ramènent une médaille d’argent et quatre de bronze. Lors des JO de 1996 à Atlanta, onze canadiens se qualifient au grand rendez-vous olympique, David Defiagbon y remporte une médaille d’argent, il s’agit de la dernière médaille olympique en boxe remporté par un canadien. Encore aujourd’hui, plusieurs records que les athlètes de l’époque ont obtenus n’ont pu être dépassés.

4 – Embaucher Bernard Barré

Son fidèle allié Bernard Barré est au côté d’Yvon Michel depuis presque toujours. En fait, ils se connaissent depuis 1970. Ils ont commencé à collaborer ensemble en 1978  en étant des élèves de Jim Girard à Trois-Rivières. Alors que Yvon fait ses classes à la FQBO, Bernard a mis sur pied le club de boxe de St-Hyacinthe en 1979. Ils ont progressé ensemble au sein de la fédération québécoise, puis au niveau canadien. Chez les pros, Bernard a toujours été à ses côtés autant chez InterBox de 1998 à 2004 que chez GYM comme Vice-président opération et recrutement.

Homme de grands projets, Yvon Michel a pu compter sur les capacités d’organisation et l’efficacité de Bernard Barré pour mettre à terme les nombreuses missions qu’il lui a confié à travers les années. Si vous croyez que le rôle de Bernard se limite à présenter les adversaires lors des conférences et de dire les poids lors des pesées, vous faites tout simplement fausse route.

5 – Enthousiasme communicatif avec les médias

On doit l’avouer Yvon Michel est un vendeur-né, il serait capable de vendeur deux congélateurs à une famille d’Inuits qui vivent dans un igloo. Malgré toutes les embûches, le promoteur d’expérience se présente devant les scribes le sourire aux lèvres et il a toujours d’excellentes explications à nous offrir.

Certes, depuis deux ans et demi le dossier Stevenson-Alvarez a mis à mal sa crédibilité, mais il poursuit inlassablement son travail de promotion. Son sens des communications en est aussi pour beaucoup pour expliquer sa longévité comme analyste de boxe à RDS. Si plusieurs ne comprennent pas pourquoi il se retrouve toujours là malgré le conflit d’intérêt évidemment, on doit reconnaître que peu d’observateurs peuvent lui faire des reproches pour des propos tenus à l’ancien canal 33.

No 6 – Avoir diriger 5 champions du monde

Si les plus jeunes amateurs associent Yvon Michel à Adonis Stevenson, on doit de rappeler qu’il a d’abord amené Éric Lucas et Léonard Dorin à devenir champion du monde. Puis ce fut le tour de Joachim Alcine en 2007 et deux ans plus tard, Jean Pascal arrachait le titre à Adrian Diaconu. Dans le monde compétitif de la boxe internationale, c’est un accomplissement d’envergure.

De plus, Yvon Michel a permis à plusieurs de ses protégés d’avoir leur chance en championnat du monde. Celui qui a passé le plus proche est certainement Herman Ngoudjo qui perdu une décision controversée à Atlantic City face à Paul Malignaggi, c’était en janvier 2008. Soulignons aussi que les Dale Browne, Sébastien Demers, Kevin Bizier, Olivier Lontchi ont eu leur chance et qu’il a donné un deuxième souffle surprenant à la carrière de Lucian Bute.

No 7 – Renaissance avec le Groupe Yvon Michel

Alors âgé de 50 ans, Yvon Michel a vécu et subi durement la rapide dégringolade de la première mouture d’InterBox. L’annulation en octobre 2003 du combat de Dorin face à son aspirant no 1 puis le revers de Lucas face à Danny Green en décembre forçait l’organisation à oublier un combat revanche avec l’Allemand Marcus Beyer.

Par la suite, Hans-Karl Mühlegg préfère mettre la compagnie entre les mains de son boxeur vedette qu’entre celles de celui qui la dirige depuis cinq ans. Yvon Michel a pris le risque de repartir à zéro en obtenant l’appui de Dino Marchitello, d’Alexandra Croft et de Bernard Barré. À travers les hauts et les bas, la compagnie de promotion Groupe Yvon Michel présente cette semaine son 140e gala de boxe en quatorze ans d’activités.

No 8 – L’organisation de la Gatti Mania

Si on cherche l’événement le plus marquant qu’Yvon Michel a organisé, le choix de bien des connaisseurs se tourne vers la Gatti Mania. En septembre 2000, Yvon Michel et l’équipe d’InterBox de l’époque réussissent à mettre sur pied le retour d’Arturo Gatti à Montréal. Il s’agit d’un seul combat professionnel d’Arturo Gatti à Montréal.

Rappelons-nous de la carte à l’époque. C’était la victoire surprise de Stéphane Ouellet contre Dave Hilton Jr qui l’avait vaincu par TKO à deux reprises. L’excellent duel entre Leonard Dorin et le futur champion du monde australien Gairy St-Clair et évidemment en finale Arturo Gatti face à l’invaincu gaucher Joe Hutchinson. Plus de 14 000 amateurs s’étaient alors rassemblés au jadis Centre Molson.

No 9 – La gestion des carrières de Stéphane Ouellet et Éric Lucas

En 1991, Stéphane Ouellet et Eric Lucas deviennent des boxeurs professionnels mais ils sont loin de pouvoir compter sur les conditions de vie qu’ils auraient eu droit aujourd’hui. Yvon Michel va se démener comme un diable dans l’eau bénite pour les faire progresser en organisant autant des cartes à Jonquière qu’à Montréal, Québec, Trois-Rivières ou Sherbooke et bien d’autres endroits.

Si Ouellet faisait la pluie et le beau temps chez les amateurs au Québec, Éric Lucas passait un peu plus inaperçu. On connaît la suite, le premier deviendra une vedette populaire de haut calibre dans la belle province, le second deviendra champion du monde et sera un modèle pour des milliers de jeunes et une inspiration pour des centaines de boxeurs amateurs et quelques dizaines de boxeurs pros. Si Yvon Michel n’avait pas pris des risques considérables au départ, bien des choses n’auraient pu se réaliser par la suite.

No 10 – Amener Adonis Stevenson en championnat du monde

Ça peut paraître ironique alors que le gala du 19 mai est toujours incertain et que les dates butoirs sont constamment reportées. Soyons objectif et retournons dans le passé. Le cogneur gaucher passe chez les pros en septembre 2006, il participe à 13 combats avant de tenter sa chance chez l’oncle Sam. Durant ses trois premières années, il est excessivement sélectif dans le choix de ses rivaux au point que le promoteur le libère sans aucune difficulté, et ce, malgré qu’il a clairement la force de frappe pour aller très loin.

On s’en souvient, Stevenson est passé KO par Darnell Boone en avril 2010. Il revient vite de sa courte escapade américaine et il réclame une seconde chance au promoteur, mais Yvon Michel se rappelle les cauchemars de « matchmaking » qu’il lui a fait vivre et il refuse de lui parler pendant des mois.

Finalement, Stevenson doit patienter 51 semaines avant de remonter sur le ring, mais surtout il doit accepter un contrat de promotion qui implique qu’il a droit à aucune discussion sur le choix de ses futurs adversaires. C’est ainsi que débute son ascension vers l’élite des 168 livres. À l’époque, la série Rapides et Dangereux offre de bien plus grandes possibilités financières que la série actuelle au casino. Stevenson enchaîne les victoires face aux Aaron Pryor Jr (NABA et NABO), Jesus Gonzalez (IBF Inter-continental et aspirant #2 à l’IBF), Noe Gonzalez (argenté WBC) et enfin Donovan George pour devenir aspirant obligatoire à l’IBF, nous sommes alors en novembre 2012 et Lucian Bute a perdu sa ceinture cinq mois plutôt face à Carl Froch.

Finalement, le duel Froch-Stevenson ne se concrétisera jamais puisque le gaucher se retrouve à remplacer Jean Pascal pour un combat de championnat avec Chad Dawson en juin 2013. À l’époque, Pascal préfère affronter Lucian Bute que de redevenir champion du monde en se mesurant une seconde fois Dawson.

On connaît tous la suite, après un duel avec Tavoris Cloud, Adonis Stevenson reprend le contrôle de sa destinée en s’associant à Al Hayman. Il se met en empocher les millions et à redevenir aussi sélectif qu’au début de sa carrière professionnelle. Quel aurait pu être son cheminement comme champion si il avait continué à faire confiance à celui qui l’a amené à devenir le boxeur de l’année 2013? Personne ne le saura jamais…

2 Comments

  1. Johnny Poutine

    18 avril 2018 at 12 h 53 min

    Bon article!!

  2. Pingback: Bilan de mi-année 2018

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