Une démonstration de l’art de la défensive

Par Rénald Boisvert

D’abord, je veux préciser que ce texte est une sorte d’intermède entre deux articles de fond ayant pour sujet la défensive des boxeurs. Il y a quelques semaines, je publiais le premier sous le titre : «La défensive, faut-il la valoriser?» Sur cette question, je trouvais qu’il n’y avait pas plus belle occasion pour mettre en valeur la défensive que la récente performance de Junior Ulysse contre Ricky Sismundo.

En réalité, ce qui m’a motivé à écrire ce court texte, c’est la persistance d’une certaine opinion préconçue dont fait l’objet la défensive. Et j’ajoute que c’est à partir de l’expression «domination de l’adversaire» que s’articule cette opinion. D’ailleurs, chez les fans de boxe, il n’est pas rare de constater au sujet de cette question une opposition entre deux conceptions bien campées.

Aux yeux de certains, le mot «domination» signifie que l’un des pugilistes a été forcément taillé en pièces. C’est comme si leur appréciation d’un combat ne retenait qu’une seule valeur : les dommages que le boxeur a infligés à l’adversaire. En somme, faute d’avoir pu tabasser son opposant, on peut toujours chanter victoire, mais évitons alors de parler de domination! Comme on peut s’en douter, je considère que ce point de vue est une profonde entorse à l’art de la défensive.

Mais heureusement, il y en a d’autres qui pensent au contraire qu’une domination peut être le résultat d’une défensive hermétique lorsque celle-ci a rendu à toutes fins pratiques stériles les attaques de l’adversaire. Le pugiliste qui ne parvient pas à atteindre la cible au cours d’un combat doit accepter le fait qu’il a été dominé. N’est-ce pas là un combat à sens unique? La boxe est d’abord un sport dont les règles réfèrent prioritairement à la quantité de coups de poings qui atteignent «clairement» l’adversaire. Ceci dit, je peux très bien comprendre que certains préfèrent un type de boxe viril où les pugilistes s’en donnent à qui mieux mieux. Ils ont pleinement le droit d’afficher cette préférence. Mais pas celui de détourner le sens du terme «domination».

Dans son combat contre Sismundo, Junior Ulysse a été tout simplement époustouflant en défensive. Notamment, son jeu de jambes a ébloui les amateurs friands de ce type de prouesse. Au plan de l’efficacité, il faut bien dire que Junior Ulysse a privé Sismundo de tous ses moyens. D’ailleurs, en visionnant à plusieurs reprises ce combat, parfois avec le ralenti, j’ai pu constater que Sismundo n’était parvenu à toucher significativement la cible que quatre ou cinq fois seulement au cours des dix rounds. Ce combat était à sens unique. D’ailleurs, on pouvait dénoter des signes de frustration chez Sismundo.

Je trouve primordial que la performance livrée par Junior Ulysse contre Sismundo reçoive l’accueil qu’il mérite.  Il importe vraiment que ce type de domination soit suffisamment reconnu et valorisé pour amener les jeunes boxeurs à s’investir davantage en défense.

Conclusion

Dans un article récent intitulé : «Le top 15 des boxeurs québecois – 8e édition, juillet 2017», plusieurs collaborateurs de 12 Rounds.ca ont écrit à propos de Junior Ulysse : «L’élève de Rénald Boisvert s’est relancé depuis le printemps en passant le KO à Zachary Ochoa à Verona et il a complètement dominé Ricky Sismundo au Théatre Olympia,..» On comprendra ici que cette prise de position me réjouit au plus haut point et me rend encore plus fier de contribuer à ce site internet consacré à la boxe.

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