Kevin Bizier en mission à Miami

Par Jean-Luc Autret

Après les émotions transmises par les combats de David Lemieux et de Dierry Jean et avant l’espoir suscité par le combat de championnat du monde de l’IBF de Lucian Bute, il y a Kevin Bizier (24-2-0, 16 KO) qui se bat samedi prochain pour devenir aspirant obligatoire à l’IBF face au Guanéen Fredrick Lawson (26-0-0, 20 KO). Nous lui avons rendu visite lors de l’un de ses derniers entraînements sur le boulevard St-Laurent.

À l’agenda depuis longtemps

Depuis de nombreux mois, Kevin sait que son défi de l’automne sera important. Pour preuve le 10 juillet dernier, nous vous annoncions en primeur ce projet de combat éliminatoire à l’IBF. Dès la fin août, Kevin a quitté Québec pour retrouver à Montréal Marc Ramsay et Samuel Décarie-Drolet pour un long camp d’entraînement d’une dizaine de semaines.

Pour Bizier, c’est un retour avec Marc Ramsay puisque son dernier combat d’importance avec lui dans son coin remonte à décembre 2013 lors du premier duel avec Jo Jo Dan. Pour l’entraîneur d’expérience, les deux hommes de boxe ont peu changé. « Autant lui que moi, nous sommes sensiblement les mêmes, Kevin a toujours été discipliné et il est au sommet de ses aptitudes, les différences on peut les obtenir en travaillant spécifiquement certaines petites choses », affirme Marc Ramsay.

Pour les simulations de combats, le boxeur de St-Émile a mis les gants à plusieurs reprises avec Steven Butler et un Américain de 154 livres qui a aussi servi de partenaire d’entraînement à David Lemieux en vue de son combat contre Hassan N’Dam. Dans les deux cas, les boxeurs invités ont l’avantage d’être de grands boxeurs dans leur division tout comme Frédérick Lawson. Marc Ramsay décrit le camp d’entraînement comme long et difficile, mais nécessaire considérant le défi du 7 novembre. La préparation physique, confiée à Marc-André Wilson, a notamment permis d’améliorer l’explosivité de Kevin Bizier.

Qui est Fredrick Lawson?

Vous connaissez peu ou pas du tout Fredrick Lawson ? Soyez sans crainte, vous êtes nombreux dans cette situation. Même Kevin Bizier ne le connaissait pas avant qu’on l’informe que ce serait son prochain adversaire. « La première fois que j’ai remarqué Lawson c’est lors des Jeux du Commonwealth en 2010. J’étais encore avec l’équipe canadienne à cette époque et Yves Ulysse Jr avait eu besoin de toute sa vitesse pour le vaincre en huitième de finale », nous raconte Marc Ramsay. Pour la petite histoire Ulysse l’a emporté par un pointage de 5-4.

L’Africain a fréquenté pendant quatre ans les compétitions internationales amateurs. Ses passages aux championnats du monde de 2007 et de 2009 ont été de courte durée, une seule victoire au cumulatif. Il a passé proche de se qualifier aux Olympiques de 2008, mais il a dû abandonner face au Maroc en demi-finale de l’une des qualifications africaines. Son fait d’arme amateur le plus important est probablement sa médaille d’argent aux Championnats d’Afrique de 2009.

Professionnel depuis mars 2011, il a migré en Amérique à la fin de 2013 et il est monté sur le ring accompagné d’Abel Sanchez pour la première fois en mars 2014. Trois combats plus tard, les caméras de Friday Night Fights d’ESPN lui ont permis de se faire connaître du public alors qu’il a vaincu par décision partagée le Colombien Breidis Prescott.

Champion IBF Continental d’Afrique puis IBF International, Lawson est classé dans le top 15 de l’IBF depuis 2013. Sa victoire sur Prescott le fait passer du 12e au 7e rang en juin dernier et lorsqu’on lui propose d’affronter Bizier, 6e aspirant, le boxeur de 26 ans dit oui immédiatement.

« Lawson s’est beaucoup amélioré depuis les Commonwealth. Comme l’ensemble des Africains, il est fort physiquement. Il n’est plus le même qu’en 2010. C’est un boxeur rapide de six pieds qui cogne dure, c’est un vrai prospect. Il a un bon jab, une très bonne droite, il frappe fort avec n’importe quel coup », analyse Marc Ramsay.

Pourquoi Miami?

Le duel Lawson-Bizier a beaucoup voyagé avant d’atterrir à Miami. L’une des premières ébauches envoyait le combat en sous-carte de Fonfara-Cleverly à Chicago le 16 octobre. Évidemment, Marc Ramsay a rappelé à qui de droit qu’il serait à NY ce jour-là. Puis, Yvon Michel a tenté d’organiser le combat au CEPSUM à Québec, mais puisque ce fut un échec, l’option de l’ajouter à la carte du 14 novembre, transféré au 28, a été étudié.

Finalement, Premier Boxing Champions a solutionné la problématique en sortant son carnet de chèques et en payant le promoteur québécois tout comme Leon Margules, le promoteur de Lawson qui fait le même genre de boulot que GYM avec PBC, autant à Chicago qu’en Floride. Bref, Kevin Bizier obtient sa bourse la plus importante en carrière.

Cette solution convient bien à Ramsay puisqu’il devra s’occuper d’Eleider Alvarez, d’Oscar Rivas et de Vislan Dalkhaev le 28 novembre. Pour le boxeur, le fait de se rendre en Floride lui permet de relaxer pas mal plus les jours précédents le combats que si ça avait lieu à Québec.

La rencontre présentée par NBC Sports aura lieu dans un Casino Amérindien de Miami qui n’a pas vu de boxe depuis 2010. Organisé par Warriors Boxing, Kevin ne sera pas tellement dérangé par la promotion du gala puisqu’il n’y en a tout simplement pas. En fait, le boxeur de St-Émile embarque dans l’avion jeudi, il fait sa pesée vendredi, se bat samedi et revient à Québec dimanche. Dans son coin, on retrouvera les habituels Marc Ramsay, Luc-Vincent Ouellet et Samuel Décarie-Drolet.

Combat de la dernière chance?

Contrairement à bien des boxeurs, Kevin Bizier est passé à travers deux échecs sans perdre le soutien de son promoteur. Évidemment, son clan s’envole pour la Floride avec l’unique intention de l’emporter mais le boxeur est lucide, la mission sera difficile.

« Je devrai éviter d’être à distance avec lui, il aime beaucoup lancer son jab. Il est grand, mais il ne boxe pas avec sa pleine grandeur. Contrairement à mes combats avec Jo Jo Dan, je m’attends à un combat plus difficile physiquement que mentalement. Son jab pourrait être dangereux à long terme, je devrai être soit à l’intérieur ou être vraiment loin. Je m’en vais là pour le battre, on s’attend à ce que les trois premiers rounds soient difficiles, mais la pression que je vais lui mettre devrait le faire casser par la suite », explique Kevin Bizier.

Stratégique, Bizier investit dans l’immobilier à Québec depuis son départ de Montréal, il y a deux ans. En cas de victoire et sachant qu’il aura sa chance en championnat du monde, il mettra de côté une somme importante pour son prochain achat d’importance.

 

2 Comments

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